Un : Sexualité
JULIA.
Le sexe. J'aime le sexe, sous toutes ses formes. J'aime en parler, j'aime l'appliquer, j'aime partager, apprendre, découvrir. Parfois, le sexe va au delà d'un simple rapport physique avec son ou sa partenaire, parfois le sexe, ce sont des paroles, des caresses, des attentions. Il peut être tout et rien à la fois. Il peut être flagrant, ou plus discret.
D'aussi loin que je me souvienne, j'espérais ne jamais devenir la femme que je suis aujourd'hui quand je n'étais qu'une adolescente rêveuse de mon avenir. J'espérais devenir une femme d'affaire, me marier à vingt ans, acheter ma maison, à vingt deux ans, avoir un enfant à vingt cinq ans et vivre en harmonie pour toujours avec mon mari.
En réalité, ma vie a été tout autre. J'ai vingt sept ans, et je change de partenaire aussi régulièrement que de culotte, soit tous les jours.
J'étais amoureuse de l'amour, mais l'amour ne voulait pas de moi. Je me suis résignée, comme j'ai été trop délaissée par mes parents, j'ai manqué d'amour propre alors j'ai décidé de me rapprocher des hommes et d'offrir mon corps aussi souvent que l'envie me prenait, de cette façon, je me sens aimée, et ça comble un vide en moi qui se creuse depuis trop d'années.
On me dit constamment que je ne suis pas à plaindre parce que mon père me donne de l'argent mais l'argent n'a jamais fait le bonheur et le bonheur, ça ne s'achète pas.
Ma vie est mouvementée, mes relations, destructrice. Heureusement, j'ai mes amis avec qui passer du bon temps sans jamais me prendre la tête. J'essaie de travailler aussi, de vendre mes peintures, mes photos et toutes autres œuvres que j'essaierai de concevoir.
Je suis une artiste non accomplie : entre autre, je suis pourrie jusqu'à la moelle et fauchée sans mon père.
— Mais tu vis une sexualité épanouie, tu rencontres des hommes canons, tu voyages beaucoup, tu vas même à des soirées mondaines. Honnêtement, Ju, t'es libre comme l'air !
Cette phrase, c'est celle d'une de mes amies, elle est mariée, a deux enfants et rêverait d'être à ma place. Sauf que contrairement à moi, Salma a une vraie vie, elle. La mienne n'est qu'un fantasme qui, au fil des années, s'atténuera jusqu'à disparaître. Je n'aurai plus rien à la fin. Salma, elle, aura son mari et ses enfants près d'elle, quoi qu'il arrive, qu'importe les difficultés qu'elle rencontrera.
Ce matin, je peine à rester en équilibre sur un pied tout en remettant ma culotte et enfilant mon escarpin sur mon pied. J'attrape ma robe que je rattache à la hâte, donne un coup de tête pour libérer ma vue de mes cheveux qui me tombent sur le visage. Doucement, je récupère mon téléphone, mes clefs, mon sac et je quitte l'appartement du bel étalon qui dort avachi sur le lit, cul nu, sans un bruit, pour qu'il ne me rappelle jamais.
Dans l'ascenseur, je salue poliment la vieille dame du troisième étage qui sort son caniche, puis dans la rue, je remonte dans ma voiture. La superbe Mercedes de papa. J'aime mon père, mais lui, il m'a toujours achetée et j'ai toujours vécue comme ça. J'ai l'impression certaines fois de n'avoir aucune valeur morale, ni aucune conscience de l'argent.
Je connecte mon téléphone au Bluetooth puis lis mes messages vocaux tout en démarrant ma voiture.
Message 1 : Julia, c'est ton père, où es-tu ? Je t'ai envoyé des SMS tu ne me répondais pas ! Rappelle-moi.
Message 2 : Julia, c'est encore ton père, tu es où ? Je t'ai demandé de me rappeler, c'est urgent.
Message 3 : Julia, dès que tu as ce message, passe à la maison, ton frère va mal.
J'admets que trois messages vocaux de mon père, c'est rare et pas anodin. Je décide de changer la destination de mon GPS pour me rendre chez lui, à plus d'une heure de route d'ici. J'aurais le temps de dessouler d'ici là.
Mon père a été très absent durant mon enfance et ma mère est morte quand j'étais jeune. C'était notre bonne qui s'occupait de mon frère et moi et pourtant, depuis que je suis adulte et "indépendante" mon père est pire qu'un flic, il s'inquiète constamment de savoir où je vais, ce que je fais et je n'ai jamais réellement compris pourquoi. Le monde du Business est un monde de requins, il a certainement des ennemis mais moi, je n'en fais pas réellement partie ou alors, je ne suis qu'un dommage collatéral.
Je me gare dans l'allée après avoir ouvert le portail électrique, nous avons une petite parcelle de forêt à la maison et lorsque j'arrive dans l'allée, je constate que des vans noirs sont garés devant la maison et qu'il s'y trouve pas mal de débris. Je coupe le contact, sors rapidement et gagne l'intérieur, là où je découvre tout sas dessus dessous. Je marche sur des morceaux de verre qui rayent le sol en marbre, les meubles sont détruits pour la plupart ou retournés. La cuisine n'est pas mieux, une brique de lait est explosée au sol parmi les tiroirs défoncés et une trace de sang sur le plan de travail retient mon attention.
— Ah ! Julia, tu es là ! Je me suis fait un sang d'encre !
Je me retourne brusquement quand mon père entre dans la pièce. Il me prend aussitôt dans ses bras mais je le repousse bien rapidement.
— Qu'est-ce qu'il s'est passé ?
— Un cambriolage qui a mal tourné.
— Où est Aloïs ?
— A l'hôpital, il est stable.
— Stable ? Mais attends... pourquoi il est à l'hôpital, qu'est-ce qu'il lui est arrivé ?! Pourquoi il y a du sang dans la cuisine ? C'est quoi ce bordel ? Tout est retourné mais... ils ont rien prit !
Mon père pose ses mains sur mon visage et me sourit, se voulant rassurant.
— Tout va bien, Julia, ton frère va bien. Ces derniers temps, j'ai l'impression que notre famille est la cible de certains envieux dans le monde du Business.
Je fronce les sourcils.
— Mais ne t'en fais pas, Julia. J'ai trouvé la solution pour qu'il ne t'arrive pas ce qui est arrivé à ton frère.
Me dire la vérité peut-être ? Non... ça, il ne le ferait jamais. Je sais que mon père traîne dans des histoires louches, il ne me l'avouera jamais mais je ne suis pas stupide.
— Je vais te trouver un garde du corps, qui sera avec toi où que tu ailles. Tu seras en sécurité.
Je pousse ses bras tout en secouant la tête.
— Je ne veux pas d'un garde du corps. J'ai vingt sept ans, tu ne me mets au courant de rien alors qu'Aloïs oui, pourquoi ?
— Parce que tu es ma fille. Je te protège.
— Je pensais que tu achetais et revendais des biens, en quoi ce serait dangereux ?
— Quand tu as de l'argent, tout est dangereux.
Mon père me dit cela, mais en réalité, je sais qu'il y a autre chose, je sais qu'il se trame quelque chose qu'il refuse de me dire.
— Comme tu voudras mais je refuse que tu me colle un garde du corps, je veux être libre de faire ce que je veux sans avoir un pot de colle qui regarde mes moindres faits et gestes.
— Il ne sera pas là pour t'épier mais pour te surveiller, te protéger. Tu es ma fille, et il est hors de question qu'il t'arrive quoi que ce soit. Tu n'auras pas ton mot à dire là-dessus.
Je hausse les sourcils. Je me sens condamnée à devoir suivre au doigt et à l'œil tout ce que mon père me dicte, comme si c'était lui qui dirige ma vie. Ce qui est le cas, en réalité. Si je m'oppose à lui, je n'ai plus d'argent, plus de logement, plus rien pour financier mes expositions, et tout ce que je dépense dans le matériel de peinture ou de photographie.
Alors je me résigne à accepter, bien qu'il sait à quel point il me met en colère. Se mettre sa fille à dos, ça il s'en fiche, lui, ce qu'il veut, c'est tout contrôler, quoi qu'on dise, quoi qu'on fasse. Plus le temps passe, plus je comprends que mon père refuse de m'immiscer dans le Business familial, ce qui ne peut que me laisser comprendre une chose : sa fortune est probablement illégitime.
Qu'il m'envoie un garde du corps, je suis prête à faire craquer tout ceux qui me colleront aux fesses, jusqu'à ce que mon père comprenne que je n'ai besoin de personne pour me protéger.
Ça aussi, ça peut être sexuel, que de déjouer la protection d'un garde, jusqu'à ce qu'il craque et parte de lui-même ou pire, qu'il soit viré.
J'ai hâte.
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