Chapitre 29
« Sais-tu pêcher, Ciel ?
- Ça dépend du sens de ta question.
- Crois-tu vraiment que je te poserais la question si c'était au sens religieux du terme ? La réponse est évidente.
- Non, je ne sais pas pêcher le poisson.
- Parfait ! Je nous aie loué un petit chalet en bord de lac pour notre escapade. Je vais t'apprendre à pêcher, c'est très thérapeutique. »
Ciel haussa les sourcils.
« Partons alors, dit-il, j'ai hâte de voir ça.
- C'est parti. »
Le trajet fut assez court pour qu'aucun d'eux ne s'ennuie malgré qu'ils ne parlèrent pas. Le chalet était effectivement en bord de lac, pas un seul habitant à cinq kilomètres à la ronde, une forêt qui offrait un coin calme, à l'abri du soleil trop tapant. L'odeur de pin humide chatouilla les narines de Ciel. Il se sentait bien ici. Peut-être devrait-il s'y installer, c'était si calme et loin de tous ses problèmes. Il respira l'air un long moment, perdu dans la contemplation du lieu.
Ayame le laissa faire, le regardant avec affection, attendant patiemment qu'il revienne à lui. Un bon quart d'heure passa avant qu'il ne se tourne vers elle, et elle n'avait jamais vu une expression si paisible sur son visage, s'en était émouvant.
« Tu es heureux ? » demanda-t-elle.
Il ne lui répondit pas, lui souriant juste en signe de reconnaissance.
Ils finirent par se diriger vers l'intérieur du chalet.
(NDA : aller, franchement, si vous ne devinez pas ce qu'il va se passer là tout de suite, je serais déçue. Surtout que je vous ai déjà fait le coup. Une idée ?)
Ciel découvrit les lieux. Une seule pièce, spacieuse. Une petite cuisine en bois et marbre noir. Un salon décoré de grands fauteuils, d'une table sur laquelle était posé un échiquier, une cheminée en pierres et ardoises. Une table de salle à manger et ses chaises. Il y avait aussi une porte qui menait sur la salle de bain. Et dans le dernier coin de la pièce, un lit spacieux.
UN lit. Un seul.
Ciel ne fit pas le lien entre les informations tout de suite mais il finit par se rendre compte qu'il n'y avait qu'un lit pour eux deux. Et il rougit jusqu'à la racine des cheveux. Il se sentit cependant idiot lorsqu'il se souvint qu'ils venaient déjà de dormir dans le même lit la nuit précédente, et que ce n'était de toute manière pas la première fois. Ciel rougit d'autant plus en se rappelant la nuit passée, et ce qu'il avait éprouvé en se réveillant à ses côtés.
« Alors, qu'est-ce que tu en penses ? demanda-Ayame en entrant à sa suite.
- C'est un bel endroit. »
Ils préparèrent les affaires de pêche et allèrent s'installer au bord du lac. Ayame lui montra toutes les ficelles du métier, ce qui ne fut pas de la tarte au vu des capacités manuelles de Ciel, mais il finit par s'en sortir pas trop mal.
Ils s'installèrent ensuite dans le calme. Le lac était immobile, épargné par le monde extérieur, méditant. On pouvait entendre le bruit du vent dans les arbres et le piaillement des oiseaux. Personne à l'horizon, pas de menaces, juste... eux. Le temps paraissait arrêté, irréel.
« J'aime être ici, dit-Ciel.
- Moi aussi.
- Comment connais-tu cet endroit ?
- Mon père m'emmenait souvent ici. On pêchait ensemble, cuisinait ensemble, et ma mère nous rejoignait pour manger. Mon père installait un lit de camp sur le sol pour que je puisse prendre toute la place dans le lit. Je suis venue ici avec Yuuka.
- Vous avez dû bien vous amuser.
- C'était très marrant, elle pêche très mal. Comme pour toi, je l'ai amenée pour qu'elle se repose un peu, loin du monde. D'ailleurs, on a trouvé un coin à champignons, je t'emmènerais, on pourra se faire un bon dîner. Tu aimes les champignons j'espère ?
- Oui, bien sûr. »
N'attirons pas trop leur attention dessus, mais c'était la première fois qu'ils parlaient de Yuuka sans en faire toute une histoire, sans se sentir coupable ni séparés par elle.
« J'aimerais qu'on revienne ici, après tout ça » dit-Ciel.
Le cœur d'Ayame rata un battement. Ciel venait de parler de l'avenir, d'un avenir à eux, où ils se côtoieraient encore.
« Moi aussi, dit-elle, j'aimerais beaucoup revenir ici avec toi, Ciel. »
L'idée de faire leur mariage ici lui traversa l'esprit, mais elle se rappela que ce n'était pas un mariage d'amour, et ses lèvres se scellèrent. Elle ne voulait pas gâcher ce moment en parlant de quelque chose qui se référait au travail.
Ironiquement, la même idée traversa les pensées de Ciel, et pour les mêmes raisons il ne dit rien.
Un long moment sans un bruit passa, avant qu'Ayame prenne la parole.
« Je suis désolée que toutes ces choses te soient arrivées. Tu n'as pas eu une vie simple.
- Je ne comprendrais jamais pourquoi l'expression courante est "je suis désolé" alors que ce n'est pas la faute de la personne qui l'utilise. Enfin bon... Ta vie non plus n'a pas été simple. Mais tu sais tout de moi alors que je ne sais presque rien de ton passé.
- Je ne connais pas tout Ciel, et je n'ai que les faits, j'aimerais t'entendre parler de toi. »
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