Lucifer ( Pov de Romane)
Je m'efforce toujours de me concentrer sur mon travail, tentant désespérément de noyer les pensées incessantes qui tournent autour d'Alastor sous les couches d'une concentration nécessaire à mon art. Pourtant, malgré tous mes efforts, son ombre persiste, insidieuse, cherchant à se frayer un chemin dans mes pensées. Il m'est plus difficile que jamais de l'ignorer car chaque fois que je sens sa présence à proximité, une partie de moi désire se tourner vers lui, s'abandonner à cette connexion profonde que nous avons toujours eue.
Je me rappelle alors la raison pour laquelle j'ai pris cette décision. Je dois garder mes distances, autant pour sa sécurité que pour la mienne. Je connais trop bien la menace que représente Lucas, et je sais que toute proximité avec Alastor ne ferait qu'attirer son attention, mettant ainsi en danger celui que j'ai appris à aimer au fil du temps.
Pour me faciliter la tâche, je me suis réfugiée dans mon atelier, m'immergeant dans mon art comme dans un sanctuaire contre les tumultes émotionnels qui me tourmentent. Pourtant, même ici, je ne suis pas complètement à l'abri des affres de mon cœur. Chaque coup de pinceau, chaque nuance ajoutée à la toile me rappelle Alastor d'une manière ou d'une autre, comme si son essence imprégnait chaque fibre de mon être.
Ses yeux rouges, habituellement si pleins de malice et d'assurance, étaient remplis de confusion et de douleur. Soudain, le silence de mon atelier est interrompu par une voix douce et réconfortante. Alors que je dépose mon pinceau, mes yeux rencontrent ceux de Pearl, emplis d'une préoccupation sincère.
Pearl : "Romane, ça ne va pas. Tu as besoin d'aide."
Je prends une profonde inspiration avant de répondre, sentant la vérité de ses paroles résonner en moi.
Moi : "Merci, Pearl. Mais je vais bien..."
Pearl : "Tu refuses de manger, de parler. Et tu évites le contact avec les autres..."
Moi : "Je vais bien, Pearl. Je n'ai simplement pas faim... et pour ce qui est de voir du monde, tu sais très bien pourquoi..."
Pearl : "Mais ce n'est pas une solution, Romane..."
Je sens un nœud se former dans ma gorge alors que je lutte pour contenir mes émotions. Les mots de Pearl percent ma carapace, me rappelant que je ne peux pas tout affronter seule.
Moi : "Je sais, Pearl. Je sais que ce n'est pas la solution. Mais parfois, c'est juste plus facile de se replier sur soi-même, tu comprends ?"
Pearl : "Je comprends que cela puisse sembler plus facile, mais cela ne résout rien... et
Soudain, un léger frappement à la porte me sort de mes pensées. Mon cœur fait un bond dans ma poitrine. Est-ce lui ? Est-ce Alastor qui vient briser ma solitude volontaire ? Ou est-ce simplement mon imagination, espérant contre toute raison ?
Avec prudence, je m'approche de la porte, mon esprit en ébullition. Qui que ce soit, je dois rester forte, je dois maintenir mes barrières en place. Je n'ai pas le luxe de succomber à mes désirs, aussi tentants soient-ils.
??? : "Charlie m'a dit que son père va arriver," murmure une voix de l'autre côté de la porte. Mon cœur se serre en reconnaissant la voix de Vaggie.
Vaggie : "Nous avons besoin de toi en bas."
Je prends une profonde inspiration, tentant de calmer le tumulte de mes émotions. Je ne peux pas laisser la panique prendre le dessus maintenant. "J'arrive," dis-je en ouvrant la porte.
À peine ai-je franchi les dernières marches que j'entends une voix grave demander à Alastor ce qui ne va pas.
En m'approchant, je le vois affalé au bar, un verre de whisky à la main, et il n'est que neuf heures du matin. Ma présence semble réveiller Alastor, dont les oreilles se redressent à ma vue. Mais mon attention se tourne rapidement vers l'homme qui lui parle. Il se tourne aussi vers moi et me salue, son regard pénétrant.
Charlie : "La voilà, papa. Je te présente la nouvelle cliente de l'hôtel, Romane."
Moi : "Bonjour," dis-je d'une voix aussi calme que possible. "Enchantée de faire votre connaissance, monsieur."
Le père de Charlie : "Bonjour... Je suis Lucifer... euh... bonjour." Sa voix trahissait une légère hésitation, tandis qu'il tentait maladroitement de cacher son malaise.
Moi : "Lucifer, le... Lucifer... Il est plus petit que je ne le pensais..." murmurais-je à voix basse, surpris par la stature moins imposante de celui que j'avais imaginé. Un léger malaise s'installe en moi, mes attentes se heurtant à la réalité de sa présence. Cependant, je m'efforce de garder un visage neutre, ne voulant pas offenser Lucifer par mes pensées.
Je réalise soudainement l'importance de la situation. Si Lucifer est le père de Charlie, cela signifie que Charlie n'est pas simplement une Overlord, mais la princesse des Enfers. Mon cœur s'emballe à cette pensée, mais je me force à garder mon calme.
Mon statut d'ange est un secret que je dois impérativement garder. Je sens le regard de Lucifer sur moi, et je remarque qu'il semble lui aussi un peu mal à l'aise. Peut-être sent-il quelque chose d'inhabituel en moi. Je redouble donc d'efforts pour paraître aussi normale que possible, alors que je m'efforce de dissimuler le véritable enjeu de ma présence dans les Enfers.
Charlie : "Papa, merci d'être venu. Je sais que ce n'est pas facile pour toi de te déplacer jusqu'ici."
Lucifer : "Ma chérie, tu sais bien que pour toi, je suis prêt à tout. Mais dis-moi, qu'est-ce qui se passe ici exactement ? Je sens une tension inhabituelle."
Charlie : "C'est sérieux, papa. Nous avons détecté la présence d'un ange en ville. Et ce n'est pas un ange déchu. Un véritable ange."
Je m'interromps, réalisant soudainement la portée de mes mots devant Lucifer, l'ange déchu par excellence. Mon regard croise brièvement celui de Lucifer et de Charlie, une gêne palpable s'installant entre nous.
Moi : "Comment sais-tu que ce n'est pas un... un ange déchu ?" ma voix trahit une légère nervosité, conscient que mes paroles pourraient offenser Lucifer.
Lucifer et Charlie échangent un regard silencieux, puis Lucifer se tourne vers moi, sa voix teintée d'une curiosité mêlée d'inquiétude.
Lucifer : "Un ange, dis-tu ? C'est très inhabituel. Quel serait l'intérêt d'un ange à se promener en Enfer ?"
Charlie : "Je ne sais pas exactement, mais c'est inquiétant. Je crains que cet ange ne soit ici pour une mission qui pourrait nous nuire."
Lucifer : "Hum... Un ange en mission ici pourrait effectivement poser un problème. As-tu une idée de qui il pourrait être ou de ce qu'il cherche ?"
Charlie secoue légèrement la tête, l'expression soucieuse toujours présente sur son visage.
Charlie : "Non..."
Lucifer : "Ne t'en fais pas, ma chérie, je suis là pour t'aider."
Un léger sourire s'étire sur mes lèvres, me rappelant les rares moments de soutien de mon propre père.
Lucifer : "Bon, autre question, il a quoi l'autre là-bas ?" demande-t-il en pointant Bambi du menton.
Charlie hésite un instant, ses yeux se posant sur moi avec une lueur de compréhension mêlée d'inquiétude.
Charlie : "C'est compliqué."
Je sens les regards de Charlie, Vaggie et Husker converger vers moi, une tension palpable dans l'air. Lucifer, lui aussi, se tourne vers moi, ses yeux empreints de curiosité.
Ma gorge se serre, et même si les mots semblent se bloquer dans ma bouche, je sais que je dois faire face à la réalité.
Moi : "Non, rien de compliqué. Je refuse de le voir, de lui parler, ni même de reconnaître son existence, c'est tout..." Ma voix vacille légèrement, trahissant l'ampleur de mes émotions refoulées.
Lucifer me regarde avec une curiosité perçante et scrute chaque recoin de mon être, cherchant une explication
Lucifer : oh ...
Je tourne lentement la tête vers Bambi. L'aspect désolé d'Alastor me serre le cœur, mais je m'efforce de maintenir une façade calme. Bien que mon pouls s'accélère, je lutte pour dissimuler mes propres émotions. Alastor s'est levé du tabouret. Ses cheveux, autrefois parfaitement coiffés, retombent maintenant en désordre sur son front. Sa chemise est partiellement débraillée, et le monocle habituel qui orne son œil manque à l'appel, accentuant son air négligé. Son regard, d'ordinaire vif et impérieux, semble maintenant empreint d'une lueur de vulnérabilité et de confusion.
Malgré nos propres préoccupations, une pointe de chagrin pour lui s'immisce en moi. Sa détresse contraste tellement avec son assurance habituelle que j'en ressens une boule dans la gorge, un sentiment d'impuissance face à sa souffrance évidente.
Je ravale ma propre tristesse, luttant pour ignorer cette sensation qui menace de me submerger. D'une voix aussi polie que possible, je réponds à Lucifer :
Moi : "Je dois retourner à mon travail. J'ai été ravie de vous rencontrer."
Un sourire en coin se dessine sur les lèvres de Lucifer.
Lucifer : "Moi aussi."
Je tourne les talons, déterminée à ne pas laisser mes émotions prendre le dessus. Chaque pas que je fais en montant les escaliers semble peser une tonne. J'entends Alastor m'appeler, sa voix chargée de désespoir, et chaque appel me déchire un peu plus. Mais je sais que c'est nécessaire.
Arrivée à mon atelier, je ferme la porte derrière moi avec détermination. La solitude et le silence de la pièce m'enveloppent, offrant un refuge temporaire contre le tumulte extérieur et intérieur. Mes mains tremblent légèrement alors que je prends une profonde inspiration, essayant de retrouver mon calme.
Soudain, une voix douce et familière me tire de mes pensées.
Pearl : "Ça va ?"
Je secoue la tête, mes émotions encore en ébullition.
Moi : "Non, j'ai besoin de frapper quelque chose."
Pearl : "Cette pièce est un peu petite, mais avec un peu d'imagination..."
Un soupir de résignation s'échappe de mes lèvres alors que Pearl fait apparaître un androïde qui ressemble à un mannequin, son apparence factice contrastant avec l'expression bienveillante de Pearl. L'androïde se tient là, immobile, attendant mes premiers coups.
Je m'approche de l'androïde, sentant une vague de soulagement m'envahir alors que je me prépare à libérer mes frustrations. D'un geste déterminé, je lance un premier coup, puis un autre, laissant échapper toute la tension qui a construit en moi. L'androïde réplique chaque coup avec une précision mécanique, sans se plaindre ni fléchir.
Après avoir détruit une dizaine d'entre eux, Pearl réitère sa question, sa voix empreinte d'une douce préoccupation.
Pearl : "Ça va mieux ?"
Je hoche la tête, me sentant un peu plus apaisée.
Moi : "Mieux. Un petit entraînement me fait toujours du bien."
Je retourne à mon travail sous le soupir perceptible de Pearl, qui comprend mon besoin de catharsis physique pour apaiser mon esprit troublé. Même si, pour elle, il y a une autre solution...
Mais quelle autre solution ? Lucas est ici et peut aisément s'en prendre à ceux que j'aime. Je n'ai même pas su me défendre contre lui... Ai-je encore des sentiments pour lui ? Cette pensée me tourmente. Et maintenant que tout le monde sait qu'un ange est en ville, quels autres ennemis pourrais-je avoir attirés ici ?
Je devrais peut-être partir de l'hôtel. De mon vivant, je faisais exprès d'être une cible humaine, mon entourage étant assez fort pour assumer les conséquences et insister même, mais ici, c'est différent. Je ne peux pas mettre en danger ceux que j'aime.
Je prends une profonde inspiration, tentant de réprimer la panique qui monte en moi. Les souvenirs de mon passé et les incertitudes de mon présent s'entremêlent dans un tourbillon d'émotions contradictoires. Je sais que rester ici pourrait mettre en danger ceux qui me sont chers, mais partir signifierait abandonner ce que j'ai commencé. Cette pensée me déchire. Je ne veux pas quitter l'hôtel. Je tiens à cet endroit et aux gens qui y vivent, mais la menace est réelle, et je pourrais être obligée de partir pour leur sécurité.
Je ferme les yeux, tentant de calmer mon esprit. J'ai toujours été forte, capable de surmonter les obstacles, mais cette fois, la situation semble presque insurmontable. La sécurité de mes amis et de l'hôtel repose peut-être sur ma décision. Fuir ou se battre ? La question me hante, et chaque seconde qui passe rend la décision plus pressante.
En rouvrant les yeux, je croise le regard de Pearl, déterminée à me soutenir. Peut-être que, pour l'instant, tout ce que je peux faire est de rester ici, de protéger ce que nous avons construit et de trouver un moyen de contrer Lucas et les autres menaces, ensemble. Mais je dois aussi accepter que, si la situation empire, je pourrais être forcée de partir pour assurer leur sécurité.
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