Je n'ai pas de mots pour décrire cette soupe de soja. Juste un truc : ne laissez jamais vos parents vous intoxiquer avec. En tout cas, n'en acceptez jamais de la part de ma mère.

Mais où en étais-je ? Ah, oui, au moment gênant !

Donc je me retrouve en sandwich entre Emma et Tristan (j'ai appris qu'il s'appelait comme ça). Et là, la prof prononce les mots.

LES TROIS PETITS MOTS.

1. Travail

2. De

3. Groupe

MAGNIFIQUE !

- Vous serez donc en groupe avec vos deux voisins.

Ce qui fait que je me retrouve en groupe avec Tristan (je viens d'apprendre qu'il s'appelait comme ça) et Emma. MAIS C'EST LA JOIE DANS MON CERVEAU ! (*ironie*)

On doit juste se dire cinq choses sur nous, pour « apprendre, en tant que membres d'un groupe classe, à mieux se connaître pour pouvoir ainsi mieux se comprendre {...} ». Je vous passe les détails.

- Alors je commence, dit Emma en entortillant la pointe d'une de ses mèches blondes au bout de son doigt. Je suis la fille du principal.

Super, vraiment, comme entrée en matière ! (Petit exemple purement explicatif :)

- Salut, je suis la fille pourrie gâtée du principal, donc si contrairement à tes petits camarades ici présents tu as le toupet de ne pas être mon ami, tu peux dire adieu à ta scolarité ici ! Sur ce, à plus pour un déjeuner ensemble en tant que meilleurs amis pour la vie !

C'était l'instant explication. Retour à la réalité.

Donc, contrairement à ce que je pensais, Tristan n'a pas du tout l'air impressionné par les petites techniques de drague d'Emma, comme des battements de ses cils qui font trois mètres de long ou bien des petits entortillements de mèches.

- Moi, mon père est avocat, dit-il.

Ah oui, on voit le genre !

- Et toi ? demande-t-il en se tournant vers moi.

- Comptable.

- Cool !

Non mais il vient juste de dire que... que le boulot de mon père était... cool ?!

- Je suis fille unique, dit Emma pour ramener l'attention sur elle.

- J'ai un grand frère, Raphaël, dit Tristan.

- J'ai une grande sœur et un petit frère.

- Comment s'appellent-ils ?

Merci papa, merci maman, d'avoir donné des prénoms terriblement bizarres à mes frères et sœurs, surtout mon frère !

Là, je suis en mode panique totale, je transpire, j'ai les mains moites et je dois sûrement être plus rouge qu'une tomate. En fait, je ne sais pas tellement pourquoi : tout le monde me prend déjà pour une folle surdouée dans ma classe, alors qu'on sache que mon frère a un prénom de chat ou de peintre impressionniste (Gustave Caillebotte) ou d'architecte (Gustave Eiffel), ou d'écrivain (Gustave Flaubert) ou plus simplement un prénom... vieux, ben, comment dire... je crois que ma situation ne peut pas s'aggraver.

- Cassandre et Gustave.

Emma laisse échapper un gloussement et Tristan sourit.

Il doit clairement me prendre pour une idiote.

Et là, il fronce les sourcils.

- C'est quoi, ton nom de famille ?

- Rostaing...

Pourquoi est-ce qu'il me demande ça ?

En même temps, dès qu'il me parle Emma fait une de ces têtes, c'est tellement cool à voir !

- Cassandre Rostaing, ta sœur, c'est ça ? Elle ne ferait pas une licence de droit, par hasard ?

- Euh... si ?

Et là, il sourit. Magnifique.

- Mon frère aussi prépare une licence de droit, et il me parle beaucoup d'elle.

Waouh. Je crois que pour une des premières fois de ma vie, je suis contente que Cassandre soit ma sœur. Et je la remercie du fond du cœur d'être allée au moins un tout petit peu en cours ce trimestre.

- Ah... cool.

Je suis définitivement un as dans l'art de parler aux garçons, surtout aux garçons mignons.

- Bon, dit Emma, troisième chose : j'ai un chien.

- Je n'ai pas d'animaux, dit Tristan.

- J'ai un chat.

- Je suis née en janvier.

- Je suis né en avril, dit Tristan.

- Moi en mai, marmonnai-je.

Et la dernière chose. La pire de toutes.

- Mes meilleures amies sont Jade, Victoria et Louise, dit Emma.

Je retiens mon souffle. Qui sont les amis de Tristan ? Il doit sûrement en avoir des tas.

- Quentin et Alban.

Deux beaux gosses, mais d'une autre classe. J'aurais dû m'en douter.

En attendant, il n'a pas d'amis dans la classe. Mais à ce moment-là, j'avais d'autres problèmes.

- Je n'ai pas d'amis, grommelai-je le moins fort possible.

Le sourire suffisant et moqueur d'Emma me donne envie de l'éventrer avant de la découper en morceaux, de la faire revenir dans un peu de beurre pour faire passer le goût de maquillage et de parfum Yves-Saint-Laurent, et après je pourrai peut-être la servir à la cantine ? Je suis sûre qu'elle passerait crème au milieu de toutes ces horreurs qu'on nous y sert.

Tristan me regarde avec surprise. Oui, il a l'air surpris.

ALLÔ ? JE SUIS LUCILLE ROSTAING, « EINSTEIN », « L'INTELLO », ET TU ES SURPRIS QUE JE N'AIE PAS D'AMIS ?!?

Mais bon, il est nouveau, il va vite apprendre que je suis une folle surdouée qui est totalement asociale et qui mange seule tous les midis à la cantine alors que toutes les filles se crêpent le chignon, certaines allant presque jusqu'à entre-tuer pour avoir le privilège de manger à la table d'Emma Levasseur.

Et puis, ça sonne, et je cours hors de la salle le plus vite possible. La rentrée, c'est toujours un seul cours, donc j'ai déjà terminé ma journée. Et, à ma grande surprise, sans aucun papier de KitKat.

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KOUKOU !

Ça va ? Moi très bien !

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Ici ! —>

Kissous,

FollementMoi