I - Princesse recherche ami (2)

- Que faites-vous ici, Perle ?

- Pourquoi lui faites-vous du mal ?

- Répondez à ma question plutôt que de changer le sujet, menace celui qui paraît être le chef.

Inconsciemment, je me mets à pleurer. Cet homme me fait peur. Il a une grosse voix et des manières un peu rudes. Ce ne sont pas de grosses larmes mais de petits sanglots effrayés. Penaud, l'homme me prend la main. Il ne sait pas comment consoler.

- J'étais perdue, lui il m'a aidée.

Surpris, le chef jette un regard au prisonnier qui garde tête baissée.

- Je ne pense pas que vos parents apprécieraient de vous voir avec ce renégat. Le palais est dans cette direction. Rentrez chez vous.

Je lui lance un regard furieux, sourcils froncés. Son air sec et ses mauvaises manières me déplaisent au plus haut point.

Enfin... Maman m'a appris à être sage. Je tourne le dos après un petit signe gentil au garçon et prends rapidement la direction du palais.

Un cri !

- Je n'ai rien fait ! Je vous jure que je ne voulais pas ! Je n'ai rien fait, je vous jure ! Perle ! Tu peux peut-être m'aider toi !

Mon garçon essaie de se détacher et de fuir. Il gesticule dans tous les sens, se tord, se roule par terre. Mais que fait-il ?

Évidemment, je me suis arrêtée pour l'observer. Ma curiosité redouble.

- Je n'ai rien fait... Gémit-il encore.

- Brave homme, interroge une dame au soldat qui tient fermement le prisonnier par le bras. Serait-ce ce jeune garçon qui a...

- Oui.

Aussitôt, la femme court le dire à son amie qui tient l'étalage voisin. Elles roulent toutes deux de grands yeux et prennent des mines choquées. Puis font courir le murmure.

Autour du prisonnier qui continue de se débattre désespéremment, la rumeur enfle. Le marché arrête lentement son animation pour observer cette curieuse scène. Un calme curieux s'installe. Le prisonnier crie. J'observe.

Qu'a-t-il fait ? Il doit être bien méchant pour qu'on le traite de la sorte. Pourtant il m'a aidée. C'est bizarre.

Et plus étrange encore, je me rappelle ses mots si gentils lorsque nous étions perdus dans les ruelles. Je me rappelle que je me sentais heureuse à ses côtés, que mon cœur battait très fort. Cette histoire est décidemment très étrange.

On emmène le garçon vers le palais. Je sais qu'il y a des prisons là-bas. Mais ce n'est pas grave : je demanderai à papa de le libérer.

Il pleure toujours mais a cessé de se débattre. Et maintenant, nous arrivons aux grilles de la cour. Toute la ville semble s'être amassée là et murmure sur son passage. Et puis, il y a toujours ces regards mauvais. Je ne comprends pas. Je n'aime pas ça.

Maintenant, j'ai envie de pleurer. Je me mets à courir du plus vite que je peux. Et j'arrive dans le bureau de papa. Il est en grande discussion avec l'un de ses ministres, la mine soucieuse. Mais cela ne fait rien : je me jette dans ses bras, en larmes.

- Papa !

- Ma princesse... Murmure-t-il surpris en me caressant la tête.

Le ministre est gêné. Il toussote et vient jeter un coup d'œil à la fenêtre.

- Sire, on apporte un prisonnier.

- Papa, il est gentil. Il ne faut pas l'emprisonner.

Je ne doutais pas de mes paroles mais la réaction du roi n'est pas celle que j'attendais.

- Je verrais ce qu'il a fait, d'accord ? Mais si le capitaine des gardes l'a capturé, c'est qu'il doit avoir d'excellentes raisons.

Je ne sais pas quoi répondre à cette affirmation. Alors je regarde tristement mon papa et m'en vais.

Je reviens quelque temps plus tard dans le bureau. Je viens d'apprendre la chose la plus abominable qui soit : papa a mis en prison mon sauveur. J'étais gentiment partie en me disant qu'il me fallait être une fille sage. Mais on m'a trahie. Papa m'a trahie et cela je ne peux pas le supporter.

Je pousse la porte et entre d'un pas décidé. Il faut que papa voie que je suis en colère. Il parle toujours avec le même ministre, comme si de rien n'était. Cela ne lui fait donc rien de mettre en prison un gentil ?

- Papa !

- Qu'est-ce qu'il y a encore, Perle ?

- Le prisonnier est gentil.

Je vois qu'il est surpris par ces mots. Il lève un sourcil :

- Tu le connais ?

- Oui. Tout-à-l'heure,  j'étais perdue dans les ruelles de la ville. Eh bien il m'a aidée. Et il m'a dit... Des mots gentils, oh ! Si gentils ! C'est mon sauveur. Tu vois qu'il est gentil.

- Monsieur, dit alors papa en se tournant vers le ministre. Pourriez-vous nous laisser ? Je crois que notre héritière souhaite recevoir sa première leçon de politique.

L'homme s'incline et quitte la pièce. Mais je n'y fais guère attention. Que va dire papa ?

- Connais-tu, ma chérie, les remparts sud-ouest de la ville ?

- Oui. Nous avons interdiction d'y aller parce que le sable y est beaucoup plus fragile qu'ailleurs.

- Exactement. Ce qu'a fait réellement le prisonnier est trop compliqué pour que tu puisses comprendre. On dit que c'est un traître. Mais à ce gros méfait, vient s'ajouter une faute qui remue la ville contre lui... Dans sa fuite il est monté sur les remparts. Tout un pan de sable s'est détaché et a détruit les maisons en dessous. Il y a plusieurs morts.

- Connaissait-il l'interdiction ?

- Oui.

- On peut donc être gentil et méchant ?

- Oui.

Alors pourquoi mon cœur refuse d'entendre ces mots ? Pourquoi la raison ne me convainc pas ?

Mon cœur bat plus fort. Je me sens toute étrange.

Ce prisonnier...

Il est dans les prisons. Dans une geôle très sombre. Assis par terre et les épaules voûtées, son nez en coquillage torsadé - sa particularité d'homme-coquillage - craintivement baissé. J'ai demandé au gardien si je pouvais venir le voir. Mais maintenant, je suis timidement debout devant lui, à serrer ces fichus barreaux. Il me regarde.

- Ça va ? Demandé-je.

- Oui.

- Comment t'appelles-tu ?

- Azel.

- Merci Azel, pour tout-à-l'heure.

Et je me tais, embarrassée.

Je comprends alors une chose, quelque chose qui me vrille le cœur : je ne le laisserai pas dans cette prison. Parce que, et contre toute raison, je l'aime.

C'est donc cela aimer ? Ressentir des sentiments, même lorsque la Raison devrait nous repousser ?

Je l'aime, par la force des choses. C'est étrange. Je veux qu'il devienne mon ami.

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Fin de ce premier chapitre. Que pensez-vous d'Azel, de Perle et du roi ? Et à votre avis... Que va-t-il se passer ensuite ?

Dites-moi si vous aimez, n'hesitez pas à voter et merci merci merci merci merci de passer sur cette histoire !!!

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