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« Juste mon colocataire. »

Cette phrase revint soudainement à l'esprit de Yoon Gi alors que Ji Min était en train d'essuyer la vaisselle du repas qu'ils venaient de partager rapidement après être enfin rentrés chez eux. Il l'observait, silencieux, appuyé contre le mur non loin de la porte de la cuisine. Parfois, le plus jeune lui adressait un regard, visiblement gêné de combien le sien sur sa personne était insistant, mais dès que leurs yeux se croisaient, il se pinçait les lèvres, et se détournait vers sa tache, bienheureux d'avoir une excuse pour ne plus l'affronter.

Yoon Gi poussa un soupir, presque agacé de se souvenir de cette phrase qui continuait de le déranger. Il avait envie que Ji Min ne puisse plus répondre ça, comme s'il insinuait qu'il n'y avait rien entre eux, ce qui, bien que partiellement vrai, lui semblait terriblement faux. Il avait ce désir tiraillant que le garçon affirme fièrement qu'il y avait quelque chose de spécial dans leur relation, bien que lui-même n'en saisisse pas réellement la nature. Parce qu'il devait bien y avoir quelque chose, avec tout ce qui s'était passé.

Trop occupé dans ses questionnements, il n'entendit pas la voix de Ji Min qui avait enfin trouvé un sujet de conversation, et ne s'aperçut qu'il s'était approché de lui que lorsqu'il claqua ses doigts devant son visage. Il sursauta légèrement, et, sans réfléchir vraiment plus longtemps à l'idée qui venait de lui passer par la tête, lui semblant la meilleure solution au problème qui le tiraillait, il attrapa délicatement la main du garçon qui était toujours devant son visage, encrant ses yeux dans les siens :

« Sors avec moi. »

Le brun se pétrifia, comme s'il n'arrivait pas à croire les mots qui venaient d'être prononcés. Comme de son côté, Yoon Gi ne rajoutait rien, Ji Min bafouilla quelques mots incompréhensibles avant d'arriver à souffler un « quoi ? » à peu près audible. Devant son évidente perte de moyens et la couleur rouge qu'avaient prit ses joues, l'ainé ne pût s'empêcher d'afficher un sourire.

« J'ai dit : sors avec moi. »

Mêmes bafouillages.

« Pourquoi si soudainement ?
- Parce que tu m'as embrassé, et j'ai envie que tu arrêtes de me considérer comme « juste ton colocataire ».
- T'es sérieux, Yoon Gi ? demanda Ji Min après un silence.
- On ne peut plus sérieux. »

Le plus jeune se pinça les lèvres en détournant le regard, n'ayant plus la force d'affronter les prunelles sombres de Yoon Gi et son air qu'il n'arrivait pas à déchiffrer. Il n'avait jamais envisagé ça. Il ne l'avait tellement pas envisagé qu'il était incapable de formuler une quelconque réponse.

« Alors, c'était vrai ? »

Le ton lui sembla soudainement amer, contrastant avec l'assurance dont Yoon Gi avait fait preuve précédemment, et il releva les yeux vers lui, voyant que son expression s'était fermée.

« Quoi ?
- Que tu as quelqu'un. »

« Quelqu'un qui t'intéresse plus que moi » s'empêcha de rajouter Yoon Gi, ne voulant pas s'apitoyer d'une manière ou d'une autre. Il avait eu une poussée de confiance à cause des actes précédents de Ji Min, mais il s'était certainement trop précipité. Il en avait oublié cette histoire de message qui l'avait pourtant bloqué pendant plusieurs jours.

« Je-
- J'ai compris, pas besoin de le dire, coupa-t-il Ji Min avant qu'il n'ait pu commencer une sentence. »

Il détourna le regard du brun qui était en plein combat intérieur, hésitant à lui dire la vérité sur cette histoire de texto, ce qui pourrait lui amener des ressentiments de la part du plus âgé, ou le forcer à se précipiter dans une relation qu'il n'avait pas imaginé prendre un départ si rapide. Il était tellement dérouté par ce qu'il se passait qu'il n'arrivait pas à aligner deux pensées logiques.

« Oublie. »

Ji Min fronça les sourcils. Comme Yoon Gi semblait aimer dire ça ! « Oublie ». Comme s'il pouvait effacer de sa mémoire des déclarations pareilles. Comme s'il pouvait ne pas penser à l'effet que ça lui faisait, au point auquel sa poitrine se compressait, l'empêchant de respirer comme il le fallait. Comment était-il possible de lui demander une chose pareille ?

« Il n'y a personne, finit-il par avouer, se sentant plus oppressé que jamais, le souffle court. »

Les prunelles de Yoon Gi rencontrèrent les siennes, le faisant tressaillir, lui enlevant sa confiance et son courage de lui dire quoi que ce soit, tout en le forçant encore d'avantage à le faire.

« Je n'aime personne. Ce message... »

II s'arrêta, respirant lentement. Comment formuler la chose pour ne pas le mettre en colère ? Était-ce seulement possible de ne pas le froisser ?

« C'était pour voir ta réaction, pour te rendre... jaloux ? »

Il n'était pas sûr de ce qu'il racontait, parce que ce n'était pas comme ça qu'il s'était représenté les choses. Avait-il cherché à rendre son colocataire jaloux ? Il avait certes voulu provoquer une réaction chez lui, pour voir son sérieux, mais ce n'était pas, à la base, une question de jalousie. Est-ce que c'était l'effet que ça avait eu ? La raison pour laquelle Yoon Gi l'évitait, était-ce le message qu'il avait envoyé ? Il n'en était même pas certain.

De son côté, l'ainé tenta d'éviter de montrer l'effet qu'avaient eut les déclarations de Ji Min sur lui. Combien il venait de le rassurer, mais aussi de l'énerver. À cause de son petit jeu, il était devenu si désagréable. Il s'était tant retranché qu'il s'en détestait lui-même. Il avait tellement paniqué que ça avait bien failli le rendre fou.

« Jaloux ? Pourquoi serais-je jaloux ?
- Je ne sais pas. Peut-être parce que tu viens de me demander de sortir avec toi, ironisa Ji Min face à sa question d'apparence stupide.
- C'est parce que je veux que tu sois à moi, il n'y a pas de sentiments là-dedans.
- Pardon ? »

Yoon Gi tira soudainement sur son poignet, inversant leur position, le rendant encore plus démuni maintenant qu'il sentait son corps contre le mur, le corps du garçon lui bloquant le passage.

« J'ai envie de pouvoir dire que tu es à moi. »

Ji Min s'enfonça encore plus contre le mur alors qu'il se pencha d'avantage sur lui, son bras lui interdisant toute idée de fuite. Yoon Gi libéra sa main, et posa doucement la sienne sur sa joue. Ces gestes étaient en totales contradictions avec ses paroles, et ça ne l'aidait pas du tout à saisir la situation.

« J'ai envie que, lorsque tu me présentes, je sois plus spécial qu'un colocataire. »

Le souffle coupé, il sentit les doigts de Yoon Gi se glisser dans sa nuque, un frisson lui parcourant l'échine. Le visage de l'ainé était tellement proche qu'il sentait son souffle chaud s'écraser sur sa peau. Ses yeux sombres exerçaient sur lui une emprise forte, l'empêchant de bouger ou même de parler.

« J'ai envie d'être le seul à pouvoir te toucher. »

Comme si cette phrase avait eu l'effet d'une bombe, une agréable sensation embrasa son ventre et sa poitrine, le faisant lâcher un souffle d'aise, ou d'anticipation. Ses yeux réussirent à lâcher ceux du garçon aux cheveux verts pour se fixer sur ses lèvres. Ses belles lèvres pâles et rosées. Il se fichait de ce que Yoon Gi venait de lui dire. Qu'il voulait sortir avec lui. Qu'il parlait de lui comme une espèce d'objet qu'il voudrait posséder. Il oubliait qu'il avait été distant avec lui sans raison, qu'il l'avait presque blessé. Non, à cet instant, tout ce qu'il avait dans la tête, c'était l'idée de sentir la fusion de cette bouche avec la sienne. Il les vit se courber et vibrer alors que Yoon Gi s'apercevait fièrement de ses pensées.

« Eh bien, fais-le donc, Ji Min. »

Il s'arracha de sa douce vision pour planter des prunelles dures sur l'ainé.

« Je ne suis pas ta chose.
- Mais tu crèves d'envie de m'embrasser.
- Mais je n'ai pas envie de m'embarquer dans ce genre de relation avec toi. »

Si.
Pourquoi fallait-il qu'il soit soudainement si raisonnable ?

« Qu'est-ce que t'es chiant.
- Laisse-moi le temps de réfléchir, Yoon Gi. Restons colocataires pour l'instant, d'acco- »

Sa voix s'étouffa contre les lèvres du garçon qui venait de se jeter contre les siennes. À cause de ce qu'il venait, ou du moins était en train de lui dire, Ji Min aurait dû le repousser. Il devrait l'éloigner de lui, le fusiller du regard, et quitter la pièce. Mais rien de ce scénario pourtant logique se produit, et sans que ses pensées et convictions ne l'en empêchent, ses mains s'accrochèrent au col de la chemise ébène de Yoon Gi, et sa tête se pencha d'elle-même alors qu'il approfondissait le baiser. C'était comme si ce n'était qu'un réflexe, qu'il n'y avait pas d'autre choix pour son corps que de répondre à ce contact de cette manière.

La main de Yoon Gi appuyait derrière sa nuque, pressant toujours plus leurs lèvres l'une contre l'autre, comme s'il lui fallait les écraser pour se satisfaire. Il attira le corps de Ji Min contre le sien, rapprochant leur bassin en accrochant son autre main sur sa hanche. Leur baiser étouffa un gémissement de satisfaction du plus jeune alors que leurs langues venaient d'entamer une bataille effrénée. Ce son, agréable à l'oreille de Yoon Gi, sembla pourtant le ramener quelque peu à la réalité, alors qu'il s'était laissé emporté dans les sensations de plaisir qu'il ressentait depuis qu'il avait cédé à l'envie de l'embrasser. Il se rendit compte, à cet instant, qu'il était capable de faire ça continuellement : dévorer les lèvres du garçon, poser les mains sur son corps, et écouter sa douce voix prononcer des gémissements obscènes. Ça lui plaisait tellement que ça le réfrénait presque. C'était trop intense pour être vrai, tout simplement.

Comme il l'avait commencé, il mit brutalement fin au baiser, laissant Ji Min avec un air perdu. Perdu parce qu'il s'arrêtait, mais surtout parce qu'il ne comprenait pas comment il avait pu s'emporter à ce point. Comment il s'était retrouvé là, désespérément accroché à son colocataire, à vouloir en découvrir encore davantage de sa personne. Il n'arrivait tellement pas à croire qu'il venait de céder à son désir qu'il détourna son regard vers la nuque de Yoon Gi, essayant de se concentrer sur combien sa peau semblait douce et fragile à cet endroit pour ne plus penser au fait qu'il venait de l'embrasser passionnément

« Il parait que tu es hétéro... lui souffla Yoon Gi dans le creux de l'oreille.
- Essaie de la fermer, pour voir.
- Park Ji Min qui est donc bel et bien gay comme un phoque, acceptes-tu de sortir avec moi ?
- J'ai déjà répondu à ça et c'est no- Aah. Yoon Gi, arrête ça ! »

Il essaya de repousser le garçon qui s'amusait à lui mordiller le lobe d'oreille, sûrement pour l'empêcher, encore une fois, de formuler une réponse négative. Tout ce qu'il y gagna, ce fut de finir une nouvelle fois contre le mur, un visage moqueur lui faisant face.

« Je ne comprends pas pourquoi tu refuses.
- Pour moi, sortir avec quelqu'un, c'est parce qu'on a plus que des envies de possession et du désir sexuel, c'est ton cas ? »

Ji Min savait ce qui allait se passer, il le voyait à la moue hésitante de son colocataire. Lui, il n'était pas du genre à réfléchir à ce qui pouvait se produire après cette décision. Il voyait les choses simplement : j'ai envie de lui, je devrais sortir avec lui. Ce n'était pas le cas du brun : il se connaissait parfaitement. Il savait qu'il était déjà trop attaché à lui, et d'une manière tout sauf amicale. Il savait que s'il se laissait aller, l'attachement deviendrait certainement autre chose. Pour lui, mais pas pour Yoon Gi.

« Je ne veux pas être ton sexfriend. »

L'ainé poussa un soupir à rendre l'âme. Ji Min ne comprenait rien, et c'était entièrement sa faute pour ne pas être capable de s'exprimer convenablement. C'était simple, pourtant : s'excuser et ravaler sa fierté pour lui avouer qu'il venait de mentir comme un enfant, qu'il avait été jaloux à en crever, qu'il lui en avait voulu pendant des jours juste parce qu'il ne lui avait pas parlé d'avoir quelqu'un avant qu'il s'attache. Lui dire avec confiance qu'il était attaché à lui, qu'il se donnait des excuses. Tout ça, c'était la simplicité même, mais il n'y arrivait pas. Il ne s'en sentait pas capable, pas encore. Alors il décida de continuer à être idiot :

« Tu te souviens de mon histoire de vengeance ? demanda-t-il.
- Celle de centre commercial ? Tu y pensais toujours ?
- J'étais en train de la préparer, crétin. Et avec cette histoire de faux message, tu m'as encore plus donné envie de le faire.
- Et donc, pourquoi me parles-tu de ça ?
- Si tu acceptes, j'oublie mon merveilleux plan, déclara Yoon Gi avec un air plein de confiance qui persuada Ji Min que cette histoire n'avait rien de bon pour lui.
- Ce genre de relation, ce n'est pas moi. »

Le brun se força à se donner un air consistant. L'idée que Yoon Gi pensait à un plan depuis pas mal de temps lui faisait froid dans le dos, et il était terriblement décontenancé par ce qui venait d'arriver. Le fait qu'il lui demande de sortir avec lui, qu'il l'embrasse, et que lui apprécie énormément ce geste. Il avait besoin de faire le point sur ses pensées et ses ressentis. Et sur ceux que pouvaient avoir son énergumène de colocataire.

« Je m'en doute bien, fit rêveusement Yoon Gi alors qu'il était occupé à caresser ses mèches sombres. »

Pourquoi diable fallait-il que le cœur de Ji Min batte bien plus fort alors qu'il avait ce genre de gestes tendres si simples, par rapport à lorsqu'ils s'embrassaient tout à l'heure ? Il n'aimait rien de tout ça. La manière dont il appréciait chaque contact avec Yoon Gi, qu'il soit sexuel ou non, combien son corps pouvait y être réactif, et cette manière qu'avaient sa poitrine et son ventre de se serrer pour, il s'en doutait bien, une raison qui n'était pas liée qu'au désir.

« Tu aimes les oranges ? »

Ji Min releva un regard interrogateur vers lui. Quelle étrange manière de changer de sujet.

« Quoi ?
- Oh rien. Je pensais juste à aller acheter du jus de fruit et...
- Là, tout de suite, tu pensais à du jus de fruit ? »

Alors qu'ils venaient de se sauter dessus et d'avoir une discussion plus qu'étrange, lui, il pensait à aller boire un jus d'orange ?

« Ouais.
- Tu n'es vraiment pas normal.
- C'est ce que tu aimes. »

Il ne devait surtout pas rougir. Il ne devait surtout pas lui montrer que ce genre de phrase toute faites lui faisait de l'effet. Qu'il lui faisait plus d'effet que raison. Qu'il était une espèce de gars sensible qui s'entichait rapidement, et qui s'excitait pour un petit baiser et un peu de marques d'attention. Il ne devait pas être si facile, surtout pas. Son cœur ne devait pas battre comme ça, mais surtout : il ne devait vraiment pas rougir.

Merde, pensa très fort Ji Min alors qu'il sentait ses joues chauffer.

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Mourrez pas, je vous aime ! ;-;

Je pense que ce chapitre va me faire pardonner tous mes retards, haha ! J'ai même réussi à faire plus long que d'habitude, donc j'espère que vous avez apprécié.

Cette fanfiction est presque a 98K de lectures. C'est ahurissant. Vous êtes complètement fous. Sérieusement. J'arrive même pas à me rendre compte de la portée d'un tel chiffre, vous êtes combien à me lire, sérieusement ? :') Merci 98 000 fois.