2 - Ma sauveuse
Dabi boitait longtemps dans l'espoir de trouver une solution à son malheur, mais la faim commençait à le gagner. Le pauvre chat ralentissait de plus en plus durant son trajet périlleux. Avec une patte blessée, il était amoindri dans ses mouvements. Même en arpentant les rues surpeuplées, personne ne daignait baisser les yeux pour le regarder dans sa détresse. Point positif, personne ne le reconnaissait sous cette apparence. Il était donc libre d'aller où bon lui semblait sans être traqué par les autorités.
Enfin un moment de liberté...
Mais sa vie de Vilain lui manquait déjà. Il aime cette adrénaline que l'on ressent lorsqu'on est sur le point de se faire attraper. Il se sentait... vivant. Maintenant plus personne ne le regardait, comme s'il n'existait pas. C'est donc ça la vie d'un chat... Ignoré de tous et contraint de se débrouiller seul, on peut mourir écrasé par une voiture que personne ne viendra nous aider. Pas même les héros.
Cette vérité ne fait qu'alimenter son opinion envers ces derniers. Les héros ne sont que des "M'as-tu vu" et ne servent à rien...
Dabi marche quelques minutes de plus, mais à bout de forces il se laisse tomber dans un coin, entre le mur d'un immeuble et une poubelle délaissée dans une ruelle. Il commençait à se faire à l'idée que personne l'aiderait, même quand il miaulait on l'ignorait et personne ne le comprenait, et qu'il n'arriverait pas au bout de son chemin avec la famine qui lui tordait l'estomac et sa patte charcutée qui le lançait horriblement. Il ne la sentait presque plus, et le sang n'avait pas coagulé.
Il se laissait donc dépérir malgré lui...
<< C'est vraiment comme ça que je vais mourir...? >> pense-t-il en fermant lentement les yeux.
Il se trouvait pitoyable dans cet état. Il se disait déjà foutu...
Mais il rouvre les yeux en entendant des pas se rapprocher de sa cachette. Une silhouette cachait la lumière du jour. Enfin de l'aide ? Il n'y croyait pas une seconde. Et pourtant il commence à sentir une main très douce se poser sur sa tête et caresser sa petite crète noire. Une douceur des plus apaisantes...
Le visage de cette mystérieuse silhouette se rapproche alors du chat, et sur le moment il croit voir un ange baigné de lumière. Méritait-il un ange plutôt que le diable ? Il commençait à se poser des questions.
- Je me disais qu'il y avait une petite odeur de sang... chuchote cet ange.
C'était une jeune femme aux yeux vairons. Un oeil vert et un oeil flamboyant dans les tons orangers. Il avait l'impression d'y voir une vaste forêt verdoyante balayée par le vent dans le vert de son oeil droit, de l'autre un magnifique soleil au crépuscule, embrasant le ciel aux milles couleurs chaudes. Des cheveux mauves comme le lilas ou la lavande, avec une mèche blanche comme la neige dissimulée sur son côté gauche du visage.
Dabi ouvre un peu plus les yeux pour regarder cette femme plus en détails. Ses lèvres rosies étaient parfaitement dessinées, de quoi avoir envie de l'embrasser, des oreilles félines visiblement très douces, qu'on aurait presque envie de caresser.
Cet ange était magnifique... D'une beauté divine.
- Je suis là maintenant, sourit-elle en le prenant dans ses bras. Je vais prendre soin de toi...
Même sa chaleur était si douce qu'elle berçait le Vilain qui laissait tomber sa petite tête sur sa poitrine volumineuse, épuisé. Mais une odeur désagréable était en arrière fond dans son parfum angélique. Une odeur masculine des plus douteuses...
La féline l'enroule dans une couverture chaude avant de l'emmener avec elle. Etrangement, Dabi était bien à cette place, malgré l'odeur en trop sur elle. Il remarque ensuite l'état de ses mains. Des mains abimées et pleines de pansements, c'est dommage... Il lève un peu plus la tête en voyant où sa sauveuse vivait. Il reconnaissait le quartier. Elle vivait donc ici, dans une place trop mal fréquentée pour elle. Pourtant c'est assez calme... Sauf quand les Vilains viennent faire leur commerce dans l'ombre. Ce n'est pas du tout un endroit pour une si belle femme.
Cette dernière grimpe les escaliers de son immeuble en gardant le chat dans ses bras et déverrouille la porte. C'est très grand, comparé à dehors, mais très peu meublé. Le strict essentiel. Un canapé, une table basse et un meuble télé dans le salon, le plan de travail dans la cuisine, il n'y a même pas de table à manger, sûrement qu'elle mange directement au comptoir ; seulement un futon, une coiffeuse et une penderie dans la chambre qui plus est toute désordre... Et la salle de bain est sans doute la pièce la plus vide de l'appartement. Un lavabo et une douche avec le panier à linge juste à côté, c'est tout.
Dabi reconnait des vêtements d'homme étalés négligemment par terre. Elle ne vivait donc pas seule et cette monstrueuse odeur qui lui donnait des hauts le coeur embaume la maison. Il n'aimait pas ça...
- On va nettoyer cette plaie, dit-elle en l'emmenant dans la salle de bain.
<< Oh merde... >>, ce fut sa pensée quand il comprit qu'elle allait le laver dans le lavabo. Lavé par une femme, il n'a jamais connu ça ! Il préférait se laver tout seul, mais est-ce qu'il a le choix après tout ? Dabi se débat donc dans les bras de la jeune femme avec le peu de forces qui lui reste, mais elle le retenait tant bien que mal sans risquer de le blesser davantage.
- Hey doucement ! N'aies pas peur !
<< J'ai pas peur, lâches moi !! >> feule-t-il.
- Non tu es blessé, alors laisses moi te soigner ! insiste la féline en le plongeant à moitié dans l'eau.
<< Mais putain de-- ! Attends quoi ? >> se coupe-t-il, abasourdi. << T'arrives à me comprendre ?? >>
- Hm ? Quelle question, bien sûr ! Allez laisses toi faire sinon je vais te faire mal.
Mais il reprend ses esprits et recommence à se débattre dans le lavabo, l'éclaboussant par moments. Mais... Enfin quelqu'un qui le comprenait ! Déjà une bonne nouvelle, tant mieux. Quoique c'est logique, c'est une féline. Evidemment qu'elle comprend la langue des chats.
- Arrêtes ! ordonne-t-elle plus sèchement en le tenant par le cou.
<< Mais lâches moi ! >>
- Vilain chat, je t'aide et c'est comme ça que tu me remercies ?!
<< J'ai pas besoin de ton aide !! >>
- Tu te fiches de moi ?!
Il lui grogne au visage en soutenant son regard qui l'envoute étrangement. Même colérique, elle avait des yeux splendides. Dabi avait du mal à se l'avouer, mais elle était charmante. Il souffle du nez en tournant la tête, les oreilles en arrière, et laisse sa sauveuse le laver et désinfecter la plaie. Ses soins sont doux et minutieux, il ne ressentait presque pas la douleur.
- Comment tu t'es fais ça ? demande-t-elle normalement.
<< Ca me regarde. >>
- Tu n'es pas du genre causant...
<< Et j'en suis fier. Je parle pas aux inconnus. >>
Il tourne les yeux vers elle pour la regarder soupirer, avant de lui sourire tendrement. Un sourire qui charme le Vilain sur le moment.
- Je m'appelle Riku. Riku Nekomura. Tu as un nom ?
<< ... >>
- Tu refuses de me le dire ?
<< T'auras peur fillette. >>
- "Fillette"...? s'étonne-t-elle en clignant des yeux. J'ai vingt-deux ans je te signale, et pourquoi j'aurais peur de ton nom ?
<< Dabi, ça te dit quelque chose, miss "vingt-deux ans" ? >>
Au point où nous en sommes, à quoi bon mentir ? Elle avait donc le même âge que lui... Elle fait pourtant plus jeune. Riku semble réfléchir, sérieusement ? Elle devrait avoir peur, ou encore pire, se foutre de sa gueule. Mais rien. Elle réfléchit. Est-ce qu'elle vient d'une autre planète ? C'est la question que Dabi se pose, parce que tout le monde craint d'entendre ce nom.
- Hmm... Non, pas vraiment.
Aie, l'épine dans le petit coeur du chat... Mais comment c'est possible ?! Elle ne suit pas l'actualité ?! Elle est restée à l'époque de l'âge de pierre ?! Et elle sourit, l'air de rien. Cette idiote recueille le Vilain le plus recherché de la ville, transformé en f*cking chat, et ça ne lui fait rien ?! Même pas un frisson !
<< Attends mais t'es sérieuse...? >> rit-il nerveusement.
- Quoi ?
<< Tu vois pas un petit problème par hasard ? Je suis Crématorium, et me demandes pas comment je suis arrivé à être dans ce corps, j'ai pas envie d'en parler ! Allô, la Terre on se réveille ! >>
- En fait tu es bruyant comme chat, dit-elle l'air blasé.
<< Me prends pas de haut minette tu pourrais le regretter plus tard. >>
- Et qu'est-ce que je risque au juste ?
Alors là c'est le comble... Madame tient tête à Crématorium, d'un air tellement détaché qu'on aurait du mal à maintenir sa position. Mais Dabi n'avait pas la force de lutter plus longtemps et se laisse tomber sur le rebord du lavabo.
<< Attends que je retrouve mon apparence, tu feras moins la fière. >>
- Ouais ouais, si tu le dis. En attendant tu es chez moi, alors restes tranquille et... Surtout ne t'approches pas de--
- OYE ! Pourquoi y'a plus de bières ?! crie une voix masculine et intimidante.
Riku se fige sur place et ses yeux s'écarquillent. Une goutte de sueur coule sur sa joue, ce qui n'échappe pas à l'oeil de Dabi. Elle a l'air terrifiée...
Ok, il a compris.
-- -- -- À SUIVRE -- -- --
La présentation a été modifiée
J'ai pas pu attendre la semaine prochaine...
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