XXIX
- Selena, tu veux bien t'occuper de la table VIP ?
Je m'exécute aussitôt, ça fait bizzare de retourner là bas mais je préfère être ici que entre Erine et Nora.
J'espère que ça ne sera pas une table qui fête un enterrement de jeune vie de célibataire parce que la dernière fois ça a été l'apocalypse. Des verres brisé, des tables pétés mais aussi une énorme bagarre entre le témoin et le marié.
- Aaaaaaaaaaah !
Merde.
J'essaye de faire demi-tour mais je suis bloquée par un corps derrière moi.
- Sale traître !
- Content de te voir aussi belle soeur.
Keller m'offrit son plus beau sourire avant de s'installer avec les autres. Ils sont tous là, la poisse. Après que la concierge soit venue me dépanner, je me suis changée et me suis réfugiée au bar pour réfléchir à ma situation.
- Qu'est ce que vous faites là ?
- Qu'est ce que tu fais habillée comme ça !
Je lève les yeux au ciel, Cameron exagère, je ne suis pas vulgaire quand même. Je porte une pantalon noir moulant avec un chemisier à rayures sans manches, mes bottines à talons noires me donnent un peu plus de prestance.
Je suis sexy, oui. Mais pas vulgaire comme son Audrey part exemple. Avec ses longs ongles on aurait dit une sorcière bling-bling.
- C'est l'uniforme le moins dénudé que j'ai pu trouvé. Je ne suis pas nue !
- La prochaine fois, c'est moi qui choisira ce que tu devras porter !
Je lui tire la langue et souris à la table. Mon geste est bien sûr rempli d'hypocrisie mais je tiens à rester professionnelle.
- Que buvez-vous ?
- Je voudrai...
- Alors ça va ?! Tu n'es pas fâchée ?!
Voyons voir ma chère Nora, ma meilleure amie m'a complètement laissé tombé pour une rousse qu'elle ne pouvait blairer. Cette fille en question m'a littéralement craché dessus par ce que son copain, que je déteste par dessus tout m'a adressé la parole. Comment je vais à ton avis ?
- Oui, je le suis. Je veux d'ailleurs ne plus jamais vous cotoyer.
Je m'éclipse sans attendre de réponse, je ne veux en aucun cas discuter avec eux ou encore continuer à regarder la tête des filles. J'attrappe le bras de Juan quand il passe devant moi.
- Tu peux prendre la table VIP s'il te plait ? Je ne peux pas m'en occuper c'est au dessus de mes forces !
Il me scrute le visage et lève un sourcil, oui je sais que je n'ai pas dit s'il te plait.
- Je me suis disputée avec Nora et en plus il y a mon voisin sur sa table, juste l'horreur ! Alors tu me rends ce service ? Por favor primo ! ( S'il te plait cousin ! )
- Oui si tu chantes ce soir.
La bonne blague, j'ai failli transformé le club de son père en barbecue géant mais il veut que je recommence.
- Mais tu es malade Juanito ?
- Non, ça fait un moment que Papa et moi voulons que tu réessayes ! Si tu connais l'échec, moque-toi de toi-même et recommence.
Et dire que je trouvais son accent mexicain charmant, maintenant j'ai envie de l'étrangler. Il est fou, je ne suis pas à la hauteur. Si ?
- Et si j'échoue encore une fois ?
- J'ai déjà appelé les pompiers.
Je le toise et lui souris en même temps, il croit en moi, ainsi que mon oncle. Je crois que je peux le faire mais j'ai besoin d'un petit soutien.
- Très bien, je vais le faire.
Il me dépose un baiser sur la joue et se précipite vers le bureau de tonton Hector pour le prévenir et tout mettre en place, je ne peux pas faire marcher arrière.
Je m'avance vers la table VIP, je suis folle de vouloir lui demander ça mais si je ne le fais pas, je risque de me dégonfler.
- Daniel, bar, maintenant.
Il s'exécute sous le regard des autres, je n'y prête pas attention et me focalise sur ma future performance.
- Bon ok, c'est moi pour le saucisson.
- Hein ?
- Quoi ?
- Laisses tomber, on réglera cette histoire de charcuterie un autre jour, j'ai besoin de toi là.
Je l'amène en coulisse sans plus tarder, il ne comprend pas trop ce qui se passe mais me suit presque aveuglément. Nous arrivons dans la salle où je dois me changer, le stress commence à monter sérieusement.
Je l'invite à s'asseoir sur un fauteuil en face du paravent où je me change, Dieu merci ce soir aucune des filles ne danse ce soir sinon je n'aurais pas pu le faire entrer. Il les aurait dragué, j'en suis persuadée, dès qu'il voit un centimètre de peau, Keller s'affolle.
Je trouve enfin ma tenue dans la garde robe et me change les mains tremblantes.
- Tu ne m'as toujours pas ce que je fais ici.
- Je vais chanter ce soir et j'avais besoin d'un ... ami.
- De toutes les personnes attablés tu as choisi ton voisin que tu détestes.
Je passe ma tête d'un côté du paravent, il a raison. Mais je ne peux plus voir Nora et Erine en peinture, ma relation avec son frère est un désastre quant aux autres je ne les connais pas assez.
- Mets ça sur le dos du stress et aides moi avec cette fichu robe !
Je remarque que sa blessure va beaucoup mieux, il n'a même plus besoin de bandage.
- Ça ne monte pas !
- Essayes, forces !
- Je te dis que ça ne monte pas !
- Tu insinues que je suis grosse ?!
- Non, juste que ton poids dépasse la moyenne de sa catégorie, en volume et en épaisseur.
Je lui donne un coup de poing dans le ventre avant de retourner me changer.
J'opte pour une autre robe noir ouverte dans le dos et surtout sans fermeture éclair. J'enfile mon manteau et panique encore plus quand mon cousin vient m'annoncer que je passe dans 5 minutes.
Je m'installe pour me maquiller avec le reflet de cet idiot derrière moi.
Il me regarde la bouche entrouverte et les yeux brillants, je suis heureuse de lui faire de l'effet, c'est rafraîchissant.
- Fermes la bouche Daniel, arrêtes de me mater !
Il me sourit en s'approchant de moi. Contre toute attente, il se saisit de ma main et y dépose un baiser. Ce geste que j'aurais du trouver complètement ridicule et dégoûtant, me donne des papillons dans le ventre. Je me retire de son emprise toujours tremblante.
- Du calme Selena, tu vas finir par t'évanouir.
- Si ça se passe comme la dernière fois !
- Tout ira pour le mieux si tu t'éloignes de toute source de chaleur !
Pour réponse je me retourne et lui envoies un collant dans la figure.
- C'est bon, vas rejoindre les autres ! Tu m'as assez détendu !
- Maîtresse a offert une chaussette à Doby, Doby liiiiiiibre.
Il part en me tirant la langue, je suis morte de rire face à cet énergumène. Je n'aurais pas pu avoir assez de courage s'il n'avait pas été là. Il est con et chiant, néanmoins en tant que beau frère et ami, il n'est pas si mal que ça.
- Merci Daniel.
Ce remerciement, il ne l'entendra jamais et c'est tampis pour lui, il risque de prendre la grosse tête sinon, je le connais assez pour le savoir.
Le moment fatidique est arrivé, je vais me lancer dans une aventure plus que risquée au péril de chuter de haut.
Je chante comme si ma vie en dépendait, je fais la femme fatale en priant pour ne pas tomber de ce fichu piano.
En retirant mon manteau, je ne trébuche pas, ma voilette ne m'aveugle pas. Je termine mon show sans même m'en rendre compte, je l'ai fait, j'ai réussi là où j'ai échoué il y a quelques mois.
- C'était la merveilleuse Selena, un tonnerre d'applaudissements pour elle s'il vous plait !
C'est la consécration, on me félicite de ma performance, je me sens super bien, plus aucun problème n'existe sur cette scène.
Je me change rapidement, je veux retrouver mes amis pour savoir ce qu'ils ont pensé de moi, serrer Nora dans mes bras et embrasser mon petit ami avec tout l'amour que j'ai pour lui.
Mon cousin Juan me félicite longuement en me serrant dans ses bras et en me disant à quel point il est fière de moi. Il m'a dit que le reste de ma soirée est libre pour mon plus grand plaisir, entre les mains baladeuses des pervers ou encore les femmes qui se croient tout permis dont me traiter comme une esclave, je crois que je mérite en effet de souffler un peu.
Mon oncle qui n'a jamais aucune expression visage, si bien qu'on l'appelle Pequeño Escobar ( Petit Escobar ), a esquissé un sourire et a secoué la tête. C'est bon signe non ?
Cette chanson je l'ai écrite pour Paul, je dois avouer qu'elle est plutôt pas mal. Juan a fait un travail de dingue pour l'instu.
Malheureusement je redescends de mon petit nuage enchanté en apercevant Audrey assise SUR Cameron.
Maman m'a toujours dit que la meilleur des vengeance c'est l'ignorance pourtant je peux vous assurer que mon poing ne va pas ignorer le visage de cette sangsue.
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