Chapitre 18
Ils rejoignirent les professeurs dans leur salle des repas. Ciel leur parla de son idée d'engager un conseiller pour que les élèves puissent parler, quelqu'un à qui - bien sûr - les professeurs et le personnel pourraient aussi s'adresser. Il argumenta qu'autant de morts pouvait être perturbant et que ceux qui avaient besoin de parler seraient sans doute plus à l'aise avec un professionnel.
« C'est une très bonne idée, mon amour » dit-Ayame en posant sa main sur celle de Ciel.
Ils avaient arrêté de sursauter chaque fois que leurs corps se rencontraient, leur couverture se faisait de plus en plus discrète, leur couple de plus en plus réaliste.
Ironiquement, chaque matin où ils se réveillaient en sursaut au même moment les rapprochaient un peu plus. Ciel s'était demandé un matin si elle ne le faisait pas exprès pour le manipuler, mais la détresse dans ses yeux ne pouvait pas s'inventer, pas à ce point. Ils avaient beau ne pas se parler de ce dont ils rêvaient, ils se lançaient certains matins un regard ou un sourire complice.
Ciel commençait presque à apprécier cette étrange femme. En tout cas, un certain respect commun s'était installé. Il se posait toujours tout un tas de questions et ne pouvait s'empêcher parfois d'envisager qu'il tombait juste dans son piège. Mais Sebastian couvrait ses arrières, peu importe ce qui arriverait il ne serait jamais en danger. Surtout maintenant qu'il intégrait le lycée.
Tous les professeurs avaient approuvé cette idée, dès le lendemain Sebastian était installé. Une annonce fut faite à tous les élèves.
« Il faudrait faire une liste des élèves en couple » dit Ayame le soir-même.
Ils étaient tous les trois dans la chambre du couple.
« Déjà fait, répondit Sébastian.
— Toujours aussi efficace, monsieur le majordome. Il y en a combien ?
— Quatre couples, donc huit élèves.
— Il va falloir faire plus attention à ceux-là, dit-Ciel. Ils sont potentiellement en danger. On peut montrer ouvertement qu'on les protège plus pour décourager le tueur. Et en parallèle, toi et moi, Ayame, montrer notre amour et le fait qu'on ne se croit pas en danger. Rester souvent juste nous deux comme si personne d'autre n'était là et agir de manière insouciante.
— Sebastian parlera avec eux, continua Ayame, après leur avoir demandé en public de venir le voir. On demandera aussi aux professeurs de faire plus attention à eux, en utilisant le prétexte de cette histoire de Roméo et Juliette. Il faut que la rumeur court que l'on fait particulièrement attention à eux. »
Ciel et Ayame se sourirent, ils se comprenaient parfaitement et avaient les mêmes idées. Deux personnes aussi brisées, complémentaires, avec un soupçon d'âme destructrice.
✩ ✩ ✩
« Pourquoi tu as attendu deux ans pour m'approcher ? demanda-Ciel à Ayame, lorsqu'ils furent seuls.
— Plusieurs raisons. Je voulais être sûre que tu n'étais pas impliqué dans la mort de Yuuka. Je voulais d'abord trouver le meurtrier moi-même. Et j'avais besoin d'une bonne raison pour t'approcher. Sinon tu te serais enfui en courant, non ?
— Peut-être. Et toutes ces conditions sont-elles remplies aujourd'hui ?
— Je ne suis toujours pas sûre à cent pourcent que tu ne sois coupable de rien, mais disons à quatre-vingt dix-sept pourcent. Je pense avoir trouvé le coupable mais il me manque encore des preuves, et si c'est bien la personne que je crois alors il est trop puissant pour que je m'occupe de lui seule. Et comme tu le vois, j'ai trouvé une bonne raison pour t'approcher, même si j'aurais préféré que ça n'arrive pas comme ça.
— Ça fait longtemps que tu es prête ?
— Quelques mois, oui. Il m'a fallu presque un an pour prouver ton innocence. Parce qu'il a fallu que je puisse entrer chez toi, et ça n'a pas été de la tarte. Mais une fois le terrain de ton manoir pénétré, j'ai vu la tombe. La première chose que je me suis dite était que ce serait étrange d'enterrer quelqu'un qu'on a tué, quelqu'un que l'on aimait pas. Ça m'a plus ou moins convaincue, mais je me suis dis que ce n'était pas parce que tu l'aimais sincèrement que tu ne pouvais pas l'avoir tuée. Tu y avais peut-être été forcé. Mais tu cherchais désespérément le tueur, si on t'avait fait faire le travail, tu saurais qui était derrière tout ça. Mais il reste quand même une chance que tu ne saches tout simplement pas qui t'a forcé à le faire, mais je n'y crois pas, alors je te fais confiance.
— Il faudra vraiment que tu dises à Sebastian quelles sont les failles dans la protection du manoir. Ça ne me plaît pas.
— Je le ferais. Je pense ne plus avoir besoin d'entrer sans ton consentement. Je lui dirais tout, d'ailleurs j'ai déjà commencé. Ça ne me plaît pas non plus que l'on puisse entrer chez toi. Après ça, il ne m'a plus fallu très longtemps pour trouver le coupable, je cherchais déjà, en parallèle de mes tentatives d'effraction. Et honnêtement, j'avais déjà ma petite idée avant même de commencer les recherches, ça n'a fait que confirmer ma théorie.
— Et je suppose que si je te demande, tu ne me diras toujours pas qui c'est ?
— Je préfère attendre la fin de l'enquête.
— Comme tu veux. On a d'autres chats à fouetter de toute manière, et je sais me montrer patient. »
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