L'Heure de l'Action (pov Alastor)


Je n'ai trouvé aucune trace. Rien. Pas un indice, pas un souffle de ce qui pourrait me guider vers elle. J'ai arpenté chaque recoin de ce lieu défiguré, chaque ombre épaisse et nauséabonde, cherchant désespérément un signe, aussi infime soit-il, qui pourrait me donner un peu d'espoir. Les ruelles désertes, couvertes de déchets en décomposition, les égouts remplis de miasmes insoutenables, les recoins sombres et sordides que même les âmes les plus perdues n'osent effleurer. 

J'ai fouillé chaque repli de ce monde en déliquescence, scruté chaque fissure, chaque mur, comme un fauve affamé qui sent la présence de sa proie mais ne parvient pas à l'attraper. Mais tout ce que j'ai trouvé, c'est le vide.

 Un vide glacé et oppressant, qui engloutit chaque espoir, chaque pensée. Un gouffre sans fond où je ne trouve ni réconfort ni direction. Aucune piste, aucun signe, rien qui me permette de croire que j'étais sur le bon chemin. Elle s'est volatilisée, comme si elle n'avait jamais existé. Et moi, je suis là, comme un idiot, figé dans cette merde d'Enfer, sans but ni repère, seul dans ma défaite. Ce sentiment d'impuissance, c'est ce qui me consume le plus.

 À chaque seconde qui passe, un peu de ma force m'échappe, écrasée par la lourdeur de l'échec qui me colle à la peau. C'est un fardeau que je ne parviens plus à porter, un poids qui me brise, qui me ronge de l'intérieur.

Je fais les cent pas, mes poings se serrant et se desserrant à une vitesse frénétique, mes nerfs à vif, chaque fibre de mon être tendue au maximum. Ça monte en moi, ça gronde, ça se tord comme une bête prête à se déchaîner. La frustration me dévore, la colère me brûle de l'intérieur, et la peur, cette peur insidieuse, se faufile dans mes entrailles. Tout ça se mélange dans un tourbillon incontrôlable, une tempête prête à tout engloutir. Je sais que je suis sur le point de céder, que cette fois, il n'y a pas de retour en arrière. Ça va exploser. C'est inévitable.

Et là, je la sens. La présence de Nina, silencieuse mais pesante. Elle s'approche lentement, comme une ombre qui me suit, mais je n'arrive pas à m'arrêter, à calmer cette rage qui m'habite. Elle essaie, elle tente de m'atteindre, de poser ses mains sur cette bête en moi, mais ça ne marche pas. Pas cette fois.

Je la vois maintenant. Elle est là, juste à côté de moi, et ses yeux, ces yeux perçants, savent exactement ce qui se passe dans ma tête. Elle sait que je suis sur le point de tout faire sauter, que la moindre étincelle pourrait m'envoyer dans une folie irréversible. Mais elle ne parle pas d'une voix douce, rassurante, comme certains pourraient l'imaginer. Non, Nina n'est pas de ce genre-là. Elle n'a pas de patience pour ça. Sa voix, dure et autoritaire, brise le silence avec la force d'un coup de tonnerre.

Nina : « Alastor, tu te calmes ! » 

Sa voix résonne, nette et précise, sans la moindre hésitation. Elle n'a aucune peur de m'affronter, de me secouer. Ses mots frappent comme des gifles, percutants, sans ménagement. 

Nina : « Tu crois que crier et tout casser va changer quoi que ce soit ? » Elle s'interrompt, me fixant de ses yeux glacés, sans faiblir.

Nina :  « Ça ne fait qu'empirer les choses ! »

 Et ses mots, durs et tranchants, martèlent l'air entre nous comme des coups de poing. Chaque syllabe résonne en moi, mais ma colère, mon impuissance, tout est trop fort, trop lourd. Je suis comme un navire pris dans une tempête, incapable de m'ancrer, d'entendre quoi que ce soit au-delà du tumulte intérieur qui me dévore. Chaque seconde passée à tourner en rond, à chercher sans fin, à ne rien trouver, me plonge un peu plus dans cet abîme de rage qui m'empêche de respirer.

Je sais, je le sais. Mais c'est comme si cette colère, ce feu brûlant, était le seul moteur qui me maintenait en vie. C'est tout ce qu'il me reste, et j'ai peur que si je le laisse partir, je me perde définitivement. Tout ce que je veux, c'est retrouver Romane. La sortir de cet enfer, la sauver de ce piège qu'ils lui ont tendu. Mais chaque piste que je suis, chaque indice que je croyais solide, m'amène à une impasse. Même dans les recoins les plus sombres de ma recherche, là où je pensais trouver une réponse, je reste bloqué, les mains vides. C'est comme si le monde entier se liguait contre moi, comme si l'univers lui-même refusait de me laisser la retrouver.

Je le sais au fond de moi. C'est ma faute. Je n'ai pas été à la hauteur. Je n'ai pas su la protéger comme il le fallait. J'étais censé être là, à ses côtés, pour l'empêcher de tomber, pour la garder en sécurité. Et maintenant, elle est perdue, quelque part dans les ténèbres, et je suis là, à tourner en rond, impuissant.

Elle a raison. Elle a toujours raison. Il n'y a rien d'autre à faire pour l'instant. Rien d'autre que d'attendre. Attendre que ceux qui l'ont enlevée fassent leur mouvement suivant. Attendre une demande de rançon. C'est ce qu'ils attendent, n'est-ce pas ? C'est la seule pression qu'ils ont encore pour obtenir ce qu'ils veulent de moi. C'est tout. Un jeu de patience cruel, où chaque minute me semble une éternité.

Mais alors que je commence enfin à accepter cette réalité, à laisser l'idée de l'attente envahir mon esprit, quelque chose se passe. L'impensable. Un événement qui fait vaciller tout ce que je croyais savoir, tout ce que j'avais accepté comme une vérité.

Husker tendit un verre d'alcool, le liquide ambré brillant sous la lumière pâle. Il l'offrit aux autres, et je vis chacun l'accepter à son tour, les yeux baissés, comme s'ils savaient qu'il n'y avait rien d'autre à faire. Les gestes étaient mécaniques, presque automatiques, comme si la boisson était le seul remède à notre impuissance collective.

Je n'avais pas envie de boire. Pas cette fois. Peut-être que ce verre m'offrait un semblant de réconfort, mais cela ne changerait rien à la réalité. Rien ne me rapprochait de Romane, rien ne me permettait de l'atteindre, et ce verre, aussi réconfortant soit-il pour certains, ne m'offrirait rien d'autre que l'oubli temporaire de ce vide immense dans lequel je me perdais.

J'avais essayé de me battre autrement. J'avais sollicité les amis de Romane, leurs robots, leur technologie... mais tout semblait inutile. Les efforts se sont multipliés, mais aucun indice ne m'a mené plus près d'elle. Tout ce que j'avais récolté était une déception cuisante, une sensation de vide de plus en plus pesante à chaque nouvelle tentative.

La télévision s'allume brusquement, le son déchire l'air et me coupe dans ma réflexion. L'image qui apparaît me frappe de plein fouet, me clouant sur place. Romane. Elle est là. Attachée à une chaise, les poignets solidement enchaînés, son corps inerte, comme un pantin désarticulé. Elle semble si fragile, si brisée, les yeux à moitié fermés, comme si l'ensemble du monde autour d'elle n'était plus qu'un brouillard lointain et indifférent. Cette image me glace, me fige, mais aussi me déchire. J'ai l'impression d'être pris dans une autre dimension, un cauchemar dont je ne peux pas m'échapper.

Et eux. Ces monstres. Vox, Valentino, Velvet, et bien sûr, Lucas. Tous là, autour d'elle. Leurs visages se tordent dans des sourires malsains, des sourires qui défigurent l'humanité en eux. Ils semblent prendre un plaisir pervers à la souffrance qu'ils lui infligent. Leurs yeux pétillent de satisfaction, comme si la douleur de Romane était le seul spectacle qui mérite d'être regardé. Mon estomac se serre, une nausée violente m'envahit. Je suis à deux doigts de perdre pied.

Je vacille, mon cœur se serre dans ma poitrine comme si on venait de m'enfoncer une lame brûlante. Un éclair de rage pure, incontrôlable, traverse chaque fibre de mon être. C'est tout ce que j'ai, tout ce que je ressens. Un feu dévorant, une bête en moi prête à exploser. Mon corps tremble sous l'intensité de cette douleur, mais je reste là, figé, avec l'image de Romane souffrante dans les yeux. C'est trop. C'est insupportable. J'ai envie de hurler, de tout détruire, de les faire souffrir, eux, ces monstres.

Et c'est alors, dans cette torture insupportable, que la voix de Vox brise le silence. Sa voix. Moqueuse. Dédaigneuse. Cinglante. Elle traverse l'écran avec une facilité déconcertante, pleine de mépris, comme une claque qui me cloue au sol.

Vox: « Ne me dis pas que tu ressens quelque chose pour ça. »

"Ça", ce mot, glissé entre ses lèvres comme si Romane n'était qu'un objet, une chose sans âme, sans valeur. Comme si elle n'était qu'une chose à abandonner, une créature déformée et sans importance. Ses mots me frappent de plein fouet, me font tanguer. Le mépris qu'il déverse sur elle, sur sa souffrance, me ronge de l'intérieur. Il ne voit même pas la personne qu'elle est, le courage qu'elle porte en elle, le cœur qu'elle a. Non. À ses yeux, elle n'est rien d'autre qu'un jouet, un corps sans âme qu'il peut manipuler à sa guise.

Je serre les poings jusqu'à ce que mes ongles m'enfoncent la peau, la douleur étant la seule chose capable de me maintenir encore un peu en contrôle. Mon esprit est un tourbillon de rage et de haine, chaque pensée me poussant à aller plus loin, à tout détruire. Mais au milieu de ce chaos, une vérité s'impose : Romane n'est pas ça. Elle n'est pas ce qu'ils veulent la faire devenir, une ombre sans âme, une créature brisée. Elle est bien plus que ce qu'ils essaient de lui imposer. Et je vais leur faire payer de l'avoir réduite à ce point, de l'avoir traitée comme une marionnette, un simple objet de leur amusement. Je ne vais pas les laisser gagner, pas cette fois.

Ce sourire. Ce putain de sourire. Ce ton moqueur, cruel. C'est la goutte d'eau. La rage explose en moi comme une déflagration. Je n'y peux rien. C'est comme si toute ma volonté, toute ma retenue se brisaient d'un coup. Je veux hurler, attaquer, frapper, tout détruire autour de moi. Mais avant que je puisse réagir, une voix m'arrête. La voix de Lucas. Elle traverse le haut-parleur, froide et calculatrice, avec un mépris palpable.

Vox: « Calme-toi, Alastor. »

Il semble se délecter de mon état, de me voir dans cet excès de colère et de douleur. Je suis en train de me détruire à petit feu, et lui, il trouve un plaisir pervers à me pousser encore plus loin, à me faire couler plus bas, comme s'il savourait chaque instant de ma souffrance. Il sait que tout ça me brise. Mais il n'a pas idée à quel point il est en train de jouer avec le feu.

Vox : « Écoute bien. »

Les mots de Vox résonnent dans l'espace, glaçant l'air autour de moi. Je suis figé, pris dans l'étau de mes émotions, trop de haine, trop de douleur, et une rage qui ne demande qu'à exploser. Mais malgré tout, j'écoute. Parce que je n'ai pas le choix.

Il lance les conditions, et tout devient encore plus réel, plus insupportable. Romane... C'est elle qui est en jeu, et tout ce que j'ai vécu me frappe en plein cœur. Ce prix qu'ils veulent. Les Raibowns. Nina, Angel et moi. Si on ne répond pas à leur demande... ils effaceront Romane. Elle deviendra un souvenir. Un putain de souvenir.

L'adresse apparaît à l'écran. Une adresse qui signifie tout et rien à la fois. C'est là que tout va se jouer. Je fixe l'écran avec une intensité qui me brûle la peau. Il n'y a pas de retour en arrière. Je vois Lucas, son sourire satisfait, presque triomphant.

Puis Lucas prend la parole. Il se moque de nous, de moi, de Nina. Je vois son sourire carnassier, il sait à quel point il est en train de me faire vaciller. Ce connard est en train de savourer ma douleur.

Lucas : « Alors, Nina... Tu pensais vraiment pouvoir tout contrôler, hein ? »

Il n'a même pas besoin de dire plus. Ses mots sont des aiguilles dans ma peau, chaque syllabe s'enfonçant plus profondément. Il se joue de nous, de ses manipulations et de notre incapacité à empêcher ce qui se passe.

Je sens l'air devenir plus lourd, la rage me dévorant tout entier. Mais, avant que je puisse réagir, Nina prend la parole. C'est un cri étouffé, mais chaque mot qu'elle lance est empli de colère.

Nina : « Tu crois qu'on va se laisser faire ? Tu crois que j'ai échoué à ce point ? »

Je la vois, son visage durci par la colère, ses mains se fermant en poings. Elle a échoué, elle le sait. Elle a toujours voulu protéger Romane. Toujours. Depuis leur enfance. Et là, face à la réalité, elle a vu son monde s'effondrer. Elle a vu Romane se faire capturer, et maintenant, elle se sent responsable. Mais elle ne veut pas l'admettre.

Lucas, ricanant, continue, le sourire toujours aussi dégueulasse sur son visage. Il veut nous humilier, nous briser encore plus.

Lucas : « Ah, mais Nina, tu voulais tellement la protéger, n'est-ce pas ? Et regarde où ça t'a mené. Elle est à nous maintenant. Tu as échoué. Tu sais ce qu'on fait avec ceux qui échouent, n'est-ce pas ? »

La moquerie dans sa voix, ce ton détestable... ça me fait exploser. Je suis à deux doigts de tout envoyer valser, de tout démolir autour de moi. Mais Nina, elle, se tient là, les yeux pleins de feu. Elle va craquer. Je le sens. La rage se lit sur ses traits, et je sais qu'elle est prête à tout pour sauver Romane.

Nina : « Tu n'as aucune idée de ce que tu viens de faire, Lucas. Je vais te faire regretter de t'être attaqué à elle. »

Sa voix est glaciale, mais je sens sous ses mots la douleur, l'échec, et une détermination dévorante. Elle ne l'admettra jamais, mais elle aussi, elle a besoin de ça. Elle a besoin de se racheter. De réparer ce qu'elle considère comme sa faute.

Et moi ? Moi, je me tiens là, observant cette scène comme un spectateur impuissant. J'ai toujours voulu la protéger, elle. Romane. Et maintenant, tout est en train de nous glisser entre les doigts. Mais je vais les retrouver. Je vais les retrouver.

Lucas, amusé par notre souffrance, conclut, son sourire arrogant plus large que jamais.

Lucas : « Alastor, Nina... Je vous attends. Ne soyez pas en retard. »

Ses mots claquent comme des menaces, mais au fond, ils sont vides. Car je sais ce que je vais faire. Peu importe les pièges qu'ils ont tendus, peu importe leur arrogance. Romane est ma priorité.

Et rien, absolument rien, ne m'empchera de la retrouver.

Velvet: « Si vous voulez la récupérer, soyez à l'heure. Sinon, elle ne comptera plus. »

Je serre les poings, incapable de répondre, mais une promesse brûle en moi. Ils paieront.

Un silence lourd s'installe, avant que Lucifer ne brise enfin l'atmosphère pesante, avec une question pleine de confusion.

Lucifer : « Eum... c'est qui les Raibowns ? »

Sa voix est hésitante, comme s'il cherchait à saisir un peu mieux la situation. Je ne peux pas lui en vouloir. Moi aussi, je ne comprends pas vraiment ce que ce nom signifie. Je ne me souviens pas que Romane m'en ait parlé... Raibowns...

Nina lève la main d'un geste précis. Rien de superflu dans son mouvement, juste l'habitude d'aller droit au but. Elle balaie ensuite le reste du groupe du regard, comme si elle faisait un appel silencieux. Son regard se pose un instant sur Lucifer, mais il est déjà tourné vers les autres.

Nathan : « C'est notre nom de groupe. »

Il le dit, mais il y a quelque chose d'autre dans sa voix, un poids dans ses mots que je n'arrive pas à expliquer.

Axel : « Putain, j'y crois pas... juste devant nos yeux... »

Axel, lui, semble totalement perdu, abasourdi. Il ne trouve même pas les mots pour exprimer ce qu'il ressent. On dirait qu'il essaie de comprendre la situation tout en étant incapable de l'accepter. 

Diane : « On rentre dans le tas. »

Diane, apparemment décidée, réagit presque immédiatement. Elle semble prête à foncer dans le vif du sujet, à attaquer sans se poser trop de questions. Je ne sais pas encore si c'est la meilleure option, mais je ressens l'énergie qui émane d'elle, la volonté d'agir.

Aline : « Ou... on... on devrait peut-être négocier. C'est dangereux si on fonce tête baissée ainsi. »

Aline, plus calme, semble réfléchir avant d'agir. Elle analyse la situation, cherchant peut-être un moyen de minimiser les risques. Elle propose une alternative, mais la situation est trop pressante pour se permettre de perdre du temps à discuter.

Kath : « Qu'est-ce qu'on fait ? »

Kath, fidèle à sa réputation de calme, pose la question qui plane au-dessus de nos têtes. Tout le monde attend une réponse. Moi y compris. Mais, en réalité, je n'ai pas besoin de réfléchir plus longtemps.

Moi : « On y va maintenant. »

Le ton est décidé. Je n'ai pas le temps pour les hésitations. Romane doit être sauvée, et tout ce qui se met en travers de mon chemin devra payer. Aucun délai, aucune hésitation. Il est temps d'agir.

Mais soudain, Nina interrompt l'élan, comme si elle voulait poser un frein à l'urgence qui nous envahit tous.

Nina : « Attends ! »

Je me fige un instant. Elle ne dit rien de plus, mais je vois bien que quelque chose la tracasse. Un avertissement ? Une inquiétude ? Je l'ignore pour l'instant, mais je sais que cela doit avoir un rapport avec elle, avec Romane, et leurs liens. Peut-être qu'elle veut nous faire prendre en compte un facteur que je n'ai pas encore vu. Mais tout ce que je vois, c'est Romane, et je sais ce que je dois faire.

Je la fixe, attendant qu'elle prenne la parole, mes pensées déjà tournées vers la mission.

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