L'Évasion (Pov Romane)


Les jours s'égrènent dans l'obscurité suffocante de ma cellule, chaque minute s'étirant comme un fil de temps éternel. Les murs dénudés, imprégnés de froid et d'humidité, semblent être mes seuls confidents dans cet isolement lugubre. Leurs ombres s'étirent tels des spectres dansant au rythme du silence pesant, enveloppant l'espace dans une atmosphère de désolation infinie. Seules les gouttes d'eau perlant du plafond troublent ce silence, tombant avec une régularité lancinante, leur écho vibrant dans l'obscurité comme un sombre hymne à ma solitude. Chaque goutte semble marquer le passage des heures, résonnant comme autant de rappels lancinants de mon enfermement.

Je me nourris des maigres rations apportées par des anges anonymes, des figures éthérées qui ne prononcent jamais un mot. Chaque fois qu'ils ouvrent la porte pour me donner de la nourriture, je sens leur hésitation, leur peur. Ils sont manifestement mal à l'aise en ma présence, craignant peut-être que je ne les attaque, même si je suis solidement enchaînée.

À maintes reprises, j'ai été confinée dans des cellules sombres, dépouillée de mes armes à l'exception de mon collier. Mais, en dépit de mes supplications, Pearl n'a jamais répondu à mon appel. Cette obscurité familière, oppressante, me rappelait chaque fois le sentiment d'impuissance qui m'envahissait. Cependant, même dans ces moments où la lumière semblait s'éteindre, ma détermination à résister ne fléchissait pas. Même sans mes armes habituelles, même sans Pearl à mes côtés, je restais résolue à trouver un moyen de m'échapper et à poursuivre mon combat pour la vérité et la justice.

Le seul moment de véritable interaction vient lorsque Sera descend pour me voir. Son arrivée est toujours annoncée par le cliquetis des clés et le grincement de la porte rouillée. Chaque visite est une épreuve de volonté, un duel silencieux entre nous, marqué par des échanges de regards et des paroles chargées de tension.

Lors d'une de ces visites, Sera entre dans la cellule avec une expression plus grave que d'habitude. Ses yeux, d'habitude si impénétrables, reflètent une lueur d'inquiétude.

Sera : "Romane, j'espérais que tu aurais réfléchi à ta situation."

Moi : "Réfléchi ? À quoi bon ? Tu m'as trahie, Sera. Tout ce que je vois, c'est une prison et des chaînes. Vous m'avez même enlevé toutes mes armes, jusqu'à mon précieux collier."

Sera s'approche de moi, s'accroupissant pour être à ma hauteur. Ses ailes pervenche s'étendent majestueusement derrière elle, contrastant avec l'austérité de la cellule.

Sera : "Je sais que tu ressens de la colère, et je comprends pourquoi. Mais tu dois voir au-delà de ta rage, comprendre que tout cela est nécessaire."

Moi : "Nécessaire pour qui ? Pour toi ? Pour maintenir ton contrôle ?"

Sera : "Pour maintenir l'ordre, Romane. Le paradis ne peut pas exister sans équilibre. Ces démons que tu voulais protéger sont une menace pour cet équilibre."

Moi : "Tu parles d'équilibre, mais ce que je vois, c'est de la tyrannie. Vous détruisez ce que vous ne comprenez pas, ce que vous craignez."

Sera se redresse, croisant les bras, son regard se durcissant.

Sera : "Peut-être que tu ne comprends pas pleinement ce que sont ces démons. Leur essence même est la corruption et le chaos. Ils ne peuvent pas être sauvés, Romane. Tu dois accepter cela."

Moi : "Et qui décide de cela ? Toi ? Les autres anges ? Qui vous a donné ce droit ?"

Sera : "Nous avons été choisis pour protéger cet univers, Romane. Ce n'est pas un choix que nous faisons à la légère. Chaque décision est prise pour le bien commun."

Je laisse échapper un rire amer.

Moi : "Le bien commun, hein ? Tu parles comme une despote, Sera. Tu utilises ta position pour justifier des actes inhumains. Ce n'est pas de la protection, c'est de la domination."

Sera : "Romane, tu es une âme exceptionnelle, mais ta vision est obscurcie par ta compassion aveugle. Parfois, pour protéger les innocents, il faut prendre des mesures difficiles."

Moi : "Je n'autoriserai jamais cette purge, Sera. Vous n'avez pas le droit de décider qui vit et qui meurt. Chaque vie, même celle d'un démon, a de la valeur."

Sera reste silencieuse un moment, puis elle se détourne, se dirigeant vers la porte.

Sera : "Réfléchis à ce que je t'ai dit, Romane. Ta colère ne te mènera nulle part. Tu as encore une chance de comprendre et d'accepter la vérité."

Elle quitte la cellule, me laissant à nouveau seule avec mes pensées. Ses paroles résonnent en moi, mais elles ne font que renforcer ma détermination. Je dois trouver un moyen de m'échapper, de découvrir la vérité par moi-même. Et je sais que, malgré les chaînes qui me retiennent, mon esprit et ma volonté restent libres.

Les jours suivants, je continue à observer et à écouter, cherchant des failles dans leur surveillance. Chaque visite de Sera, chaque interaction avec les anges qui m'apportent de la nourriture, est une opportunité d'en apprendre plus, de trouver une ouverture.

Finalement, une nuit, le grincement familier de la porte de ma cellule se fait entendre. Mais cette fois, quelque chose est différent. Une silhouette s'avance timidement, les clés tremblant dans ses mains. Un ange m'a libérée d'elle-même, pensant que endormis, puis s'est éloigné. Mais alors qu'il se croit en sécurité. Je décide d'agir. Bondissant, je saisis l'ange par le cou, l'immobilisant au sol. Mais en croisant son regard, je reconnais Emily, les yeux baignés de larmes.

Emily : "Romane, s'il te plaît... arrête..."

Ses paroles sont un souffle, un mélange de peur et de tristesse. Je relâche ma prise, la laissant respirer. Emily se redresse lentement, essuyant ses larmes avec ses manches.

Moi : "Emily... qu'est-ce que tu fais ici ?"

Emily : "J'ai entendu tes discussions avec Sera. J'ai découvert la vérité sur la purge... Je ne pouvais pas rester sans rien faire."

Moi : "Tu ignorais tout de ça ?"

Emily hoche la tête, ses yeux remplis de douleur et de confusion.

Emily : "Oui... je croyais que nous étions ici pour protéger, pas pour détruire. Quand j'ai appris ce qu'ils faisaient, j'ai su que je devais te libérer."

Mon cœur se serre en voyant son désarroi. Malgré tout ce qu'elle a appris, elle a trouvé le courage de venir m'aider. Je prends une profonde inspiration, réfléchissant à la suite.

Moi : "Merci, Emily. Mais je prends toute la responsabilité. Je vais faire croire que je me suis évadée seule. Toi, tu n'as rien à voir là-dedans."

Dans un mouvement rapide et déterminé, je me suis saisie des barreaux de la cellule, les pliant avec une force surprenante. Les métaux se tordaient sous mes mains, cédant à ma volonté. Puis, avec la même détermination, j'ai saisi la chaîne dorée qui m'entravait, la tordant jusqu'à ce qu'elle se brise. L'illusion de mon évasion était parfaite, les éléments de ma prison désormais distordus, faisant croire à mon départ présent.

Emily : "Romane, je..."

Moi : "Non, écoute. Je vais avoir besoin de quelques informations. Comment aller en enfer ? Quel jour sommes-nous ?"

Emily me donne les informations nécessaires, son visage empreint de détermination. Pendant tout ce temps, je remarque qu'Emily se balade avec un drôle de sac qui jure avec sa robe céleste, mais je n'y prête pas trop attention.

Moi : "Merci, Emily. Je dois y aller."

D'une démarche déterminée, je me suis dirigée vers la chambre de Michel, ce lieu où j'avais croisé maintes fois le visage de cet ange studieux. Les échos des conversations sur son livre, censé recenser tous les noms des âmes célestes, résonnaient encore dans ma mémoire. C'était une source de fascination pour beaucoup, une sorte de répertoire divin, où chaque nom semblait être gravé dans l'éternité.

Pénétrant silencieusement dans la chambre de Michel, je suis accueillie par une scène inattendue : lui et une charmante compagnie étaient profondément endormis. Leur tranquillité contrastait avec l'agitation de mon esprit alors que je me tenais là, hésitante, déterminée à récupérer le livre.

Avec précaution, j'ai approché du lit où ils reposaient, veillant à ne pas perturber leur sommeil. Dans l'obscurité tamisée de la chambre, le livre repose sur une table à proximité, comme un artefact sacré attendant d'être exploré. Mes doigts tremblants se sont glissés autour de la reliure, tandis que je l'ouvre avec une fébrilité contenue.

Feuilletant les pages avec une attention intense, je cherche frénétiquement le nom de ma grand-mère parmi les lignes de ce registre divin. Mais alors que je progresses, l'absence de son nom devenait de plus en plus évidente, exacerbant mes émotions déjà en ébullition.

Face à ce silence troublant, la frustration s'immisce dans mon cœur, se mêlant à une confusion grandissante. Pourquoi son nom ne figurait-il pas ici, parmi les élus du paradis ? Cette omission suscitait en moi un mélange de colère et de perplexité, mais aussi un désir ardent de comprendre... pourquoi ?

Avec un soupir résigné, je referme le livre, laissant derrière moi cette chambre silencieuse et ses secrets enfouis, pour poursuivre ma quête.

Je commence à courir vers le portail, mais Emily me suit de près, me criant d'attendre. Sa voix est chargée d'émotion, et je sens son désespoir dans chaque mot.

Emily : "Attends, Romane ! Même si tu vas en enfer, tu seras toujours un ange tant que personne ne te jette du paradis."

Je m'arrête brusquement et me retourne pour la regarder. Son visage est empreint de douleur et d'inquiétude, mais aussi d'une détermination farouche. Elle croit en moi, en ma mission, et elle est prête à m'aider jusqu'au bout. Je lui souris, une tristesse douce-amère dans le regard.

Moi : "Emily, as-tu une arme ?"

Un peu mal à l'aise, elle fait apparaître une lame et me la tend. Je prends une profonde inspiration, sachant ce que je dois faire. La douleur qui va suivre est nécessaire, un sacrifice pour ma liberté et ma mission.

Moi : "Merci, Emily. Je dois te dire au revoir maintenant."

Je prends la lame avec détermination et, d'un coup précis, je coupe mes ailes. La douleur est fulgurante, un éclair de souffrance qui traverse tout mon corps. Je lutte pour ne pas crier, pour ne pas montrer ma faiblesse. J'arrache ensuite mon auréole et la jette loin de moi, refusant ce symbole de ce paradis corrompu.

Emily pousse un cri horrifié, ses larmes redoublant.

Emily : "Romane, non ! Pourquoi fais-tu ça ?"

Moi : "Ne t'inquiète pas, Emily. Je vais réussir.

Emily : "Mais... tu es blessée... tu vas tomber..."

Moi : "C'est un risque que je suis prête à prendre. Pour mettre fin à cette injustice."

Pendant ma chute, je l'entends crier, sa voix résonnant dans l'air froid, chargée de désespoir et de promesses.

Emily : "Je suis sûre que quelqu'un t'aidera dans ton projet en bas ! Ne perds pas espoir !"

Je plonge vers les ténèbres de l'enfer, laissant derrière moi le paradis corrompu. Ma mission commence maintenant, et je ne m'arrêterai devant rien pour mettre fin à cette purge injuste. La chute est rapide, le vent hurlant à mes oreilles, mais je garde les yeux fixés sur mon objectif.

Alors que je chute dans les abysses, une douleur lancinante se propage à travers chaque fibre de mon être. C'est une sensation indescriptible, comme si mon corps se tordait et se métamorphosait sous l'impact de ma décision. Chaque mouvement dans l'air brûlant de l'enfer semble infliger une nouvelle torsion à mes membres, comme si mon essence même était en train de se réorganiser. La douleur est intense, presque insupportable, mais je la supporte , sachant que cette transformation est nécessaire pour accomplir ma mission.

De plus si ma grand-mère est en enfer, je la trouverai. C'est un serment silencieux que je me fais à moi-même, une promesse que je ne peux m'empêcher de formuler dans le tourbillon de ma descente.

Alors que la froideur du sol de l'enfer pénètre jusqu'au plus profond de mon être, m'emplissant de douleur et de confusion, je sens mes forces me quitter peu à peu. Incapable de résister davantage, je m'abandonne à l'obscurité qui m'enveloppe, et tout devient noir. Mon esprit sombre dans l'inconscience, emporté par le froid glacial de cet enfer inattendu. 

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