Le pacte (POV Romane)
Cela fait deux longs jours que la neige nous enferme dans le Manoir Alastor, perdu au cœur de ce désert blanc. Les prévisions météo se révèlent aussi fiables qu'un dé en mouvement, et la tempête continue de hurler sans relâche. Coincés ici, je tente de m'acclimater à chaque détail de cette demeure majestueuse, mais c'est un défi de taille...
Alastor m'avait généreusement donné une chambre bien aménagée, où je me sentais bien malgré l'étrangeté de la situation. En plus de cela, il avait préparé des vêtements féminins qui semblaient avoir été choisis avec soin. Ils me correspondaient étrangement bien, comme s'ils avaient été faits sur mesure pour moi, et arboraient ma couleur préférée : le rouge. Cette attention me touchait profondément...
Je m'accroche à mes routines ménagères avec une détermination farouche, malgré les protestations constantes d'Alastor. Après tout, "Mes ombres pourraient s'occuper de ces tâches", mais je refuse catégoriquement. Je préfère l'agitation familière, la sensation réconfortante de mes mains dans l'action. C'est mon moyen de garder un semblant de contrôle sur la situation.
Pourtant, malgré tous mes efforts pour maintenir un semblant de routine, Bambi demeure omniprésent, toujours à mes côtés. Ses yeux scrutent chacun de mes gestes, me faisant sursauter à chaque fois qu'il apparaît... Par moments, je sens son regard pesant sur moi, comme s'il craignait que je ne mette à jour quelque chose... Peut-être y a-t-il un cadavre caché dans un placard ou dans la cave... Tout ce que je veux, c'est juste cinq minutes de solitude, pas plus...
Quand je lis, il vient s'asseoir juste à côté de moi. Son silence est lourd, mais sa présence est suffisante pour me perturber. À chaque tour de page, je sens son regard pesant sur moi, comme s'il cherchait à percer mes pensées à travers les lignes du livre. C'est comme si je ne pouvais jamais être seule, même dans ces instants de tranquillité...
Quand je dessine, chaque trait de mon crayon est scruté avec une attention presque dérangeante. C'est comme s'il voulait comprendre mes moindres mouvements, mes moindres intentions. Sa présence rend chaque coup de crayon plus difficile, chaque esquisse plus laborieuse... surtout quand son regard complice croise le mien et que son sourire fait naître un frisson dans mes joues rougies. Dans ces moments-là, l'inspiration se perd dans les méandres de ses yeux. J'ai alors abandonné l'idée de dessiner quoi que ce soit en sa présence...
Même lorsque je m'aventure dans les couloirs sombres, c'est Shadow qui me suit, une ombre silencieuse comme un chien de garde...
Et lorsque je me lance dans la cuisine, c'est toujours lui qui se glisse près de moi, malgré mes tentatives pour le repousser. Sa présence constante commence à peser sur mes nerfs... D'accord, nous avions convenu de retrouver la personne qui nous a suivi, et oui, j'ai déjà frôlé le danger plus d'une fois, mais je ne vais pas disparaître si seulement il pouvait me laisser cinq minutes de répit.... Je rêve d'une sucette à la cerise... maintenant que j'y pense... je sais !
Le seul répit que je trouve, c'est dans la chaleur réconfortante de la pâtisserie. Mais là-bas, Alastor ne peut pas me suivre, car il déteste l'odeur du sucre. Enfin, je me sens libre. Je m'absorbe dans le pétrissage de la pâte, dans les délicieuses fragrances qui emplissent l'air. Peut-être que si je savoure chaque bouchée, je pourrais échapper à cette surveillance constante...
Cependant, je sais qu'il faudra recadrer Alastor. Mais comment m'y prendre sans déclencher une tempête ou qu'il boude... Je trouverai une solution, j'en trouve toujours. En attendant, c'est à moi les profiteroles.
C'est après le dîner, alors que l'atmosphère est alourdie par le crépitement du feu dans la cheminée, que je prends la décision de le confronter. Bambi, toujours aussi impassible, se laisse tomber dans un fauteuil, prenant le temps d'allumer la cheminée avant de s'installer confortablement.
Je rassemble mon courage, sentant mon cœur battre plus fort dans ma poitrine, puis je m'approche de lui
Moi : Il faut qu'on discute.
Bambi me regarde, un sourire faussement innocent étirant ses lèvres.
Alastor : Je t'écoute.
Sa voix reste calme, mais ses yeux fixent intensément mon visage. Je détourne aussitôt le regard, me sentant submergée par son insistance.
Moi : Il faut que cela cesse...
Alastor : Quoi donc, darling ?
Un élan de frustration me traverse, mais je réprime l'envie impulsive de lui donner un coup. Je sais que je suis dans l'incapacité de le faire. Respirant profondément pour calmer mes nerfs, je le fixe avec détermination.
Moi : Arrête de me suivre...
Alastor : Je ne vois pas de quoi tu parles, my dear. Ce n'est pas moi qui te suis, mais Shadow...
Moi : Et de qui il a ses ordres ?
Alastor semble soudain gêné, une lueur d'embarras passant furtivement dans son regard.
Alastor : Eh bien, comment dire... parfois il fait certaines choses contre ma volonté...
Moi : Mais oui...
Alastor : Bien sûr ! Bon, c'est vrai que je souhaite savoir ce que tu fais... et j'ai bien compris ta petite mesquinerie tout à l'heure dans la cuisine, mais je ne te ferai pas suivre tant que je n'en jugerai pas nécessaire... et pour l'instant, je ne vois pas la nécessité.
Moi : Je refuse que tu me fasses suivre !
Bambi émet des grésillements, signe clair de son malaise, tandis que je gonfle mes joues, essayant de contenir ma frustration croissante. La tension entre nous est palpable, comme une tempête sur le point d'éclater. Je me demande dans quelle langue je dois m'exprimer pour être entendue. Je sais me défendre, je ne suis pas fragile, mais l'idée de devoir en arriver là m'irrite profondément. D'un côté, je sens que je pourrais lui botter les fesses pour qu'il comprenne enfin l'ampleur de mon mécontentement.
Alastor : Bien... mais essaie de te mettre à ma place... Depuis ton arrivée, tu as été confrontée à des situations périlleuses : tu as frôlé la mort, que ce soit dans les griffes de Vox ou en risquant de te noyer. De plus, tu as été gravement malade sans que tu n'en fasses mention... Sans oublier cette ombre qui te suit, vraisemblablement un sbire à la solde de Vox. Je me dois de prendre des précautions pour assurer ta sécurité...
Son ton est calme, mais je sens la tension sous-jacente dans ses paroles. Je comprends son point de vue, mais cela ne justifie pas pour autant cette surveillance constante. Je soupire profondément, tentant de faire taire la colère qui gronde en moi.
Moi : Je comprends que tu veuilles assurer ma sécurité, mais cela ne signifie pas que je doive être surveillée en permanence. Je suis capable de prendre soin de moi-même, et je suis prête à prendre des précautions pour éviter les dangers qui me guettent. Mais je ne peux pas supporter cette atmosphère d'oppression constante.
Bambi me regarde, surpris, avec les yeux d'un animal blessé.
Alastor : Est-ce que je t'opprime ?
J'acquiesce, comme s'il n'avait pas remarqué...
Alastor : Ce n'était pas mon intention...je suis désolé mais ...
Moi : Mais ?
Alastor : Tu as raison, je vais faire le nécessaire pour que tu te sentes mieux... Mais je ne pourrai pas être indifférent.
Un silence pesant s'installe alors que je réfléchis intensément. Il a raison aussi. Je ne peux pas simplement lui demander d'ignorer ses inquiétudes, c'est impossible. Et si c'est ce sentiment sous-jacent qui motive sa surveillance constante, peut-être devrais-je envisager les choses différemment... Et si ?
Alastor : Ça ne va pas, sweetheart ?
Je rassemble mes pensées, puis je décide de briser le silence avec une proposition audacieuse.
Moi : Et si on faisait un marché ?
Une lueur d'intérêt brille dans les yeux de Bambi.
Alastor : Tu piques ma curiosité, my dear. Je ne pensais pas vouloir faire un marché avec moi.
Je penche la tête, un air d'interrogations sur mon visage... bah quoi
Alastor : Toi, tu n'as pas conscience en ce que tu viens de proposer.
Moi : Et alors ?
Dis-je légèrement agacée.
Alastor : Alors, je vais expliquer,
Dit-il d'un ton apaisant, m'invitant d'un geste à m'asseoir à côté de lui. Je m'exécute sans un mot, curieuse de ce qu'il a à dire.
Alastor : Il est crucial que tu comprennes aussi qu'un marcher entre démon, plus communément appelle pacte peut couvrir une vaste gamme de demandes. Tu pourrais demander presque tout ce que tu désires, que ce soit du pouvoir, de la richesse ou même des souhaits personnels. Cependant, une fois cet accord conclu, il est impératif de le respecter. Les pactes démoniaques sont irrévocables et transgresser l'accord peut entraîner des conséquences désastreuses. Tu serais liée par les termes de ce pacte, et aucune échappatoire ne serait possible. Il est essentiel que tu réfléchisses bien avant de sceller un tel pacte, car une fois fait, il n'y a pas de retour en arrière.
Je reste figée, surprise par cette révélation.
Moi : Tout ? Mais tu serais aussi contraint ?
Alastor : Quand je passe un pacte avec un pécheur, je m'arrange pour ne pas être contraint, et en général, je prends son âme...
Moi : Ah, je vois... mais alors, ça n'a pas beaucoup d'intérêt. C'est même décevant.
Alastor s'étouffe légèrement, surpris par ma réaction.
Alastor : Tu plaisantes ? Avec un pacte, tu peux obtenir absolument tout ce que tu désires...
Moi : C'est justement ça le problème. Ce que je désire, je préfère le gagner par mes propres efforts. Je ne veux pas d'une solution miracle où tout m'est donné sans que je n'aie rien à faire. Ça n'aurait aucune valeur à mes yeux.
Un sourire incrédule se dessine sur le visage d'Alastor.
Alastor : Et toi, tu envisageais de passer un pacte ?
Moi : Ouais, mais honnêtement, je n'ai pas envie de vendre mon âme, même à vous, Monsieur Alastor.
Alastor esquisse un sourire amusé, et je me joins à lui.
Alastor : De toute façon, je vous aurai laissée définir les termes du contrat, même si ce n'est pas ma coutume, Mademoiselle Romane.
Je me ressaisis et décide de voir... si je peux rédiger les termes, je ne risque pas grand-chose si ? Et puis, si cela peut calmer son côté stalker....
Moi : Écoute, Alastor. Voici ce que je te propose : tu arrêtes de me suivre, tu cesses de me considérer comme quelqu'un de faible...
Alastor : J'y gagne quoi... ?
Il n'a pas tort... un pacte c'est apparemment donnant-donnant. Je dois trouver une solution, je me mets à tourner en rond sous le regard amusé de Bambi...Crétin tu pourrais ...
Moi : Attends... Et si, tu me disais ce que tu veux vraiment ?
Bambi se fige, complètement dérouté par cette proposition, reste silencieux, semblant même beuguer car il a un On Air. Faut que je le réveille...
Moi : Alastor ? Alastor ? Al ?!
Alastor sursaute et cligne plusieurs fois les yeux, reprenant conscience ...
Alastor : Ce ... ce que je veux ... tu l'as dit toi-même, darling. C'est mieux de l'obtenir au lieu que tu me l'offres...
Je soupire profondément, laissant échapper toute ma frustration. Demander de l'aide semble être une impasse. Mais malgré tout, je me demande ce que veut Alastor, si ce n'est pas mon âme... Mais trouver des termes qui conviennent à tous les deux semblent être un véritable défi.
Je m'effondre à côté de lui, laissant mes pensées tourner en rond. Sa légère moquerie résonne dans l'air, me rappelant mon impasse.
Alastor, d'un ton presque taquin : Pas facile de trouver les termes ?
Ma réponse est un soupir, exprimant à la fois mon découragement et mon embarras.
Moi : Je n'ai rien à te proposer, c'est cela le problème...
Le silence s'installe entre nous, pesant de toutes ses forces. Mais soudain, Alastor brise ce silence, ses mots résonnant dans l'espace.
Alastor : Moi je vois... Un jour.
Je penche la tête, perplexe. Un jour ? Un jour quoi ? Je me sens totalement déconcertée par cette proposition.
Alastor, continuant : Un jour par semaine, on fait comme avant-hier, on passe la journée ensemble...
Il émet un léger grésillement en disant cela, ce qui me laisse perplexe. Je pense que cela va embêter un peu si chaque semaine on doit organiser une sortie, et puis je ne suis toujours pas entraînée... Mon esprit se met en ébullition, essayant de trouver une réponse à cette offre inattendue. Je n'ai pas envie de le déranger et de prendre trop de son temps, même s'il ne semble pas trop occupé à ce que j'ai pu voir.
Moi : Par mois...
Alastor esquisse un sourire, retirant son monocle.
Alastor : D'accord, une fois par mois, mais j'ai le droit de demander à Shadow de te suivre si j'en juge la nécessité.
Comme s'il pensait que j'allais tomber dans le piège. Tu me connais mal, Bambi.
Moi : Hors de question, tu vas juger la nécessité tout le temps, et cela revient au même.
Un drôle de grimace traverse le visage d'Alastor, ce qui me fait rire. J'avais raison.
Alastor : Bien, je te demanderai autorisation avant alors... mais je veux que tu prennes cela.
Il sort le collier qu'il m'avait offert quand j'étais sous ma forme de chat et me le tend.
Alastor : Prends ceci. J'ai enlevé le mode GPS, mais si tu frottes la pierre, je saurai que tu m'appelles à l'aide et je saurai où tu es...
Moi, taquinant : Tu n'as pas vraiment enlevé le mode, tu as juste mis le bouton on/off.
Il me tend le collier et détourne le regard, manifestement gêné. Bon, cela semble lui tenir à cœur.
Moi : D'accord, alors récapitulons. Tu ne dois plus me sous-estimer ni me suivre sans mon autorisation. En échange, je porterai ce collier et je t'accorderai une journée par mois.
Alastor : je suis d'accord
Alors qu'Alastor me tend la main pour sceller notre accord, je remarque une lueur de surprise dans ses yeux démoniaques lorsqu'il sent mes doigts enserrer les siens, non pas sa main entière, mais seulement son petit doigt. C'est une coutume entre amis, un geste enfantin mais chargé de signification, que nous partageons dans cet instant unique. Cette légère surprise se mue rapidement en un sourire doux et reconnaissant, témoignant de son appréciation pour ce geste d'intimité amicale...
Une lueur intense de couleur verte envahit soudain la pièce, faisant danser des esprits lumineux dans toutes les directions. Alastor prend alors sa forme démoniaque, mais cela ne me surprend plus vraiment. J'ai appris à accepter cette part de lui, même si elle peut être intimidante pour d'autres.
Alastor : Contrat fait. N'oublie pas, tu ne peux pas y déroger.
Moi, d'un ton taquin : Toi aussi, je te signale.
Son sourire doux et réconfortant me fait rougir légèrement, mais je ne peux m'empêcher de l'apprécier. C'est un sourire qui révèle une facette plus humaine de ce démon, une facette que j'apprécie et que je suis reconnaissante de pouvoir le voir. Je peux même entendre sa queue de cerf taper contre le dossier, il y a quelque chose de charmant dans la manière dont il se comporte parfois, presque enfantin.
Alastor : Avec un immense plaisir.
Al me répond avec un sourire chaleureux qui fait battre mon cœur un peu plus vite. Mes joues s'embrasent tandis que je tente de garder mon calme.
Moi : Bien... bien je... je vais dans ma chambre me... me coucher.
Je me lève du canapé avec un empressement maladroit, essayant de paraître naturelle alors que mon esprit est en ébullition. Mais avant que je puisse m'éloigner, une douce voix me retient.
Alastor : Bonne nuit, Romane.
Son ton est doux, presque protecteur, ce qui ne fait qu'accentuer mon trouble.
Moi : Bon... bonne nuit.
Mes mots sortent avec une légère hésitation alors que je m'éclipse rapidement du salon. Arrivée dans ma chambre, je me sens à la fois soulagée et nerveuse. Allumé les lumières me procurent un faux sentiment de sécurité alors que je me glisse sous les couvertures.
Ai-je vraiment fait le bon choix en proposant ce marché à Alastor ? Mes pensées tournent en boucle dans ma tête, m'empêchant de trouver le sommeil. J'espère sincèrement ne pas avoir commis d'erreur en cherchant à apaiser ses craintes.
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