« Chapitre 85 »


Chapitre 85

PDV ETHAN

Rémi était parti faire quelques courses pour le soir même. Nous allions manger assez tardivement, mais ce n'était pas un problème pour ma part. Je m'installai à la table de cuisine, suivie de la vieille femme avec qui je sympathisais de plus en plus au fur et à mesure des discussions. Habituellement, je parlais que très peu aux personnes de cet âge, car je croyais qu'ils n'avaient rien d'intéressant à nous dire, rien d'intéressant à traîner avec, mais elle était une exception. Je ne savais pas pourquoi, mais cette femme m'intriguait. J'avais envie qu'elle me raconte sa vie. A chaque fois qu'elle commençait un de ses récits, elle parlait d'une manière nostalgique qui était très agréable. Elle expliquait clairement les situations, et ses paroles étaient fluides.

« Vous avez été prof ? » 

Les paroles étaient sorties toutes seules de ma bouche. Il fallait croire que ma curiosité avait de nouveau repris le dessus. Elle tourna la tête et me regarda, un sourire en coin.

« Comment l'as-tu deviné ? »

« J'ai vu une photo dans votre couloir, d'une classe avec vous même sur le côté, comme les professeurs lorque des photos de classe en début d'année. Puis votre façon de parler et très.. »

« Professionnelle ? » 

« En quelques sortes. »

Elle se mit à rire légèrement, faisant des soubresauts. Elle prit une cuillère dans le tiroir juste derrière elle et le plongea dans sa tasse de thé. Elle tourna l'ustensile en argent dans les sens d'une aiguille d'une montre avant d'ajouter :

« Tu sais, ce n'est pas si facile le métier de professeur. Les élèves ne se rendent pas compte de ce qu'ils font. Ils sont encore puérils, immatures. Bon, certains arrivent à sortir du lot et à être plus mature que les autres, mais la plupart n'ont que pour seul objectif de détester leur prof et de leur en faire baver. »

Elle but une gorgée de son thé avant de gémir doucement. Elle s'était brûlée la lèvre.

« Tu sais, il faut vraiment que tu saches que les professeurs sont là pour vous. Ils vous aident et vous enseignent des choses pour votre vie future. C'est grâce à eux que tu sais la plupart de ce que tu sais. Moi, j'ai aimé mes élèves. J'en ai détesté aucun. Même si certains me faisaient la misère, je les adorais tous, presque comme mes propres enfants. Cependant, à cause de l'aspect professionnel, nous ne pouvions pas nous permettre d'être affectifs avec les élèves. Il faut rester professionnel. »

Elle tenait fermement sa tasse de thé entre ses mains et regardait par le fenêtre d'où l'on voyait le ciel s'empourprer. Le soleil se couchait, et nous pouvions voir les derniers rayons du soleil au loin. 

« Et sinon, tu es un bon élève ou un mauvais ? »

Je baissai les yeux, ayant légèrement honte de mes notes en ce moment.

« Je.. J'ai des notes assez.. »

« Tu sais, tu peux très facilement t'améliorer. Il faut juste le vouloir, vraiment. »

Ses mots me percutèrent. Elle disait ça avec tant de .. sagesse ? Elle avait l'air de s-y connaître vraiment à la psychologie des enfants, et je ne pouvais que le croire vu son passé si remarquable. Au fond elle avait raison, j'étais capable d'avoir de meilleurs notes, mais je me laissais aller. Emily me le répétait tout le temps, et me disait que si je continuais comme ça, j'allais raté le BAC de français qui se déroulait en fin de mois, dans moins de 10 jours plus tard.

« Bref, ils font quoi ? » s'impatienta la femme âgée avant de se lever et regarder par la fenêtre à la recherche de Rémi et Tristan.

J'envoyai rapidement un message à Rémi. J'avais son numéro de téléphone depuis plusieurs semaines seulement. Je le prévins que sa mère l'attendait, et qu'il devraient se dépêcher pour éviter l'engueulade..


PDV EMILY

Nous sortîmes du Conservatoire à la direction de la voiture qui était -comme par hasard- garée au fond du parking. Ma mère n'était vraiment pas futée pour choisir la meilleure place. Le fait était que je n'avais que très peu de vêtements sur moi, et que par conséquent, j'étais en train de trembler de froid. Il était déjà 19 heures et je savais très bien que la température allait baisser au fur et à mesure des quarts d'heure. 

« Tu veux ma veste ? » me proposa Matthew.

Je le dévisageai, lui montrant la stupidité de sa proposition, avant de dire un « Merci » afin d'être un minimum polie. Il comprit que quelques secondes plus tard que je n'avais aucune chance de rentre dans son gilet. Je faisais deux têtes de plus que lui.

« Bon, prêts pour rentrer à la maison ? »

« Prêts. » dîmes en choeur.

Ma mère nous sourit avant d'entrer dans la voiture, suivis de nous tous. Je m'installai de nouveau à l'arrière avec Kate, tandis que Matthew se mit devant. Il se vantait d'être grand, de pouvoir s'installer devant comme les adultes. Kate riait du comportement enfantin de Matthew, et je fis de même.


*Ellipse.*

Deux heures plus tard, nous arrivâmes chez nous. Nous venions de déposer Kate chez elle, et nous étions à présent devant notre maison. Je m'étais assoupie un quart d'heure à l'arrière de la voiture, bercée par les tournants des routes. J'étais l'une des seules filles à réussir à m'endormir en voiture. Les autres se plaignaient constamment que dormir dans les voitures était plus impossible que de pouvoir respirer sous l'eau. Cela voulait-il dire que je pouvais respirer sous l'eau ? Il ne vallait pas mieux pas essayer.

« Je suis crevée, je vais partir directement dormir moi. » fit ma mère en baillant.

Son baillement était contagieux et nous toucha, Matthew et moi. Nous rentrâmes chez nous et allâmes nous mettre en pyjama. J'avais trop la flemme de répondre aux SMS de mes amis que j'avais reçu, et préférai m'endormir le plus vite possible. Ils pouvaient bien attendre 12 heures de plus..


PDV ETHAN

« Bah tu étais où ? » s'exclama la mère de Tristan sur celui-ci.

« Maman, je t'ai dit que je sortais avec des amis.. »

« Je l'avais bien compris, Tristan, mais je t'avais dit de ne pas rentrer trop tard ! » s'énerva-t-elle.

Il était rentré à 21 heures. Même moi je ne dépassais pas les 19 heures pour manger en famille. 

« Je sais.. Je suis désolé.. »

Il ne faisait pas son âge. Il avait beau avoir la vingtaine, il vivait encore avec sa mère et avait un caractère d'enfant. C'était à la fois étrange et amusant. Même Rémi, qui était un garçon assez immature quand il le voulait, était moins enfantin. 

« Bon, va te laver. Tu mangeras ce que tu veux. Il y a d'la nourriture dans l'frigo. Rémi a fait les courses, tu devrais le remercier ! »

Elle lui disait ça comme un reproche. Je n'aimais pas être témoin de dispute familiale. C'était gênant, et c'était toujours à ces moments que j'avais une envie folle d'exploser de rire, ce qui était franchement une très mauvaise idée.

« Ethan ? »

Je me retournai et aperçus Rémi qui tenait un pot de glace dans sa main.

« Ça te dit de regarder un film d'horreur en s'goinfrant d'glace ? »

Un sourire de satisfaction apparut sur mes lèvres, et j'acquiesçai sans hésiter. Il s'installa à ma droite et me donna un bol dans lequel je versai une quantité -assez énorme- de glace à la vanille. J'avais toujours aimé la vanille, autant en glace qu'en yaourt, ou même en arôme pour les viandes. Ma petite soeur, Farah, elle, détestait ça. Elle me disait que c'était « dégueu !! » et que rien ne pouvait détrôner la fraise. 

Une fois installé, Tristan vint nous rejoindre et se plaça à ma gauche. Il prit un coussin et le plaque contre lui, comme les petits enfants. Décidemment, cet « adulte » m'intriguera toujours. La tante de Rémi partit à l'étage, prétextant être fatiguée, mais nous savions tous qu'elle partait à l'étage tout simplement pour éviter de regarder ce film d'horreur. C'était compréhensible, ce n'était pas du goût de tout le monde. Personnellement, j'adorais avoir peur. 

Rémi nous demanda si nous étions prêts. Nous répondons affirmativement et il lança le film avec sa télécommande vieille de 500 ans. Non, sérieusement, ce n'était plus une télécommande, c'était une tablette. Il y avait des boutons dont je ne connaissais même pas l'existence, avec des signes bizarres dessus, à croire que l'objet était préhistorique.

Dès que le film commença, une musique sinistre et très flippante se fit entendre. Etant dans l'obscurité, nous commençions déjà tous les trois à craindre le screamer. Tout le monde avait déjà connu ce moment de peur, lorsqu'au moment où vous vous y attendiez le moins, un visage apparaît sur l'écran en criant. Cette chose apeurante.

Le reste de la soirée se fit dans le stress permanent, la crainte et l'obscurité la plus totale, comme j'adorais. Même si ce e n'était pas la meilleure soirée de ma vie, le fait de la passer loin d'elle me faisait du bien. Elle..


[Chapitre fini. Point.]

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