La Disparition de Romane ( pov alastor)
Depuis deux ou trois jours, l'hôtel a changé d'atmosphère avec l'arrivée de ces idiots. Ils n'ont rien de plus qu'une bande de bras cassés, des types qui, au mieux, feraient office de figurants dans ce monde infernal, et pourtant, ils semblent s'être fait une place ici bien plus rapidement que je ne le pensais possible. Ils traînent dans les couloirs, discutent dans les coins, et surtout... passent leur temps avec Romane. Et ça, je ne le supporte pas. Cette jalousie, cette colère irrationnelle... Tout ça bouillonne en moi, me ronge de l'intérieur.
Romane semble rire davantage, se confier un peu trop à eux, et à chaque éclat de rire qu'elle partage, une pointe de rage s'enfonce un peu plus profondément en moi. Ridicule ? Certainement. Je le sais bien, mais qu'y puis-je ? Il y a ce doute insidieux, celui que chaque échange qu'elle partage avec eux la rapproche davantage d'eux, la détourne un peu de moi.
Aujourd'hui, j'ai décidé d'agir. Je ne peux plus les voir occuper cet espace qui devrait nous être réservé. Ils sont tous rassemblés dans le salon, comme s'ils étaient chez eux. Une scène qui me répugne. Assis, étendus sur les fauteuils comme des rois, l'air bien trop détendu, Nathan et Axel parlent à voix basse, et je vois leurs regards narquois se tourner vers moi alors que j'approche..
Moi : Vous n'avez vraiment rien d'autre à faire ?
Ma voix tombe, glaciale, coupant l'air de cette pièce bien trop animée à mon goût.Axel lève les mains, son sourire habituel flottant sur son visage avec cette insupportable désinvolture.
Axel : Relax, Alastor. On discutait juste. Rien de bien méchant.
Moi : Je vous interdis de me tutoyer. Nous ne sommes pas amis. Si je vous tolère ici, c'est pour ma chère Romane.
Axel hausse un sourcil, un sourire amusé dans le coin de la bouche, comme s'il se retenait de rire.
Axel : Ma Romane, vraiment ?
Je sens le rire dans sa voix, comme un poison déguisé, prêt à me faire sortir de mes gonds. Nathan, à côté de lui, m'adresse un sourire moqueur qui m'irrite au plus haut point. Tout en lui appelle à la provocation, comme s'il espérait que je cède à cette rage qui brûle en moi depuis leur arrivée.
Nathan : Alors, vous, vous t'inquiétez qu'on vous pique votre précieuse Romane ?
Sa voix suinte d'insolence, d'un dédain calculé. Je serre les poings, luttant contre l'envie de leur effacer leurs sourires. Mais je ne leur donnerai pas cette satisfaction. Ils n'auront pas le plaisir de voir à quel point ils m'irritent.
Nathan : Sérieusement, Alastor, vous n'avez rien à craindre. Elle n'a d'yeux que pour Vous.
Il affiche un sourire moqueur, un peu trop sûr de lui.
Moi : Vraiment ?
Axel : Ça crève les yeux.( Il secoue la tête, un sourire désinvolte sur les lèvres). Elle passe son temps à te chercher du regard, même quand elle est avec nous. Et dès qu'on mentionne ton nom, elle sourit comme une gamine. C'est... évident, Alastor.
Je fronce les sourcils, une lueur de surprise et d'incrédulité m'envahissant. Ces mots... j'aurais dû les ignorer, mais ils ont un effet sur moi. Un poids que je ne savais même pas que j'avais semble se dissiper. Pourtant, je me garde bien de leur montrer quoi que ce soit.
Moi : Vraiment ? Vous êtes sûrs de ça ?
Je répète, mon ton plus froid, mais avec une pointe d'agacement que je ne peux pas totalement cacher.
Nathan : Vous n'avez qu'à la regarder, Alastor. Elle ne cache rien. Dès qu'on parle de vous, elle a cette lueur dans les yeux. Ça crève les yeux, même si elle essaie de le cacher.
Je sens une étrange chaleur envahir ma poitrine, un sentiment de soulagement qui me fait presque détester leur franchise. Mais je garde le contrôle. Ce n'est pas le moment de leur montrer quoi que ce soit.
Moi : Vous n'avez rien à me dire. Je vous conseille de ne pas trop vous mêler de mes affaires, compris ?
Je tourne la tête, tentant de dissimuler le léger éclat de satisfaction qui me traverse. Mais, malgré moi, je ne peux m'empêcher de les observer. Parce qu'au fond, même si je refuse de l'admettre... ça m'apaise un peu. Mais ce n'est pas à eux de le savoir.
Axel se redresse soudain, haussant un sourcil avec une curiosité évidente.
Axel : Mais d'ailleurs, on discute de tout ça, mais toi, tu dois savoir, non ? Pourquoi elle est ici, Romane ? Qu'est-ce qui l'a amenée en enfer ?
La question me surprend, mais je réponds sans hésiter. Je n'ai rien à cacher sur ce point-là.
Moi: Parce qu'elle a tué quelqu'un.
Un silence lourd s'installe immédiatement dans le salon. Je remarque l'incrédulité sur leurs visages. Ils ne s'attendaient pas à ça. Mais avant qu'ils puissent dire quoi que ce soit, une voix familière et ironique s'élève derrière moi.
Nina : Elle n'a jamais tué qui que ce soit, Alastor.
Je me retourne brusquement, et bien sûr, c'est Nina. Elle se tient là, les bras croisés, un sourire sarcastique aux lèvres.
Moi : Qu'est-ce que tu racontes ? je rétorque, un agacement évident dans ma voix.
Nina me dévisage, et je sens un frisson de colère me monter dans les veines.
Nina : Elle n'a jamais tué personne. Certes, elle est toujours bloquée dans la phase du marchandage, en deuil de ma grand-mère, donc elle se sent toujours coupable de ne pas avoir tenu sa promesse... mais elle ne l'a pas tuée. C'est notre génitrice qui l'a fait.
Je sens un éclat de surprise me traverser, mais je ne laisse rien paraître. Je serre les dents, une frustration grandissante bouillonnant en moi. Nina essaie de minimiser l'histoire de Romane, comme si elle pouvait simplement balayer la réalité d'un revers de main. Mais je sais que l'histoire du mafieux et de la vente au marché humain est bien plus complexe que cela. Je n'ai pas l'intention de la laisser réécrire l'histoire à sa manière.
Je croise les bras et la fixe, mon regard devenant plus dur.
Moi : Ce n'est pas de cette "personne" dont je parle, Mademoiselle, dis-je d'un ton ferme. C'est un mafieux, un type qui voulait la vendre au marché humain. Romane... elle n'a pas tué cet homme-là?
Je fais une pause, mes mots prenant tout leur poids.
Nina: Non Elle m'a raconté qu'elle n'a pas pu le faire. Elle a vidé son chargeur dans un arbre, mais elle ne l'a pas tué. Elle a fait tout ce qu'elle pouvait pour que cet enfoiré finisse dans un trou, mais tuer... elle ne l'a pas fait. Elle n'a jamais eu ce courage-là.
Nina me toise, ses bras toujours croisés, un air de défi dans ses yeux.
Nina: Elle n'a jamais eu le courage de tuer quelqu'un, répète-t-elle, son ton froid et catégorique. Oui, elle peut faire mal, elle sait se défendre, mais tuer... jamais. C'est sa règle numéro un.
Je fronce les sourcils, une question m'effleurant l'esprit. Une règle. Qu'est-ce que cette règle représente pour Romane, au juste ? Je suis intrigué, mais cela ne veut pas dire que je vais me laisser manipuler par ces mensonges.
Moi: La règle numéro un ? répété-je, un brin de perplexité dans la voix.
Nina me regarde avec un air de défi, comme pour s'assurer que je comprends bien ce qu'elle dit.
Nina : Oui, la règle numéro un. Jamais tuer. Elle peut défendre sa vie, se battre pour ceux qu'elle aime, mais tuer... c'est au-delà d'elle. Elle a juré de ne jamais franchir cette ligne. Peu importe ce qui se passe.
Je reste silencieux, absorbant ses paroles. Romane, refusant de tuer, même dans les pires situations... Cela me déstabilise, remet en question l'image que je me suis forgée d'elle. Peut-être que tout ce que je croyais savoir sur elle est plus complexe que je ne l'avais imaginé.
Moi : Et pourtant, elle me l'a dit.
Nina hausse un sourcil, comme si elle anticipait ma réponse.
Nina : Elle vous a dit de vive voix, « j'ai tué quelqu'un » ?
Je sens un nœud se former dans mon estomac. Une part de moi résiste à admettre ce qu'elle insinue, mais je dois être honnête.
Moi : Non.
Nina hoche la tête, l'air triomphant.
Nina : Voilà. Je connais bien ma sœur, moi. Elle vous a probablement laissé comprendre ce que vous vouliez croire. Mais elle n'a jamais franchi cette ligne, Alastor.
Son ton est sûr, et ses mots me dérangent plus que je ne veux le montrer. Peut-être ai-je projeté sur Romane des ombres qu'elle n'a jamais portées. Un malaise s'installe en moi, une impression que je ne saisis pas entièrement la personne qu'elle est, malgré le temps que nous avons passé ensemble.
Sans un mot de plus, je tourne les talons, ignorant les regards des autres. Ils me déplaisent, chacun d'eux, avec leurs sourires narquois et leurs airs de tout savoir. Leur présence ici me dérange, ils s'invitent dans un espace qui, pour moi, devrait être sacré, uniquement réservé à elle et moi.
Je monte les marches, mes pas résonnant lourdement dans l'escalier vide, tandis que leurs paroles s'entremêlent dans mon esprit, comme une vague persistante qui refuse de s'effacer. Je pensais tout savoir de Romane, ou en tout cas, comprendre pourquoi elle était ici. L'idée que, pour survivre, elle ait pu ôter une vie, en légitime défense... c'était la seule explication qui me semblait logique. Mais Nina, avec cet air supérieur et ces certitudes, a remis en cause toutes mes hypothèses.
"Elle n'a jamais tué personne," m'a-t-elle dit, sûre d'elle. "Elle n'en serait pas capable."
Alors pourquoi est-elle ici, en enfer, avec moi ? Si elle n'a commis aucun crime, aucune transgression suffisante... alors que cache-t-elle ? Et pourquoi n'a-t-elle jamais ressenti le besoin de me le dire, à moi ?
Je m'arrête, le souffle un peu court, sur le toit où se trouve ma tour. Mais l'idée de rester là, dans ma solitude, face à mes doutes et à l'incertitude qui monte en moi, m'est insupportable. Je veux des réponses. Besoin de les entendre de sa bouche, de comprendre ce que tous ces non-dits dissimulent.
Avec un élan soudain, je pivote, redescendant les quelques marches qui me séparent de son couloir. En silence, je parcours les quelques pas qui me séparent de sa porte. Là, devant moi, se dresse la porte de sa chambre, close, comme une barrière entre elle et moi. Mon poing se lève, hésite un instant, suspendu dans l'air. Je ressens une étrange appréhension — une peur sourde de ce que je vais découvrir, de ce que je pourrais ressentir en entendant ses réponses.
Enfin, je frappe doucement, mais fermement, le bruit résonnant dans le silence du couloir.
J'attends, tendu, chaque seconde s'étirant, mon poing toujours suspendu en l'air. Mais aucune réponse ne me parvient. J'essaie d'écouter un bruit, un mouvement, le moindre signe de sa présence de l'autre côté de cette porte close.
Je frappe à nouveau, agacé cette fois, me penchant plus près.
Moi : Romane ? Darling, c'est moi. J'aimerais qu'on discute.
Toujours rien. Je serre la mâchoire. Depuis ce matin, elle s'est enfermée ici après une énième dispute avec Nina. Apparemment, Nina n'a pas pu s'empêcher de toucher un point sensible, une de ses spécialités, semble-t-il.
L'agacement se mélange à une pointe d'inquiétude.
Moi : J'entre.
Je tente la poignée, mais elle résiste. Verrouillée. Évidemment. Je soupire, mais un frisson me parcourt. Ce silence me met mal à l'aise. Ce n'est pas dans ses habitudes de ne rien dire, pas après que j'aie frappé deux fois à sa porte. Je secoue la poignée une dernière fois, mais toujours aucune réponse.
Ma patience cède sous le poids de cette inquiétude. Je frappe la porte d'un poing ferme, sans aucune réponse de l'intérieur. Alors, sans hésiter davantage, je recule d'un pas, puis m'élance, enfonçant mon épaule contre la porte. Le bois cède avec un craquement, s'ouvrant sous la force de l'impact.
L'intérieur de la chambre est plongé dans une semi-obscurité, les rideaux tirés, un silence épais et pesant régnant sur la pièce. Mon regard balaye chaque recoin, cherchant une trace d'elle, une explication à son absence de réponse.
Je tends la main et tâte le mur jusqu'à trouver l'interrupteur. Lorsque la lumière inonde enfin la pièce, une scène chaotique se dévoile, me glaçant sur place.
Le bureau de Romane, habituellement si bien ordonné, est renversé, la chaise jetée au sol, comme si elle avait été poussée avec force. Mon regard parcourt la pièce, capturant chaque détail, jusqu'à ce qu'il s'arrête net sur un objet familier. Parmi les éclats de verre brisés, repose un fin collier noir, orné en son centre d'un grand rubis. Celui que je lui ai offert, celui qui incarne notre lien... et qui devrait aussi me permettre de la retrouver où qu'elle soit. Voir ce bijou ainsi abandonné et brisé m'emplit d'une rage et d'un malaise viscéral.
Le plateau d'échecs, autrefois soigneusement disposé, est retourné, les pièces éparpillées sur la table basse et au sol, témoins muets d'une lutte désespérée.
Mais le pire est encore à venir : une tâche de sang écarlate macule le sol, sinistre et menaçante, s'étirant dans une traînée qui mène à la porte-fenêtre. Le verre de celle-ci est brisé, des éclats jonchant le sol, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, comme si quelqu'un avait été traîné ou jeté violemment à travers. Là encore, des traces d'un liquide étrange parsèment le sol, ajoutant une note de mystère terrifiante à cette scène cauchemardesque.
Une colère noire et violente s'empare de moi, et au-delà de cette fureur, une inquiétude qui me dévore. Quelqu'un a osé pénétrer ici, dans son espace, et l'a emportée. Je serre les poings, jurant silencieusement que je ne me pardonnerai jamais cet échec de protection.
Moi : Trouvez-la, ordonné-je d'une voix glaciale aux ombres qui se meuvent autour de moi, prêtes à ratisser chaque recoin de l'enfer pour me ramener Romane.
À peine mes ombres s'élancent-elles que des bruits de pas précipités retentissent dans le couloir. Je me retourne, et là, dans l'encadrement de la porte, se tient Nina, essoufflée, les yeux écarquillés d'inquiétude.
Nina : Pourquoi as-tu envoyé tes ombres ? Que s'est-il passé ici ?
Son regard balaie la pièce, s'attardant sur le chaos : la chaise renversée, le collier brisé, le plateau d'échecs éparpillé, et la traînée de sang qui souille le sol. Ses yeux s'élargissent alors qu'elle prend pleinement conscience de l'ampleur de ce qui s'est produit ici. Lorsqu'elle relève enfin les yeux vers moi, je vois un mélange de terreur et de culpabilité sur son visage, qui me glace encore davantage. Elle comprend, comme moi, que quelque chose de grave s'est produit.
Nina : Oh merde...
Sa voix tremble, un frisson de panique l'envahit, et dans un mouvement précipité, elle se tourne et s'élance vers les escaliers, courant à toute allure, comme si la situation lui échappait complètement. Je la vois disparaître dans l'ombre du couloir, son dos s'éloignant à toute vitesse.
Je la fixe un instant, les poings serrés. Cette scène, cette violence... je ne peux pas la laisser ainsi.
Je serre les dents, le regard dur. Je vais faire payer à ceux qui ont osé faire ça, peu importe qui ils sont. Ils vont regretter de m'avoir provoqué.
L'inquiétude se mêle à la rage, un tourbillon qui me dévore de l'intérieur. Mais une seule chose est claire : je n'arrêterai pas avant d'avoir retrouvé Romane, et ceux qui sont responsables de ce carnage ne m'échapperont pas. Pas cette fois.
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