Chapitre 15
À l'hôpital.
« Nous sommes là pour voir un étudiant.
— Oh oui, je vois de qui vous parlez. Mais je ne sais pas si vous en tirerez grand chose, il ne réagit pas. Vous êtes de sa famille ?
— Non, répondit-Ciel. Nous enquêtons sur ce qu'il a vu.
— Si vous n'êtes pas de sa famille...
— Nous avons une lettre de la reine. »
L'infirmier les laissa passer après avoir vu la lettre. L'élève en question était dans une chambre, avec trois autres patients. Assis sur son lit, il ne bougea pas d'un pouce lorsque Ciel et Ayame s'assirent face à lui. Il regardait le mur, les yeux vides. Ciel allait dire quelque chose, mais Ayame connaissant sa rudeur l'arrêta.
« Bonjour, dit-elle. Je m'appelle Ayame, et voici mon mari Ciel. Tu t'appelles bien Benoît ? »
L'élève ne cilla pas.
« Tu préfères peut-être que je t'appelle Ben, Emma m'a dit qu'elle t'appelle toujours comme ça. »
Il arrêta de regarder le mur pour lui accorder son attention.
« Elle semble être une très bonne amie pour toi. Il paraît qu'elle vient tous les jours. Malheureusement elle ne pourra pas venir aujourd'hui, alors elle nous a envoyés la remplacer.
— Pourquoi ? murmura-t-il.
— Bon, j'ai peut-être inversé les rôles. C'est parce que nous devions venir te voir qu'elle ne pouvait pas être là. Mais promis, elle sera de retour demain. Nous avons apporté des gâteaux, Emma les a choisi évidemment, nous ne savions pas ce que tu aimes.
— Ah...
— Tu n'as pas faim ? L'infirmier dit que tu n'as rien mangé ce midi.
— Non...
— Emma a peur pour toi, Ben. Je suis sûre que ça la rassurerait de savoir que tu as mangé. Je sais que ce doit être dur pour toi. Mais si tu penses un peu à elle, Emma en a autant besoin que toi, savoir qu'elle ne vient pas tous les jours en vain. Et je suis sûre que tu aimerais la voir sourire. »
Il tendit la main et Ciel y déposa une assiette dans laquelle il avait servi du gâteau.
« Elle dit que tu adores les gâteaux au chocolat mais elle avait peur que ce soit trop dur à manger pour l'instant. Alors elle a opté pour ton deuxième gâteau préféré, une tarte aux pommes.
— Elle a eu raison, dit-il. »
Il en mangea doucement une bouchée.
« Vous êtes là pour me poser des questions ? demanda-t-il.
— Oui, est-ce que tu pourrais nous répondre ? Je me doute que ça fait encore trop peu de temps depuis ce que tu as vu, mais nous aimerions que tes souvenirs soient frais.
— Je ne pense pas pouvoir vous aider...
— Je n'en attends pas grand-chose, alors je ne te mets pas la pression. Je veux juste savoir si tu as vu quelque chose de particulier dans la salle de classe.
— Non, dit-il sans réfléchir. »
Ayame l'invita à manger un peu plus avant de continuer.
« Tu penses pouvoir nous envoyer un message, si quelque chose te revient ? N'importe quoi, même un détail. »
Il acquiesça.
« Alors, pas de soucis. Nous allons te laisser. »
Et elle sortit de la pièce suivie par Ciel.
« C'est tout ? dit-il. On aurait pu lui poser plus de questions !
— Il a parlé, c'est déjà un début. On reviendra, mais ne lui en demandons pas trop. Il a à peine adressé la parole à sa meilleure amie, alors considérons nous chanceux.
— Il n'a rien dit, ça ne nous avance pas.
— Et ça ne nous avancerait à rien d'insister, on en apprendrait pas plus. Patiente, patiente, Ciel. Je sais que ce n'est pas ta spécialité, mais on suit ma méthode ici, pas la tienne. »
Ciel soupira mais agréa, il n'avait pas le choix.
Lorsqu'ils arrivèrent dans leur chambre, à l'école, Ayame reprit la discussion.
« Je sais que tu ne m'apprécie pas, dit-elle, et encore moins mes méthodes. Ça te fait sans doute bien chier de devoir travailler avec moi, mais...
— Non, dit-il. Je t'arrête là. Travailler avec toi ne me dérange pas. C'était peut-être le cas au début, en tout cas lorsqu'on s'est rencontrés pour la première fois. Tu étais très... Je ne sais pas, mais tous les adjectifs qui me viennent sont insultants. »
Ayame se mit à rire.
« Je comprends, je comprends, dit-elle.
— Bref... Aujourd'hui, je sais que tu fais ça pour les mêmes raisons que moi. Nous avons des objectifs en commun, et ce serait hypocrite de ma part de te détester pour ça, non ? Que tes méthodes soient différentes, peu importe. C'est même plutôt bien, si tes méthodes ne marchent pas, m'autoriserais-tu à tenter les miennes ?
— Bien sûr !
— Alors, parfait. Je sais que tu tiens la barque, et ça me dérange. Mais pas parce que c'est toi, juste parce que ce n'est pas moi. J'ai l'habitude d'avoir le contrôle sur tout, tout le temps. Mais ces dernières années, ça ne m'a absolument pas aidé à m'approcher de la vérité quant à ce qui est arrivé à Yuuka. Alors... pour une fois, je vais laisser sa chance à quelqu'un d'autre et accepter de l'aide.
— Ouah... Tu as tellement mûri Ciel. Je n'aurais jamais cru ça de toi.
— Comment ça ?
— Tu es tellement arrogant, solitaire, et borné, et...
— C'est bon, c'est bon, j'ai compris. »
Elle se remit à rire.
« Donc, continua-t-elle, je ne pensais pas que tu accepterais l'aide de quelqu'un d'autre que Sébastian. Encore moins la mienne. En tout cas, c'est comme ça que Yuuka te voyait, et tous ceux qui t'ont côtoyé jusque là - pour ceux qui ont survécu à la rencontre. Alors, c'est bien la preuve que tu as beaucoup changé. Tu es quelqu'un d'autre Ciel.
— Je me demande ce qu'en penserait Yuuka...
— Bonne question... »
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