Chapitre 14 : La peur qui empêche d'avancer.

Chapitre 14 :

Ses mains frottaient ses yeux, et observèrent encore une fois l'heure affichée à son réveil. L'appareil qui datait un peu, avait été installé là pour son confort personnel. Sans doute était-ce afin qu'il se sente dans une chambre, plutôt que dans une simple pièce à demi vide. L'engin souffrait à l'évidence d'une sorte de vieillissement prématuré. De ce fait, il ne fit pas son devoir ce matin là, et resta emmuré dans un certain silence. Ne sonnant pas à l'heure prévue, il laissa Armin dormir tout son saoul, alors qu'en réalité le jeune homme ne pouvait pas du tout se permettre un tel luxe. Aujourd'hui, il devait aller chercher ses affaires à l'université.

Il est vrai aussi que le retard n'était pas abyssal en lui même. Mais un quart d'heure ce n'était pas rien tout de même, et empêchait de par ce simple écart, toute possibilité de prendre son temps. Se frottant une fois de plus les yeux, Armin avait semble t-il un peu de mal à intégrer l'information. Mais lorsque cette dernière arriva enfin à s'imprimer dans son cerveau embrouillé de sommeil, un juron un peu faible et lasse à la fois passa ses lèvres. Grognons, il se décida à se lever. D'un geste beaucoup plus énergique qu'à ses habitudes de lever, il alla prendre quelques vêtements propres dans l'armoire, et décida de passer en premier par la case douche.

En sortant de sa chambre, il se rappela que le couple de son meilleur ami dormait encore à cette heure-ci. Ce qu'il savait aussi, c'était que Livaï qui travaillait ce jour-là, n'allait pas tarder à se lever à son tour. Malgré cela, il fit en sorte de ne pas faire trop de vacarme, et fila sous la douche. Cette dernière à cause d'une maladresse, fut dans un premier temps parfaitement froide, et arriva à le réveiller définitivement de manière fort peu agréable. Une sorte de crie étouffé s'était fait entendre de sa bouche, tandis qu'avec empressement sa main tournait le bouton d'eau chaude.

La journée certainement allait être étrange, et peut-être même un peu malaisante. Mais au moins une des nombreuses choses qu'il devait régler serait faite. Ce qui n'était pas plus mal en soit. Lorsque le jeune homme sortit de la salle de bain, il remarqua que Livaï venait tout juste de se lever. Ses cheveux noir pourtant souple, voyaient comme souvent quelques petites mèches aller dans tout les sens. Son regard nuit était fixé en direction de la fenêtre qui donnait sur une météo des plus mitigé au vue des quelques nuages gris qui étaient présents dans le ciel.

- Hum ? Fit Livaï avec une sorte d'interrogation étonné. Il cligna des yeux rapidement, puis se tourna en direction d'Armin qui était allé voir l'eau du thé qui commençait un peu à frémir. C'est..pas la voiture de Jean ça ?

Surpris Armin alla le rejoindre devant la fenêtre et appuya ses mains sur le bord de l'évier. Là, il fixa du regard une vielle voiture grise, d'où à l'évidence le conducteur était entrain d'en sortir. Observant l'heure affichée à l'horloge, le blondinet même si il avait un peu de retard, comprit qu'à l'inverse de lui, Jean avait beaucoup trop d'avance. Ouvrant la fenêtre devant lequel il était, Armin l'interpela. Livaï lui était retourné de s'occuper du thé, ainsi que du petit déjeuner. Eren bien évidement dormait comme un loir.

- Jean ! Jean !! Par là...là vers le salon..Non mais ...lève la tête...Ah voila ! T'es en avance dit donc ! Pourquoi ?

- Compliqué, expliqua simplement l'homme à la haute taille d'une voix un peu forte.

- Dit lui de monter, marmonna Livaï entre deux bâillements. Sinon tu vas te faire incendier par tout le quartier entier à crier comme ça à une telle heure.

- Oh c'est vrai. Pardon, s'excusa le jeune homme avant de faire signe à Jean qu'il allait lui ouvrir en bas.

La gestuelle était un peu étrange, mais pourtant il sembla que celui-ci comprit ses attentions. D'un pas tranquille les mains dans les poches, Jean se dirigea en direction de la porte arrière du bâtiment. Celle de l'appartement resta ouverte le temps pour Armin de faire l'allée et retour en bas. Bientôt plusieurs pas raisonnèrent dans la cage d'escalier, où les plaintes habituelles des marches se firent entendre telle une jérémiade dans l'obscurité.

- Bonjour, fit le jeune homme qui avec sa haute taille paraissait bien trop grand aux yeux de Livaï. Celui-ci d'ailleurs répondit simplement puis massa sa nuque un peu raide ce matin là.

- Thé ? Proposa le propriétaire des lieux qui se reprit presque immédiatement. Ah non c'est vrai tu préfères le café.

Ni une, ni deux, Livaï alla préparer un expresso à la machine à café qui ne servait pour ainsi dire qu'occasionnellement. Jean s'excusa une fois de plus du dérangement, tandis qu'Armin qui n'avait toujours pas déjeuner l'invitait à s'assoir autour de la table.

- Pfiouuu..lâcha dans un long souffle le propriétaire du salon de thé, en frottant son visage. D'habitude j'ai pas autant de mal à me lever...mais ce matin je galère.....marmonna t-il en posant la tasse devant Jean. Tu as déjeuner au moins ?

- Oh euh ouais. Merci pour le café.

- Alors ? Reprit Armin en agitant la main devant le regard pointu de son vis à vis, afin que tout d'abord il se concentre sur lui. Mais surtout qu'il arrête de regarder Livaï en coin avec autant d'insistance. Sans doute le voir ainsi dans le coaltar devait étonner un peu Jean. Pourquoi tu es déjà là ? Tu es très en avance.

- Comme je t'ai dis, c'est compliqué..marmonna vaguement le jeune homme en buvant une gorgée de café dont la saveur sembla lui plaire, au vu du sourire satisfait qui s'étira sur son visage.

En l'observant un peu, il était évident de voir que Jean n'avait pas trop envie de s'expliquer pour le moment, sur les raisons qui l'avaient fait venir si tôt. Sa bouche dans une sorte de réflexe conditionné restait scellées et voyait même ses lèvres se pincer comme pour en retenir le moindre mot pouvant trahir les raisons de sa présence ici. L'une de ses mains qui tenait la tasse de café bien chaud, voyait l'un des doigts de sa jumelle frapper nerveusement le plat de table. Armin tout comme Livaï comprirent que quelque chose le contrariait et pas qu'un peu.

Pourtant ni l'un ni l'autre ne cherchèrent à le contraindre à parler plus qu'il ne le souhaitait. D'ailleurs à quoi bon faire cela ? Sans doute était-ce aussi parce qu'ils savaient voir dans le regard de Jean, une sorte de gros malaise qu'il ne parvenait pas à confier, qu'ils préférèrent le laisser en paix. En plus de tout ceci, ce que remarqua bien vite Armin, lorsque Livaï se concentra enfin sur son petit déjeuner, était les quelques regards en coin que jetait parfois Jean en direction du propriétaire des lieux. A chaque fois qu'il faisait cela, il avait l'air particulièrement songeur.

Peut-être que plus tard dans la journée, Armin aurait d'avantage d'explication sur ce mystère ? Peut-être...

Le déjeuner au final se déroula dans des discussions plutôt banal. Un peu curieux et surtout un peu mieux réveillé, Livaï questionna Jean sur l'itinéraire qu'il comptait prendre. Ce dernier percevant si ce n'est de l'inquiétude, du moins une sorte de crainte qu'ils ne se perdent tous les deux en cours de route au beau milieux de nulle part, le rassura en précisant qu'il avait pris un GPS afin de faciliter le trajet.

- J'ai programmé le chemin le plus rapide. On passera par l'autoroute, ça réduit considérablement le temps de trajet.

- Bon, dans ce cas..murmura l'homme au cheveux noir, qui cacha un autre baillement derrière sa main.

Parfois le regard bleue de Livaï déviait sur Armin, et intérieurement celui-ci se désolait de le voir jouer les jeunes hommes paisible et détendu, alors que lui voyait bien le stresse et le malaise qui l'habitait depuis quelque temps.

- Te fait pas de soucie, rassura Armin en direction de Jean qui leva le nez de son café pour le regarder. J'ai pas mal d'affaire à reprendre c'est vrai. Mais se sera surtout quelques cartons. Il n'y a pas de meuble qui m'appartient là-bas. Et puis j'ai pu contacter un pote avec qui je partageait la chambre. Il est déjà là-bas...il m'a dit qu'il irait chercher des cartons, pour qu'on soit tranquille en arrivant.

- C'est cool à lui de faire ça, commenta Jean en mouvent lentement la tête de haute en bas.

Tandis qu'ils continuaient de discuter sur la futur logistique à adopter pour se déménagement, car malgré tout, c'est ce que s'était. Au même instant, Livaï qui avait fini de déjeuner débarrassait sa table puis alla faire le peu de vaisselle. Entre deux, la porte de chambre du couple se mit à grincer désagréablement. Sans aucune doute, le bruit aurait été parfaitement digne d'un film d'horreur. Bientôt la haute silhouette d'Eren passa la porte. Son regard comme souvent donnait l'étrange sensation que le jeune homme dormait les yeux ouvert. Sur son derrière il avait comme d'habitude qu'un pauvre caleçon et rien d'autre. Armin qui était habitué à le voir agir comme ça des le matin, ne fit que peu de cas de cela et acheva son petit déjeuner.

Jean de son coté observa son meilleur " ennemi" avancer avec la souplesse typique d'un zombie. Ses longs bras se balançaient mollement à chacun de ses pas, et des souffles las mêlés à des bâillements digne d'un grondement animal se mélangeait au tout.

- Il est toujours comme ça le matin, expliqua brièvement Armin en direction de Jean.

- Mouais je vois ça, répondit ce dernier avant de voir Eren passer ses bras autour de la taille de Livaï, puis d'appuyer son menton sur l'épaule de ce dernier.

Sans doute était-ce à cause de la petite taille du plus vieux de l'équipe, mais la position du jeune homme donnait l'impression qu'il était littéralement plié en deux, et que de plus il s'appuyait entièrement sur Livaï. Celui-ci mise à part un souffle fataliste, fit bien peu de cas de tout ça. Il paraissait à l'évidence assez habitué à ce genre d'action de la part d'Eren. Pour Jean une évidence se fit, lorsqu'il observa cela. Si Livaï bougeait ne serait-ce qu'un peu de sa position, Eren allait écroulerait au sol comme un château de carte.

- Bon sang ! Pourquoi tu te lèves si tu as encore envie de dormir ? Gronda Livaï en fronçant ses sourcils fins. Sérieux ça me dépasse. Et arrête de t'appuyer de tout ton poids sur moi, tu vas me faire tomber.

- Mais...bredouilla Eren en câlinant d'avantage son petit ami, comme si il s'agissait d'un adorable petit nounours en peluche. Tu me manquais déjà.

- Roh ce que t'exagères, commenta Livaï en roulant des yeux vers le ciel. T'es vraiment le roi du mélo toi.

- Ah ? Salut Jean. Ça va ? Questionna enfin le photographe en remarquant la présence de ce dernier. Désolé, je t'avais pas vu, admit-il en tendant la main pour le saluer.

- Ouais, ouais ça va.

- Comment tu fais pour ne pas voir un tel géant ? S'indigna Livaï..Tss...franchement.

- C'est parce qu'il ne voit que toi, expliqua Armin en prenant un petit ton de " monsieur je sais tout." Nous autres simples humains insignifiant ne sommes que des petits insectes aux yeux d'Eren.

- Oooh, p'tit Armin veut un câlin lui aussi ? Taquina l'ami d'enfance de ce dernier en tendant les bras pour lui faire un câlin plein d'amitié certes, mais surtout étouffant.

- Ah nan hein ! J'en veux pas. ..nan,...raah ce que t'es chiant.

Silencieux, Jean observait la scène qui ressemblait à une sorte de sketch vivant. Il savait bien que tout cela n'était qu'amusement et plaisanterie entre eux. Des délires qui sans doute devaient dater de leurs plus petites enfances. En tout cas, la preuve en était que Livaï se fichait totalement de voir cela, et agissait dans ce qui semblait être ses habitudes du quotidien. Son but à l'évidence était surtout de se débarrasser de la vaisselle, afin que rien ne traine dans l'évier. Les " conneries" d'Eren visiblement, il s'en fichait comme de sa première chemise.

Jean lui n'arrivait pas à percevoir les choses ainsi. Enfin pas vraiment. Ce qui lui sautait au yeux à cet instant, était encore et toujours la même chose. C'était cette complicité qui était né entre les deux copains d'enfances, et qui perdurait depuis la maternel. Il voyait ce lien fort et puissant qui en règle général, lui faisait souvent faire des grimaces, qu'on pouvait associer facilement à un sentiment de jalousie. Il sentait en lui cette sorte de désarroi face à un fait qui lui donnait l'impression de plomber son corps et sa tête. Jamais il ne passerait devant Eren..Toujours ce dernier serait aussi important qu'un frère pour Armin.

" Arrête avec ton complexe vis à vis d'Eren. C'est ridicule. On se connait depuis tout petit...c'est normal que je sois très proche de lui."

Un complexe ? Oui, c'est ce que s'était. Ça l'était totalement et parfaitement. Mais l'avouer et le reconnaitre lui faisait par avance mal à la langue. Cette petite frustration en voyant les deux meilleurs copains rire et plaisanter ensemble, était toujours là à bondir dans sa poitrine et à frapper son coeur comme si il n'avait été qu'un punchingball. Ses longs yeux se fermèrent comme pour ne plus rien voir, et mentalement Jean essaya de se raisonner sur cette émotion désagréable et grotesque qu'il ressentait un peu trop souvent dernièrement.

- T'es un réchaud ambulant, riait malgré tout Armin. C'est pas normal de dégager autant de chaleur..

Chut, chut ! Il fallait se calmer et ne pas agir avec impulsivité. Ce n'était là, que des jeux de mômes rien d'autre. Ça ne servait donc à rien de prendre ce même amusement en grippe, comme si s'était une insulte qui venait de lui être jeté en pleine figure. Prenant sur lui, Jean les laissa faire les idiots durant un temps qui lui sembla malgré parfaitement interminable. Au bout d'un certain temps, où il arriva à ne plus faire attention au jeux d'enfant des deux autres, Jean s'autorisa à ouvrir les yeux, qui jusqu'ici étaient resté fermé. Une main passa devant lui sur la table et pris sa tasse de café à présent vide. Lentement ses iris se levèrent et virent le visage toujours aussi impassible de Livaï. A l'évidence le chahut ne le dérangeait pas du tout.

Le silence resta entre eux, tandis que les deux meilleurs amis qui continuaient à jouer les grand enfants, faisaient enfin une pause. Là, l'invité en profita pour se lever de son siège qu'il remit à sa place.

- Bon, on va peut-être y aller Armin ? Même si on passe par l'autoroute, il y a pas mal de borne à faire, argumenta t-il inutilement.

- Ah oui, c'est vrai. Pardon, je te fais attendre, s'excusa inutilement le blondinet en filant en direction de sa chambre, où il alla prendre son manteau, un sac à dos dans lequel se trouvait quelque papier utile entre autre, mais surtout ses clés et son porte feuille.

Lorsque Armin revient en quatrième vitesse dans la pièce principal. Il vit Jean qui fixait Eren avec une certaine insistance. S'étaient-ils encore chamaillé ces deux là ? A l'évidence non, puisqu'il n'avait entendu aucune voix s'élever. D'ailleurs Eren ne semblait pas comprendre pourquoi Jean le toisé ainsi, au vu de son visage un peu surpris. Se fichant ouvertement de cela, le photographe retourna dans sa chambre enfiler rapidement un pantalon de nuit ainsi qu'un t-shirt. Sa motivation à s'habiller ainsi, ne vient pas de la fraicheur de l'appartement, mais d'un coup de torchon que Livaï lui appliqua sur le derrière pour le motiver.

Et Jean qui avait semblé d'une humeur plutôt changeante, s'était franchement amusé du petit cri plaintif qui était sorti de sa bouche.

- Je t'ai déjà dit de ne pas t'exhiber dans cette tenue, ronchonna Livaï dans une moue agacée.

- Tu peux le dire autrement qu'en me fouettant, râla de la chambre le jeune homme.

Pendant ce temps, les deux voyageurs du jour allèrent mettre leurs chaussures. Avant de partir tout à fait, ils saluèrent le couple.

- Tiens nous au courant, si tu ne rentres que demain, intervient Eren qui était entrain de s'installer pour petit déjeuner à son tour.

- Pense à bien fermer la porte d'en bas derrière toi Armin.

- Ouais, vous en faite pas vous deux, assura ce dernier dans un léger mouvement de main.

Il y eut un dernier salut verbale et bientôt la porte de l'appartement se referma derrière Armin et Jean. Pendant quelques courtes secondes, on entendit les marches grincer, avant de ne plus rien entendre du tout. Durant ce laps de temps Livaï avait fixé la porte de son regard bleue nuit. Visiblement il était plongé dans ses pensées au vu de l'air dubitatif qui s'affichait sur son visage souvent peu expressif. Et ça Eren le comprit bien vite. Se relevant de sa chaise il alla faire face à son fiancé et se pencha un peu pour le fixer droit dans les yeux. Dans son dos, il avait noué ses doigts entre eux.

- C'est moi ou tu t'inquiètes pour Armin ? Demanda t-il touché de le voir si attentif.

- Un peu, murmura sur le bout des lèvres, l'homme au cheveux noir. Il est tellement mal dans sa peau en ce moment, que je me demande comment vas se passer sa journée.

- T'en fait pas, lui sourit avec confiance Eren. Je ne sais pas trop comment son histoire avec Jean va tourner. Mais je sais que cette tronche de cheval ne cherchera jamais à lui faire du mal. Et si il le fait, je lui botte le cul.

Sans rien ajouter de plus, le jeune homme alla prendre les deux tartines de pain grillées qui venaient tout juste de sauter du toasteur. Après cela, il alla s'installer devant la table où il commençait à les beurrer assez généreusement.

De ses yeux vert, Eren observa vaguement Livaï filer dans la salle de bain. Peu après, il entendit le bruit caractéristique de la douche. Pendant qu'il prenait son petit déjeuner, Eren planifia mentalement le futur de sa journée. N'ayant pas de travail ce jour-là, ce qui en un sens lui déplaisait assez, il se demanda malgré tout si il n'irait pas faire un tour en ville et même au alentour afin de laisser parler son inspiration à travers des photographies. Prendre des portraits d'inconnue était en un sens, quelque chose qui lui plaisait bien. Sans doute était-ce parce que là, le naturel ressortait grand gagnant, car en rien ces "mannequins " d'un instant ne cherchait à poser. Ils restaient toujours eux même jusqu'au bout, ce qui du point de vu artistique du jeune homme, n'en était que plus beau et plus intéressant.

Vaguement ses grands yeux vert quittèrent l'écran de son portable d'où il avait vérifié quelques mail , pour se fixer sur la fenêtre qui laissait voir une météo qui hésitait entre simple temps gris et pluie. Est-ce qui cela coupa sa motivation dans son envie de prendre des portraits ? Absolument pas, bien au contraire même. Tout en se laissant porter par son esprit créatif, Eren continuait de boire son thé. Ses mains étaient fixés sur sa tasse encore bouillante, qu'il portait parfois à ses lèvres. Lorsqu'il la reposa tout à fait, des doigts vinrent à lui chatouiller le cou. Frissonnant et souriant à pleine dent, il releva le visage pour voir son bel amant habillé toujours aussi strictement dans sa chemise bien blanche.

- Aujourd'hui, je vais aller acheter ce que je n'ai pas eu le temps de prendre hier soir, mentit-il dans le but évident de taquiner son fiancé. Et même de rire un peu avec.

En entendant cela, celui-ci ne mit pas bien longtemps avant de claquer de la langue. Lentement sa tête avait fait un vague mouvement de droite à gauche. Cependant aucune réplique cherchant à le dissuader ne passa ses lèvres minces. Surpris Eren haussa un sourcils, tout en l'observant attacher les butons de ses manches.

- Oh sérieux ? Tu ne cherches même plus à m'en empêcher, s'étonna t-il surpris et déçu à la fois. T'es ok ?

- Je ne suis pas vraiment ok. Je t'ai dis plusieurs fois que tu gâchais de l'argent bêtement en faisant cela. Argent que je préférais voir mettre ailleurs que dans ce genre de chose. Comme je sais pas moi du matériel photo etc.. Mais bon t'es un adulte, tu fait ce que tu veux.

- ..

- Néanmoins, reprit très vite Livaï dans un petit sourire en coin. Ne rien dire ne veut pas dire que je vais accepter de jouer tes petits jeux là, taquina t-il très fière de voir une expression boudeuse s'afficher sur le visage de son jeune amant.

- Mouais..Tu me laisse un espoir pour vite me le reprendre. Sadique.

- Moi ? Jamais ! Se moqua Livaï, qui après avoir pris un vieux chiffon, alla prendre ses chaussures noir afin de les nettoyer un peu.

- Bon, fit Eren en se relevant de sa chaise car comme toujours abandonner la partie n'était vraiment dans ses habitudes. Et si finalement, c'était moi qui me..

- Pas besoin de ça, coupa net Livaï en levant les yeux au ciel.

- Oh mais pourquoi ? Ça pourrait être marrant et coquin non ?

- Franchement je sais pas, marmonna Livaï les yeux fixait sur ce qu'il faisait. Je t'ai dit un million de fois, que je n'ai pas de fantaisie en moi ...enfin pas comme toi..

- Normal, puisqu'avant moi tu n'avais pas eu de relation sérieuse. Tu n'as jamais cherché à entretenir se genre d'amusement. Mais ça s'appr...

Un souffle fort s'échappa des lèvres de Livaï. Ce dernier qui était toujours entrain frotter ses chaussures pourtant déjà brillantes de propreté, les reposa au sol. Lentement il leva son regard en direction de son fiancé puis alla ranger le chiffon dont il s'était servi. Eren ne pouvait-il vraiment pas admettre qu'il n'arrivait pas à faire ce genre de délire.

- Eren, je ne suis pas comme toi, répéta t-il une fois de plus..T'as pas idée du nombre de fois, où j'ai essayé de comprendre, cette manière que tu as de " pimenter " les choses comme ça ? Pour...pour pouvoir te donner le change...mais.. Je ne sais pas accéder à ce type de chose. Je n'y arrive tout simplement pas. Je suis ennuyeux, ok !

- Mais non tu n'es pas ennuyeux, se désola un peu Eren. Mais si tu...

- Arrête de me presser comme ça, pour que je sois comme toi, s'agaça Livaï qui avait l'impression dernièrement que ce genre de discussion revenait trop souvent sur le tapis. Même si c'est pour t'amuser que tu dis ça. Ça..fini par me stresser...enfin en un sens.

- Ah ? Comprit aussitôt le jeune homme en baissant un peu la tête. Pardon, je pensais pas que ça...te torturait les méninges autant. Je suis désolé, je voulais vraiment juste plaisanter avec toi, murmura Eren dans un sourire un peu gêné. Faut croire que je manque encore d'une bonne dose de maturité. Vraiment pardon...

- Ce n'est pas ça, le contre dit Livaï. Tu es un jeune homme normal plein de passion divers. Moi, je suis par avance un ..

- Si tu dis vieux type..ou truc du genre..j'me fâche, se retient de s'énerver le photographe qui voyait ces mots arrivée gros comme une maison.

- C'est pourtant la déduction que je fini par me faire.

- Pff...c'est complètement ridicule ! Coupa Eren en retournant débarrasser sa table. T'es tellement dure avec toi même, ça me rend dingue. Implacable et sévère....des qu'un sujet te concerne, tu es d'un pessimisme redoutable, gronda le photographe qui visiblement n'arrivait pas à se contenir. J'en arrive même à me demander si tu as réellement conscience du putain de chemin que tu as parcouru depuis les quartiers gris, ainsi que de ton évolution personnel.

- Bien sûr que j'en ai...

- Non. Enfin seulement en partie de toi en à conscience. Et je crois qu'une autre est restée derrière toi..là-bas..ou dans cet orphelinat de malheur.

Les iris aux teintes bleue nuit l'observaient débarrasser la table avec une sorte de petite brusquerie mêlé à de l'agacement, et qui menaçait de briser la vaisselle. Ses lèvres néanmoins restaient scellés, tandis que ses oreilles étaient toujours bien ouverte pour écouter ce que lui disait son jeune amant.

- Si tu n'en termines pas une bonne fois pour toute avec ton passé, tu auras toujours un pied qui y restera. Et l'autre n'arrivera pas à avancer..enfin pas autant que tu le pourrais et..C'est un poids que tu traines et qui pèse sur toi de divers manières.

- Si tu le dis Monsieur le fin psychologue, s'emmura soudainement en lui même Livaï, qui voyant l'heure avancée, enfila ses chaussures afin d'aller entamer sa journée de travail. La conversation à dégénérée si soudainement que ça me stupéfait.

-...

- Non mais tu t'es entendus au moins. Mon problème à refuser de mettre des conneries de déguisement, viendrait du fait que je n'en ai pas fini avec mon passé ? C'est ridicule ! Expliqua t-il avec agacement. Alors plutôt que de me prendre la tête avec toi, je vais aller bosser plutôt, ça sera beaucoup plus constructif.

Là-dessus, l'homme à la tignasse noir attacha ses chaussures avec une certaines brusquerie. L'air fâché qui était sur son visage le rendait parfaitement glacial. Le suivant du regard Eren, s'efforçait de ne rien répondre pour ne pas envenimer d'avantage les choses.

- J'ai assez remué le passé comme ça, et tu le sais très bien, reprit Livaï en prenait son gros trousseau de clé qu'il serra dans sa main. La seule chose que j'ai à faire, c'est d'enfermer toutes ces merde à nouveau en moi, pour avancer. J'ai toujours fait ainsi et ça à très bien marché jusque là.

- Se sera pire si tu fais ça, souffla Eren l'air un peu vexé par cette triste tournure des événements.

- Je vais bosser, cria presque Livaï. T'avise pas de me poursuivre dans les marches pour me faire une autre scène devant mon personnels, le mit -il en garde. La conversation s'arrête là. Je ne veux plus entendre parler de mon passé.

- Mais Liv...

La discussion s'arrêta bel et bien là dans un claquement de porte d'entrée si violent que les murs semblèrent trembler de trouille. Eren resta planté là au beau milieu de l'appartement. Une expression amer avait chassée de son visage son habituel sourire confiant et chaleureux. Un gros juron passa ses lèvres tandis qu'une forte envie de frapper du poing sur la table le saisissait. Sans doute y avait-il été un peu trop frontalement avec Livaï, mais néanmoins il savait que ce qu'il disait n'était pas totalement insensé, ni idiot. Le passé de son petit ami pesait très fortement dans sa vie de tout les jours, car personne durant sa vie de son fiancé n'avait été là pour l'aider à supporter et à digérer ce même poids. Ni même à l'alléger. Et sans doute lui demander un peu bêtement de faire ça, un peu comme on se débarrasse d'un détritus à la poubelle était-il totalement stupide.

Mais un fait était là lui aussi. Encore une fois ils s'étaient disputé. Et ce simple constat arriva à faire passer au secondaire, sa colère qui fit place à une profonde tristesse.

Le passé de Livaï était un iceberg dont Eren ne connaissait qu'à peine la surface. Mais, chercher à le connaitre et à le creuser, c'était prendre le risque aussi de lui faire plus de mal que de bien.

****

Armin cette nuit là, avait eu un énorme stresse quand au déroulement de la journée. Lui qui avait en un sens u' peu craint de passer autant de temps avec Jean, pour qui il commençait à ressentir des choses, avait oublié le simple fait que de parler de son petit déménagement occuperait facilement la conversation dans la voiture. Étrangement, il avait eu l'impression durant le voyage qu'il avait réussi par un miracle quasi divin, à mettre ses " soucies " de côté pour ne se concentrer que sur le "problème" du jour. Parfois la conversation avait dévié un peu de cela, et Jean s'était mis à supposer sur les nombreux métiers dans lequel il pourrait se recycler. Au début les deux hommes voulurent rester sérieux, mais très vite la conversation avait virée en une gigantesque blague, où l'homme à la haute taille était devenu une sorte d'agent 007.

Le temps lui était toujours aussi exécrable, et démontrait combien l'été était bel et bien derrière eux. Le ciel était envahi de gros nuages gris dont les teintes s'assombrirent de plus en plus au file des heures. Ce ne fut que lorsqu'ils arrivèrent à destination en milieux de la matinée que la pluie se mit à tomber. A peine étaient-ils sorti de la voiture, que de grosses gouttes étaient venues les agresser en manquant de les tremper en quelques malheureuses secondes.

Avant de commencer quoi que ce soit. Armin dut en premier lieu passer par l'administration afin de s'occuper de quelques papiers. Jean lui avait attendu dans ce qui semblait être une sorte de salle d'attente remplie de plantes. L'attente dura un bon bout de temps, et quand enfin Armin ressortit du bureau,son visage était emprunt d'une expression un peu fermé et agacé à la fois. Ses sourcils plutôt épais étaient froncés et démontraient à l'évidence qu'une conversation pénible avait eu lieux.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? Demanda Jean lorsqu'ils furent à l'extérieur, mais fort heureusement sous un couloir abrité.

- Ils ont essayé de me culpabiliser pour me convaincre de rester et d'achever mes études, marmonna Armin avec irritation. Ils n'ont même pas essayé de comprendre, combien je ne m'épanouissais pas du tout ici.

- Sérieux ? Mais ça leurs sert à quoi de faire ça ? Demanda Jean les mains enfoui dans les poches de son manteau.

- A garder de bon "élément" pour avoir les meilleurs stats de réussite dans le pays.

- C'est carrément égoïste, conclu assez justement Jean.

Lentement le regard bleue d'Armin qui avait fixé le sol de plus en plus trempée, s'était levé en direction du visage de Jean. Celui-ci qui l'avait vu faire, se mit à lui sourire simplement. Immédiatement le plus petit des deux avait détourné la tête, le visage écarlate. Finalement peut-être qu'il n'avait pas réussi à mettre de côté aussi bien que cela, tout ce qu'il ressentait ?

Ils marchèrent durant un bout de temps, car même si cette université n'était pas aussi grande que celle où Eren avait étudié, elle faisait malgré tout une sacré taille. Chemin faisant, ils croisèrent quelques amis d'Armin qui avaient jugé préférable de revenir avec un peu d'avance. Et lorsque le jeune homme expliquait la décision qu'il avait prise, certain trouvait ça dommage. Mais tous revenaient à la même conclusion.

- Si c'est pour faire un truc que t'aime pas, ça sert à rien d'insister.

Quand enfin le duo arriva dans ce qui avait été sa chambre durant ces dernière années, le camarade de chambré d'Armin était déjà présent. C'était un type plutôt grand et athlétique, au cheveux raz de couleur châtain, avec une barbichette sur le menton et qui avait la forme d'une natte. Comme il l'avait promis au jeune homme par SMS, il avait réussi en parcourant tout les lieux possible de l'université, à rassembler un gros tas de cartons, ainsi que qu'un gros rouleau de scotch.

- J'espère que ce ne sera pas un giga casse couille qui prendra ta place dans la chambre, avoua t-il après avoir salué Armin et Jean.

- J'espère pour toi, compati le jeune homme aux cheveux blond.

- Mais alors tu vas vivre où ? Les soucis avec l'appart de ton grand-père sont réglé.

- Non pas du tout, nia Armin en mouvent la tête de droite à gauche. Les remboursement tardent à venir. J'vais vivre en attendant avec mon meilleur ami et son fiancé.

- A " Eren " c'est ça ? Comprit le type.

Là l'étudiant prouva à Jean, qu'Armin avait souvent parler de son meilleur ami. Immédiatement une moue agacée déforma sa bouche, et changea son humeur plutôt paisible en quelque chose de beaucoup plus boudeur. A peine le nom du photographe fut-il mis sur le tapis, qu'il laissa les deux bavards discuter un peu, tandis que lui ouvrait plusieurs cartons, avant de scotcher le fond.

- Bon, j'ai un truc à faire, lâcha l'homme au cheveux raz au bout d'un moment. Mais dès que j'ai fini, je viens vous aider si je peux, ok ?

- Ouais pas de soucie, sourit Armin. Tu m'as déjà énormément aidé, merci.

- Oh de rien. Au faite Jean, c'est cool d'avoir fait ta connaissance.

- Ah merci, marmonna ce dernier. Je suis pourtant pas Saint Eren, crut-il dire assez bas pour ne pas être entendu.

Il avait dit ça entre ses dents, comme un enfant boudeur lâcherait une réflexion en espérant ne pas être entendu malgré tout. Ce qui néanmoins à cet instant, ne fut pas vraiment le cas, au vu du souffle las et blasé que lâcha Armin.

- Un saint comme ça, n'existe pas. Je te l'ai déjà dit non ? Marmonna Armin en le fixant.

- ....

- Bon, fit le jeune homme qui préféra éviter toute dispute inutile. De la poche arrière de son pantalon, il sortit une liste de tout ce qu'ils devaient prendre. Sans rien dire d'autre, il la montra à Jean qui la lut.

- C'est vraiment pas énorme quand on y réfléchie. Bon, par contre y à trois tonnes de bouquins, mais franchement, ça peut aller vite.

- Ouais c'est clair. C'est pour ça qu'hier, je disais que ça aurait été ridicule de payer une agence de déménagement pour si peu de chose finalement.

- C'est sûr.

La première heure se passa plutôt tranquillement. Dans un coin de pièce assez vide, Jean et Armin commencèrent à entasser les cartons. Les premiers furent surtout chargé de vêtements, ce qui fit supposer à Jean que son pote de collège devait en faire une collection au vu de la quantité qu'il y avait. Parfois ils étaient interrompu dans leurs tache par des curieux, qui logeaient aussi sur le campus, et venaient se désoler du départ d'Armin. Une chose sauta alors au regard pointu de Jean, Armin était sacrément populaire et apprécié.

" Un petit génie comme toi va nous manquer. "

" Oh c'est tellement dommage."

" Tu détestais vraiment ce que tu faisais ? Bah sérieux ça se voyait pas du tout."

La dernière phrase fut dite par une étudiante au physique plus qu'avantageux. Et si Jean l'avait vu arriver avec de gros yeux rond surpris, Armin lui en avait fait une grimace. Le mystère quand à cette froideur dont le jeune homme n'était plutôt pas coutumier, trouva une explication à peine cette belle plante fut-elle partie.

- C'est...c'est elle ton ex ? Balbutia Jean..La vache, s'exclama t-il.

- Pff, lâcha avec humeur Armin. Je n'étais qu'un rien du tout à ses yeux. Juste un outil ..pour rendre son" vrai mec " jaloux...ma...ma première fois a été gâchée de part le simple fait que je me suis sentit ridicule, en apprenant ses vrai attentions...

Sa tête était baissée, car la honte qu'il avait senti en apprenant la vérité ce fameux jour, avait plus d'une fois réussi à lui saper le morale. Sans doute était-ce depuis ce jour qu'il rêvait de vivre, tout comme Eren un bel amour ? C'est à dire, quelque chose de réellement solide et de sincère, ou au moins il ne serait pas le dindon de la farce.

Il en était tout à ruminer ses souvenirs bien peu agréable, quand il sentit une main passer sous son menton afin de lui faire relever la tête. Ses yeux clair par automatisme se fixèrent dans les prunelle de Jean. Une belle couleur rouge s'installa sur ses joues en moins de temps qu'il ne faut pour le dire.

- J'aurai été jaloux que tu sois avec une telle bombe....lâcha l'homme méchamment comparé à un cheval.

A l'évidence ses mots avaient franchi le barrage de ses lèvres sans réellement avoir son accord, au vu de l'air surpris qu'il prit après avoir dis cela.

- Que.....pou..pourquoi tu dis ça ? Bredouilla Armin qui sentait son coeur battre à 1000 kilomètre heure. Parce qu'elle est....jolie ? C'est...c'est ça hein ?

- C'est ce que tu crois ? Demanda Jean le regard sérieux en se penchant un peu pour pouvoir le fixer droit dans les yeux. Sa main quand à elle était toujours sous le menton.

L'instant dura combien de temps ? Une minute ? Un siècle ? Aucune idée. Dans son dos, le blondinet sentait toujours le bois de la porte contre lequel il s'appuyait. Il avait l'impression que le vacarme dans sa cage thoracique raisonnait dans toute l'université. Pourquoi soudainement Jean prenait-il cet air là. Il y avait chez lui, quelque chose de soudainement sauvage et qui lui plu beaucoup plus que ce qu'il n'aurait cru. Il voyait ses long yeux marron, ses cheveux souple bien plus long que lorsqu'ils étaient mômes, et qui à ses yeux le rendait incroyablement cool. Pourquoi jouait-il ainsi ? Pourquoi tout était tout le temps si floue dans sa manière d'agir ? Pourquoi..pourquoi...son coeur battait-il au point de le rendre dingue.

Son corps paraissait figé, comme incapable de bouger.

- Qu'est-ce que tu veux Jean ? S'entendit-il dire. Vraiment qu'est-ce que tu veux de moi ? Soit sincère. Et ne parle pas par énigme, ou double sens comme tu le fais souvent, marmonna Armin en sentant les doigts de son vis à vis quitter son menton pour venir sur sa joue.

Le visage de Jean prit une couleur cramoisie. Malgré l'air plein d'assurance et peut-être même de séduction qu'il tentait de se donner, il était évident quand on étudiait un peu plus sa gestuelle, qu'il n'était pas aussi sûr de lui que ce qu'il voulait faire croire. Ses lèvres minces pourtant se mouvèrent un instant, sans qu'un son n'arrive à les franchir. Ce qu'il voulait dire, irait sans doute à l'encontre de la vision parental de ce qu'était la vie et un couple pour eux.

- Je veux....

- Tu veux ...répéta Armin en posant les mains sur les avant bras de celui-ci...

- Je veux être....la personne la plus importante à tes yeux...lâcha t-il enfin en prenant un intense air gêné. Je veux être plus important qu'Eren.

- Hein ? Fit le jeune homme qui ne s'était pas attendu à voir le nom de son meilleur ami débouler soudainement dans cette conversation, qu'il avait espérée du font du coeur mener sur autre chose que cette stupide petite guerre d'orgueil entre les deux chamailleurs.

La bouche d'Armin s'arqua vers le bas, son regard se fit dur et blasé à la fois, tandis que son bras repoussait la main qui était sur sa joue.

- Encore cette ridicule comparaison avec lui. Mais c'est quoi ton problème à la fin ? Eren est mon meilleur ami. Je suis proche de lui comme si il était mon frère de sang. Pourquoi ta stupide jalousie vis à vis de lui, arrive là maintenant, alors que..

- Que quoi ? Demanda Jean en le suivant du regard.

Agacé Armin s'était agenouillé devant un carton bien plein qu'il scotcha.

- Je sais pas, marmonna avec humeur le blondinet en écrivant au feutre sur le carton. Ça veut dire quoi "être important à mes yeux " ? Hein, c'est dans quel sens ? Dans quel objectif, dans quelle vision du lien qu'il y a entre toi et moi....tu sais bien qu'il est différent de ce que s'était avant...

- Oui..

Sa tête se baissa, et laissa pendre devant ses yeux clair un rideau doré. Au final, contrairement à ce qu'il avait craint et affirmé auprès de Livaï, ce n'était pas si difficile que cela de parler de " ça". Même si en parallèle se n'était pas non plus très agréable. Ses mots sortaient de sa bouche à tout va. Comme si en lui, un cri grondait pour que tout enfin soit mise à plat entre eux. Que ce soit bon ou mauvais. Afin peut-être qu'il n'ait plus dix mille choses à penser, à ruminer craindre et à espérer.

Le silence était là, grand gagnant de cet instant. A peine entendait-on le léger brouhaha dans les couloirs. Et pourtant le calme n'était en rien présent. Armin s'occupait de ses cartons la tête basse, l'air fatalement déçu comme si il savait et concluait par avance sur ce qui était entrain de se passer. Jean l'observait faire, et sentait ses mains se refermer, comme si ses poings cherchaient à vaincre un quelconque ennemie. Mais qui était-il cet ennemi ? Eren ? Non, bien sûr que non, lui n'avait rien fait dans toute cette histoire. Et lui en vouloir d'être le meilleur ami d'Armin était idiot, il le savait.

Alors c'était qui cet ennemi ? Lui même ? Oui peut-être parce que toujours dans sa tête, les hésitations et la peur du regard de l'autre, régnait en maitre dans son esprit. Mais alors, c'était ça ? C'était ainsi qu'il devait faire sa vie ? En oubliant ses propres désires aussi minuscule soient-ils pour convenir à une norme abusive et excessive, et qui n'est fait que de personnes aux contours flou ?

Il était son propre ennemi. Le pire sans doute puisqu'il arrivait à se saboter à chaque fois que son coeur agissait avec honnêteté. Toujours il revenait dessus et brisait ce qu'il avait essayé de dire et de faire comprendre.

- Tu as peur de quoi Jean ? Se questionna t-il comme si il venait d'être figé dans le temps. Tu as voulu faire quoi à l'instant ?

- J'ai peur du changement, se répondit-il, et de perdre plus que ce que je n'aurai à gagner. J'ai peur de faire ce pas en avant, et d'aller sur ce chemin, alors que par le passé j'ai été parfaitement odieux et horrible avec Eren.

- Tu as voulu faire quoi...se répéta t-il mentalement.

- J'ai voulu le prendre dans mes bras. Le serrer contre moi, et le garder ainsi parce que je veux être le plus important à ses yeux. Je veux n'en avoir rien à foutre de ce putain de regard que l'extérieur peu porter sur ma vie. Mais..Mais..j'ai aussi peur de perdre..de perdre...

Sa bouche s'ouvrit, son souffle était court et étrange à la fois. Comme si les mots avaient pris la place de l'air qui était dans ses poumons. Il voulait lui dire, le hurler si il le fallait. Mais, rien n'y fit. Rien ne parut agir, ni dénouer enfin ce nœud qu'il y avait entre eux. Le poids des aprioris et de tout ce qu'on lui avait fourré dans le crâne, étaient les vainqueurs incontesté.

" Pourquoi tu es si en avance ?"

" Compliqué. "

Compliqué ? Ouais c'était compliqué à expliquer et dure à avouer sans prendre le risque de blesser quelques personnes, dont Eren à qui il avait déjà fait bien du mal par le passé.

" Jean, je n'aime pas trop que tu traines autant chez ....ces gens là. Fait moi plaisir et arrête ça. Si ça s'apprend on..."

" M'man, ces gens là sont mes amis. Ils n'ont pas la peste bubonique tu sais. Et puis je vais juste chercher Armin, pour l'aider à déménager ses affaires. Il est en galère sérieux..et..."

" Lui aussi traine chez ces gens dépravé et ..méfis toi de..."

" Arrête !! Arrête ça tout de suite ! Ils ne sont pas dépravé, comme tu le penses. Eren et Livaï ...car oui ils ont des prénoms et ne s'appellent pas ces gens là,..ils sont normaux et juste amoureux. Je te jure que ce n'est pas du tout comme tu l'imagines et.."

" Ne deviens pas comme ça ! L'enfer t'attends, j'te le dis tout de suite ! Et ne me fait pas la leçon. Je suis ta mère. "

" Pour croire à l'enfer, faut croire en dieu. Ce qui n'est pas mon cas."

" Retire ça tout de suite ! "

" Non ! J'ai des amis gays et j'y tiens. Et je n'ai pas à craindre, une putain de colère divine. Sinon tu crois pas qu'elle m'aurait déjà frappé hein ? Hein ? Tu m'as appris des choses horribles, et des préjugés immondes. Et ça crois moi, j'en ai honte. Et toi aussi du devrais en avoir honte !"

La dispute avait été si forte, qu'il en avait réveillé son père qui dormait encore à ce moment là. Après cela, il était parti de chez lui avec colère au visage, et des aigreur dans l'estomac. Si Eren avait de bon parent tendre qui l'avaient compris. Lui ne vivrait jamais les choses comme lui...Ses parents ne supporteraient pas ça..

Encore une fois Jean avait voulu faire se fameux pas en avant qu'il chercher à faire depuis longtemps. Mais à peine fait, il avait reculé de peur de briser sa famille. Et encore une fois Armin en subissait les conséquences.

- Fait pas cette tête, lui demanda Armin toujours aussi résiliant, toujours aussi compréhensif. Et viens m'aider s'il te plait..

- Ouais....

****

L'après-midi battait son plein, et le service du midi était déjà un lointain souvenir. Livaï qui avait su dominer sa mauvaise humeur, pour l'enfouir en lui afin de ne pas la faire subir à ses employés et ses clients, profitait d'être enfin seul de son bureau pour réfléchir. Son travail habituel était achevé depuis cinq bonne minute minutes, et les propos de son fiancé lui revenaient à l'esprit.

En finir avec son passé...Oui peut-être que se serait une bonne chose, et que ça l'aiderait comme le lui avait suggéré Armin, à s'autoriser le pardon sur toutes les choses qu'il avait fait, et dont il avait honte. Mais c'était déjà si pénible de se faire le résumé de son enfance, après la mort de sa mère. Battue, affamé, enfermé dans une cave crasseuse dans le noir avec plein de bestiole..humilié, ridiculisé ..Rien n'avait été présent pour qu'il grandisse en parfait petit enfant épanouis. Et c'était fatiguant de se faire encore et encore le constat de ce qu'il avait vécu. En parler à Eren avait été si dure, que remettre le couvert à ce sujet, lui plombait par avance le moral.

Mais alors comment en finir avec le passé ? Comment faire en sorte qu'il ne reste pas un poids dans son présent ?

Il est vrai qu'à la base leurs conversation était tournée vers les habituelles bêtises d'Eren. Et que s'amuser à détruire ses petits délires le divertissait assez en temps ordinaire. Mais pourquoi là, ça avait autant dégénéré ? Si il continuait à jouer les grincheux, et à lui crier dessus comme il l'avait fait dernièrement ? Eren lui même ne finirait-il pas par en avoir marre ?

Un souffle profond et las, mêlée à une certaine angoisse se fit-entendre dans l'espace silencieux. Ses mains se levèrent pour frotter son visage, et chasser au plus vite cette boule de tristesse qui lui nouait la gorge.

Et puis, il y eut le bruit typique d'un papier que l'on glisse en dessous d'une porte. Surpris Livaï avait observé, la chose en pivotant sur sa chaise de bureau. Jamais un employé ne ferait une chose aussi étrange que ça. Se relevant, il alla prendre le petit papier et l'ouvrit.

" Le plus grand de vos admirateurs, réclame votre clémence pour vous avoir encore une fois fait de la peine. Et vous assure du plus profond de son coeur, que la seule chose qui l'anime est votre unique bonheur."

- Hein ? S'exclama à voix haute Livaï, et qui se souvenait de ce ton étrange, qu'ils avaient déjà utilisé par le passé pour communiqué par SMS.

Un autre papier fut glissé sous la porte.

" Votre admirateur pas si secret que ça .."

- Pff ah ah, idiot, murmura affectueusement Livaï.

" ...vous demande pardon, de toute la pression idiote qu'il vous mets sur les épaules pour la bagatelle. Cependant il vous implore d'être beaucoup plus bienveillant envers vous même, et d'éloigner de votre jolie tête, l'idée d'être ennuyeux, car cela est tout ce qu'il y a de plus faux. Parce que.. "

- Parce que ?? Répéta à voix haute Livaï, qui vit un autre papier être glisser sous la porte.

" T'es le roi de mes nuits. Mon étalon de catégorie A, en un mot le sommet de mes fantasmes. La plus fantastique de mes fantaisies. Les vêtements ne sont qu'accessoire, toi seul est ma passion la plus dévorante."

- Carrément, rougit un peu Livaï qui sentait son coeur s'agiter dans sa poitrine. Si un employé passe il est mal...Ah encore un ? Voyons..

" Pardon d'être un idiot avec la délicatesse d'un mammouth. Pardon, d'être aussi maladroit et de te faire mal avec ma curiosité et mes affirmations, sur des choses que je ne comprends pas. Pardon de ne pas être assez mature."

- Idiot, gronda t-il à travers la porte. Rapidement, il tourna la clé qui était dans la serrure puis ouvrit la porte dans un geste si brusque, que le déplacement d'air agita la chevelure détachée d'Eren. Pardon d'être parfois aussi dure avec toi.

- T'as pas à t'excuser, sourit doucement le photographe. C'est moi qui agis toujours avec impulsivité, et toi tu subis. Je t'en demande trop, parce que je suis un sale mioche capricieux...et que je dois prendre encore du plombs dans la cervelle. Je te promets de ne plus te parler de ton passé, car je sais qu'il te fait trop de mal. Et moi mon but c'est de te rendre heureux. Je suis...

- La personne qui me rend le plus heureux dans son monde, le coupa Livaï en tirant sur le col du t-shirt puis en se hissant un peu sur la pointe des pieds pour l'embrasser. Oublions tout ça.

*****

Et voila après un siècle à ne pas écrire. Enfin j'ai l'impression qu'un siècle s'est écoulé depuis le dernier chapitre. Arrive enfin le chapitre 14.

J'ai cru ne jamais pouvoir l'écrire celui-ci. Et à vrai dire je ne sais pas trop quoi en penser. Dans tout les cas j'espère qu'il vous aura plus.

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