Chapitre 50
24 heures passèrent sans que Ciel et Ayame ne se parlent. Elle souhaitait le laisser réfléchir à ce dilemme, espérant qu'il comprenne de lui-même.
Le lendemain, Ciel vint la voir, mais il ne dit rien, agissant comme si la discussion de la veille n'avait jamais eu lieu. Bien qu'Ayame trouva cela frustrant au possible, elle décida d'accepter sa décision de ne pas en parler.
« Bon, qu'est ce qu'on fait maintenant ? » demanda-Ciel.
Ayame se tourna vers lui, se demandant de quoi il parlait.
« J'ai vu qu'ils avaient disparu, nos appâts. On a été, entre guillemets, pris en chasse. Donc qu'est-ce-qu'on fait ?
— On continue d'enquêter, on reste encore plus vigilants et on attend que le tueur tente quelque chose.
— On enquête sur quoi en priorité ? »
Ayame ne put s'empêcher de sourire, Ciel se laissait vraiment dicter les étapes, il la laissait prendre le contrôle.
« Je dirais : le professeur de violon. Pour moi c'est le suspect le moins suspect, donc il sera plus facile à écarter. Commençons simplement, on verra après.
— D'accord. Et comment on procède?
— Pour commencer, nous envoyons Sebastian fouiller sa chambre de fond en comble. Je sais qu'on a déjà essayé et je doute que l'on trouve quelque chose, mais ça vaut le coup d'essayer encore une fois, nous n'avons rien à y perdre. On va enquêter sur lui, son passé, sa personnalité. Il faut rencontrer sa famille, sa femme, toutes les personnes qui le connaissent pour savoir quel genre de personnalité il a, s'il serait capable de tuer quelqu'un.
— Autre chose ?
— Lui parler directement. Mais ça je vais m'en occuper.
— Pourquoi toi ?
— Tu n'as aucun tact, Ciel. Il faut y aller avec des pincettes.
— Ce n'est pas ma première mission sous couverture, tu doutes un peu trop de mes capacités.
— Non, je doute de ta capacité à garder ton calme vu les évènements de ces derniers jours. »
Ciel roula des yeux.
« Tu n'as peut-être pas tort sur ce point » dit-il avec une grimace.
Ayame le regarda dans les yeux.
« Je commence à me demander si c'était une bonne idée, dit-elle.
— Quoi donc ?
— Nous. »
Ciel eut une palpitation, comme si son cœur se serrait dans sa poitrine.
« Comment ça ? demanda-t-il avec un tremblement dans la voix.
— Te demander de l'aide pour cette enquête. Chercher ta compagnie. Je n'aurais peut-être pas dû faire tout ça. J'aurais dû enquêter de mon côté, et ne jamais te rencontrer. »
Le cœur de Ciel se serra un peu plus dans sa poitrine.
« Je ne fais que te mentir, te donner des semi-vérités, te laisser dans le doute. Notre relation n'a rien de sain. Je te fais plus de mal que de bien. Et nous ne créons que le chaos.
— Ayame...
— Non, écoute-moi. Tu voulais te venger, mais c'est presque comme si tu t'en fichais maintenant. Je vais me venger, coûte que coûte. Ma présence t'a peut-être aidé à remettre de l'ordre dans tes pensées, à reprendre goût à la vie ; mais plus je te vois, plus ma colère augmente, plus je tremble de voir le monde à feu et à sang. Nos objectifs s'éloignent un peu plus chaque jour. Et plus je me sens proche de toi, plus je me sens loin de toi.
— Ce n'est pas...
— Écoute-moi. Je t'aime, Ciel. Mais je détruis tout, et je te détruis autant que je te reconstruis. Je t'ai donné l'espoir d'une nouvelle histoire, mais mes secrets ne font qu'étioler ta confiance.
— Stop ! l'arrêta Ciel. Maintenant, laisse-moi parler. Je t'aime, Ayame, je t'aime plus que tout. Peut-être même plus que je n'ai aimé Yuuka. Elle a débloqué quelque chose en moi que je pensais ne pas exister, et tu n'as fait que l'amplifier. Je ne regrette pas de t'avoir rencontré, comme je ne regrette pas d'avoir rencontré Yuuka, peu importe comment ça a fini. Ça peut paraître cruel, mais sa rencontre, malgré sa mort, a fait du bien à mon âme.
— Ciel...
— Non, cette fois, c'est toi qui me laisse parler. Peu importe tes objectifs, je te suivrais au bout du monde, je le mettrais à feu et à sang pour toi ou te regarderais le faire s'il le faut. Et si tu décidais d'arrêter, je te suivrais aussi. L'amour n'est rien sans confiance aveugle, mais nos vies ne peuvent se passer de doutes et de secrets. Qu'importent tes secrets, qu'importent mes doutes, tant que je t'ai toi tout me va. »
Ayame dut retenir ses émotions pour ne pas pleurer. Elle avait reçu deux déclarations dans sa vie, mais celle-ci avait un impact bien différent. Elle n'aurait jamais pensé que Ciel puisse l'aimer telle qu'elle était, car elle était bien trop différente de Yuuka. Elle avait conscience qu'elle devait arrêter de se comparer à elle, mais Ayame ne pouvait s'en empêcher, le passé continuait de la hanter, même si elle avait l'impression qu'il ne hantait plus Ciel.
Cependant, elle avait tort sur ce dernier point, car la voix de Yuuka résonna aux oreilles de Ciel à ce moment-là.
« Es-tu sûr que c'est la bonne personne pour toi, Ciel ? Je ne veux pas te voir dépérir à cause de ton amour pour moi, mais je ne veux pas non plus te voir mourir à cause d'un amour mal choisi. Comment peux-tu te laisser ainsi mener à la baguette ? Elle ne fait que te mentir et jouer avec ta confiance. Tu m'aimais... Non, tu m'aimes toujours, n'est-ce pas ? Mais tu l'aimes aussi. Vas-tu abandonner tes sentiments pour moi en sa faveur ?
— Tu préférerais me voir en deuil pour toi éternellement ? pensa-t-il.
— Non, Ciel. Mais tout de même... Tu ne vas pas dire le contraire ? Elle te ment encore et tu le sais. Alors pourquoi lui faire confiance ?
— Yuuka ne dirait jamais quelque chose comme ça.
— Évidemment, puisque je ne suis pas Yuuka. Je ne suis que ton subconscient, tes pensées et sentiments refoulés. Je suis tes doutes et ta tristesse. Je n'ai jamais été Yuuka, tu le sais très bien, mais ça te confortait que Yuuka soit auprès de toi alors tu t'es aveuglé pour ne pas le voir. Mais tu connais la vérité, n'est-ce pas ? Tu ne voulais pas laisser Yuuka partir alors qu'elle n'était déjà plus là. »
Ciel serra les dents pour ne pas laisser transparaître sa conversation intérieure.
« Il est temps que tu partes » pensa-t-il simplement avant de revenir à Ayame. Il n'y avait plus qu'elle maintenant, elle était tout ce qui comptait et compterait à jamais.
« Ayame, on s'est rencontrés et rien ne changera cela. Alors ça ne sert à rien de réfléchir en "et si ?" parce que nous en sommes là et c'est tout. Et je refuse de te laisser partir, de te perdre toi aussi. Tu es devenue ma raison de vivre, j'ai besoin de toi, je ne suis rien sans toi. Peut-être qu'un jour je pourrais vivre pour moi-même, mais en attendant c'est pour toi que je vis.
— Tu ne me perdras pas, promit-Ayame. Je crois que peu importe combien de temps passe, j'aurais toujours cette impression que c'est la pire décision possible mais : je resterais à tes côtés malgré tout ce qui pourrait se passer, je ne te lâcherais pas. »
Ils étaient tous les deux décidés à rester ensemble, à faire en sorte que cette histoire marche, même si cela risquait, non : allait mener à une catastrophe.
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