XLVII

Elle est silencieuse affreusement silencieuse, même quand ses parents ont décidé que c'était mieux qu'ils dorment à l'hôtel ce soir, Selena a juste acquiescé. Acquiescé ! Vous vous rendez compte ?!

Dans l'ascenseur, ce n'est pas non plus mieux. Ses yeux sont orientés vers le sol, je sais qu'elle réfléchit beaucoup en ce moment même et ça me tue de ne pas savoir à quoi elle pense.

Je sors de l'ascenceur avant elle quand la brune m'attrape le bras et colle son corps contre le mien.

Ses doigts s'accrochent à ma nuque pour me donner le baiser de ma vie. Sa langue joue avec la mienne, nos poitrines se soulèvent frénétiquement, je me sens bien. Enfin. Malgré tout, je sens que c'est trop d'un coup, sa soudaine proximité me fait peur.

- C'est pas trop tôt ! M'exclamé-je.

- C'était bien avant que tu n'ouvres la bouche.

C'est alors que j'entends un énorme cri, pire que les gargouillis de Selena, venant de mon appartement. On dirait que Godzilla a élu domicile chez moi.

- Ta chamelle te réclame. Dit-elle en posant son menton sur mon torse.

J'écarquille les yeux de surprise, je ne sais pas si je dois être choqué ou en rigoler.

- Mais quoi ? Je dis ça parce qu'elle doit beaucoup boire, souvent ruminer et cracher comme une mitraillette.

C'est l'une des choses que j'aime chez elle, Selena dit toujours quelque chose comme ça, je sais qu'à 90 ans elle me ferra pisser de rire dans ma couche.

- J'ai lu Zola, je sais ce que ça veut dire, tu trouves que c'est une femme est chiante comme la mort. Elle était cool avant tu sais, jusqu'à ce que...

- Tu ne la retrouves dans ta cuisine entrain de déverser son maquillage sur mon épaule. Ou que tu couches avec elle.

Oups.

Elle se libère de mes bras, m'observant les lèvres pincées, et merde, le regard larmoyant.

- Selena, je...

- Non, ne me fait pas ta tête de chien battu, j'ai juste envie de te donner un pain dans les dents. Je te voulais pour moi, c'est égoïste je sais mais je ne veux pas me retrouver belle mère d'un coup comme ça.

Moi aussi ça m'effraie, à un point pas possible. Elle m'échappe.

- Je veux que tu t'occupes d'Erine comme la chose la plus précieuse de cette terre, cet enfant qui va naître est une bénédiction pour vous.

- Exactem... Quoi ? Non ! Enfin si ! Mais non !

Non, non, ça ne doit pas se passer comme ça.

- Je t'aime Daniel, énormément, j'ai envie de te t'attacher à mon lit pour que tu ne me quittes pas.

- Fais-le ! M'empressé-je de répondre.

Selena me fait non de la tête quand une larme coule sur sa joue.

- Je ne peux pas. Je me mets à la place d'Erine et ce n'est pas du tout juste pour elle. Tu n'as pas essayé de l'aimer.

- Si !

- Pas assez.

Elle dépose ses lèvres sur les miennes dans un baiser chaste. Putain, elle me dit adieu.

Je ne remarque les larmes qui coulent de mes yeux que quand Selena essuie mes yeux.

- Ça ne se passe pas du tout comme prévu.

- Ouais, tu es sensé être un connard, mon connard de voisin et tu fais tout de travers avec ton sourire de... Argh.

J'observe Cendrillon marcher en long et en large sur le pallier.  Je l'entends marmoner des mots incompréhensibles en espagnol, me lancer un regard puis recommencer.

- Je t'aime Selena, ce n'est pas à toi de t'inquieter mais à moi. Je serais malheureux sans toi et vise versa.

- C'est moi qui suit sensée être un psy pas toi. Lance t-elle les dents serrées.

- Je rentre chez moi toi chez toi, je reviens dans dix minutes et si tu te trouves toujours dans cette robe à mon retour, je te jure que je vais faire beaucoup plus que te pleuter.

- Oui monsieur Grey. Lance t-elle.

Un dernier regard dans ma direction, elle entre chez elle, chancelante.

Un cri peu viril s'achappe de ma gorge quand je franchis les murs de ma demeure.

- C'est quoi ce truc ? J'espère que mon bébé ne va pas ressembler à ça !

Jogging rose fluo que je peux comparer à un parachute et masque de beauté hydeusement installé sur sa figure, Erine semble être la copie d'un cauchemar sur pattes. C'est alors que je sais que je suis réellement amoureux de Selena, j'ai eu très souvent l'occasion de la voir transformée ainsi et je n'ai pu que la trouver belle. Alors que là, la rousse devant moi me fait peur.

- C'est un masque à la verveine, à l'avocat et au patchouli. C'est très bon pour les points noirs et le stress.

- Erine, tu aurais pu étaler de la sauce tomate sur ton visage ça aurait fait la même chose pour moi. Qu'est ce que tu fais ici ?

- Il faudrait mieux que tu prennes une chaise. Me répond t-elle d'un coup.

Elle a un problème de santé ? Elle a perdu le bébé ? Le stress me gagne même quand je concentre mon regard sur son ventre qui semble avoir poussé d'un coup.

Je m'installe sur le canapé en face d'elle.

- Mon ventre a poussé d'un coup quand je t'ai annoncé ma grossesse, tu as vu ?

- Tu attends des jumeaux ?

- Dieu merci non, tu es déjà insupportable alors avoir deux enfants comme toi non merci.

Elle rit, moi non. Et puis celui qui dit qui est.

- Viens en aux faits Erine.

- Ok, j'ai sept mois et demi, je sais que c'est étrange d'avoir un si petit ventre mais c'est normal d'après le docteur. Tu veux voir à quoi le bébé ressemble ? C'est dingue j'ai rien préparé ! Et si il a un problème et s'il m'aime pas ?!

Contre toute attente, je me lève puis lui saisit les mains afin de calmer ses tremblements. Elle panique plus que moi, en même temps ce n'est pas moi qui porte un être vivant dans mon utérus. Sept mois, c'est plus que je ne l'aurais pensé mais je ne vais pas l'abandonner pour autant, de toutes les façons, Selena m'arracherait les couilles si je le faisais.

Les mots tentent de sortir de ma bouche mais je n'y arrive pas. 

- Tu peux... Aller te laver le visage ? J'ai du mal à me concentrer sur autre chose que le vomi de bébé ogre qui te déforme la figure.

Pendant qu'elle s'occupe de se rincer, je réfléchis intensément pour trouver les mots juste. Je ne veux en aucun cas la blesser. Je nettoie machinalement la pièce déjà propre puis m'affale sur mon canapé, j'ai juste envie de retrouver Selena, me blottir dans ses bras et pleurer comme une madeleine.

La ferme Dan, tu t'es mis dans cette merde tout seul, assumes tout seul ! 

Quand Erine revient dans le salon, je me sens encore plus mal. J'aurai tant aimé que ce soit simple entre nous pourtant non, je vais aimer l'enfant que m'offrira Erine mais je ne pourrais jamais former un couple avec elle, je le savais déjà avant, j'en suis sûr maintenant.

Je vais parler d'un coup, pour arracher le pansement posé depuis bien trop longtemps sur cette plaie. 

- Je ne vais pas te mentir en te disant que le fait que tu sois enceinte me fasse plaisir, je suis terrifié à l'idée d'être papa. Mais je peux t'assurer que je suis là pour toi et notre bébé et ce jusqu'à la fin de vos vies. Tu es une femme intelligente et tu sais pertinemment qu'entre toi et mois ce n'était qu'une histoire de sexe, il n'y aurait jamais d'amour entre nous, du moins pas comme tu le crois, je t'apprécie mais j'aime...

- Selena, oui, je suis au courant, tout le monde est au courant. 

- Je l'aime vraiment et encore plus parce qu'elle m'a demandé de la laisser, elle se dit que tu as besoin de moi et que ce n'est pas juste de ne pas nous donner un nouvelle chance toi et moi.

- Elle a fait ça ?!

La mine dégoutée de la rousse me prouve qu'elle ne me croit qu'à moitié. Mon esprit se reporte sur Ruth qui m'apparaissait le contraire de Selena. Ruth était gentille, timide et réservée, j'ai directement été subjugué par ses longs cheveux blonds et ses yeux bleus avec sa silhouette longiligne. Elle était journaliste. Je l'aimais beaucoup mais ça n'a jamais été aussi fort que ce que je ressens pour Selena.

C'est alors qu'à force de me supplier de l'aimer, elle m'a trahi et manipulé révélant les moindres parcelles de ma vie, mes habitues et tous mes vices. J'étais fou de rage qu'on me fasse ça à moi, je l'ai donc traîné dans la boue aussi salement que je pouvais la trompant à foison, notamment avec sa sœur, sa meilleure amie et sa patronne. J'ai pris goût à cette vie de débauche et de femme, perdant pied et me faisant de nombreux ennemis. Elle m'a détruite, m'a bousillé putain. 

Ma conversation avec Erine s'éternise, je lui propose de rester habiter ici ce qu'elle accepte immédiatement, je compte bien m'organiser pour m'occuper d'elle et le bébé. Mon association ne me prend pas trop de temps ainsi que mon boulot. Et oui j'ai un boulot qui consiste à créer des jingles pour principalement des pubs. La dernière a été pour une crème contre hémorroïde, l'horreur. 

Elle me montre des échographies, elle me donne des prénoms potentiels, elle n'a pas voulu savoir le sexe et moi, je reste là sans rien dire, presque extérieur au sujet.

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