Chapitre 2
Quand j'ouvre les yeux, je suis à nouveau allongée sur une digue. Le soleil est couché, et j'ai l'impression bien désagréable qu'un camion vient de me rouler dessus.
«- Eh, les gars, elle s'est réveillée !»
«- Parle-lui en italien, Leo !»
Je parviens à me relever en clignant des yeux, et je réponds à la voix avant de l'apercevoir:
«- Nan, nan pas la peine. Je suis française...»
Je suis à côté d'un groupe de gens de mon âge. La fille qui a parlé juste avant est une grande brune aux boucles aériennes, énergique, en bikini rouge pétant. Un mec blond étend ses bras sur ses épaules dans un geste protecteur. À quelques pas, une petite blondinette à tresse se prélasse sur une serviette, et un brun aux cheveux légèrement bouclés me sourit, une lueur de malice dans le regard, fumant une clope. Debout à ma droite, un gars et une fille se ressemblant comme deux gouttes d'eau, tout les deux pâles avec un tignasse frisée.
Tous me fixent, une expression plutôt gentille au visage. La belle brune en rouge me tend la main en souriant immédiatement:
«- Cool ! Alors enchantée ! Moi, c'est Carmen !»
«- Enchantée. Je m'appelle Andrea. Euh... qu'est ce que je fous là ...?»
Je demande, gênée.
«- Oh... Eh bien, je t'avoue que on ne sait pas trop comment... Enfin bon, en gros, on marchait sur la plage et on t'as vu tomber de la digue. On a juste eu le temps de réaliser que tu risquais de t'assommer sur un rocher. Tu as eu de la chance, Arsène nage comme un champion. Il a plongé d'un coup quand on t'es pas remontée à la surface, et il t'a ramenée en moins de deux.»
«- Oh...»
Je suis hésitant. Comment leur dire, à eux, que je ne suis pas tombée... Mais que j'avais bien l'intention de me foutre en l'air ? Ils ont pas besoin de le savoir.
«- Et... c'est qui... Arsène ?»
Je demande.
«- C'est ce mec là, me désigne Carmen en souriant.»
Elle me désigne le brun à la cigarette.
«- Salut. C'est moi, Arsène.»
«- Ok. Merci, vraiment !»
Il me fait un clin d'oeil, et je m'embrase face à son regard enflammé.
«- 'Drea ! 'Drea, tu m'écoutes ? Tu permets que je t'appelles Drea, hein ?»
Me coupe Carmen dans ma rêverie langoureuses.
Je jure mentalement. Merde. Suffit que ce mec me fasse un de ces eyes contact à la con et je perds complètement pied, on dirait.
«- Ouais, ouais, je réponds, les yeux dans le vague.»
«- Je te présentais tout le monde. Le beau blond à côté de moi, c'est Leonardo, mon Italien préféré – elle adresse un sourire à son chéri puis continue – la mignonne et innocente fille aux yeux bleus c'est notre Marie. Le mec aux frisottis dans les cheveux et à la peau blanche comme un cul, c'est Ludo, et à côté de lui c'est sa jumelle, Ludivine. Tu connais déjà notre Arsène, amateur de littérature et d'humour, premier de la classe, et beau gosse de service. Moi, c'est Carmen, évidemment !»
«- Oui, notre irrésistiblement drôle et craquante Carmen, ironise Arsène.»
«- Pfff. T'es juste jaloux de ma prestance et de mon charisme. Je sais qu'au fond de toi, tu m'envie !»
«- Bien sûr, je rêve de me trimballer en bikini sur les plages. On dirais bien que t'as découvert mon ambition secrète !»
«- Notre hilarant Arsène est célibataire, si tu veux tout savoir, murmure la brunette de façon parfaitement audible. Et Ludo aussi...»
Ce dernier se recoiffe, l'air gentiment exaspéré.
«- Euh oui, sauf que, ne le prends pas mal, Andrea, mais je suis gay.»
«- Pas souci. Je recherche pas de relation en ce moment de toute façon.»
«- Rah, dommage, soupire Arsène.»
Oh. Vraiment ? Il veut jouer à ce jeu là ?
Je fais une petite moue amusée.
«- Après, c'est vrai que le célibat a tendance à être un peu ennuyant en ce moment !»
Carmen m'ébouriffe les cheveux.
«- Ouh, toi, ma chérie, je commence à bien t'aimer !»
La blonde Marie soulève ses lunettes de soleil pour dire :
«- Oui, et si tu veux mon avis, tu n'es pas la seule, hein Arsène ?»
Pas gêné pour deux sous, le concerné attrape la paire de lunettes de la jeune femme et les mets sur sa tête.
«- Et alors ?»
«- Alors, reprends Carmen, si même Marie le dit, c'est qu'il y a une raison.»
Il souffle d'un air exaspéré, puis se tourne vers moi et me tend sa clope.
«- Mes potes racontent que des conneries. Tu fumes ?»
«- Nan, merci. J'essaie mais impossible de m'y mettre.»
«- Rassure moi, tu bois, au moins ?»
«- Bien sûr, je dis, pince sans rire.»
«- Bière, vodka, vin ?»
«- Rhum, prosecco, whisky et cocktails, je réponds en écho.»
«- Ah putain, je t'aime ! Ces gosses sont quasiment allergiques à l'alcool. Carmen et Ludo boivent que de la bière, Leo que du vin rouge et Marie et Ludivine n'y ont jamais touché.»
«- Fais gaffe, ce con s'enfile de ces shots en soirée ! T'es pas prête !»
me crie Leonardo.
«- Méfiez-vous. J'attends de voir si il peut faire pire que moi !»
Il rigole.
«- Au fait, on t'a déplacé tes affaires, me dit Ludivine en souriant. Elles sont juste là.»
«- Ah super ! Merci.»
Je prend mes lunettes et les pose sur ma tête.
«- C'est des vraies Ray Ban ?»
Me demande Leonardo.
«- Bien sûr ! Je réponds d'un ton affligé. Je suis fauchée dans mon argent de poche. J'irais jamais acheter une paire à deux cent balles ! Je les ait achetées au black sur une plage y a deux ans.»
Il se marre et me check le poing.
J'ai l'impression de déjà tous les connaître. Et je sais très bien pourquoi.
Ils leur ressemblent tellement, tous...
A voir ces gens, j'ai l'impression de voir le visage de mes amis se refléter en eux.
L'image me fait monter les larmes aux yeux, et pour les cacher, je baisse mes lunettes son mon nez.
«- Hey, tu viens avec nous en boîte, ce soir ? Me demande Carmen, sans remarquer mon trouble.»
Non, non. Je veux me tirer d'ici avant de craquer.
«- Ouaip, viens, tu verras, c'est une folie !»
Lance Ludo.
«- Dis surtout que t'apprécie bien le nouveau barman, hein Ludo ?»
«- Bah, j'y peux rien, j'ai un faible pour les Italiens.»
Ils rigolent, mais j'ai la gorge nouée.
«- Alors ?»
«- Euh... je sais pas trop.»
«- Allez, quoi. T'es en vacances avec tes parents ?»
«- Non, je suis venue toute seule.»
«- Bah, raison de plus!»
Je repense à mes soirées, enfermée dans ma chambre d'hôtel, en pleurant, la tête enfouie dans mon oreiller. Rien que d'y penser, je me sens déjà triste.
«- Y a des boîtes dans ce trou paumé ?»
«- Ouais, on en connaît une bien dans la ville, là-bas. La plus branchée du coin. Leo et Arsène dix-huit ans. Ils peuvent nous faire rentrer, et de toute façon, Leonaro connaît tout le monde ici.»
La vision de ma chambre suffit à me convaincre. Et je sais que Camille m'aurait dit d'aller de l'avant.
Alors je me retourne, et dit à Carmen :
«- Alors c'est d'accord. Je viens !»
«- Super !»
Arsène m'effleure le bras, et je me surprends à apprécier l'idée d'accompagner ces nouvelles connaissances ce soir.
Noyer ses soucis dans l'alcool n'est sûrement jamais un bon plan, ça c'est sûr.
Mais dans ce cas précis... Disons que j'ai intérêt à éliminer toute trace de tristesse.
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