10
Depuis déjà un an, je n'ai plus de nouvelle de mon père et de ma tante. Certaines fois, je meurs d'envie de les revoir mais quand je pense à comment ils m'avaient traité, une haine sans pareille vient à consumer mon intérieur.
Ma vie suit son cours. Annie me rend visite très souvent pour prendre de mes nouvelles sachant que je sors peu. Quant à Édouard, je le vois que les quelques fois où je vais faire les courses. Parfois, j'ai l'impression qu'il me suit car on ne rencontre pas une personne par simple coïncidence
au même endroit. Je suis de plus en plus heureuse de vivre avec mon mari. Notre foyer est comblé et je prie chaque soir pour que je tombe enceinte afin qu'il le soit encore plus.
A la banque, tout se passe très bien. Marie est devenue très importante pour moi. Ce n'est plus qu'une simple amie maintenant, mon affection pour elle grandit de jour en jour pour l'attention et le soutien qu'elle me porte à la banque et je sais bien que c'est réciproque. J’ai fait connaissance avec ses deux fils et les invite parfois à venir dîner chez nous. Ce que Georges approuve toujours.
Pourtant, ce jour-là tout allait basculer. Les clients défilent devant nous et Marie fait de son possible pour répondre aux besoins de chacun. La journée n'a rien de différent avec les autres. Tout était si calme et serein avant que nous entendions:
- Mains en l'air!
Marie me regarde avec une grande crainte dans les yeux. Les quelques clients s'empressent de se débarrasser les mains pour obéir. Je ne comprenais pas ce qui se passe jusqu'à ce que je voie deux hommes qui se cachent le visage avec des cagoules, armes à la main, s'avancer vers nous et que j'aperçoive à travers la vitre deux autres qui surveillent la sortie, le visage découvert, en essayant d'être le moins suspect que possible. Ce ne sont pas nos agents de sécurité.
J'analyse la situation et cherche comment nous en sortir. Je pourrais les désarmer et appeler la
police sans que ceux qui sont dehors ne s'en rendent compte. Je peux le faire. Mais En une fraction de seconde, toutes ces idées s'envolent de ma tête quand l'un des hommes croise mon regard. Ces yeux, je les reconnaîtrais parmi des milliers.
- Oh! Non. Pas toi. Dis-je en mettant mes mains sur ma bouche.
D'une balle, il brise chaque caméra de surveillance. Ce qui me fait sursauter. Je ne peux plus me tenir sur mes pieds. Je tremble. Je pleure silencieusement.
- Allez. Videz les caisses. Crie-t-il en pointant son arme en l'air alors que l'autre s'occupe de fouiller les clients.
Je sens, malgré, une certaine faiblesse dans sa voix. Il n'ose même pas me regarder. Il a honte de lui.
Marie s'exécute aussitôt et les autres caissiers font de même.
- Que se passe-t-il ici? Demande le directeur en venant se joindre à la scène. Que...
L'autre homme quitte les clients et met son arme sur sa tempe.
- On se tait, papi.
- Laisse-le-moi .Dit le premier.
Il s'avance vers lui et lui frappe la tête avec son arme.
- Ça c'est pour vous apprendre à mieux traiter vos employés.
Celui-ci tombe, évanoui, à ses pieds. Il revient sur ses pas et met l'argent dans un sac pendant que
l'autre surveille à ce que personne ne bouge.
- On y va. Dit-il.
Ils prennent le sac.
- Pourquoi? Demandé-je malgré moi avant qu'ils enfreignent la porte.
Il me jette un dernier regard comme pour me demander pardon et sort. J'entends des sirènes et voit que la police est là. Je les regarde tous les 4 monter dans leur voiture alors qu'ils échangent des tirs avec les policiers. J'ai peur pour lui. S'il est touché, je meurs!
***
Depuis une quinzaine de minutes, Marie et moi attendons d'être interrogées. Pour l'instant, le commissaire est occupé avec les autres témoins.
- Tu as reconnu quelqu'un? Me demande Marie.
- Non. Nié-je.
Elle me regarde avec son air de méfiance.
- Entrez. Nous interrompt le commissaire.
Nous nous exécutons et asseyons face à lui.
- Alors? Demande-t-il.
Je regarde Marie qui, elle, commence déjà par faire son récit.
- je croyais que je n'allais plus revoir mes enfants! Conclut-elle en sanglotant.
Je lui caresse le dos pour la réconforter.
- Et vous, madame, vous n'avez rien à dire? Me demande-t-il.
- Non...non, elle a déjà tout dit .M'empressé-je de lui répondre.
- Donc, aucune de vous deux n'a reconnu personne?
Marie retient ses pleurs et me regarde comme si elle attend que je réponde positivement.
- Non. Aucune. Nié-je encore une fois.
- On pense avoir une idée de quel gang il s'agit...
- Un gang? M'étonné-je.
Ce mot fait frissonner tout mon corps.Ca doit être une erreur, il ne peut pas faire partie d'un gang. Pas lui.
- On veut juste le certifier, continue-t-il sans me prêter attention. Ils sont très dangereux. Alors si vous savez quelque chose ou si la mémoire vous revient plus tard, dîtes-le-nous.
On acquiesce. Le commissaire nous remercie de notre collaboration en nous rappelant le danger que nous courons si toutefois nous mentons à la police.
J'entre chez moi après m'être séparée de Marie qui s'est tue tout au cours de la route. Je regarde la maison devenant tout à coup sans beauté et très vide pour moi. Un soupir s'échappe alors que j'ouvre la chambre espérant qu'il m'attende. Mais il n'est pas là. Il n'est donc pas rentré. Une inquiétude sans pareille s'empare de moi. J'essaie de l'appeler, déambulant dans la maison mais il ne me répond pas. J'ai peur. Ce n'est pas dans son habitude de rentrer à une heure tardive encore moins ne pas rentrer à la maison. Je me fais un café et m'assoie sur le canapé pour rester éveillée, le téléphone à la main au cas où il appellerait.
- Bien dormi?
Je sursaute à la voix et me rends compte que je me suis endormie. Je me frotte les yeux pour m'apercevoir que Georges est penché sur moi. Dehors, le soleil commence déjà par faire voir sa belle denture aurifère.
- C'est à toi que revient une telle question. Répliqué-je en essayant de me relever. Où étais-tu hier soir?
Il me regarde intensément sans me répondre. Il me prend la main voyant la difficulté que j'ai à m'asseoir. Il prend la tasse et le téléphone dégoulinant de café pour les déposer sur la petite table.
- Réponds-moi! Insisté-je.
- Tu devrais plutôt aller te changer. Tès vêtements sont tout mouillés de café.
A ces mots, je me dirige vers la salle de bain. En moins de 10 minutes, je le rejoins.
- Je t'écoute. Lui dis-je les bras croisés, debout face à lui.
- J'avais des choses à régler. Dit-il sèchement.
Sans me donner le temps de répliquer, il ajoute en se déplaçant:
- Viens dehors et dis-moi si tu n'aimes pas cette surprise.
Je le suis et à mon grand étonnement, j’aperçois une voiture-une coccinelle-rouge- avec un bouquet
posé dessus.
- C'est pour toi. Fait-il en me tendant la clé.
Je tourne les talons pour rentrer. Il emboîte mes pas.
- Quel est le problème avec toi? Je n'ai plus le droit de faire plaisir à ma femme? Crie-t-il en claquant la porte.
- Ah! Ne fais pas l'innocent Georges.
Une certaine tristesse se fait voir dans ses yeux.
- Un jour, tu comprendras. Dit-il tout bas en me donnant dos avec une main sur la porte, la tête baissée.
Toute hésitante, je m'approche de lui de telle sorte que nous soyons face à face.
- C'est maintenant que je veux comprendre. Je suis ta femme, Georges et je ne connais
pratiquement rien de toi. Dis-je en adoucissant ma voix.
Il fuit mon regard pour ne pas me répondre.
- STP. Le supplié-je presqu'en larmes.
Il m'embrasse.
- Je suis désolé, Emma. Ce n'est pas cette vie dont j'ai rêvé pour nous. Me chuchote-t-il près de l'oreille.
A cet instant, je n'ai qu'une envie: me fondre dans ses bras. Il en a besoin et moi également. Mais il me faut le convaincre. Il est temps qu'il me fasse confiance étant sa femme.
- Georges, ne contourne pas la conversation.
Je me débarrasse de son emprise malgré moi pour aller m'asseoir en cachant presque mon visage de
mes mains.
- Parle-moi. Insisté-je.
- Je n'ai rien à te dire. Fait-il en se dirigeant vers notre chambre.
- Pas même à propos de la banque?Demandé-je en me mettant debout.
Il s'arrête net. Je me rends alors compte de la gravité de mes mots. Je n'aurais jamais dû dire ça.
Alors que je me parle intérieurement, il revient sur ses pas avec son regard noir. Je recule.
- Comment oses-tu? Crie-t-il en me plaquant contre le mur.
- Je...Je ne...voulais pas dire ça. Bégayé-je sans oser le regarder.
- Mais tu l'as dit! Crie-t-il en me giflant.
Je pose une main sur ma joue qui me brûle alors qu'il recule, étonné qu'il m'ait giflée.
- Regarde ce que tu m'as fait faire, Me reproche-t-il énervé en secouant sa main. Merde ! Emma, Quand est-ce que tu vas me comprendre?
Je résiste aux larmes qui veulent me monter aux yeux.
- Merci pour la voiture. Elle...Elle est très jolie. Articulé-je difficilement.
Il se rapproche de moi, un léger sourire aux lèvres.
- Je savais que tu allais aimer.
Il m'agrippe par la taille pour aller me déposer sur le canapé.
- Je t'aime, Emma. Me dit-il entre deux baisers.
Je ne sais pas s'il comprend ces mots mais à chaque fois qu'il me les répète, je sens le désir de n'appartenir qu'à lui peu importe les circonstances. Qu'il me maltraite ou pas, je dois me faire à l'idée que je suis sienne.
Son téléphone sonne. Il cesse de m'embrasser pour répondre alors qu'il continue de me regarder.
- Oui?...Je t'avais dit que je viendrais...Là, je suis occupé avec ma femme. Tu pourrais comprendre ça au moins.
Je lui souris faiblement. Il raccroche. Sans qu'il n'ait le temps de le déposer, il se remet à sonner.
- Ok. Ok, j'arrive.
Il raccroche.
- Chérie, je vais devoir te laisser. Le travail comme tu sais.
- Je comprends. Dis-je tout bas.
Rapidement, il prend son téléphone et la clé de sa moto. Je le regarde à travers la fenêtre qui se prépare à s'en aller. Je le connais trop bien pour savoir qu'il me ment. Je ne veux pas penser aux conséquences, je décide de le suivre. S'il ne me parle pas, alors je saurai tout par moi-même. Je sors pour appeler un taxi moto car aller en voiture ne me servirait à rien.
- Suivez cette moto noire qui vient de passer devant vous à l'instant. Je vous paye le double si vous m'aidez en ce sens. Soyez discret. Dis-je en grimpant la moto.
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