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- Je vais être maman, Annie. Je suis enceinte.
Mon amie qui a le dos tourné, continue à fixer dans le vide.
- Enceinte? Tu ne peux pas être enceinte, Emma. Fait-elle vaguement sans daigner me regarder.
- Comment ça?
Elle se retourne en plongeant ses pupilles dans les miennes puis redescend son regard tout le long de mon corps comme pour prendre le temps de m'analyser. Elle semble perdue, voire désespérée. Elle a le regard vide comme celui qu'on a lorsqu'on vient enfin de prendre conscience que toute notre vie, tout ce qu'on a pris du temps de construire,vient de basculer, de s'écrouler.
- Tu ne peux pas être enceinte, Emma. Me répète-t-elle sur un ton ferme.
- Si. Je suis une femme, je suis mariée avec un homme qui m'aime. Pourquoi serait-il impossible que notre amour porte du fruit?
J'essaie de garder mon calme car venant de mon amie, ça me fait atrocement mal de savoir qu'une
telle nouvelle ne la réjouit pas autant que moi. Je la parcours du regard espérant une réponse mais elle ne me dit rien.
- Tu n'...Tu ne serais pas jalouse, peut-être? Hésité-je à lui demander.
- Et pourquoi je serais jalouse que tu sois avec Georges? S'énerve-t-elle en haussant presque la voix.
- Mais que dis-tu? Pas dans ce sens-là. Toi, tu n'as pas d'homme dans ta vie et je comprendrai le fait que tu sois jalouse que ton amie va être maman et que toi, non. Disons, pas pour le moment.
Alors que je fais tout pour ne pas mal prendre sa réaction, je vois dans ses yeux une colère indescriptible prendre forme Ou plutôt, de la honte ou de la culpabilité. Je n'arrive plus du tout à la cerner depuis quelques temps. Peut-être que je dois désormais me faire à l'idée que mon amie a
changé ou bien qu'elle n'a jamais été mon amie. Je secoue la tête pour m'enlever de telles idées. On est amies depuis toujours et ce n'est pas que maintenant que ça va changer.
- Tu n'imagines pas combien mon mari va s'en réjouir. Dis-je en souriant.
Une petite grimace s'étire sur ses lèvres comme pour essayer de répondre à mon sourire.
- Tu as déjà fait le test?
- On me l’a confirmé. De toute façon, Je n'en avais pas besoin. N’importe quelle femme peut savoir quand elle porte un petit être en elle. Il y a des indices pour ça: les nausées,l’absence des règles...
- Ça peut être une maladie tout aussi.Me dissuade-t-elle. Tu sais, des IST.
Elle baisse d'un ton lorsqu'elle finit sa phrase.
- mais puisque je te dis qu’un docteur me l’a confirmé !
Elle fait mine de réfléchir en me fixant sans rien dire.
- Je ne suis pas malade, Annie. Continué-je un peu agacée, Georges non plus. Je ne fréquente pas d'autre homme que lui.
- Mais lui? Hein? Comment sais-tu qu'il ne fréquente pas d'autres femmes? Est-ce qu’il dort tous les soirs avec toi?
Je voulais la gifler avant de me rendre compte qu'elle a un peu raison. Je ne sais pratiquement rien de ses activités ni des personnes qu'il côtoie. Je ne lui demande pas où il passe ses nuits quand il ne rentre pas à la maison. Je n'ose pas.
Mais je sais tout au fond de moi que Georges m'aime et que jamais il ne me tromperait. Jamais. Je ne supporterais même pas qu'il regarde une autre femme que moi, voire la toucher. Qu'une autre la mette dans son lit, l’embrasse. Non, je ne supporterais jamais ça. Mon homme est à moi et à
personne d'autre. Il m'aime comme il n'a jamais aimé aucune autre et n'en aimera aucune autre.
- Tu sais quoi? Il vaudrait mieux que tu t'en ailles avant que l'une de nous deux ne fasse ou ne dise quelque chose qu'on regretterait plus tard.
Elle prend son sac toute énervée et s'apprête à franchir le seuil de la porte avant qu'elle ne rencontre Georges qui rentrait. Ils se regardent pendant un moment, d'un regard qui en dit long puis elle l'esquive pour s'en aller.
Je me blottis dans ses bras et son souffle si doux sur ma nuque me réconforte et me calme. On se détache l'un de l'autre pour qu'il aille prendre un bain alors que moi, je vais préparer le dîner en chantonnant.
Tout m'est beau, d'un coup. Je me sens femme, désormais. Une vraie. Certes, j'avais déjà eu ce genre de sentiment lorsque j'allais l'épouser mais là, savoir que dans ce petit ventre tout plat, un bébé y vit-notre bébé-redouble mon contentement. Je suis contente parce que je suis chanceuse.
Contente parce que j'ai Georges. Contente parce que la vie continue pour moi malgré tout.Contente parce que le bon Dieu a placé une vie en moi.
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- On me l’a confirmé. De toute façon, Je n'en avais pas besoin. N’importe quelle femme peut
savoir quand elle porte un petit être en elle. Il y a des indices pour ça: les nausées,
l’absence des règles...
- Ça peut être une maladie tout aussi. Me dissuade-t-elle. Tu sais, des IST.
Elle baisse d'un ton lorsqu'elle finit sa phrase.
- mais puisque je te dis qu’un docteur me l’a confirmé !
Elle fait mine de réfléchir en me fixant sans rien dire.
- Je ne suis pas malade, Annie. Continué-je un peu agacée, Georges non plus. Je ne fréquente
pas d'autre homme que lui.
- Mais lui? Hein? Comment sais-tu qu'il ne fréquente pas d'autres femmes? Est-ce qu’il dort
tous les soirs avec toi?
Je voulais la gifler avant de me rendre compte qu'elle a un peu raison. Je ne sais pratiquement rien
de ses activités ni des personnes qu'il côtoie. Je ne lui demande pas où il passe ses nuits quand il ne
rentre pas à la maison. Je n'ose pas.
Mais je sais tout au fond de moi que Georges m'aime et que jamais il ne me tromperait. Jamais. Je
ne supporterais même pas qu'il regarde une autre femme que moi, voire la toucher. Qu'une autre la
mette dans son lit, l’embrasse. Non, je ne supporterais jamais ça. Mon homme est à moi et à
personne d'autre. Il m'aime comme il n'a jamais aimé aucune autre et n'en aimera aucune autre.
- Tu sais quoi? Il vaudrait mieux que tu t'en ailles avant que l'une de nous deux ne fassent ou
ne disent quelque chose qu'on regretterait plus tard.
Elle prend son sac toute énervée et s'apprête à franchir le seuil de la porte avant qu'elle ne
rencontre Georges qui rentrait. Ils se regardent pendant un moment, d'un regard qui en dit long
puis elle l'esquive pour s'en aller.
Je me blottis dans ses bras et son souffle si doux sur ma nuque me réconforte et me calme. On se
détache l'un de l'autre pour qu'il aille prendre un bain alors que moi, je vais préparer le dîner en
chantonnant.
Tout m'est beau, d'un coup. Je me sens femme, désormais. Une vraie. Certes, j'avais déjà eu ce
genre de sentiment lorsque j'allais l'épouser mais là, savoir que dans ce petit ventre tout plat, un
bébé y vit-notre bébé-redouble mon contentement. Je suis contente parce que je suis chanceuse.Contente parce que j'ai Georges. Contente parce que la vie continue pour moi malgré tout.Contente parce que le bon Dieu a placé une vie en moi. Je jure que je vais en prendre soin. Que je ne laisserai personne lui faire du mal. Car, il fait partie de moi.
- Je rêve ou tu souris aux carottes? Retentit une voix masculine.
Je reviens à moi-même et dépose la carotte que j'avais en main pour le regarder, un sourire aux lèvres.
- Je suis heureuse, ne le vois-tu pas?
Il sourit au coin des lèvres avant de déboucher une canette de bière. Il en boit une gorgée sans me lâcher du regard alors que tout mon être bouillonne de bonheur. Je ne
peux plus garder ça pour moi de peur de m'étouffer de joie.
- Je ne vois plus mes règles.
- J'espère que tu as au moins vu ton crayon. Blague-t-il en se dirigeant vers le salon.
- Je suis enceinte, Georges. Crié-je presque.
Il s'arrête, se retourne vers moi en avalant difficilement le liquide qu'il avait en bouche.
- De...De qui?
Sa voix est tremblante aussi bien qu'hésitante. Il a les sourcils froncés. Le sourire qui s'était dessiné sur mon visage laisse place à la tristesse. Comment ose-t-il me poser une telle question?
Comment?!
- Du voisin peut-être! Ironisé-je hors de moi. Parce que c'est avec lui que je dors tous les soirs, que je couche aussi....
Je fais mine de réfléchir.
- Oh non! Quand je réfléchis bien, c’est le boutiquier le...
- Ta gueule, merde!
J'obéis de peur de l'énerver. Normalement, il devait me prendre dans ses bras, me couvrir de
baisers, embrasser mon ventre comme tout autre homme l'aurait fait. C’est ce que je m'imaginais,c'est ce dont je voulais. Mais, la pire erreur que j'ai commise c'est d'avoir oublié que Georges est Georges, qu'il n'est pas les autres et que ses sentiments sont souventes fois instables. Si aujourd'hui il voulait telle chose, demain il la refuserait carrément.
- Depuis quand tu le sais? Et comment?
- Depuis quelques jours. Je le sais parce que je suis une femme mais si tu le veux, je te donne les résultats du test pour te le confirmer.
- Je vois. Dit-il après s'être raclé la gorge.
- C'est tout ce que tu trouves à dire?
Je m'essuie les mains et m'approche de lui.
- C'est ce que nous voulions, Georges. Notre Georgemma, tu t'en souviens? Lui rappelé-je en lui caressant la joue.
Je pose ma tête contre son torse nu alors qu'il ne bouge pas. Je vois le réflexe de sa main qui va se poser sur mes cheveux mais il semble hésiter. Il se détache de moi avec rage.
- C'est ce que tu voulais!
- Georges...
Il tourne les talons et prend une chemise au passage pour sortir. Je le retiens par le poignet alors que je m'effondre en larmes.
- STP.
- C'est lui ou moi. Fait-il en regardant mon ventre avant d'enlever rageusement son poignet de ma main.
- Ne m'oblige pas à faire ce choix. Je t'en supplie. Je vous veux tous les deux.
Il ne m'écoute pas et s'apprête à me laisser seule cette nuit.
- Ouais, C'est ça. Va retrouver ta pute. Elle doit être impatiente de t'att..
A la vitesse de l'éclair, il revient vers moi. Le bruit retentit dans la pièce. Cette fois, il n'a guère l'air de regretter. Je ne sais même plus si c'est un coup de poing ou une gifle tellement ça me fait mal. Si c'est une gifle, alors je suis sûre que ses doigts ont laissé de traces.
- Ne parle pas des choses dont tu n'as aucune idée. Me crie-t-il alors que je me laisse tomber par terre.
Ses yeux sont enflammés de colère. Il lève la main comme pour me frapper encore mais il se retient et sort dans la nuit, me laissant seule, avec le doute et la culpabilité me rongeant le cœur.
Je ne veux plus supporter cet enfer dans lequel j'ai choisi de m'enfermer pour brûler avec Georges. Mais je ne peux pas m'en libérer. La vérité c'est que je veux me laisser réduire en cendres du moment qu'il est près de moi. Je ne sais plus où mettre la tête. Ma vie a toujours été une répétition
de choix, lesquels j'ai fait sans hésiter, toujours sûre que j'ai fait le bon. Mais là, il m'est quasiment impossible de choisir car c'est ma vie qui est en jeu. Je ne peux perdre Georges en aucun cas mais ce petit être là tout aussi que j'aime déjà trop sans le connaître, je ne peux le perdre non plus.
Cependant, j'ai déjà beaucoup fait pour lui. Qu'est-ce que ça changerait si aujourd'hui je fais autrement? Si je ne le choisis pas pour une fois? Tout! Car, bien que ça me fasse gémir de douleur ou pleurer, bien que ça me fasse peur de me l'avouer: ses erreurs, ses coups, ses caprices me
rendent encore plus folle de lui.
Je reviens à la réalité par la pluie qui commence à tomber avec rage comme si elle m'aidait à exprimer ma colère. Je me lève, prends mes clefs et sors à mon tour sans me demander si je fais bien ou pas. Je sais exactement où aller et qui aller trouver. Et s'il n'est pas là? Et s'il dort? Eh bien,il se réveillera parce que "princesse" a besoin de son chevalier.
- Il n'en veut pas, Ed. Il n'en veut pas! Sangloté-je.
Il me regarde un court instant avant de me prendre dans ses bras. Je suis toute mouillée mais il ne s'en préoccupe pas. Je pleure sur son épaule, cherchant un réconfort dessus.
- Ne pleure plus, ma chérie.
Il m'apporte une serviette pour me sécher les cheveux et me sert un verre d'eau.
- C'est quoi cette marque que tu as au visage?
Je détourne mon regard du sien. Je ne veux pas qu'il remarque quoi que ce soit encore moins qu'il sache que mon mari me frappe.
- Je vais le tuer! S'énerve-t-il en prenant ses clefs.
Il a toujours été comme ça: Très protecteur à mon égard. Jamais il n'aurait supporté qu'on me touche encore moins pour me faire du mal. D'ailleurs, quand nous étions petits, si je me faisais frapper contre quelque chose ou si je tombais de ma bicyclette, il réglait son compte à l'objet comme si c'était une personne.
Je le retiens par le poignet.
- Tu ne vas rien faire du tout. Ne t'en mêle pas. D'ailleurs, il n'est pas à la maison.
- En plus il te laisse seule la nuit?...Emma, je ne te comprends plus. Tu le laisses te frapper alors que tu sais très bien comment te défendre. Qu'est-ce que tu es devenue depuis que tu as épousé ce...ce...
- Je ne te permets pas de dire du mal de lui, dis-je sur un ton ferme. Je l'aime.
- Ce n'est pas de l'amour, Emma. Mais de la peur.
Je ne rétorque plus car moi-même je ne sais plus ce que c'est. De l'amour ou de la peur. Ou bien les deux. Cependant, ce dont je suis sûre c'est que je ne pourrai jamais supporter qu'il soit loin de moi.
- Je l’aime, lui répété-je.
- Non, tu as juste peur. Peur d’être rejetée. Peur que tu te rendes compte que ta famille avait
raison. Tu as peur, Emma, qu’on te dise que cette fois tu t’es trompée et que tu as pris la mauvaise décision.
Je m'assoie, trop confuse de tout ce qui m'arrive.
- Qu'est-ce que tu vas faire, maintenant? Me demande-t-il en regardant mon ventre.
- Je suis perdue, Edouard. Avoué-je.
Il s'accroupit devant moi en me prenant la main.
- Emma, tu ne vas pas faire ce que je pense?
Une certaine inquiétude se lit dans ses yeux. Son regard dans le mien, il attend ma réponse.Sûrement, il voudrait que je l'en dissuade. Mais je ne peux pas. Finalement, il n'a que mon silence comme réponse sans que je n'ose continuer à le regarder.
- Emma, regarde-moi. Tu ne peux pas faire ça.
J'ouvre la bouche mais la referme aussitôt car les mots ne veulent pas surtir. Ils ne peuvent pas sortir.
- S'il n'en veut pas, alors laisse-le. Toi et moi pouvons en prendre soin.
- Ed...
Il se met debout sans me lâcher du regard:
- Ne le vois-tu pas, Emma? Ou fais-tu donc exprès ? Je t'aime! Je t'aime depuis ma tendre enfance. Depuis toujours. Pas comme une simple amie ou une sœur. Comment fais-tu pour
l'ignorer? Ça fait 15 ans.15 bonnes années depuis que j'attends un seul regard-qui ne soit fraternel- de ta part.15 stupides années depuis que mon cœur soupire après un "je t'aime" de ta part.15 ans.15 ans depuis que j'essaie de dissiper mes sentiments, de me faire à l'idée
que tu me verras toujours comme "Édouard". Édouard, l'ami. Edouard, le frère. Mais le problème c'est que je ne peux pas. L'amour ne m'en a pas donné le pouvoir. Mes sentiments sont trop intenses. Pourtant, durant tout ce temps, je n'ai pu qu'admirer le bonheur qui s'affiche quand une femme est amoureuse. Ironie du sort, de quelqu'un d'autre. Mais je ne vais pas lâcher prise. Tu m'entends? Je ne vais pas abandonner. J'ai fermé la porte de mon cœur à toute autre afin de te laisser l'espace. J'attendrai des siècles s'il le faut jusqu'à ce que tu t'aperçoives que nous sommes faits...
Je ne veux plus me détacher de ses lèvres si douces. Je ne veux pas pour autant justifier un tel acte
mais, trop confuse, je sens que je le désirais. Peut-être que j'aurais préféré Georges à cet instant. L'entendre me dire que Je lui ai tellement manqué qu'il n'a pas pu rester loin de moi.
- Georges...Dis-je le souffle coupé sans rouvrir les yeux.
Je sens un baiser se poser sur mon front. J'ouvre les yeux. Un large sourire-l'un des plus sincères
mais avec une certaine déception-se dessine sur ses lèvres:
- Va dormir dans ma chambre. Je dormirai dans la chambre d'ami.
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