Chapitre 13

« Je ne savais pas que tu peins. » Ciel lui parla, le soir même, dans leur chambre.

« Tu ne peux pas tout savoir. Mais, ça paraît logique, sinon je t'aurais laissé la place de professeur et serait devenue directrice, non ?

— Logique, effectivement. Mais qui te dis que je suis capable de peindre ?

— Sébastian ne t'as pas appris peut-être ? Comme le japonais, le français, le violon, le piano. Le mensonge ? Les déguisements ? Ce genre de trucs.

— Tu en sais beaucoup, visiblement. Mais... les déguisements ?

— Oui, oui, genre robe rose et froufrous. »

Ciel rougit jusqu'aux oreilles. C'était un épisode qu'il préférait oublier. Ayame sembla trouver ça très marrant.

« Ça te fait rire ? demanda-t-il, vexé.

— Un peu, je dois l'avouer. Mais ne le prends pas comme ça, c'était très noble de ta part, de te... ridiculiser ainsi pour la bonne cause.

— Tu essaye de changer de sujet pour ne pas parler de ta... passion pour la peinture ?

— Pourquoi est-ce que je ferais ça ?

— À toi de me le dire. »

Ayame regarda Ciel, depuis son canapé. Il buvait tranquillement son thé, lisant les informations que Sébastian lui avait rapporté sur les différents employés et élèves de l'école.

« Tu m'offres une tasse de thé ? » demanda-t-elle.

Ciel lui servit une tasse sans répondre. Elle alla s'installer à sa table.

« Tu t'intéresses à moi, maintenant ? demanda-t-elle.

— Tu en sais beaucoup sur moi, et c'est un euphémisme. Et je me suis sentis ridicule lorsqu'un inconnu a admis en savoir plus que moi sur ma femme. Je pense que ce ne serait pas une mauvaise idée d'apprendre à te connaître. »

Ayame avala deux gorgées de thé.

« Ce n'est pas une mauvaise idée. Bon... Comme l'a dit le professeur, j'étais peintre. J'ai dû arrêter en reprenant l'entreprise familiale, mais tu as dû le comprendre. Alors, je ne fais ça plus que pour mon plaisir personnel. J'ai fait quelques expositions, vendu pas mal de tableaux, avant tout ça. Alors oui, certains connaissent mon nom comme celui de l'artiste en vogue, mais... Ce n'est plus ce que je suis. J'ai dû faire un choix. Et une carrière de peintre n'est plus possible.

— Pourquoi ne pas faire les deux ?

— Les trois tu veux dire ? M'occuper de l'entreprise familiale et travailler pour la reine. Tu fais aussi les deux, est-ce que tu trouves le temps d'avoir une vie en dehors de ça ? Et tu sais bien comme il est impossible d'arrêter lorsqu'on s'est engagé auprès d'elle.

— Pourquoi avoir commencé dans un premier temps alors ? Ta famille ne faisait rien pour elle, tu t'es lancée là-dedans de ton plein gré.

— Tu ne l'as pas encore compris ? Je travaille pour elle depuis combien de temps, tu le sais ?

— Oui, depuis... »

Ciel leva les yeux de son thé pour l'observer.

« C'est pour venger ta famille et Yuuka, dit-il. Tu fais ça pour eux. Tu l'as dit toi-même, on vit pour la même raison. Tu penses qu'en étant au service de la reine tu pourras trouver les coupables et les venger.

— Je crois surtout que pour atteindre cet objectif, j'ai besoin de toi. Et quoi de mieux que de travailler pour elle pour pouvoir te rencontrer et gagner ta confiance ?

— Le fait de dire ouvertement que tu cherches à gagner ma confiance ne m'incite pas vraiment à te l'accorder.

— Oh, je sais ! »

Ciel était décontenancé par son honnêteté. Elle qui ne disait pas tout sur ce qu'elle savait, avait le culot de dire ce qu'elle cherchait vraiment, sans détour.

« Tu as dit, continua-t-il, que tu avais connu Yuuka alors que je n'étais déjà plus à ses côtés. Est-ce que... Elle n'en parle pas dans son journal mais, qu'est-ce qu'elle pensait de tout ça après coup ? Elle m'en voulait, pour... tout ?

— Comme le fait que tu aies tué sa sœur tu veux dire ? Que tu aies disparu du jour au lendemain ?

— Par exemple...

— Toi, Ciel, tu as dit que c'était parce qu'elle n'a pas eu peur malgré les horreurs de ton cœur, que tu avais été touché par ça et l'avait aimé. Mais, et si elle avait eu peur finalement ? Si je t'avouais qu'elle avait voulu fuir et ne plus jamais te revoir ? Est-ce que tu verrais toujours votre histoire de la même manière ? Tu ne crois pas que si elle n'a rien dit dans son journal c'est pour t'épargner ? Tu veux la réponse à ta question ? »

Ciel baissa le regard, il n'en était plus sûr. Peut-être que Yuuka l'avait haït, ou avait finalement eu peur de lui. Il y avait de quoi, mais il ne voulait pas l'entendre.

« C'est bien ce que je pensais, dit-elle. Repose-moi la question le jour où tu seras prêt à entendre la réponse. »

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