Un espoir

Commentaire de l'auteur:
Hello ^^ me voici avec un nouveau chapitre!

Bonne lecture ^^

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Le ton commençait à monter, doucement mais surement. C’étaient les prémices d’un orage qui n’allait pas tarder à éclater. Ce qui n’était qu’incidents isolés, était hélas devenu routine. La bagarre débutait toujours par une broutille, un rien qui enflammait les esprits au-delà de toute raison. La soif ; cette nouvelle soif jamais assouvie mettait à mal le plus sensé d’entre eux. Eux, ces immortels éphémères que j’avais transformé et que je savais condamnés.

Je les regardais s’entre tuer avec une lourdeur au cœur, un cri dans la gorge, essayant de refouler cette voix, désormais omniprésente et qui me rappelait la raison de tout cela. Elle, si loin, si seule. Par ma faute. Je n’esquissai même pas un mouvement afin de tenter de les séparer. Un de moins ou de plus, était-ce vraiment important désormais ? De ces vies que je pouvais encore bafouer il en restait encore des millions, des milliards.

Tia n'était pas de mon avis. Elle bougea, d’un mouvement si preste que je la retrouvai soudain près de moi sans qu’elle eût fait un bruit.

-        Qu’est-ce que tu fais ?

-        Qu’est-ce que je ne fais pas serait une question plus opportune, répondis-je à contre cœur.

Son visage d’habitude si placide pris des teintes de colère, de déception.

-        Tu n’as pas le droit d’abandonner maintenant Benjamin, l'homme que j'ai aimé...l'homme que j'aime n'est pas un homme qui flanche. Si tu aimes réellement cette fille, bats-toi pour elle.

Je la dévisageai. Elle ne me regardait pas. Les lèvres serrées et l’œil sombre elle fixait les deux nouveau-nés qui se rendaient coup pour coup avec une violence inouïe. Ce fut comme un électrochoc. C’était la première fois qu’elle évoquait avec moi notre passé commun, l'amour que j'avais pour une autre, et ce fut cela avant tout qui me décida à réagir. Elle avait raison. Son sang froid me revigora. Ce n’était pas encore le moment des remords, des états d’âme. Lorsque je l’aurais libérée et vengée je serais suffisamment fort pour y faire front.

Le sol gronda sous mes pieds, vibrant au gré de ma colère. Le tremblement qui monta crescendo, retint sitôt toutes les attentions. L’animosité qui emplissait les yeux rouges autour de moi fit bientôt place à la stupéfaction et à la crainte.

Les discipliner ne saura pas chose facile, je le concevais très bien, mais c’était la dernière étape avant l’offensive et comme c’était mon but ultime, il n’y avait rien qui pouvait m’en détourner à présent.

***

Les rumeurs des voix me parvenaient ; rieuses, exaltées, outrageusement surfaites. Elles emplissaient les alcôves de la bâtisse d’étranges échos, festifs mais glaçants.

Comme au théâtre, me murmurai-je à moi-même, la scène ne s’anime que pour son public, et ce public-là à Volterra c’était moi, rien que moi. À la fois étrangère indésirable et maigre consolation à l’ennui omniprésent.

À mon grand désarroi, je me retrouvai au pied des planches, irrésistiblement attirée par la représentation, totalement impuissante devant la sophistication de ce traquenard collectif. Comme dans les bons spectacles, mes yeux ne surent que voir. Le tranchant des dents blanches sur les lèvres carmin ou l’onctueux du sang dans le cristal des verres? Les tâches de lumière dans les chandeliers d’argent ou les innombrables tapisseries d’or? Et surtout des visages innocemment détournés, beaux et terribles, momentanément offerts à mon examen, lesquels contempler et lesquels délaissés?

Je ne savais pas à quoi pouvait bien mener cette comédie savamment orchestrée, mais ce fut consentante et empressée que je quittai l’ombre de l’arrière cours pour l’étincelant de la grande scène. Le second acte n’attendait que moi pour débuter.

Le silence électrique ne dura qu’un court instant, car les répliques étaient déjà prêtes à fuser.

-        Eh bien, regardez-moi que voilà!

Renata incroyablement grande et bien en chaire vint à ma rencontre, ses grands yeux ronds ardents et malicieux fixés sur moi. Lorsqu’elle se pencha à mon oreille, l’arôme capiteux du sang qu’embaumaient ses lèvres m’éveilla plus certainement que le plus atroce des sévices.

-        On dirait que la belle au bois dormant a fini par se réveiller, n’est-ce pas impoli de se faire ainsi désirer?

J’essayai tant bien que mal de ne pas réagir à ses provocations, mais lorsque ses lèvres - dangereusement proches- firent mine de se faufiler vers les miennes, ma réaction fut pur instinct.

-        Relaxe ma belle, j’essaye juste de faire plus ample connaissance. Et plus bas, plus lascivement, elle murmura : Il faut avouer que tu es digne d’intérêt, en tout cas tu ne manques pas d’arguments.

Les rires autour de nous se firent moqueurs mais contrairement à la coutume ; nullement agressifs. Mon regard hésita entre les spectateurs. Je savais lequel je cherchais, mais ce dernier restait-il un appui après ce qui s’était passé la dernière fois que mes yeux ont rencontré les siens? C’était improbable au plus haut point. Quoi qu’il en fût, le traqueur n’était nulle part à portée de vue.

-        J’ai entendu parler de tes prouesses avec l’indienne, s’exclama Afton suffisamment fort pour faire taire les rumeurs de voix autour de nous. Avachi sur un canapé drapé de soieries, il me scrutait avec une pointe d’étonnement dans les yeux. Vos autres Cullen n’êtes finalement pas si domestiqués que l’on dit...

Je l’inspectai à mon tour ; son profil androgyne me parut encore une fois des plus troublants. Une lourde croix d’or blanc sertie de joyaux ornait son torse imberbe que dévoilait une chemise à la finesse translucide, portée serrée. De même, son pantalon collait à son corps svelte comme une deuxième peau. Maintes bagues encombraient ses longs doigts à la délicatesse féminine, et à la façon des princes arabes ses yeux étaient embellis de noir.

Qui parle de Cullen? Y en a-t’il ne serait-ce qu’un seul parmi nous? Renata fit mine de s’indigner. Ne tourmente pas cette pauvre petite avec un passé honteux. L’avantage que nous avons, nous autres immortels c’est de pouvoir vivre plus d’une vie, nous avons ainsi le droit a plusieurs chances. Prend celle que l’on t’offre ma belle. Tu n’as pas pu choisir ton créateur, mais tu peux choisir ta propre voix à présent.

Les rires fusèrent de nouveau, détendus, presque amicaux. Renata reprit sa place parmi son cercle qui visiblement indifférent au baiser langoureux qu’elle échangea avec une Heidi ravie, restait suspendu à mes lèvres, attentif. Assoiffés de spectacles, ils l’étaient encore. Je me surpris à sourire, je respirais enfin, débarrassée d’un poids. Ils me semblèrent soudain plus pathétiques que dangereux. Leur outrageante confiance en eux, leur présomption n’avait pas de pareil. La rançon de la gloire certainement.

Tant que je jouais le rôle qu’ils m’avaient affecté, je n’avais pas de soucis à me faire. Je me gardais bien de me trahir cependant ; je me savais piètre comédienne et ne poussait donc pas trop ma chance. Sous des regards aussi attentifs, je n’avais pas le droit à l’erreur. Celui de Jane en faisait partie ; prudent et ambigu, il pesait sur moi de la plus dérangeante des manières. C’était, chose indéfinissable, la façon dont ses yeux et les traits juvéniles de son visage exprimaient à la fois innocence et cruauté.

Je fis quelques pas à travers la pièce, ruminant mes pensées et essayant d’ignorer les autres autour de moi. J’ai longtemps muri ma décision et pourtant au moment de passer à l’œuvre, mes doutes furent-là, de nouveau aussi lancinants qu’au tout début. Oserai-je tenté le tout pour le tout ? L’épreuve qui m’attendait pouvait révéler en moi une force inattendue, ou bien me précipiter dans un océan de faiblesse.

Ma trajectoire fut bientôt indépendante de ma volonté, j’avais franchi ma limite de sureté, je n’avais plus mon libre arbitre. Rendue rigide par l’anxiété, j’avançais une main vers ma damnation. Je me retrouvais a humer la substance, épaissie, à demi coagulée mais toujours aussi bassement attrayante qui emplissait le verre de cristal, exposé à mon intention. Du sang, du vrai. Mon estomac fut soudain le théâtre de crampes aiguës, mortifiantes. C’était à en perdre l’esprit.

L’espace d’une courte seconde j’abandonnai tout espoir et pour peu me serais laissée aller au fatalisme, mais bientôt, comme excepté, il fut là. Son souffle courait le long de mon échine comme un doigt gelé. Sa main s’empara de la mienne, et dans un fracas exacerbé par le silence de la pièce, le verre s’en alla s’écraser contre le sol.

***

-        Tout doux mes braves !

Emmett fut le seul à s’aventurer de quelques pas dans leurs directions. Au moins trois fois plus nombreux, ils se déployèrent autour de nous, tant et si bien qu’ils ne tardèrent pas à nous encercler. Quatre d’entre-deux s’étaient détachés dans le dessin de nous contourner et bloquer notre retraite.

Ils ne sont pas si indisciplinés que ça après tout, songea Jasper, non sans un soupir las. Alice avait expressément exigé aucun dérapage ni aucune victime ce qui le mettait dans une humeur singulièrement maussade.

-        Tais-toi ! répéta encore le grand noir, Kevin, qui semblait être le meneur du groupe.

Jeune et bien-bâti, ses grands yeux en amande, ne manquaient pas d’une certaine intelligence. Après un examen minutieux, il avait distribué les ordres sans hésiter d’une voix grave et assurée, et il fut obéi à la lettre.

-        Ce n’est pas à toi que j’ai adressé la parole.

Il fixa de nouveau son regard sur moi.

-        Pour la dernière fois, qui êtes-vous et qu’êtes-vous venus faire ici ?

-        je suis Edward, m’empressai-je de dire, le bavard là c’est Emmet, voici Jasper et Esmée…

-        Maintenant que tu connais nos petits noms, me coupa Emmet, ce serait bien si toi et tes pti’ gars alliez faire un tour, on a à parler avec ton chef.

Les prunelles rouges de Kevin le foudroyèrent d’une œillade peu amène.

-        Chacun ici est son propre chef, mentit-il, vous êtes sur notre territoire et vous n’êtes pas les bienvenus, alors rebroussez chemin avant qu’on décide d’une autre fin pour vous.

Emmett soupira bruyamment.

-        Si j’avais su que j’aurais à me farcir un marteau pareil, je serais parti avec les autres. Je sens que je ne vais pas tarder à faire un massacre…Alice aurait dû me prévenir !

-        Qui est Alice, qui sont ses autres ?

Soudain, l’étau sembla se resserrer autour de nous, et l’hostilité des nouveau-nés devint palpable.

-        On connait Benjamin, Kevin et lui aussi nous connait. Il suffit de garder notre calme et aucun…

-        Comment connais-tu mon prénom ? m’apostropha-il, les yeux agrandis ; il s’avança vers, sur la défensive.

Emmet s’interposa.

-        Non ! supplia Esmée. Pas de ça, s’il vous plait. Ecoutez-moi, Kevin, nous sommes de votre côté. Nous sommes là pour vous aider. Vous êtes jeunes et inexpérimentés ; si vous avez la moindre idée de ce à quoi vous allez devoir faire face vous accepterez notre aide. Croyez-moi, on est votre seule chance.

Étonnement et perplexité jouait sur les traits de Kevin, mais apparemment rien de ce qu’avait dit Esmée ne le stupéfiait plus que le ton maternel et préoccupé avec lequel elle s’était adressée à lui. Il hésita un long moment, les traits malmenés par le doute, et puis sans mot dire il hocha la tête dans la direction du camp.

***

L’envie devint vite supplice. Je ne savais pas par quoi débuter, toutes les répliques qui me venaient me semblaient extrêmement déplacées, mais je ne pouvais souffrir le silence plus longtemps.

-        Je suis désolée…

Son immobilité resta parfaite. C’était à la fois glaçant et beau. Aucune palpitation des narines, aucun battement de cils, aucun frémissement d’aucune sorte. Son buste évoquait celui d’une statue de pierre.

Après un moment de silence hésitant, je repris :

-        Je n’aurais pas dû te forcer la main…

-        Tu ne regrettes absolument rien, répondit-il simplement remuant à peine ses fines lèvres, et si tu n’avais pas ton pouvoir, tu aurais trouvé un autre moyen de t’informer. (Il ne semblait pas contrarié) Je te comprends à présent. Peut-être aurais-je du deviner depuis le début…

Il promena enfin son regard attentif sur moi, de ses mêmes yeux paisibles, comme si aucun changement n’eût jamais pu affecter son visage lisse. Intriguant pour un être aussi versatile.

-        Deviner quoi ?

Il se tut un long instant et lorsque je le croyais définitivement retombé dans son mutisme il s’exprima enfin :

-        J’ai rencontré Heidi au crépuscule de sa vie d’humaine... Elle semblait m’attendre étrangement et avec le recule je me rends compte qu’elle n’aurait pas pu le faire encore bien longtemps. Elle se raccrochait à bras le corps à son espoir, mais sa patience s’était élimée et elle n’aurait sans doute pas tardé à se rompre comme une vieille corde trop usitée. Et Heidi serait morte comme elle vivait ; sans remords.

Je m’impatientai bêtement, ne voyant pas où il voulait en venir.

-        Elle est jusqu’à présent ma seule tentative aboutie de vampirisation. Aro m’en a laissé la totale responsabilité, et seul face à cette tâche j’avoue que je ne savais pas trop comment me comporter. Ses premiers mois d’immortelles ont été vraiment …chaotiques. Je pensais que ça ne tenait qu’à son tempérament -qui était pour le moins fougueux- et à cette soif de la vie qui ne lui faisait jamais défaut. Mais à présent je me rends compte que ça tenait aussi à moi ; en tant que mentor, je devais en principe guider ses premiers pas dans cette nouvelle vie que je lui avais offerte. J’aurais pu la modeler à mon image, la discipliner un tant soit peu, mais je l’ai laissée s’épanouir à sa guise…

-        Et ça n’a pas été une franche réussite, murmurai-je sèchement.

-        Je t’en laisse seule juge puisque tu es si prompte à juger, répliqua-il du tac au tac. Je n’ai plus repensé à cette période là, jusqu’à ce que je te rencontre. La confrontation de vos deux personnalités est très révélatrice…

-        Je n’ai rien à voir avec elle !

-        Elle aurait été aussi indignée que toi, si ce n’est plus si elle m’avait entendu faire ce rapprochement, mais ce n’est pas sous cet angle là que j’envisageais la chose. (Il semblait amusé) Disons que vos débuts de vampires révèlent beaucoup sur notre nature à nous autre immortels. J’étais le premier sceptique -mais même si je n’en vois pas l’utilité (il pinça les lèvres, agacé) je crois bien que notre espèce peut évoluer, réfréner ses instincts si elle est conditionnée à le faire suffisamment tôt.

-        Tu oublies un peu vite que tu ne m’as pas connu à cette période, si cela avait été le cas ta théorie s’en trouverait démentie, tu peux me croire.

-        Peut-être, mais te voir telle que tu es à présent est plus percutant. Tu es juste comme Carlisle, il t’a fait à son image. Il a réussi à implanter en toi cette morale sans équivoque, cet humanisme délirant et surtout cet amour pour les tiens que rien ne saurait faire plier, même pas Chelsea. Il n’est peut-être pas aussi fou que je le présumais, il est même brillant. Et c’est pour ça que je ne te tiens pas rigueur de ton comportement, tu es prête à tout pour lui, pour eux. Alors, j’aimerais bien savoir ce que tu attends de moi.

Sa lucidité me laissa coite.

-        Oui…insista-il devant mon air surpris, je m’attendais à ce que tu aie recours à un stratège quelconque. Je me demande juste si tu aurais bu ce sang, si je ne t’en avais pas empêché.

-        Pourquoi tu m’en as empêché alors, si tu voulais tant savoir… ? le défiai-je. Ses lèvres se contractèrent derechef, et sa physionomie trahit un début d’irritation. Tu vois, moi aussi j’ai un coup d’avance sur toi…

J’avais prévu son interaction et j’avais ma propre théorie là-dessus. Même si cela semblait lui déplaire au plus haut point, ce qu’il appelait mon humanisme délirant était justement ce qui constituait à ses yeux tout l’attrait qu’il éprouvait pour moi. Il ne semblait pas plus près à me voir devenir une Volturi que je ne l’étais moi-même. Non, il ne me laissera pas devenir aussi banale à ses yeux que tout le reste de son clan. Je devais rester l’autre, l’exception, le nœud à dénouer. Mais ce n’était pas le moment d’en découdre ; ce sujet-là était dérisoire comparé au reste. Tout allait se jouer dans les minutes à venir. Mon angoisse était si grande que j’eus du mal à rassembler mes idées. Je pris une grande respiration, et m’aventurai sans filet de sauvetage.

-        Vous allez tous les châtier pour ce qu’ils ont osé entreprendre. Vous les décimerez tous, ou peut-être vous en garderez certain, mais pas tous…je balbutiai, la voix serrée.

-        Nous n’avons pas le choix, avoua-il avec honnêteté. C’est ce qui convient de faire.

Convient ? Convient ! je savais que c’était là leur intention, mais l’entendre dire fut plus terrible encore.

-        On a toujours le choix Démétri et je te supplie de leur en laisser un.

Comme il garda le silence, je m’avançai vers lui, l'âme tendue vers un illusoire espoir.

-        Même si j’en avais l’envie –et je ne dis pas que c’est le cas- je ne vois pas ce que je pourrai faire, confessa-il avec la même désarmante sincérité.

-        Tu es le seul qui peut les guider vers eux, sans toi ils ne pourraient pas les retrouver. Tu peux leur donner des instructions erronées.

-        Combien de temps crois-tu que je puisse me jouer d’Aro, fausser ses pistes ?

Je m’étais préparé à ses offensives, même si je n’aurais jamais cru qu’il puisse me laisser aller si loin et débattre avec moi de mes audacieuses hypothèses. Il était l’un des leurs après tout et je me serais plus attendue à ses douces moqueries ou plutôt à son véhément outrage. Mais je n’écartais pas tout à fait la possibilité qu’il soit entrain de se jouer de moi.

-        Tu pourrais si tu le voulais ! Le temps pour moi de rattraper la situation. Je peux amener Carlisle et les autres à laisser tomber ce qu’ils préparent, je peux tout arranger.

Il attrapa les mains suppliantes que je tendais vers lui et me précipita contre sa poitrine. J’eus conscience de mon comportement hystérique mais je ne fis rien pour m’apaiser.

-        Parce que je devrais t’aider et te laisser partir ?nota-il, soufflé, comme si c’était l’idée la plus farfelue qu’il ait jamais ouïe.

-        Je reviendrai, promis-je en désespoir de cause. Je te le jure, je reviendrai si c’est ce que tu veux.

-        Tu reviendrais, ici à Volterra ? Dans ce lieu qui te désespère, là où on t’a torturé plus d’une fois, ici où tu as frôlé la fin ?

-        Oui, assurai-je, oui je le ferais. Si c’était là le prix à payer, je n’hésiterai pas une seconde.

-        Une fois que tu le retrouveras, qu’il te serra dans ses bras et qu’il te promettra vengeance que restera-il d’une promesse faite à un ennemi ?

-        Je ne pourrais jamais…être avec Be…lui de cette façon d’ores et avant. Et tu n’es pas mon ennemi. Sans toi ici, je n’aurais pas pu respirer.

Tout en parlant, je me rendis compte que c’était ce que je pensais sincèrement. Je ne jouais pas là un rôle.

-        Sans moi, tu n’aurais pas manqué d’air, affirma-il d’un air buté.

-        Alors partons tous les deux, allons ailleurs, là où personne ne nous retrouvera.

Oui, ça semblait une évidence à présent que j’y pensai ! Sans lui Aro pourrait difficilement mettre ses plans à exécution, et moi loin de Volterra, les miens n’auraient plus personne à secourir ici.

Il ne répondit pas tout de suite, il se contenta de me tenir contre lui ; son visage niché au creux de mon cou, il inspirait doucement.

-        Toi et moi ? finit-il par dire.

Son souffle courra sur ma peau, m’électrisa.

-        Oui, assurai-je fervente. Toi et moi.

Il glissa sa main dans la mienne, entremêlant nos doigts. Il baisa les miens un à un, avec lenteur et passion.

Jamais sa fougue ne fut plus intense que pour cette fois là. Et lorsque je reposai enfin contre son torse haletante et engourdie, il glissa sa main le long de mon cou, empoigna le collier qui reposait au creux de ma poitrine – ultime vestige de ma vie d’avant- et l’arracha avec fermeté. Dans son poing serré le bijou que m'avait offert Benjamin devint poussière.

***

Nous arrivâmes enfin, une bicoque à moitié en ruine et une parcelle de terre abandonnée était leur repère. Les silhouettes dispersées brillaient faiblement sous l’aube blêmissante. Une quarantaine, où certainement davantage ; je pouvais en voir qui sortaient et rentraient de la maison délabrée.

Le salut de Benjamin fut des plus secs, méfiant. Ses yeux d’un noir intense ourlés de cernes violacés témoignaient de sa soif ; il n’avait pas chassé depuis un certain temps. Carlisle me consulta du regard, inquiet.

Ils sont plus nombreux que ce que l’on pensait…, songea-il, beaucoup mieux préparés que nous l’avions prévu. Peut-être que notre meilleur espoir était avec eux et non pas sans eux.

Je rendis le salut à Benjamin, plus chaleureusement qu’il ne le fit et m’enquis de son état. Il promena son regard tout autour de lui, sur ses nouveau-nés.

-        Je fais tout pour aller mieux, fut sa réponse.

Mais intérieurement il ne put s’empêcher de penser, maintenant qu’un spectateur extérieur contemplait son œuvre ce que pourrait en penser Angie. Au fond de lui, il savait qu’elle n’aurait jamais cautionné pareille chose, même pour sauver sa propre vie. Elle trouverait cela mal, elle le haïrait pour ça davantage encore que pour l’avoir abandonnée aux Volturi. C’était sa conviction profonde. Il se disait qu'il n'était plus celui qu'elle avait connu, qu'il n'était même pas celui qu'il pensait être et qu'il ne la méritait pas, ni ne l'avait jamais fait. Il se rappelait d’une conversation qu’ils avaient eue jadis, et comment Angie avait jugé Amun pour avoir pris sa vie. Lui en avait pris bien plus d’une. Il revoyait son visage pâle et beau, l’expression sévère de sa bouche et son regard implacable. Elle trouverait cela indigne et mal.

Il n'y a ni bien ni mal, songea-il avec détermination comme pour se rappeler à l’ordre, il n'y a que souffrance et soulagement et je ne suis pas prêt à ressentir de nouveau pareil sentiment.

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Commentaire de l'auteur:
Merci d'avoir lu!

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