Vingt et Un : Sexe
Matthias.
Je n'ai jamais autant bu d'alcool que depuis que je suis le garde du corps de Julia.
Pourtant, je conserve constamment une part de lucidité (sauf lors du Nouvel An quand j'ai pris des stups). Je sais que c'est moi qui aie amorcé la chose cette fois, je sais que j'en avais envie, je sais que mon corps brûlait d'envie de se retrouver encore contre le sien. C'était plus fort que moi.
Disons que ma libido est remontée au galop et que maintenant, elle est gonflée à bloc. Mon esprit ne pense presque qu'à ça.
Le sexe.
Avec Julia.
J'aime ses courbes, la texture de sa peau douce sous mes mains, la sensation de ses lèvres contre les miennes, son odeur, la souplesse de ses cheveux entre mes doigts, le regard qu'elle me porte quand je lui donne du plaisir. J'aime l'entendre gémir et encore plus si elle crie mon nom. J'aime comme nos deux corps s'emboitent à la perfection, comme une évidence, comme si on était fait pour coucher ensemble.
J'ai rarement eu une alchimie sexuelle aussi puissante avec une partenaire. Alors ça me rend accro. Çe me fait du bien.
De vivre.
Je l'ai accompagnée à un vernissage. J'ai pu contempler certains de ses tableaux mais elle en reste le plus beau. Je l'observais, comme doit le faire un garde du corps, mais mes yeux ne cessaient de l'admirer et mon corps de la désirer.
On a couché ensemble aussi ce soir là, en toute lucidité, dans les toilettes de la galerie d'art. Je l'ai porté à bout de bras, j'ai pris mon pied à l'empêcher de faire du bruit pour ne pas se faire remarquer. Puis encore une fois, dans la voiture sur le parking, en rentrant du vernissage. Elle, à califourchon sur moi, mon siège presque totalement couché et mes mains qui soutenaient ses fesses fermes que je ne pouvais m'empêcher de serrer.
C'est difficile parfois de faire comme si rien ne se passait entre nous, surtout quand elle est avec ses amis ou quand son père l'oblige à voir Alessandro. C'est un homme très beau et qui pourrait probablement lui apporter plus de choses que moi mais en sachant toutes les magouilles de son père, j'ai tendance à penser qu'il est aussi dangereux que lui. Les siciliens sont redoutables, je n'en doute pas. Moi, je ne suis qu'un ex militaire né d'une mère française et d'un père anglais, rien de bien sexy, caliente, ou que sais-je encore. Sans compter que je reste le larbin de son paternel.
Je vois, au regard de ce dernier, lorsqu'il me donne du sale boulot à accomplir, qu'il se doute de quelque chose mais qu'il n'a pas encore trouvé le bon moment pour m'en parler. Ou pour me menacer. J'essaie de faire bonne figure, je deal de la drogue, j'en achemine dans tout Paris, je menace certains de ses rivaux et je donne quelques coups de poing quand on ne m'écoute pas. Pour l'instant, je n'ai pas eu à commettre d'autre meurtre et j'espère que ça n'arrivera plus jamais. Même si mon instinct m'affirme le contraire. Je sens que cette histoire se finira mal, mais je m'efforce de penser le contraire, parce que ma mère se trouve au milieu. Son repos est bien plus important que le reste.
— Ce film était d'une lourdeur... soupire Julia en se redressant sur le canapé, couverte d'un plaid moumoute.
Je suis assis à côté d'elle, juste avant, elle était blottie contre moi. On en a fait plusieurs des soirées films depuis le nouvel an. Ça y est, le printemps est là, le temps passe et l'étau se referme. Bientôt, tout rentrera dans l'ordre.
— C'est que tu n'as pas compris le véritable message que le film voulait faire passer, rétorqué-je.
— Éclaire ma lanterne, Einstein.
— C'est un film qui montre que l'amour peut traverser toute sorte d'épreuve et que l'ethnie, le genre, ou même le physique ne sont pas des obstacles. Ça montre simplement que l'amour est aussi une force bien avant d'être une faiblesse.
Julia me regarde, assise en tailleur, les sourcils haussés, les commissures tremblantes. Elle pouffe de rire, se mordille les lèvres.
— Pardon mais... qui êtes-vous ? Matthias, le garde du corps qui repousse n'importe qui serait-il fleur bleue ?
— Rien à voir, j'ai un esprit d'analyse.
Elle rigole. Alors je me rapproche d'elle qui se penche en arrière, appuyée sur ses coudes. Elle déplie ses jambes alors que je viens me loger entre celles-ci pour plonger mon regard dans le sien.
— Ne te moque pas de moi, grommelé-je.
— Sinon quoi ?
— Sinon... je ne te donne plus ce que tu veux.
Elle sourit, se mord les lèvres. Elle est provocante, elle sait comment m'avoir et il faut dire qu'à présent, il m'est impossible d'y résister. C'est comme si je m'étais habitué à ce train de vie, à cette façon d'agir. Je couche avec elle, je mens à son père tout en faisant le sale boulot, j'attends d'avoir assez d'argent pour être libre et après ?
Est-ce que je pars avec mes 80 000 euros sans me retourner ou est-ce que je garde contact avec elle ?
En réalité, on s'était dit que ce n'était que du sexe. Rien de plus.
Pourtant, elle me plaît plus que je ne l'aurais imaginé. Et je ne connais pas la moitié de sa vie.
— Tu n'oserais pas me faire une chose pareille, souffle-t-elle en me défiant du regard.
— Il faut mériter toute mon attention, est-ce que c'est ton cas ?
Elle pose sa main sur ma nuque, se redresse légèrement et m'embrasse lentement, passionnément. Parfois, ses lèvres effleurent presque les miennes et quand j'ai envie de l'embrasser à mon tour, elle se recule d'un simple millimètre, juste assez pour me frustrer et m'exciter.
Alors je dépose des baisers sur son cou, sa poitrine, je la libère du plaid, remonte son t-shirt et pose mes lèvres sur son ventre, autour de son nombril tout en laissant glisser ma langue. Elle rentre son ventre, bloque sa respiration alors que je saisis l'élastique de son jogging. Je lui lance un regard, je lis son envie par l'étincelle qui parcoure le sien. Je lui retire ses bas, pose mes mains sur ses cuisses et plonge ma tête entre ses jambes. J'aime lui donner du plaisir, peut-être même plus qu'en recevoir.
Alors je joue de ma langue, varie les mouvements, serre ses cuisses que je relève légèrement. Elle s'accroche au divan, gémit de plaisir, se tortille sous mes baisers. Je l'entends soupirer mon prénom, gémir à nouveau. La sentir si mouillée me donne envie de continuer mais elle pose sa main dans mes cheveux.
— Matthias... soupire-t-elle. Matthias, viens là...
Je me redresse alors qu'elle tire sur mon t-shirt puis pose ses mains sur mes joues. Ses beaux yeux bruns me toisent, pétillent, ses joues sont empourprées, sa respiration saccadée. Elle m'embrasse fougueusement puis me regarde à nouveau, sans lâcher mon visage.
— Fais-moi l'amour, ordonne-t-elle d'une voix bien trop douce.
À vos ordres.
Elle baisse mon pantalon, soulève mon t-shirt pour m'en libérer et m'aide même à mettre un préservatif. Lorsque je souhaite la pénétrer, elle recommence à me saisir le visage.
— Regarde-moi, marmonne-t-elle.
Comment ne pas la regarder ? Elle est si belle au naturel. Ses boucles, son teint halé, ses yeux, ses lèvres dessinées, ses pommettes parfaitement alignées avec les traits de son visage...
Je m'insère en elle, bien plus doucement que les autres fois. Elle entrouvre la bouche, et moi, je me perds dans l'authenticité de son regard.
Elle est là, Julia. La vraie Julia. Cette femme aux multiples blessures. Cette même femme qui a su se relever, affronter et se protéger dans un monde cruel qui ne laisse sa chance qu'à ceux qui se battent. Elle est là, Julia. Cette femme au grand coeur, qui à force d'avoir donné, a perdu la connaissance de sa valeur.
Moi je la vois. Sous sa carapace qu'elle laisse tomber, peu à peu, pour me dévoiler la douce personne qu'elle est.
À chacun de mes coups de reins, elle resserre ses jambes autour de mon bassin puis enroule ses bras autour de mon cou. Je sens ses doigts contre mes omoplates, et lorsque je pose mes lèvres contre son cou, qu'elle me serre contre elle, je sens son coeur battre la chamade, je crois même l'entendre. Mais plus je lui fais l'amour, plus je m'abandonne, plus je me perds, plus j'ai peur.
Peur de ce qu'il se passera, à la fin des cent cinq jours restants.
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