III - Jouer à... espionner (1)

En média des perles baroques. Eh oui le français ca sert !! (N'est-ce pas krystal_56 ? XD) Avec un peu d'imagination vous pouvez voir apparaître Perle ;-).

Il est là, Isak. Toujours assis dans son coin sombre. Je viens m'asseoir à ses côtés, sans un mot. Nous regardons droit devant nous. Et pourtant il n'y a rien devant nous, juste un mur. Mais je ne veux pas croiser son regard. J'attends qu'il parle.

- Merci, dit-il.

Je le regarde.
Je lui souris.

- Est-ce qu'on peut continuer de jouer, supplié-je ?

- Moi je veux bien mais...

Et il jette un coup d'œil craintif aux deux côtés de la rue.

- On dira que tu es mon espion. Et moi je suis ta reine.

Ses yeux s'illuminent soudainement et il acquiesce vigoureusement :

- J'ai toujours rêvé d'être un espion !

Je ris. Mais comme il affiche une mine perplexe, je prend une moue mystérieuse pour ordonner :

- En ce cas, allons-y ! Nous allons espionner le marché.

Tout le mystère que je tentais d'instaurer avec le ton de ma voix s'effondre avec le coup d'œil moqueur que mon insupportable compagnon me jette.

- Le marché ? J'espère que tu veux rire parce que cela fait tout de même énormément de monde.

- Mais... Non !

- Ah si ! On n'a qu'à dire que nous espionnerons les portes de la ville. Il se passe beaucoup de choses aux portes de la ville, non ?

Frustrée mais sans montrer qu'intérieurement je trouve son idée bien meilleure que la mienne, j'opine du chef. Après que je lui en ai donné l'ordre - je suis la reine !- nous partons bras dessus bras dessous vers les portes.

Il est drôle, Isak. Il a passé tout le voyage à imiter ceux que nous croisions. Les hommes-coquillages, ça va encore. Mais les algues, les animaux et les statues de sable... Cela relevait du comique ! Il a même tenté de reproduire le cri de la mouette, un horrible monstre qui rôde quelquefois autour de notre château de sable. Mais c'est vrai que cette imitation était parfaitement ridicule.

Les portes sont là, gardées par nos soldats, mais ouvertes aux voyageurs. Nous échangeons avec les autres cités de sable : les commerçants d'algues sont ceux qui voyagent le plus ; on compte de nombreux échanges à dimension scientifique, culturelle ou politique ; les architectes passent de ville en ville pour aider au renforcement des remparts contre la mer.

Tous les châteaux de sable forment une alliance contre la mer.

Cependant, nous sommes un peu isolés des autres et légèrement en hauteur, ce qui fait qu'on ne nous visite que très peu : ni la mer, ni les autres commerçants.

Je grimpe sur les remparts et me cache dans un renfoncement. Isak me rejoint à petit pas de puce tandis que je pose un doigt sur mes lèvres et souris :

- Chut...

- Nous observons ceux qui rentrent, d'accord ? Murmure-t-il alors d'un voix à peine perceptible. Et si quelqu'un nous paraît suspect...

- Nous le prenons en filature !

En réalité peu entrent et sortent. C'est le plus souvent des familles qui partent en balade prendre le bon air. Ou bien une série d'architectes qui viennent inspecter la solidité de nos remparts. Nous avons beaucoup d'architectes parce qu'avec le vent et la mer notre château reste très fragile.

Deux gardes, trois architectes donc, quelques couples avec enfants parfois... Et soudain un homme seul qui quitte le château. Isak se redresse d'un bond :

- Qui est-ce ? Il a une mine trop sérieuse pour être honnête !

J'éclate de rire. Bonjour la discrétion mais c'était vraiment trop drôle !

- Ce n'est pas drôle, s'étonne-t-il.

- Si. J'espère bien qu'il est honnête et sérieux : c'est mon papa. Ton roi.

Isak devient plus blanc qu'écume et se laisse tomber par terre. Boum ! Évidemment maintenant nous avons attiré l'attention. Je grimace :

- Toi, à plat ventre ! Si je te vois debout, tu auras la fessée.

Quant à moi je me redresse, agite délicatement la main au soldat qui s'approchait et me tourne vers l'horizon avec une mine songeuse et lointaine. J'écarte ainsi le danger mais surtout...

- Isak ! M'écrié-je subitement en me penchant vers lui. Il y a un homme qui vient. Il a l'air vraiment chargé. Lui, nous le prendrons en filature.

Aussitôt dit, nous dévalons l'un des escaliers des remparts avant de nous approcher en catimini des portes. J'échange un drôle de regard avec mon ami : l'agitation des soldats autour de cette arrivée ne nous dit rien qui vaille.

C'est avec une surprise croissante que nous constatons que papa accueille lui même le nouveau visiteur.

- Il vient de loin, chuchoté-je à l'oreille de Isak. C'est assez rare et papa semble flatté par cette venue. Tu viens m'aider ? Nous allons tenter de découvrir qui il est.

Après filature, je note qu'il habite dans le quartier aisé... Et qu'il ne faut jamais tenter d'espionner quelqu'un avec Isak parce qu'en quelques instants il a réussi à renverser quatre étalages du marché, à pousser deux dames et leurs enfants et à me faire glisser jusqu'à côté d'une flaque de boue. Mais tout cela est... Hum... Secondaire.

L'homme a décidement une grande maison ! Peut-être même la plus grande juste après mon palais. Ce qui m'étonne, parlons de choses sérieuses, c'est l'attroupement des concitoyens autour de sa maison. Nombreux, et ça papote, et ça crie, et ça gesticule...! Pourquoi ?

- Isak ? Tu veux bien aller demander au monsieur juste là qui est cet étranger ?

Il fronce les sourcils. Je me redresse, bombe la poitrine et précise :

- Je suis ta reine, ô mon meilleur espion !

Et soudain plein d'ardeur il s'incline et file vers l'homme désigné. De mon côté, je me dirige vers un groupe de femmes :

- Vous attendez quelque chose ?

- D'un instant à l'autre, monsieur Berlue nous dira quand et où aura lieu son prochain spectacle.

- Spectacle ?

- Mais voyons ! C'est le célèbre, le grand monsieur Berlue ! Vous connaissez j'espère ?

- Ne... Non.

- Mais le meilleur illusionniste de toute la plage !

J'ouvre de grands yeux... J'ai effectivement déjà entendu parler de cet homme à l'apparence d'étoile de mer mais ce devait être fugitivement.

La porte de la maison s'ouvre. Papa sort et je vois tout le monde s'incliner profondément. J'agite ma main en coucou et il me fait un clin d'œil.

- Il s'appelle Berlue, murmure Isak à mon oreille. Illusionniste que ton père a invité ici pendant une période indéterminée. Mais...

Il s'arrête quelques secondes.

- Nul ne sait d'où il vient.

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