Chapitre 26

« La reine n'est pas au courant de cet écart de la part de Grey, il l'a fait sur son propre jugement.

— Okais, tu peux sortir quelque temps Sebastian, revient plus tard.

— Bien, my lord. »

Sebastian sortit de la chambre en laissant Ayame et Ciel seuls.

« Je suis désolée, pour ça, dit-Ayame.

— Tu ne m'avais pas dit.

— Mh ? Ah, pour mes parents... Je n'avais pas spécialement envie d'en parler.

— Mais c'est de ma faute.

— Justement.

— Tu sais tout de moi. Je croyais que le contraire était vrai aussi. Tu sais... j'aimerais qu'on puisse se parler en toute confiance.

— Ciel ? Je ne m'attendais pas à t'entendre parler ainsi un jour. »

Ciel lança un sourire triste.

« Moi non plus, mais il faut croire que l'amour change les gens. »

Ayame se sentit rougir jusqu'aux oreilles, ça sonnait comme s'il parlait d'elle. Évidemment il parlait de Yuuka, et elle le savait.

« Elle t'a beaucoup changé, oui...

— Est-ce que... il y a quelque chose d'autre que tu ne m'a pas dit ? Quelque chose que je devrais savoir. »

Ayame détourna le regard, et le silence s'éternisa.

« Je suppose que ça veut dire oui, dit-il. Et... tu peux me le dire ? »

Ayame hésita.

« Oh ! s'exclama Ciel. Je ne veux évidemment pas parler de la personne que tu crois être derrière le meurtre de Yuuka, je sais que tu ne veux pas en parler pour l'instant. Je voulais plutôt dire à propos de toi.

— Tu veux me connaître maintenant ? demanda-t-elle.

— Oui, avoua-t-il sans détour.

— Sans arrière-pensée ?

— Sans arrière-pensée, j'ai juste envie de te connaître mieux. On va se marier après tout. »

Ayame se tourna subitement vers lui, les yeux ronds.

« Pardon ? s'exclama-t-elle.

— Je sais que tu étais sérieuse à propos de cette proposition, et ça ne me dérange pas, c'est une bonne idée.

— Je pensais que tu ne croyais plus en l'avenir et que tu avais l'intention d'abandonner ta vie après avoir vengé Yuuka.

— Si j'en venais à réellement disparaître alors ce mariage serait d'autant plus utile, quelqu'un de confiance hériterait de mon empire commercial et de mon manoir, donc du lieu de repos de Yuuka. Et... j'ai peut-être changé d'avis après tout. »

Ayame ne dit rien, elle était étonnée et étrangement flattée.

« Va pour le mariage alors, dit-elle.

— Et donc ? demanda-t-il. Il y a quelque chose que tu dois me dire ?

— Oui, mais... c'est compliqué. Plusieurs choses d'ailleurs. Je ne peux pas pour l'instant, je suis désolée.

— Pourquoi ? demanda-Ciel, sans mal le prendre.

— Tu sais... lorsque tu cachais ton identité à Yuuka, tu le faisais pour la protéger et pour protéger les sentiments qu'elle avait pour toi. Pas pour la manipuler, mais parce que tu l'aimais et que tu avais peur de la perdre. Je le fais pour la même raison. J'ai peur de perdre ta confiance lorsque tu sauras ce que j'ai caché, mais en même temps je suis quasiment sûre qu'au contraire tu m'accorderas plus facilement ta confiance si tu sais tout ça. Mais j'essaye aussi de nous protéger. Tu comprendras, parce que je te dirais tout, un jour. Quand toute cette histoire sera finie, je te promets de tout te dire, sans exception. Tout. Je ne peux pas être plus honnête que ça aujourd'hui. Je ne peux que te dire que je te cache des choses, pour que tu ne doutes pas constamment de moi. Je crois que c'est plus simple de faire confiance à quelqu'un lorsqu'il est honnête sur ses secrets. Je ne sais pas si tu me comprends et si tu es d'accord mais...

— Je le suis, la coupa Ciel. Je comprends. Pour l'instant j'accepte les choses comme tel, j'aviserais en apprenant ce que tu as à dire. Mais si tu me dis que tu ne devrais pas perdre ma confiance en me l'avouant, alors je crois que je peux te croire. Et j'y crois d'autant plus car je sais que l'un de ces secrets tu l'as révélé à Sebastian et que c'est grâce à ça qu'il te fait confiance. Et je fais confiance à son jugement.

— Je pensais que ne rien te dire pour mes parents te protégerait des doutes de la reine. Finalement ça n'a servi à rien, même si ce n'est pas elle qui a fait ça. Peut-être que je me trompe en pensant que te cacher le reste est la meilleure solution, je commence à douter de mes choix. Mais je ne me vois pas faire autrement pour l'instant.

— Prends ton temps pour y penser. »

Ayame acquiesça.

★★★

Ciel rappela Sebastian.

« As-tu découvert quelque chose pendant tes recherches ?

— À vrai dire, oui. Benoît a enfin accepté de me parler. Déjà, il m'a dit qu'il connaissait bien chaque élève mort et il a confirmé notre hypothèse : chacun d'eux a mystérieusement perdu quelque chose plusieurs jours avant de mourir. Benoît est très populaire, alors il connaît bien tout le monde. Il connaît les petits secrets de tout le lycée. Très bon confident d'ailleurs, il ne dévoile jamais quelque chose qu'on lui a confié. Mais ! il a accepté de me parler des élèves morts. Il a compris avant tout le monde que ce n'était pas des suicides, ça lui paraît évident. Alors pour le mettre en confiance j'ai dit que j'avais été engagé pour enquêter sur les morts discrètement, et que la moindre information pourrait aider, surtout pour protéger les autres élèves.

» Alors il m'a dit que chaque victime féminine s'était plainte d'avoir l'impression d'être observée dans les couloirs plusieurs semaines avant leur meurtre. Elles avaient aussi l'impression que leurs affaires avaient été déplacées. Elles savent que l'agent d'entretien passe tous les jours, mais il ne fait que nettoyer le sol et ne touche jamais à leurs affaires, si quelque chose est au sol il le contourne systématiquement, nettoie autour mais n'y touche pas. Si les bureaux sont libres, il les nettoie aussi, sinon il n'y touche pas. Alors elles trouvaient ça bizarre. Ça durait sur environ un mois. Les trois premières semaines, les chambres paraissaient fouillées ou juste différentes, puis quelque chose disparaît, et la semaine suivante pouf ils sont morts.

» Je lui ai demandé si les garçons eux n'avaient rien remarqué, il m'a répondu qu'ils ne sont généralement pas attentifs à ce genre de choses, ils n'y ont fait attention que lorsqu'un de leurs objets a disparu. Alors, je lui ai demandé si, parmi les couples du lycée encore en vie, quelqu'un d'autre s'était plaint de voir sa chambre différente de d'habitude. Justement, un garçon lui a dit il y a trois semaines que sa chambre qu'il range habituellement méticuleusement n'était pas parfaitement en ordre lorsqu'il était revenu d'un de ses cours. Il y avait quelques choses qui n'étaient plus alignées. C'est un vrai maniaque sur la question alors il l'a tout de suite remarqué, et ça l'a mit mal à l'aise. C'est pour ça qu'il en a parlé à Benoît.

— Il y a trois semaines ? l'interrompit Ayame. Est-ce qu'il a perdu quelque chose cette semaine ?

— Je suis justement allé le voir pendant que vous discutiez. J'ai prétexté que certains élèves s'étaient plaints de vols - ce qui n'est pas tout à fait faux - et que j'essayais de faire la liste des objets disparus pour les reconnaître si jamais je voyais quelqu'un avec l'un de ces objets. Il avait l'air inquiet que l'on fouille les chambres pendant les vacances alors je lui ai dit que nous organiserions peut-être une fouille mais uniquement en la présence des élèves. Je n'ai pas trouvé louche qu'il s'inquiète de ça puisqu'il est si maniaque. Bref, pour en revenir au sujet, il n'a rien perdu. D'ailleurs, depuis votre arrivée au lycée, plus rien n'a bougé de place. Donc je pense que votre stratégie à marcher, il ne vise plus les élèves.

— Ça fait au moins une bonne nouvelle, dit-Ciel. Quelque chose d'autre ?

— Oui. Benoît a aussi dit qu'il a surpris une conversation entre Laura et Louis.

— Décidément il a des oreilles partout.

— Il dit qu'ils parlaient justement de leur chambre qui paraissait aussi avoir été plus ou moins fouillée. Mais cela depuis le début de l'année scolaire. Soit plusieurs mois avant leur meurtre, et même avant le premier passage à l'acte avec les élèves.

— Alors ton hypothèse, Ayame, est peut-être la bonne. Il s'est entraîné avec des élèves avant de passer à ses véritables cibles. Et depuis il aurait prit goût au meurtre.

— Ou alors il essaye de les noyer au milieu d'autres meurtres pour que l'on ne devine pas que ce sont eux ses cibles, dit-Ayame. Pour qu'on ne se concentre que sur l'idée d'un tueur de couple plutôt que de fouiller dans la vie des Jah.

— Possible aussi. Il va falloir être attentifs à nos affaires. Vérifier que tout est toujours à sa place, comme ça on pourra deviner s'il nous cible, et dans ce cas : quand est-ce qu'il passera à l'acte. Autre chose, Sebastian ?

— Oui. Lors de cette conversation entre madame et monsieur Jah, Laura s'est aussi plainte que la professeure de français semblait se comporter étrangement avec elle. Leur relation était très cordiale l'année dernière, mais cette année elle était plus froide, presque cassante. Et ! le professeur de violon aussi. Alors j'ai fait mes recherches, ils sortent ensemble. Ce qui n'explique pas vraiment pourquoi ils étaient froids avec Laura, mais ce qui explique pourquoi ils l'étaient tous les deux. C'est une relation qu'ils n'exposent absolument pas. Officiellement, ils sont tous les deux célibataires. Pas seulement au lycée mais en dehors aussi. Il y a plusieurs raisons à ces cachotteries. Leur famille n'est absolument pas pour cette union.

— Est ? Pas sont ?

— Effectivement. Ils viennent de la même famille. Plus ou moins. Leurs parents se sont unis après un premier mariage chacun. Ils n'ont pas de sang en commun, mais ils sont officiellement frère et sœur.

— Ça peut créer une certaine frustration, dit-Ciel. Un amour impossible, des couples heureux qui se pavanent devant eux. Il y a de quoi péter un boulon. »


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