Chapitre 10 - Frôler la vérité
Ce matin Stan est prêt. Il arrive à l'arrêt de bus le premier, guettant l'arrivée de Kyle au moindre bruit. Kenny arrive, puis Cartman. Mais pas de Kyle. Comment ça se fait ?
Il interroge Kenny et à contre-cœur Cartman pour savoir si l'un d'entre eux sait quelque chose mais personne ne semble savoir. Le fait que Kyle ait manqué le bus inquiète les 3 garçons mais ils n'en parlent pas.
La porte de la salle de classe s'ouvre brutalement alors qu'elle venait de se refermer sur le dernier élève. Kyle entre rapidement, essoufflé, tentant d'arranger ses bouclettes en batailles sous sa chapka. Il aura manqué le bus d'une minute. La faute à une énième nuit de sommeil agité. Il s'en veut d'être encore torturé par Stan et lui jette malgré lui un regard accusateur que le brun ne sait pas interpréter.
Kyle n'arrive plus à réfléchir. Ses idées et ses réflexions sont confuses et embrouillées par le manque de sommeil qui lui pèse depuis des jours.
Stan a les yeux rivés sur l'horloge, bien décidé à entrainer son meilleur ami dans les chiottes et les enfermer tous les deux à double tour.
Sur les starting blocks, Stan est déjà debout au début de la sonnerie pour attraper Kyle par le poignet.
- Eh ! Mais qu'est-ce que tu...
- Suis-moi.
- Eh, lâche-moi, Stan !
- J'suis désolé, vieux mais tu dois me suivre.
Kyle proteste tout en essayant de se dégager le bras mais Stan sait qu'il ne doit pas lâcher prise même si ça lui fait mal au cœur.
En voyant Kyle se faire entraîner dans le couloir par son meilleur ami, Cartman voit rouge et les suit d'un pas ferme.
- Eh ! Tu veux aller ou, gros lard ? lance Kenny, hautain.
- Dégage toi !
Kenny sait qu'il doit gagner du temps et pousse le gros contre un table. Il va se prendre une patate mais il s'en fou. Il pourra aider ses amis et mettre son poing dans la gueule de Cartman et ça c'est génial. Il prend son pied à provoquer le gros et lui rire au nez. Voyant l'embrouille naissante entre les deux dans le couloir, Clyde est le premier à rameuter les autres pour assister à la scène.
- Vas-y Kenny, éclate lui sa gueule !
- Toi ta gueule ! J'vais m'occuper d'toi après p'tit enculé !
- T'es qu'une putain de lopette, gros lard, tout l'monde te déteste ! balance Kenny sous les encouragements des autres.
A ces mots, les lèvres de Cartman s'étirent largement en pensant à Kyle.
- Non, pas tout le monde...
C'en est trop pour Kenny qui démarre au quart de tour et lui saute dessus brutalement.
- Putain Stan tu m'fais mal !!
- Désolé mais j'te lâcherai que quand on sera dans les chiottes.
- T'es dev'nu fou ou quoi ?!
Stan pousse Kyle dans les toilettes et referme la porte.
- Sérieux Stan ! Il t'arrive quoi ?!
Dos à la porte, Stan inspire profondément.
- Dis-moi, Kyle, dis-moi c'que t'as contre moi !
- Je... j'ai rien contre... tsss ! Inverse pas la situation !
- Moi ?? M-mais pas du tout ! J'veux savoir pourquoi tu m'évite ! Pourquoi tu es si froid et si... différent !
Que doit-il répondre ? Doit-il lui cracher la vérité au visage ? Qu'il a compris qu'il n'aimait pas les gays ? Et que s'il savait qu'il était amoureux de lui il mettrait fin à son amitié et que ça, il ne pourrait pas le supporter ?
Kyle détourne le regard. Stan s'approche de son ami mais celui-ci recule à chacun de ses pas pour se retrouver contre le mur des cabines.
- Pourquoi tu veux savoir à ce point ? Qu'est-ce que ça change maintenant ? dit-il en croisant les bras.
- Qu'est-ce que ça change ? T'es sérieux, Kyle ?
Stan sent son cœur se serrer. Il ne reconnait plus son meilleur ami qui le repousse comme la peste. Peu importe. Il l'aime. Lui et personne d'autre. S'il perdait Wendy, il s'en remettrait vite. Il l'a déjà fait. Mais Kyle, le perdre lui est devenu la pire idée qui soit. Et tant pis s'il se prend un vent. De toute façon, il le perdra quoiqu'il arrive s'ils ne se disent pas ce qu'ils ont sur le cœur. Et même si Kyle ne partage pas ses sentiments, il veut simplement ne pas le perdre. Il a toujours été et restera toujours son meilleur ami.
Il s'avance résolument pour se planter juste devant le roux, le visage toujours fermé.
- Kyle, on s'est toujours tout dit. Tu as toujours été mon meilleur ami dans tout l'univers.
- ...
- Je... j'veux pas te perdre ! Et si ça continue comme ça, bah c'est c'qui va s'passer et... j'veux pas putain, Kyle !
Les lèvres du roux se met à trembler. Stan ouvre plusieurs fois la bouche sans arriver à sortir un mot. Ses yeux se mettent à briller, semblant implorer son ami de lui revenir. Voir Stan comme ça, peine Kyle horriblement. LES voir comme ça, le rempli de chagrin.
- Je... j'pensais pas que tu n'aimais pas les gays...
- Hein ? Comment ça ?
- Oui, Stan... quand on a parlé de Cartman, et que t'as dit que ça serait trop dégueulasse, c'est là que j'ai compris.
- Ah ! Mais euh, non pas du tout ! J'me fous de Cartman et de qui est gay ou pas !
- Ah bon...
- Oui ! Enfin, je...
Kyle reste perplexe face au désarroi visible de son ami qui cherche ses mots.
- Toi tu as Wendy de toute façon, alors ces choses là, ça te concerne pas.
- Que... si bien sûr ! Je... et me parle pas de Wendy ! renchéri-t-il, agacé. Elle a rien à foutre là.
- Oh que si, justement ! Que je sache c'est ta p'tite copine ! Tu l'as bien montré encore ces jours-ci... dit-il, accusateur.
- Je... putain de merde !
Cette fois Stan s'énerve et cogne dans la cloison derrière Kyle qui se décale, surpris.
- Tu comprends pas, Wendy c'est... c'est rien du tout.
- Si tu l'dis.
- Oui, Kyle ! Oui je l'dis, bordel de merde !
Kyle reste silencieux, ne sachant plus sur quel pied danser.
- Qu'est-ce qui nous est arrivé, Kyle... depuis ce putain d'jeu, ce putain de baiser...
Dans un long silence, ils échangent un regard particulier. Le souvenir de ce baiser maudit leur revient en mémoire. Un souvenir très clair, net et précis. Sous toute ses coutures. Stan se remémore la sensation de ses lèvres contre celles de son roux. Une sensation si douce et différente de tout ce qu'il connaissait jusque-là. Une sensation qui l'obsède depuis des jours à en perdre la tête. Il pose ses yeux sur la bouche de Kyle. Sentant le regard insistant de Stan, Kyle commence à rougir. Il ne peut s'empêcher de fixer ses lèvres entrouvertes. S'imaginer en train de les caresser doucement du bout de ses doigts, du bout de sa langue. Embrasser avec passion cette bouche qui l'appelle furieusement. Une envie irrépressible lui prend de l'embrasser de nouveau, maintenant là, tout de suite. A pleine bouche. Quand Kyle se mord malgré lui la lèvre inférieure, Stan n'a qu'une envie, c'est de la mordre à sa place. Et de le serrer contre lui. Ne plus le lâcher. Juste retrouver la douceur merveilleuse de ces lèvres.
Alors que le petit juif décolle son dos de la cloison, les yeux rivés sur la bouche de son ami, la porte s'ouvre avec une brutalité qui manque de leur faire sauter le cœur.
- Eh bien, et bien, lance Cartman en s'avançant vers les deux amis.
Au bruit de porte, Stan s'était instantanément éloigné de Kyle. Ce dangereux périmètre ardent qui aurait pu les compromettre et Dieu sait quoi d'autre.
- Qu'est-ce que tu fous là, gros lard !
- Je viens m'assurer que tu n'importunes pas Kyle... dit-il en interrogeant le roux du regard.
- Je... non, tout va bien. J-j'allais sortir.
Cartman fixe Stan avec un regard si assassin que celui-ci comprend à la seconde qu'il a tout deviné. Il ne sait pas comment mais il sait. Il sait que Cartman a développé un don pour ça. Et puis, il est arrivé sans qu'ils s'y attendent. Sans pouvoir cacher quoique ce soit. Sans avoir de couverture.
Il ne sert plus à rien de parler ou de nier quoique ce soit face au gros. Leur échange non-verbal est bien suffisant.
Arrivé à l'encolure de la porte, Kyle s'est retourné une dernière fois vers Stan. Chose que Cartman n'a pas manqué de voir. Stan sait qu'ils sont arrivés au point ou quelque chose va exploser. Ça va très mal se terminer. Il finit par rompre le contact visuel et fuir les toilettes, laissant Cartman seul.
- Très bien, très bien, marmonne-t-il en souriant. Dire que j'aurais pu manquer ça...
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