XLX

Après avoir convaincu Juan de me ramener en boite, je me suis dénichée une robe de simili cuir à effet perfecto. Je me sens belle mais je suis bien entendu toujours aussi chamboulée. Maudit soit mon coeur !

Nous avons retrouvé Heidi une des danseuse au Paris avec qui mon cousin sort depuis peu (Beurk). Elle est plutôt mignonne avec sa coupe à la garçonne toute bouclée sympa j'ai eu le temps de la connaître un peu, elle travaille pour se payer ses études de journalisme.

Je nous conduis à l'OHM Nightclub, une boîte branchée pas trop chère et qui sert des cocktail du tonnerre, parfait pour oublier ma vie compliquée.

Recevant un message, je vois Juan sauter sur mon téléphone.

- Je t'en pris mon cher cousin fouine dans ma vie intime vas y !

Heidi rigole derrière tandis qu'il fait comme si je n'avais rien dit.

- Daniel c'est le type avec qui tu t'es enfermée dans la loge la dernière fois c'est pas censé être ton voisin le mec que tu hais le plus au monde ? La dernière fois tu m'as même dit que même en pizza tu ne voudrais pas de lui.

Quelle mémoire d'éléphant mais il ne se rappelle jamais quand il me doit de l'argent...

- Je sais qu'il y a quelque chose entre vous et étant donné les messages qu'il t'a envoyé... J'ai sûrement raison. C'est dégoûtant.

Je rougis instantanément mais ne réponds pas et puis quoi encore c'est ma vie privée.

- Tu n'as qu'à ne pas lire !

- Il te dit que tu lui manque, qu'il t'aime et il veut savoir ce qui ne va pas. Donc je vais être clair, est-ce que je dois lui péter la gueule ou un truc du genre ?

- Non, c'est moi qui ai tout foiré. Dis lui que je l'aime aussi et que... Je ne sais pas, ne réponds pas, j'ai trop peur. Laisses tomber, éteins mon téléphone... Jettes-le par la fenêtre ! Je ne peux pas.

Je tremble comme une feuille, je ne sais toujours pas comment je vais mettre fin à ce que nous vivons. Pour l'instant je reste d'une lâcheté incomparable.

- C'est bon du calme, je ne vais rien lui dire a ton novio.

Gracias primo.

L'ambiance dans la voiture est tendue comme le sting d'une stripteaseuse. Mes yeux me piquent douloureusement c'est quoi ces petite lutins invisibles qui coupent des oignons aussi invisibles près des mes yeux ?!

Une fois arrivés en discothèque je ne perds pas une seconde et je commande autant d'alcool que possible, c'est pas grave si je vomis, Heidi sera là pour me tenir les cheveux aux toilettes et Juan... Bin pour me porter un autre cocktail !

Shots après shots je me plonge dans l'alcool, je me sens terriblement bien. Mes problèmes de coeur sont les cadets de mes soucis, que tout le monde aille se faire brouter par un lama ! Je suis si bien que le sol se dérobe sous mes pieds. Je ne tiens plus debout et viens pour m'effrondrer quand des mains fermes viennent me rattrapper.

- Et bas les pattes espèce de sale dégueulasse ! Je suis ceinture marron de Jirou Mian ! Hurlé-je en me débattant.

- Tu comptais vraiment m'échapper ?

Daniel ?

Je sens son souffle brûlant à mon oreille, il m'enlace pressant mon dos contre son torse.

- Je te signale que Jirou Mian signifie nouilles au poulet, espèce de petite maligne.

Oh non, fait chier ! Mais... Comment il sait ça ?

Je me détache de lui puis me retourne pour le regarder. Grossière erreur, il est beau, trop pour être vrai.

Il plonge sur ma bouche avant que je ne lui dise quoique ce soit, sa langue se fraye un chemin adroit, je me laisse faire, blottie dans ses bras le temps semble d'arrêter. Tout l'alcool que j'ai pu consommé s'évapore, je ne suis plus du tout pompette, je veux juste lui arracher ses vêtements... avec les dents.

- Qu'est-ce que tu fais ici ? Crié-je.

- Ton cousin m'a téléphoné pour que je m'occupe de toi.

Je porte mon regard directement sur l'intéressé installé à notre table VIP, ce con me lève son verre avec Heidi accrochée à son cou, enfin je dirais plutôt qu'elle le lui lécher son cou... Quelle horreur. Juan a dû prendre son numéro pendant que je conduisais. Je suis à la fois agacée et heureuse. Comment expliquer à Daniel que...

Il me tire de mes pensées quand je me retrouve sur le trottoir à quel moment j'ai atterris ici moi ?

- Daniel ?! Qu'est-ce que tu fais ?

Il me tend la main pour me faire entrer de force dans une voiture.

- Hé mais j'ai même pas mon sac et ma caisse tu as pensé à ma caisse ?!

Mon amoureux ne m'écoute pas et va s'installer au côté passager, son visage est fermé et concentré, je l'observe attacher ma ceinture de sécurité avec beaucoup de difficultés.

- Tu peux arrêter de gigoter Cendrillon ?!

Je me fige face à son ton si autoritaire, j'ai l'impression qu'il va me donner une fessée d'une minute à l'autre, il s'insère sur la route sans un mot alors que je hurle depuis un bon moment déjà.

- Hé ho, tu m'écoutes beau gosse ? Tu as perdu ta langue mon amour ? Rolala !

- Ton sac est sur la banquette arrière et j'ai donné à ton cousin les clés de ta voiture. Tu dois clairement être saoule.

Je gonfle les joues comme une enfant ou un poisson globe. Ouais j'ai bu, un peu trop même mais je sais encore ce que je dis.

- Tu sais que tu es sexy contrarié ? Tu es vraiment fâché contre moi ?

- Putain Selena tu m'as carrément snobé cet après midi. Qu'est-ce qui s'est passé ? Tu as rencontré mieux ?

Sa colère me vrille le coeur, comme peut-il dire une chose pareil, il est tout ce que je veux et bien plus encore.

- Non mais non tu es bête, je t'aime je n'irais jamais voir ailleurs, je t'ai peut-être toujours aimé même quand tu étais ignoble avec moi.

- Selena.

- J'ai tellement envie d'être avec toi, d'avoir plein de petits Daniel.

- Selena !

Pour une fois que lui avoues des trucs, il réagit comme le dernier des abrutis.

- Bon d'accord MonsieurJeSuisFaché !

Je colle mon visage contre la vitre gelée de sa voiture, je l'entends marmonner que ce n'est sûrement pas une bonne idée de m'amener là où il veut.

- Je t'entends Daniel. Si tu es venu me chercher pour hésiter, dépose-moi sur le bord de la route !

Silence.

Très bien monsieur grincheux je la ferme.

Nous passons de la vue des gratte-ciels jusqu'au port. Le nez toujours scotché à la vitre, j'observe les lumières scintiller gracieusement et se refléter sur la baie.

- Suis moi.

Je n'ai même pas le temps de me rendre compte que nous sommes garés qu'il m'emmène, je le suis donc sur le ponton puis nous nous arrêtons devant un bateau.

- Selena voici Britney, Britney je te présente Selena.

Il me tire pour monter sur l'engin mais la peur me prend au ventre.

- Un bateau Keller ? Tu sais que je ne sais pas nager mais tu me fais monter sur un bateau ?!

Ce truc - à probablement deux étages - me file les jetons. Je ne risque pas de monter dans ce machin.

- C'est un Yacht et ni moi, ni Dave ne te laisserons te noyer, viens.

J'attrappe sa main pour qu'il me hisse sur l'engin. Son corps se plaque contre le mien, je me demande si les frissons qu'il me donne dès qu'il me touche vont pouvoir s'estomper avec le temps... Temps que nous n'avons pas car je dois le quitter.

Ses lèvres glissent près de mon oreille et y déposent de petits baisers.

- Essayes de m'échapper maintenant.

Je me détache de lui pour saluer le fameux Dave qui... DESCEND DU YACHT !

- Qu'est ce qu'il fait ? Demandé-je paniquée.

- Il nous laisse seuls ce soir.

QUOI ?!

- Tu vas conduire ce machin ? Si tu touches à un bouton de ce bateau, je descends.

- Je connais quelques trucs mais je ne sais pas naviguer, nous allons rester au port.

Me voilà rassurée...

Je découvre avec stupéfaction que l'arrière du bateau est magnifiquement décorée de loupiotes et guirlandes. Tout ce que je me suis forcée à préparer est là posé sur le bar non loin d'un jacuzzi.

- Tu sais qu'un McDo à ton appartement aurait été aussi bien.

Il lève les yeux au ciel certainement agacé par ma réplique mais je n'aime pas les trucs de riches, tout ça ne me correspond pas.

- C'est trop.

Daniel dépose un chaste baiser sur mes lèvres, que quelqu'un me donne un extincteur.

- Rien n'est jamais trop... surtout pour toi.

Un fois le dîner fini et une digestion en bonne et due forme, nous nous allongeons sur un océan de couettes et d'oreillers, le bateau tangue un peu, le bruit des vagues nous berce, je dois lui parler en finir une bonne fois pour tout mais ses doigts caressant lascivement ma hanche m'en empêche ainsi que son regard brûlant.

- Alors, la cohabitation avec Erine se passe bien ?

- Ouais elle m'a forcé à lui acheter une pizza aux pepperonis, retirer les pepperonis dessus pour y mettre du jambon et de l'ananas frais... Elle aurait pu me dire de lui prendre une hawaïenne mais non elle m'a affirmé que ce n'était pas la même chose et que je ferais mieux de me la fermer.

- Charmant. Et le futur tu le vois comment ?

Il se crispe contre moi et prend du temps pour me répondre.

- Bien. Dit-il pour tout réponse.

Réponse bâclée pour un temps de réflexion trop long ? A quoi pense-tu Keller ?

- Il y a quelque chose qui te tracasse Daniel.

Je pose une léger baiser sur la bouche quand il capture ma lèvre inférieure entre ses dents pour la mordiller. Je fonds comme neige au soleil et l'embrasse avec passion jusqu'au moment ou un éclair passe dans ma caboche. Je me détache de lui en lui donnant "léger" coup dans le ventre, je le vois grimacer et jurer quand il se détache de moi pour me regarder avec ses yeux de chien battu.

- Je sais que tu te sens mal et que tu joues avec le désir que j'ai pour toi afin de brouiller les pistes, mais Daniel, une relation charnelle ne remplacera jamais une connection intellectuelle entre deux personnes.

Un petit rire s'échappe de sa gorge devant mon discours.

- J'avais oublié... Psychologue... Il grimace et continue. Tu ne pouvais pas etre masseuse plutôt ?

- Je déduis donc que les aveux que tu vas me faire seront déplaisant pour moi à ton sens, je suis là pour t'écouter, non pour te juger, rien ne me fera t'aimer moins.

Il fronce les sourcils puis s'installe sur le dos contemplant le ciel sombre couvert de nuages, dépourvu d'étoiles. J'observe son profil quand il se met à parler.

- Je ne suis jamais tombé amoureux avant toi, mais je me suis attaché à une fille, elle s'appellait Ruth.

Je retiens mon souffle sur cet emploi du futur, ça peut être signe du fait qu'il soit passé à autre chose ou que c'est grave, très grave.

- Elle était jolie, une ukrainienne, grande, blonde, aux jambes intermi...

- Daniel, oui j'ai compris, une véritable poupée Barbie ! Si tu ne veux pas que je te fasse bouffer ta langue... Laisses tomber les détails !

- Je savais que tu allais mal le prendre.

Celui ci soude nos doigts ensemble pour les poser contre son torse et accessoirement me coller à lui, en gros, si je veux m'enfuire, je serais très clair obligée d'amputer, je l'aime bien ce bras. Il sourit sentant ma gêne puis et continue.

- Elle était étudiante en droit avec un visa d'un an. Elle était la timidité incarnée, on s'est rencontré à une fête à une sororité. Des meufs pratiquement à poil, tout le monde plus bourré les uns des autres et moi j'étais carrément torché, il fallait voir ça.

Je grogne face à cet aveu et il sourit largement.

- Je me suis retrouvé au lit avec une migraine pas possible et une main bandée. J'ai appris plus tard dans la semaine que c'était elle qui m'avait ramené et bordé juste parce qu'elle était gentille. Elle n'a pas cherché à obtenir de l'argent ou encore de la notoriété quand je l'ai rencontré cette fois-ci sobre, je me suis juré de lui rendre la pareille, on a passé du temps ensemble, beaucoup de temps d'ailleurs et de fil en aiguille, nous nous sommes mis en couple, c'est la que ca a dérapé, il s'est passé ce qui devait se passer, elle n'a pas su s'adapter au monde dans lequel je vis.

Il s'arrête là et me plante sans que finir son récit. Je ne comprends pas pourquoi il fait ca, meme sur Netflix, l'épisode suivant se lance tout seule mais la rien pas un son ne sort de sa bouche.

- Tu comptes rester comme ca ? Je risque de devenir folle si tu ne me dis rien. M'agacé-je.

- Tu risque de le devenir encore plus si je te le dis. Je ne veux pas que toute cette merde t'atteigne, ni toi, ni mon enfant, je n'arrête pas de me dire que c'est du passé mais j'ai l'impression que tout ca va me rattrapper un jour ou l'autre.

Les informations entrent peu à peu dans mon subconscient j'ai l'impression de me retrouver dans Gossip Girl, Lui Dan, Moi en Serena, qu'est-ce que Keller pourrait bien cacher de si atroce ? Il a quand même mis une fille complètement cinglée en cloque, qu'est-ce qui pourrait être pire ?! Il y a tellement de possibilités que la réflexion me donne mal a la tête.

- Tu me diras ce qui s'est passé un jour ?

Il tourne enfin ses yeux vers moi puis sourit timidement.

- Oui.

Le soulagement me fait du bien, je le crois quand il me dit oui. Je lui annonce qu'il a plombé l'ambiance, il rit et m'affirme que non grâce a son charme irrésistible il est capable de renverser la situation et je dois avouer que je commence à le croire au moment où ses lèvres se posent sur les miennes.

Oh la la, ça va déraper.

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