Le prologue est à lire et fait partie de l'histoire ;-)

- Toi ! Là...

Sursautant, le garçon tourne sa tête vers l'origine du cri. Je l'observe avec curiosité. Mais plutôt que de s'arrêter, il se met à courir le plus loin possible pour s'éloigner des gardes. Je vois qu'il a peur. Cela m'étonne... Que diable a-t-il fait ?

Surprise, je cours aussi, avec les gardes, pour tenter de le rattraper et de comprendre. Il disparaît dans une ruelle. Rapide, dites donc. Nous tournons à sa suite. Eh bien ! Heureusement qu'il n'y a personne par ici !

Un soldat me jette un drôle de regard mais ne dit rien. Il reste concentré sur sa course.

Je m'interroge... C'est vrai que dans une course-poursuite après un méchant une princesse fait un peu tache. Mais quoi ! N'ai-je pas le droit d'aider les autres ?

Malheureusement, je suis vite distancée. J'avais remonté mes jupes blanches mais cela n'a pas suffi. Mes jambes sont trop courtes.

Furieuse contre moi-même je peste : mais si je ne suis pas capable de courir avec des soldats, serais-je capable de les gouverner ? Une petite voix dans ma tête me dit que ma question est assez stupide. Bon...

La ruelle est tout-à-fait déserte maintenant. Il y règne un drôle de silence, épais et troublant. Mon cœur bat plus vite soudainement. Pourquoi bat-il plus vite d'ailleurs ? Ah je crois que j'ai peur. Je frissonne. Je suis seule et je n'aime pas cela du tout. Quelque temps plus tôt, je me trouvais pourtant dans la rue marchande la plus animée de la ville. Les clameurs, l'ambiance un peu folle et la foule ont été soudainement remplacées par ce calme et ce silence oppressant. Je suis seule !

Je suis perdue.

Mon petit cœur bat plus vite. Comme c'est sombre ! Un petit courant d'air vient me geler. Mais où suis-je ? Je m'assois sur une marche et serre un peu plus contre moi mon châle blanc, nacré.

Pourquoi donc ai-je eu la folle idée de suivre cette course-poursuite ? Et qui était ce garçon ? Était-ce un méchant ? Maman m'a toujours dit de rester sage et gentille. Et voilà que je lui désobéis. Je suis stupide.

Une ombre apparaît tout à coup au fond de la ruelle, côté rempart. La personne a les épaules voûtées, comme si elle portait le poids du monde sur ses épaules. Mais elle marche d'un pas jeune et vif. Qui est-elle ?

Je me relève prestement. Il n'est pas bon qu'une princesse soit assise dans la fange d'un coin sombre. Si maman était là... Mais maman n'est pas là justement ! Je suis perdue !

- Monsieur ?

L'homme sursaute et je le vois commencer à trembler. Il fait un pas en arrière, un peu comme s'il voulait fuir. Allons bon ! C'est la journée aujourd'hui ?

- Monsieur ?

Ma voix est un peu plus douce que précédemment. C'est que je ne voudrais pas l'effrayer, ce monsieur. Il pourrait être mon sauveur.

- J'ai besoin de votre aide, monsieur. Je suis perdue.

Il me regarde attentivement. Pourquoi est-ce que je ne peux pas voir son visage, dissimulé derrière sa capuche ? Il se cache, on dirait.

- Vous voulez bien m'aider, monsieur ?

Un sentiment étrange vrille alors mon cœur. J'ai l'impression de le reconnaître. Lorsque ses yeux se mettent à briller doucement, le sentiment s'accentue. Mes membres s'amollissent. Je frémis. Et mon cœur bat plus vite.

L'homme abaisse doucement sa capuche. Je sursaute en même temps qu'un profond malaise se glisse en moi : il pleure ! Ou du moins il pleurait. Son visage est complètement ravagé par les pleurs. Je remarque alors que ses épaules tressautent encore un peu. Il se mordille les lèvres.

Et puis... Ce n'est absolument pas un homme mais le garçon de tout à l'heure. Le fuyard. Le méchant.

Mais qu'est-ce que je fais ?

- Tu veux que je t'aide ? Murmure-t-il d'une voix faible.

J'ai pitié.

- Oui, juste que tu m'indiques mon chemin.

J'hésite mais... Je me décide brusquement :

- En échange je peux t'aider si tu veux.

- Alors le contrat ne serait pas équitable parce qu'il faudrait remuer ciel et terre pour me sortir d'affaire.

- Ce n'est pas grave. Je ne veux pas te laisser dans l'embarras : tu as l'air triste. Et puis, tu sais, parfois l'impossible se réalise.

J'ai dit cela avec une petite mimique amusée au coin des lèvres et une moue mystérieuse.

- Parfois, souffle-t-il. Je vais te conduire à la rue marchande. Ensuite je te laisserai.

Je suis curieuse... Que deviendra ce garçon ? Et qu'a-t-il fait ? Il me prend par le bras et m'entraîne à travers les ruelles. Je n'avais jamais imaginé que la ville était si grande ! J'en découvre tous les jours...

De temps en temps, pendant que nous marchons à grands pas, je le vois me jeter des regards curieux. Une idée semble lui trotter dans la tête sans qu'il ne se résolve à m'en faire part. Évidemment, ma curiosité est piquée, elle aussi. Je m'arrête d'un coup.

- Pourquoi me regardes-tu ainsi ?

- Il y a peu de petites filles perles dans cette ville d'hommes-coquillages. Et encore moins qui soient aussi belles.

Je rougis sous le compliment mais il continue.

- Serais-tu notre princesse Perle ?

Je lui souris. Bravo ! Je lui remettrais bien la médaille du devin.

- Oui.

Il blêmit tout à coup et s'incline.

- Princesse...

- Eh oh ! Relèves-toi ! J'ai presque ton âge et je ne dois pas plus mériter le respect que toi-même.

- Trop tard, pour ces simples paroles et cette rencontre étonnante, je te vouerai un profond respect.

Mais un petit rire léger et presque moqueur dément instantanément ses paroles. Il me fait rire en plus ! Amusée, je lui tends ma main qu'il prend cette fois avec plus de douceur. Et nous reprenons notre marche rapide vers la rue marchande.

- Comment t'appelles-tu ? Demandé-je curieuse.

Il ne me répond pas. Il n'a pas dû entendre. Bien. Ce n'est pas très grave.

De toute façon, j'entends déjà les premières clameurs de cette rue animée. Je souris. C'est vrai que c'est bon d'aimer.

Mais tout à coup, trois hommes surgissent d'une rue transversale en s'écriant :

- Halte ! Arrêtez-vous !

Mon ami sursaute et veut prendre la fuite mais les trois soldats ne lui en laissent pas le temps. En deux bonds, ils sont sur lui et le ceinturent solidement.

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Une rencontre avec un début de mystère. Le commencement d'une réflexion pour cette enfant sur le verbe aimer : on est encore au stade où il y a les gentils et les méchants.

Qui est ce garçon ? Que va-t-il devenir pour Perle ? Et surtout que va-t-il lui arriver ?

Et la petite Perle ? Que pensez-vous d'elle pour l'instant ?
Je poste le mercredi et le week-end. N'hésitez pas à commenter, d'accord ? J'ai quelques ambitions pour cette histoire alors désesperement besoin d'avis...