Au secours

J'ai beaucoup aimé avoir 10 ans

J'ai apprécié d'avoir 11 ans

J'ai détesté avoir 12 ans

J'ai adoré avoir 13 ans

J'étais pas ravi en ayant 14 ans

J'étais moyennement content d'avoir 15 ans

J'ai vaguement aimé avoir 16 ans

Je ne sais pas si je vais aimer avoir 17 ans.


Je lis. Je lis tout le temps, pour m'échapper de ma vie et de ma tête et après je suis bien obligé de revenir, parce que ma vie a des exigences. Les personnages de mes livres n'existeront jamais. Ça me rend triste. Et c'est stupide d'être triste pour ça. Ce n'est pas comme si ça allait arriver un jour.

Le temps passe trop vite. Chaque fois que je veux apprécier le moment présent, il me file entre les doigts. Mon entourage ne pense jamais au futur alors que moi j'y suis tout le temps. c'est peut-être ça le problème. Leur après n'est pas le mien. Leur après concerne la fac, le job étudiant, le mariage, les enfants. C'est très flou dans ma tête. Mon après concerne l'heure suivante et la mort.

C'est terrible de penser à la mort. Surtout la sienne. J'ai peur de mourir. De mourir et d'être mort. C'est stupide, ça aussi. J'ai mieux à faire. J'ai déjà eu envie de mourir. Pour un phobique de la mort, c'est quand même curieux.

Ils ne réalisent pas que je fais de mon mieux. Ils se vexent quand je dis que mon moment préféré d'une sortie entre amis c'est quand je rentre chez moi. Mais c'est de la torture. Je ne comprends pas ce qu'ils veulent me dire quand ils parlent. Je joue le rôle du thérapeute mais personne ne joue le rôle pour moi. Je voudrais être le metteur en scène de ma vie mais les acteurs font n'importe quoi. C'est horrible de penser une chose pareille. Mes amis n'ont pas à correspondre à ma volonté. Si je voulais des gens comme ça autour de moi, je serais complètement seul.

Ils m'ont traité d'égoïste et d'enfant gâté. Comme si c'était ma faute. Comme si je m'étais élevé en autodidacte. Je veux bien admettre être parfois égoïste. Mais je ne suis pas un enfant gâté. S'il vous plaît. C'est pas facile de grandir. C'est pas facile. Rien n'est simple. Mes pensées ne s'arrêtent jamais. Et ce ne sont même pas des jolies pensées. Je rumine, je ressasse. Je finis de mauvaise humeur tout seul. 

Un rien me stresse. C'est épuisant. Et quand je dis que je suis fatigué, ils se moquent. J'ai le droit d'être fatigué. J'ai le droit de ressentir des choses. Ils peuvent m'imposer un emploi du temps. Ils peuvent décréter ce que je dois penser ou non. Ils peuvent nier mon identité. Mais je ne veux pas qu'ils m'empêchent de ressentir des choses.

Je me raccroche à des détails. Le rangement de ma bibliothèque. L'organisation de mes playlists. La routine de mes journées. Mais au fond je suis perdu. Perdu dans l'immensité du monde. Perdu dans ma tête. Perdu dans mes inquiétudes.

Je veux découvrir des endroits, des lieux, des pays. Mais chaque fois que je m'éloigne de chez moi, je veux y revenir. C'est irrationnel. Je m'ennuie chez moi. J'adore découvrir des cultures et des paysages mais dès que ce n'est plus à travers l'écran de mon téléphone, j'ai peur. Je me déteste pour ça.

Ils ne sont jamais contents. Ils râlent quand je dis que je suis comme tout le monde. Ils râlent quand je dis que  je suis différent.  C'est quoi la différence, au fond ? Est-ce qu'on n'est pas tous différents ? Et à partir de là, est-ce qu'on se ressemble tous ?

Ils font trop de bruit. Ils rigolent fort, ils parlent fort, ils crient. Je ne comprends pas. Tout serait tellement plus calme s'ils s'écoutaient parler. La musique a le mérite d'être harmonieuse. Même quand je mets le volume assez haut pour ne plus les entendre parler, pour ne plus m'entendre penser.

Je reste éveillé tard, à m'abrutir de vidéos sans intérêt, à m'abrutir de rêves irréalisables, à m'abrutir de dialogues imaginaires. J'ai les larmes aux yeux et un poids sur la poitrine à me dire qu'au fond, je ne suis rien. L'amas de pensées, de sentiments, de souvenirs, d'espoirs que je suis, ça ne rime à rien, ça ne sert à rien.

Il y a des jours où je meurs d'envie de savoir ce que les autres pensent de moi, mais quand j'y repense, je préfère mourir plutôt que de savoir une chose pareille. Je voudrais être quelqu'un d'autre. Pas juste avoir un caractère différent. Je voudrais changer de vie, et en sélectionner une qui serait parfaite pour moi. Alors que rien ne cloche spécialement dans ma propre vie. Je suis méchant de vouloir ça. Rien ne cloche à part moi. Mon entourage n'a rien fait pour mériter des pensées pareilles

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