Le jeune Ryan, âgé de seize ans, était allongé dans l'herbe verdoyante d'une petite colline, non loin d'un village en proie aux flammes de l'enfer. À ses cotés se tenait un homme bourrue aux traits patibulaires et au crâne rasé. Il portait une armure étincelante et passait sa main dans sa longue barbe blanche tout en scrutant le jeune homme du coin de l'œil. Dans le regard d'obsidienne de celui-ci se reflétaient à la fois les étoiles scintillantes, mais aussi la lourde peine qui l'accablait alors. Malgré lui, il repensait à cette instant, qui jouait sans cesse dans sa tête en boucle, comme pour le tourmenter indéfiniment.

Quelques heures plus tôt, il était encore dans le village qu'il pouvait appeler chez lui, entouré de ses amis, ses parents, ses défunts proches. Tous chantaient, dansaient, riaient, festoyaient dans l'insouciance la plus totale, célébrant la traditionnelle fête des moissons. Une fois encore, les récoltes s'avéraient suffisamment abondantes pour leur permettre de survivre au terrible hiver des contrées du nord. Tout allait pour le mieux.

Alors pourquoi ?

Pourquoi donc les choses ne pouvaient-elles pas rester comme elles étaient ?

Qu'est-ce-qui justifiait la mort atroce de ceux qu'il chérissait le plus au monde ?

Rien...

Rien, rien, rien du tout !

C'était inique, la vie était injuste, qu'il le veuille ou non, une part d'ombre subsistait dans ce monde regorgeant pourtant littéralement de magie. S'il s'était exercé à cet art, au lieu de vivre dans l'insouciance la plus totale, tout aurait peut-être été différent. Il aurait pu changer la donne, non, c'était obligé !

Alors que les habitants, lui y compris, profitaient de la soirée, l'arrivée d'une troupe de monstre sonna la fin de leur existence. L'armée du terrible général démoniaque Hasalt s'apprêtait à nouveau à tout détruire sur son passage. Ce cours instant de bonheur qu'ils avaient partagé n'avait servi qu'à les plonger dans un désespoir encore plus profond, dans des abysses que seuls les morts pouvaient sonder. En un rien de temps, femmes et enfants trempaient dans une marre cramoisie tandis que les hommes armés résistaient tant bien que mal, en vain.

Il restait malgré tout quelques survivants, n'étant pas habilités à prendre les armes, Ryan était parmi eux. Ils étaient défendus avec véhémence par les guerriers encore debout, maniant aussi bien la hache d'arme que l'épée. Ceux-ci se démenaient comme des lions pour protéger leur chair et leur sang, ignorant leurs plaies béantes et la douleur insoutenable qu'ils devaient ressentir. Seuls leurs cris de rage retentissaient dans la nuit noir, un appel à l'aide désespéré, ou bien une tentative futile d'accepter leurs sorts. Dans tous les cas, ils étaient déjà morts, et ils le savaient, alors ils hurlaient à leurs enfants de s'enfuir.

Ryan était alors tiraillé entre l'envie de prendre ses jambes à son coup, loin de cette réalité cruelle, et de se jeter à corps perdu dans la bataille avec les autres. Ils étaient de toute façon condamnés, alors... autant mourir ensemble ? Ce fut ce que choisit une jeune fille aux courts cheveux bruns légèrement bouclés, et aux yeux bruns vides de peur et de désespoir.

Dans un ultime cris de rage, elle se jeta sur les démons une flèche à la main, prête à la leur planter dans la gorge. Elle l'avait ramassé par terre, tandis que la vie quittait les yeux de son père. Elle le vengerait quoi qu'il en coûte ! Celui qui lui avaient fait ça, le chef des démons, elle l'étriperait quitte à en mourir ! Ni une ni deux, une épée était fichée dans son estomac. L'imposant démon en armure brillante tachée d'un liquide rouge poisseux ne daignait même pas lui accorder un regard tandis que la jeune fille s'éteignait peu à peu. Un hurlement épouvantable retentit alors pendant de longues secondes :

- LIA !

C'était Ryan, qui à la vu de son premier amour, à qui il voulait se déclarer ce soir là, empalée sur cette immense épée dentelée avait laissé sortir toutes ses émotions bouillonnant en lui dans une ultime supplication. Son corps agit alors par lui même, répondant à une seule chose : son instinct de survie. Il courut, encore et encore, sans se retourner ni daigner regarder ceux qu'il abandonnait à leur sort, ses yeux embués de larmes. Il était lâche, un vrai poltron. Jamais il n'oserait mourir en héros, comme Lia. Il voulait juste s'enfuir de tout, sans se soucier du reste. De toute façon, ce n'était qu'un cauchemar, c'était obligé. L'odeur pestilentielle de la mort ne régnait pas en ces lieux.

Il poursuivit sa course jusqu'à arriver en bas d'une colline à l'herbe verdoyante et aux senteurs florales, elle même en contrebas d'une route commerçante majeure du pays qu'empruntait un homme d'envergure : le guerrier Horsen, l'immortel. Sa résistance impressionnante aux attaques physiques lui avait valu ce surnom. Jamais il n'avait reçu de quelconques dommages de ses adversaires. Sa peau était aussi dure que l'acier, d'après les rumeurs. Ryan s'empressa d'aller le voir, lui contant le drame de son village, avant de pratiquement l'implorer à genoux de tuer ces démons.

À l'entente de ce mot, le guerrier accepta sans broncher, vouant visiblement une haine tenace à ces créatures. Un quart d'heure plus tard, il revint avec la tête d'Hasalt dans sa main droite, la tenant lâchement par son casque tel un habit sale. À la vue de ce trophée de guerre, un large sourire dont il ne se croyait pas capable s'étirait sur les lèvres du jeune homme. Il était mort, lui aussi, alors il devait en être heureux, normalement. Pourtant, il ressentais juste un vide abyssal, rien d'autre. Il lui était déjà arrivé de ne rien éprouver, mais cette fois-ci semblait différente.

Son cerveau n'arrivait pas à concevoir qu'en une maigre petite heure, il ait pu perdre ce qu'il avait mis des années à obtenir :

Ses parents, toujours à l'écoute de ses petits tracas du quotidien, pourtant insignifiants désormais, qui n'hésitaient pas prendre sur eux pour lui offrir un niveau de vie correcte, qu'importe ce que cela impliquait pour eux. Ils se démenaient toujours pour leurs enfants, qui plus est avec le sourire, aujourd'hui perdu a jamais.

Sa sœur cadette, plus jeune que lui de six ans, et toujours débordante d'énergie et d'un enthousiasme réconfortant. Malgré son jeune âge, elle savait trouver les mots justes pour réconforter les autres, dont lui. Elle avait toute la vie devant elle pour se trouver, apprendre à connaître les autres, se faire des vrais amis, voyager, travailler, peut-être même trouver quelqu'un un jour. Mais non, ça n'arriverait pas.

Pour finir ses amis, Luc, Thomas et Evan tous restés là-bas tandis qu'il avait fuit. Tout du moins, c'était ce dont il croyait se souvenir. De toute façon, ils étaient sûrement morts, Horsen aurait sauvé et ramené les autres survivants, s'il en avait eut. Il ne servait à rien d'espérer bêtement qu'ils aient survécus alors qu'il les avait égoïstement abandonné. Il était seul, c'était mérité.

Ryan fut soudainement prit d'une envie irrépressible d'extérioriser sa colère. Alors il leva son bras droit et, assit sur l'herbe, se frappa brutalement au visage, au ventre, aux côtes. Qu'importe il voulait juste souffrir autant que ses proches. Horsen le laissa faire après une courte réflexion, comprenant ce qu'il ressentait. Il avait besoin de passer ses nerfs et sa haine de lui d'une manière ou d'une autre. Il aurait été hypocrite de l'en dissuader, ils étaient pareils. Au bout de quelques minutes, le jeune homme s'écroula de fatigue sur le sol.

Ryan ne put s'empêcher de rire jaune à ces souvenirs. Il regardait désormais le ciel étoilé, mais tout ce qu'il apercevait, c'était les larmes refoulées qui troublaient sa vue. Le guerrier, de là où il était, ne pouvait pas le voir, et c'était pour le mieux. Celui-ci lui posa alors une question :

—- Ryan, que veux tu faire ?

Interloqué, il répondit brusquement :

—- Hein ?

—- Tu as survécu en étant un vrai lâche, nous le savons tous deux. Mais maintenant, que veux-tu faire ? Désires-tu vivre ta vie paisiblement ? Ou bien suivre la voix du guerrier pour protéger ce qui est important.

Le jeune homme se mit alors à ricaner bruyamment. De qui se foutait-il, sérieusement ? Il jeta un regard noir au vieillard avant de rétorquer avec force :

—- Protéger ce qui est important ? Tu rigoles j'espère. JE N'AI PLUS RIEN !

Il décocha alors un puissant coup de poing dans la mâchoire du guerrier qui se laissa faire sans broncher puis reprit :

—- À cet instant précis, tu n'as rien, mais les autres si. Et qui te dit que tu ne retrouvera pas des gens précieux pour toi au cours de ton voyage. Deviens mon disciple, je t'apprendrai à manier la hache. Au fond, on se ressemble...

Le jeune homme leva son poing vers le ciel, voyant un dragon passer au loin. Une créature surpuissante pouvant facilement ravager un village similaire au sien. Cette pensée laissa un goût âcre dans sa bouche. Il voulait éviter ça. Son histoire ne devait pas se répéter ! Serrant fermement sa main droite, il répondit avec difficulté :

—- Je comprends ce que tu veux dire, le vieux. Je... ne veux pas que d'autres connaissent ce que j'ai vécu. J'éradiquerai les démons, c'est mon choix !

Sa décision était prise, il éradiquerait la race démoniaque pour le bien commun. Tel était son choix.

1547 mots sur les 1550 autorisés au max (c'était juste 😅) La preuve :

J'ai écris cet os pour le concours de mil_ago et mon juge est Park_midori (je te tague ici et te dédie cet os)

Il vous a plu ?

J'ai fait une fin ouverte. Si 15 personnes demandent la suite, je l'écrirai.

Pourquoi ? Je ne veux pas me lancer dans l'écriture d'un livre qui ne vous intéresse pas.

Vous voulez la suite ? Dites le ici 👈

Et n'hésitez pas à ramener des gens qui pourraient être intéressés.

Merci à Fanga016 pour ses conseils. Si je gagne j'aimerai qu'elle soit récompensée également.

Bye ^^