XLIV
- Paul, peux-tu me dire comment tu as fait pour entrer chez moi ?
- Chez nous ! Et c'est qui lui encore ?! Je ne te pensais pas comme ça !
Youpi, l'ex moralisateur qui vient me casser les pieds avec son sermont à deux balles.
- On en parle de ta visite gynécologique chez Natacha ?! Non mais j'hallucine !
- Mais arrêtes avec ça c'était il y a longtemps.
Je ne sais pas ce qui est le plus drôle, le fait que je m'y attendais ou plutôt le fait que j'ai agis comme Paul, en pire.
Putain ouais, je suis une garce. Je me joue des mecs sans aucun remort, la nausée vient me chatouiller la gorge. Je le traine dehors sans laisser Cameron le temps de dire quoique ce soit.
Je n'aime pas cette situation, deux hommes chez moi, sexuellement intéressé par moi, enfin je crois, c'est risqué. Je ne peux pas me permettre de débordement.
Une fois dehors, je le relâche, crispée et épuisée.
- J'en ai marre. Paul, je t'ai aimé mais tu m'as trahis en pensant qu'à toi et ton bien être, nous ne faisions plus rien ensemble, je paris que tu ne connais même pas ma couleur préférée.
- Le rose ?
- Je hais le rose. La couleur de mes yeux ?
- Noirs ?
- Non, noisettes. Tu vois, tout a toujours tourné autour de toi.
Je m'installe sur les premières marches de l'escalier. En soufflant bruyamment, j'ai l'impression que ma tête va bientôt exploser. J'étais mieux en gros cachalot affalée sur mon canapé à bouffer mes chips.
- Alors tu ne m'aimes plus du tout ?
Répondre est trop pour moi, si j'ouvre la bouche, je risque de chialer à la mort, me submergeant accessoirement de morve. Paul s'installe à mes côtés et m'entoure de ses bras, je me laisse aller pour une fois.
- Je crois qu'on n'a jamais vraiment eu le choix de nous aimer ou pas. Tout a été tellement vite dans notre couple, je me demande si on a bien fait de se mettre ensemble si tôt.
Il a raison, affreusement raison. Cette réalité est aussi effrayante que juste. Le blond dépose un baiser délicat dans mes cheveux, cela faisait tellement longtemps qu'il ne m'avait étreint de cette façon. Je ferme les yeux de bien-être, sale con ou mais sale con moelleux.
- Quand je t'ai vu le regarder à l'hôpital, j'ai su que tu l'aimais sincèrement et j'ai été jaloux mais je me rends compte que je ne fais pas le poids. Tu lui voue un amour inconditionnel même si c'est un loser. Lui aussi t'aime d'ailleurs ça crève les yeux.
Je le sais.
Mon regard se perd sur sa porte, est-ce qu'il est toujours là ? Si je viens le voir là tout de suite, compte-t-il m'embrasser ? Il me manque, ses blagues nulles, ses piques désagréables et ses mains indécentes.
- Amis ?
- On a quand même couché ensemble.
- Oui mais je suis près à fermer les yeux sur ce que tu as dans ta culotte si tu ferme les tiens sur le fait que j'ai couché avec un homme.
Je lui donne une forte tape sur l'épaule.
- Natacha est une femme magnifique, et ce même si elle est née avec un truc en plus entre les jambes. Tu devrais la rappeler, tant que nous y sommes, l'inviter ce soir à ma fête.
Il lève un sourcil instigué, c'est dingue s'il y a quelques jours j'aurais pu m'imaginer lui arracher la tête lui et sa pétasse blonde. Je crois que mon envie de me battre avec eux a été réduite à néant à cause de mon rapprochement soudain avec les frères Keller.
- Je ne suis pas encore folle, je te rassure, mais je ne veux pas rester en guerre pour rien. J'aurais 25 ans dans quelques semaines, il faut que je commence à faire des choix.
J'ai décidé de pardonner tous le mal que j'ai subi à cause de lui, toutes ses soirées à pleurer son départ. Peut-être a-t-il raison, nous ne sommes jamais tombés amoureux l'un de l'autre et qu'on se voilait la face car nous allions bien tous les deux.
- Tu penses que ça peut marcher entre elle et moi ?
- Tu sais des fois il suffit d'y croire pour que ça marche.
Il se lève en dépoussiérant son jeans, puis me tend la main, je l'accepte volontiers en lui souriant tendrement.
- Cours retrouver ta belle avant de croiser mes parents, sinon ils ne vont pas te lâcher.
- Oui docteur !
Il commence à s'en aller quand je me rappelle d'une chose très importante.
- Paul ! Mes clés espèce de gros pervers !
Paul remonte et me les remet non sans une petite moue déçue et dévale les escaliers comme un bambin qui va retrouver le camion à glace au coin de la rue. J'arrive à gérer et régler des conflits particulièrement épineux mais dès que ça me concerne, je ne trouve aucune solution.
Machinalement, je frappe à la porte, une fois, deux fois, puis trois. Rien. Soit Daniel ne veut pas me voir, soit il est parti. J'espère qu'il n'est pas avec Erine et si elle lui avait menti ?
Après tout, cette garce n'est peut être pas enceinte et elle a tout inventé pour pouvoir le garder. C'est possible ça non ?!
Je m'affale sur sa porte en m'asseyant dos à celle-ci. Je devrais sûrement lui écrire un mot pour lui dire ce que je ressens. Je ne serais pas jamais une belle mère mais surtout la rousse ne permettra jamais que je le devienne. Si jamais je le choisis lui, je perdrai à coup sûr Cameron, Keven m'en voudra parce que sa sœur n'aura pas un Daniel dévoué.
Ma tête frappe lourdement sur le parquet de son appartement, m'obligeant à remettre à plus tard ma réflexion intense.
- Putain la vache !
Je me frotte doucement le crane et me met debout tant bien que mal. Je me fige sur la vue que j'ai en face de moi, si il y a quelques semaines je n'aurai pas bronché et aurait même été dégoutée par ce spectacle, une certaine fascination nait en moi.
Daniel, buste nu, avec de l'eau qui dégouline de ses cheveux châtains en caressant ses abdos saillants, ses bras musclés et.....
Non Selena, ce n'est pas convenable. Tu ne peux pas faire ce genre de chose en toute impunité !
- Rassures moi, tu ne reviens pas pour me tuer ?
Je secoue de gauche à droite en réfléchissant à quoi lui dire. Je devrai peut-être m'excuser.
- Je suis désolée.
Mais pas de te mater ouvertement.
Il m'offre un sourire qui me donne presque le tournis, je pourrais passer des heures à le contempler.
- Bien, au moins tu ne veux plus me tuer c'est...
Mes joues s'échauffent en regardant sa bouche bouger dans un flot de paroles dont je n'en saisis même pas la moitié.
C'est donc ça l'effet Daniel ? Une rafale étourdissante et enivrante de désir pour ce connard sexy. Je n'y crois pas, versez moi un seau d'eau froide pour que je me réveille.
- Selena ?
- Quoi ?!
- Je te demandais de bien vouloir entrer j'ai quelque chose pour toi.
Il m'invite à entrer, j'hésite longuement avant de finir par céder. Respires Selena, ce n'est que Daniel, ton voisin égocentrique, trop con pour une relation sérieuse et surement trop beau pour ne pas déjà avoir choppé une quelconque maladie sexuellement transmissible.
- Détends toi Cendrillon, je ne suis pas ta méchante belle-mère.
- Ouais mais tu ressembles beaucoup à son chat Lucifer.
Fourbe. Méchant. Et con. Oui ma fille, il est un type horrible qui ne mérite pas ton amour. Et s'il avait tout fait pour que je me retrouve dans un état de doute aussi intense, et s'il n'avait pas arrêté de me manipuler une seule seconde juste pour jouer.
- Tiens.
Keller me met une boite entouré d'un papier cadeau rouge de la taille de ma tête sous le nez, je plisse les yeux en ne comprenant pas du tout pourquoi il fait ça.
- Je l'ai vu et j'ai pensé à toi... A nous. Mais si tu ne veux pas je comprendrai...
Je ne lui donne pas le temps de finir sa phrase et déballe l'objet en moins d'une seconde, moi ne pas accepter de cadeau ? ET PUIS QUOI ENCORE ?
En secouant la boite maintenant en velours bleu je perçois un léger bruit de tintement. Des pièces ?
- Mais ouvres cette fichue boite au lieu de me faire attendre, je stresse là !
Je m'exécute avec une lenteur exagéré sous son regard impatient.
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