Depuis l'incident, trois semaines étaient passées sans que Max ne réussisse à revoir Tul ni sa bande. Il avait tenté d'écumer la ville ou du moins le quartier pour s'assurer de tomber sur lui, "par hasard" mais rien n'y avait fait, il ne l'avait pas vu et sa première rencontre avec l'alpha lui avait laissé une marque indélébile. 

Il avait trouvé un alpha assez spécial, mais fait encore plus étrange, il désirait l'approcher pour l'imprégner.

Pourquoi ? Pourquoi ce désir soudain et brutal de vouloir quelqu'un que l'on doit arrêter ? Pourquoi ce désir envers un méchant ? Max ne devait pas se défaire de sa mission, il devait la mener à bien : infiltrer le gang des KEYS pour les détruire de l'intérieur. En espérant que son attirance soudaine pour l'alpha disparaisse.

Mais après un mois sans avoir eu l'espoir de le revoir, Max se décida à se balader vers le quartier des bars, où normalement le gang avait l'habitude de traîner. Il faisait bon, une douce brise du soir caressait son visage, balayant ses cheveux devant ses yeux. Max trouva un des bars, mais alors qu'il allait pour y entrer, des cris féminins retentirent dans une ruelle juste à côté.

Intrigué, Max s'y rendit pour découvrir deux femmes d'un âge assez jeune, probablement milieu vingtaine, se faisant chahuter par une bande de petites frappes qui s'amusaient à les balancer vers les uns ou les autres, riant aux éclats, effrayant les deux jeunes femmes.

- Hey ! s'exclama t-il en s'approchant prudemment.
- Qu'est-ce que tu nous veux toi ?
- T'es nouveau dans le quartier ? J'te connais pas.
- Qu'est-ce que ça peut te faire ? répondit Max, le regard sombre.
- EH ! T'es sur notre territoire ! Donc te mêle pas de nos affaires ! 
- Ouais, dégage !
- Vous êtes sur le territoire des KEYS, tout le monde sait ça. lança Max.

Ce petit rappel à l'ordre énerva les quelques malfrats réuni qui finalement se lancèrent dans une envie de boxer l'importun que de s'amuser à jouer au volley humain avec les deux nanas pétrifiées.

- Rien à foutre ! 
- Ouais ! C'est notre territoire, rien à foutre !

Max soupira, si Tul était effectivement le bras droit du gang, le chef quant à lui... était bien à l'image du chef laxiste qu'on dépeignait. Si Tul ne faisait rien, le chef n'agissait pas plus et le territoire terminait en un champ de ruine où les crapules qui ne jouaient pas avec les mêmes règles, finissaient pas polluer les rues.

Bien que Max ai pour mission d'arrêter Tul et de démanteler le gang, il ne pouvait qu'avoir un certain respect pour cet homme qui semblait tenir en ses mains les rênes d'un empire en désuétude. Si il comptait un jour abandonner la gestion, ce dernier ne tiendrait pas et Mike ne pourrait plus avoir le respect de son gang. 

Une question était venue, parmi tant d'autres, à l'esprit de Max : pourquoi tout le monde pensait encore que c'était Mike qui maintenant le gang, si ce dernier ne bougeait pas de son palais doré et envoyait son chien de garde faire le sale boulot à sa place ?

Il devrait enquêter sur ça aussi.

Mais pour l'heure, il devait s'occuper de ce groupe là pour protéger les deux jeunes femmes planquées contre un murs, impossible de fuir. La ruelle était un cul de sac, si quelqu'un bloquait l'accès, en partir était juste impensable. 

- Restez loin d'eux, gronda Max aux deux femmes qui couinèrent de peur. 
- Tu t'es pris pour un héro ?
- Ah ah !! Regardez ça les gars, y a Superman en personne !
- Allez le héro, montre nous de quoi tu es fait là dessous !

Un premier fonça sur Max, mais d'un coup habile, le flic le mit à terre. Un autre sortie un couteau et tenta de lui planter la taille. Il esquiva le coup rapidement, tout en lui tordant le poignet, lui faisant lâcher l'arme qu'il récupéra pour se mettre en sécurité. Les attaques pleuvaient sur lui, mais Max se retenait assez bien, jusqu'à ce qu'une des filles se mette à crier.

- T'as fini de faire le héro ?! Faut le dépecer les gars ! Allez viens ma jolie, on va continuer à s'amuser.

La jeune femme pleurait et son amie accrochée à elle venait de se faire dessus.

Max ne pouvait plus cacher sa colère et son aura prit alors le dessus. Il expulsa sans le cul de sac, ses phéromones puissants et sombres, intoxifiant les malfrats qui se mirent à couiner et à se tordre de douleur, cherchant leur air.

- C'est quoi ce bordel ? cria une voix derrière Max. Putain mec sérieux ?
- Ces deux femmes ont besoin d'aide. gronda l'alpha avant de se retourner vers l'origine de la voix mais se figea.

Il était là, face à lui, le regard surpris et luisant.

Tul...

Après l'avoir cherché durant trois semaines, le voilà qui réapparaissait et cette chose, ce phénomène qui s'était produit la première fois, les attacha une seconde fois l'un à l'autre sans qu'ils ne comprennent pourquoi ni comment. Tul ordonna à tous de reculer mais de garder l'endroit. Il s'avança tranquillement malgré l'odeur des lieux, imprégné de cet homme étrange.

Il s'arrêta à quelques centimètres de lui, planta son regard dans le sien, le jugeant, le jaugeant, cherchant probablement quelque chose qui puisse répondre à ses propres questions.

- P'Tul, pleura une des filles, toute tremblante.
- Il... Il nous a aidé, fit l'autre.
- Je sais. Jordan, Johnny.

Mains sur le nez, les deux hommes s'approchèrent pour venir au secours des deux femmes.

- Merci. Merci beaucoup d'être venu nous aider.
- Pas de quoi, répondit simplement Max sans les regarder, absorbé par celui de Tul face à lui. Elles ont besoin de soins.
- Les filles sont entre de bonnes mains, ne t'en fais pas. Par contre toi...

Tul avait bien remarqué l'entaille sur sa cuisse et le jean déchiré à l'endroit de la blessure.
Max pencha la tête et remarqua alors qu'il était effectivement bien blessé, mais ne s'en formalisa pas plus. Tout ce qui importait pour lui était la sécurité des deux femmes et que l'on s'occupe de cette petite bande là.

- Les flics arrivent Boss.
- Tu devrais partir, dit Max à Tul. Je vais les attendre ici.
- Tu te prends pour un chevalier, Superman ? grinça un des hommes à terre.

Une pression se fit soudainement plus lourde. Max avait encore une fois utilisé sa noirceur pour les faire taire. Une main se posa sur sa poitrine. Figé, il regarda Tul.

- Je peux gérer les flics. dit l'alpha face à lui. Tu devrais faire attention à toi, Superman.

Il se moquait de lui ! Le petit sourire en coin qu'il lui lâcha en était la preuve. Mais, pour aucune raison, Max trouvait ça drôle venant de ce gangster. Il le vit fouiller dans la poche intérieur de sa veste en cuir et mis quelque chose dans sa poche avant de jean, les doigts de Tul frôlant le corps de Max qui réagit d'une manière inédit et violente.

Tul s'approcha de son oreille et murmura quelque chose qui lui glaça le sang :

- Merci pour l'aide, monsieur le flic.

Comment savait-il ?! Max était sous couverture, il ne pouvait pas être grillé tout de suite ! Mais si il le savait, pourquoi agissait-il ainsi ? Que voulait-il de lui ? 

- Je te laisse t'occuper d'ici.

Max secoua la tête lentement, laissant Tul et sa bande quitter les lieux, les deux femmes avec eux pour une destination qu'il ne connaissait pas.

Tul savait.

Une patrouille arriva et embarqua la bande. Max leur expliqua la situation, mais...

Tul savait.

Dans sa tête, plus rien avait de sens. Y avait-il une taupe dans la brigade ?

Tul savait, Tul savait, Tul SAIT !

Il devait entrer en contact avec ses supérieurs et leur expliquer la situation, mais... mais si il le faisait, est-ce que ça ne nuirait pas à sa mission ? Est-ce que ça ne mettrait pas en péril ceux qui étaient encore en extérieur à surveiller le gang  ? Il devait aller dans l'appartement qu'il louait pour la surveillance. Il devait rentrer et se soigner puis lire ce que Tul lui avait donné.

Il savait...
Oui, il sait que Max était un flic sous couverture, mais depuis quand ? Combien de temps était-il grillé ? Que devait-il faire ? Pourquoi n'y avait-il aucune animosité dans le regard ou l'attitude de l'alpha ? Il était perdu et devait rentrer.

Quand un des gars de patrouille tenta de le faire entrer dans sa voiture pour l'amener au poste, Max se dégagea et pris la direction de chez lui, comme un automate.

Mais en arrivant à son étage et devant sa porte, une ombre l'y attendait.

- T'en as mis du temps.
- Que-
- Fais moi entrer.

[...]

L'appartement était sobre, pas beaucoup de décorations, l'alpha comprit bien vite qu'il n'habitait pas ici réellement.

- Depuis quand est-ce que tu sais ?
- Juste après l'agression au bar. J'ai fait une enquête sur toi.
- Pourquoi tu-
- T'as un kit de premiers soins ?
- Hein ? Ah, oui dans le placard de la salle de bain.
- Assis toi.

Tul ne laissa pas le temps au flic de dire quoi que ce soit, qu'il disparu pour revenir quelques instants après, une boite dans les mains. Il pris place sur la table basse et commença à défaire la ceinture de Max qui se précipita pour l'en empêcher.

- Écoute, j'ai pas le temps, donc soit tu t'en débarrasse tout seul, soit je prends un ciseau !
- Mais pourquoi tu-
- T'es si lent ? T'es blessé et je me doute que t'as pas envie de te faire soigner à l'hosto, ça serait mal pour ta mission, je me trompe ?

Voyant le flic silencieux, Tul en déduisit qu'il avait donc raison. Finalement, Max se débarrassa de sa ceinture et de son pantalon, laissant à Tul, le loisir de découvrir des cuisses musclées et des jambes longues. L'entaille n'était pas très profonde, mais si elle n'était pas soignée, elle pouvait s'infecter. Il ouvrit la mallette et s'occupa de soigner sa cuisse blessée.

Une fois fini et Max bandé, Tul lui fit face.

- J'ai besoin de toi.
- Hein ?! Attends, tu sais depuis quand que je suis en mission ?
- Comme je te l'ai dit, j'ai enquêté sur toi. Je sais pourquoi tu es ici, à me chercher depuis plusieurs jours, tout en faisant ce qu'il faut pour que ça passe à une rencontre naturelle.

Tul sourit quand Max se mit à rougir.

- Tes boss veulent mettre la main sur le clan et je cherche à me barrer. Seulement...
- Tu es sûr que tu demande à la bonne personne au moins ?
- Quoi de mieux que de demander à un flic sous couverture pour ça ?

Tul pouffa.

Max resta bouche bée. Il était beau le sourire aux lèvres, son regard était pétillant et sa voix chaude le faisait trembler. Son touché ne l'avait pas laissé indifférent et s'en trouva gêné.

- Pourquoi tu veux que je t'aide ?
- J'ai besoin que tu me sauve de Mike et de sa clique.

***