J'ai parlé de toi avec une fille que j'ai rencontrée sur Internet. Amie est le terme qui conviendrait, mais tu sais bien que j'ai toujours eu du mal avec ce mot. Mais oui, c'est une amie.

Ce n'était pas la première fois que je lui parlais de toi, c'est plutôt la dixième fois je suppose. Peut-être plus. Honnêtement je préfère ne plus compter. J'ai l'impression de me lamenter beaucoup trop à ton sujet. Je devrais juste me taire, arrêter de parler de toi, garder ça pour moi. Mais j'y arrive pas. En parler ne me libère pas. J'ai toujours mal quoi que je fasse : discuter, écrire, essayer de faire autre chose. Si j'en parle, ce n 'est pas pour avoir des conseils. Elles ont déjà essayé et je ne peux pas appliquer ce qu'elles me proposent. T'envoyer un message ? C'est au-dessus de mes forces et ce n'est pas correct envers toi.

Du coup, je ne sais pas pourquoi je lui en parle. Pourquoi je leur en parle. Ça ne sert à rien, alors je devrais probablement arrêter. Et puis, elles doivent en avoir marre de me voir tweeter à ce sujet (sur mon compte privé. T'imagines si quelqu'un de notre lycée tombait sur mes tweets ? Hyper gênant... Non, sur mon compté privé j'ai que les gens d'internet, ceux qui ne te connaissent pas). Donc, je disais qu'elles doivent en avoir marre. Marre de voir cette fille amoureuse de son ex-meilleur ami depuis plusieurs années, trop terrifiée pour le comprendre au bon moment, trop conne pour ne pas t'avoir gardé à mes côtés, trop lâche pour ne pas t'envoyer de messages. J'aimerais pourtant avoir le courage de le faire. J'aimerais savoir si tu as, un jour, ressenti ce genre de sentiments à mon égard. J'ai peur que tu me dises non. Et je sais que ça n'arrange rien. Qu'on ne sera pas ensemble. Et comme je l'ai dit plus haut, ce n'est pas correct. Tu as ta vie désormais et je n'ai pas le droit d'y interférer.

Tu te rappelles quand je te disais que j'avais inventé des millions d'histoires dans ma tête à ton propos ? Il y en a une qui revient souvent.

Dans celle-là, j'ai eu la chance de gagner l'euro-million et je m'apprête à déménager à des centaines de kilomètres de notre ville. Il n'y a rien qui me retient ici, à part ma petite famille. Enfin si, il y a une chose. Toi. Et là, je prends finalement le courage de tout t'avouer, à travers une lettre (et un cadeau. Genre un super gros cadeau collector de ton jeu vidéo préféré. Au moins, je me rappelle de ça). Donc, je mets la lettre avec le colis et je te l'envoie le jour de mon départ. Évidemment, quand tu le reçois, tu ne mets pas longtemps à débarquer chez moi... Enfin, dans mon ancienne maison. Mais je n'y suis plus. Tout est vide, je suis partie. J'ai tout quitté, amené ma famille avec moi, j'ai enfin eu le courage de te dire mes sentiments. Mais je ne t'ai pas donné l'opportunité de me répondre, parce que j'étais trop effrayée de la réponse. Je voulais juste simplement que tu saches la vérité.

« X,

Tu as probablement dû te demander d'où venait ce colis. Si tu l'as ouvert avant de lire cette lettre, tu as sûrement dû halluciner. Et en lisant cette lettre, tu dois te sentir perdu, troublé, surpris. Désolée si je viens tout chambouler... Mais je déménage. Je m'en vais d'ici, je m'en vais très loin. J'ai envie de commencer une nouvelle vie, essayer en tout cas. Mais je ne pourrais pas y arriver si je ne te dis pas la vérité.

De toutes les personnes que j'ai rencontrées, tu seras toujours ma plus belle rencontre. Tu seras toujours la personne la plus exceptionnelle, la plus gentille, la plus marrante, la plus humaine dans ma vie. Tu l'illuminais. Les mots ne sont pas assez forts pour qualifier l'être incroyable que tu es. Tu es bienveillant, tu as toujours su quoi dire pour me remonter le moral. Tu as eu la patience de me supporter. Tu as eu la force de m'apprécier.

Je ne sais pas où en est ta vie en ce moment. Mais je veux vraiment que tu saches à quel point tu es formidable, à quel point tu as compté pour moi. Je veux vraiment que tu sois heureux, ça me tuerait si tu ne l'étais pas. Tu le mérites tellement !

Je voulais aussi m'excuser pour ne pas avoir été à la hauteur de ton amitié. J'ai tout fait foirer... C'est et ce sera mon plus grand regret. Avec celui de ne pas avoir été honnête envers toi, ou envers moi-même pendant plusieurs années. Je suis amoureuse de toi. Je pense que je le serais toujours. Impossible pour moi de t'oublier après plus de quatre ans. Ouais... Je suis sûre qu'il me sera impossible de trouver quelqu'un à ta hauteur, quelqu'un que j'aimerais comme je t'aime.

J'espère que tu seras heureux,

Je t'aime. »

C'est plus ou moins ce que j'écrirais.

J'ai passé une partie de ma soirée à regarder des photos de nous. Enfin, des années de lycée et y avait certaines photos de nous deux. Parfois il y avait d'autres personnes. Bref, j'ai bien changé et heureusement ! J'ai envoyé quelques une des photos à l'amie dont j'ai parlé plus haut. Pour lui montrer à quoi je ressemblais plus jeune. Sur quelques unes, tu y apparaissais. Elle a deviné que c'était toi le « meilleur ami ». Elle a dit que mon sourire était différent des autres photos. Personnellement, je ne vois pas la différence. Un oeil externe doit mieux le voir.

Elle a aussi dit qu'elle te trouvait mignon. Diantre, qu'elle a raison. Pourquoi ne l'ai-je pas remarqué avant ?

Parler avec elle m'aide à comprendre un peu mieux la façon dont je fonctionnais il y a quelques années. Enfin, plutôt mon subconscient.

Tu étais la personne la plus importante dans ma vie à l'époque. L'ami que j'ai gardé le plus longtemps, que j'appréciais le plus. J'imagine que mon subconscient m'a interdit de te voir d'une autre manière, de peur de te perdre. Ça m'aurait fait trop mal que tu ne sois plus dans ma vie. Essayer d'être un couple, ne pas réussir, tout gâcher... ça semble dérisoire maintenant, vu que tu n'es plus dans ma vie.

Je devrais arrêter d'avoir peur, arrêter d'avoir mal, arrêter d'être triste. Vivre enfin pleinement. Mais j'y arrive pas, quelque chose me bloque. Tu me bloques. Tu mets la barre bien trop haut. Encore une idée de mon subconscient pour ne pas aimer quelqu'un d'autre et donc pour éviter de souffrir ?