« Chapitre 52 »

Chapitre 52

PDV ETHAN

J'étais tranquillement en train de jouer sur ma playstation lorsque j'entendis ma mère frapper ma porte, suivi d'un marmonnement de ma part. Je n'aimais pas du tout être dérangé en pleine partie.

« Ethan ? »

« Oui ? »

« Je peux entrer ? »

Je la regardai, d'un air las et fatigué avant de souffler :

« Tu es déjà entrée. »

Elle regarda la position dans laquelle elle était et remarqua effectivement qu'elle était à l'intérieur de ma chambre.

« Qu'est-ce qu'il y a ? » demandai-je.

Je déposai ma manette sur mon bureau afin de ne pas paraître « geek » auprès d'elle et être « puni ».

« Je voulais te parler d'Emily et toi.. »

Son air gêné et timide ne me rassurait pas du tout.

« Non Maman.. Ne me parle pas de ça, tu sais très bien que ça me gêne ! » lançai-je, comprenant à quel genre de discussion elle voulait m'embarquer.

« Je suis aussi gênée que toi, Ethan, mais il faut que je te parle de certaines choses. »

Je roulai des yeux. Je ne voulais pas parler de ça avec elle. Certe, c'était ma mère, mais c'était un sujet tabou dans notre famille.

« Fais vite. » soupirai-je, essayant de prendre mon courage à deux mains et de ne pas paraître rouge comme une tomate.

« Emily et toi, vous avez déjà.. ? » tenta-t-elle de demander.

« MAMAN ! » m'indignai-je.

« Je suis ta mère ! » s'exclama-t-elle à son tour.

« JUSTEMENT ! »

Le sang montait dans mes joues. Comment osait-elle me demander ça ? 

« Alors ? » répéta-t-elle.

Il y eut un instant de silence, très pesant d'ailleurs, avant que je n'ose lui répondre :

« Pas encore. »

J'aperçus un léger sourire sur son visage, comme si elle était satisfaite. Elle ne savait pas que je l'avais déjà fait. Non pas avec Emily, mais avec d'autres filles. Je n'en étais plus très fier à présent, mais je ne pouvais pas le nier.

« Quand ça se fera, il faut bien que tu penses à.. »

« A me protéger, oui Maman. » la coupai-je.

Elle acquiesça nerveusement d'un mouvement de tête, puis ajouta :

« Tu sais comment.. faut s'y prendre ? »

« Maman.. »

Je lui montrai mon agacement à devoir me confier sur ce sujet, et elle leva les bras en l'air, signe d'abandon.

« Ok Ok.. Bon.. J'te fais confiance, tu ne fais pas n'importe quoi, hein ? »

« Oui. »

Elle vint m'ébouriffer les cheveux. Elle savait que je détestais ça -sauf lorsque c'était Emily- et le faisait exprès.

« Bref, j'suis en pleine partie ! » me plaignis-je.

« Oui oui, c'est bon, je te laisse tranquille avec ta manette adorée ! » me taquina-t-elle.

Je souris avant de lui faire signe de fermer la porte, ce qu'elle fit. J'expirai un bon coup avant de reprendre ma manette et rappuyer sur « Play ». La partie pouvait recommencer..

PDV EMILY

J'entrai dans la pièce réservée aux gens « comme moi ». Lorsque je disais « comme moi », je voulais dire les personnes qui avaient eu la chance d'être reçues pour passer devant ce jury si réputé dans le monde. Oui, c'était des stars de la musique qui allaient me juger.

« Tu ne stresses pas trop ? » me demanda ma mère.

« J'essaie de tenir le coup. » répondis-je.

Je me sentais mal, certe, mais le bien que me procurait d'être ici, de me sentir privilégiée et chanceuse d'être entrée dans cette pièce en valait le coup.

« Les coulisses ne sont réservées qu'aux participants. » nous coupa un homme qui avait la vingtaine.

Ma mère me prit la main et me l'embrassa avant de me faire un clin d'oeil et dire :

« Bonne chance.. Je serai dans le public avec Matthew.. »

Je lui souris et elle me tend l'étui où se tenait mon violon tant adoré.

« Merci.. »

Elle me prend dans ses bras comme si je n'allais pas la revoir avant des mois et des mois. Elle m'adressa un regard rempli d'amour et de fierté avant de faire demi tour et sortir par la porte par laquelle nous venions d'entrer. Une fois seule avec l'homme, il mit fin au silence :

« Tu es la candidate combien ? »

« Hein ? »

« Bah.. ton numéro ? »

J'avais complètement oublié mon numéro. Fort heureusement, ma mère avait mis la lettre d'admission dans l'étui.

« Attends.. »

J'ouvris mon étui puis fouillai dans la seule poche qui longeait mon violon et en sortis la feuille.

« Mmmh.. » Mon regard scruta rapidement la feuille de papier. « N°149. » fis-je après plusieurs secondes de recherche.

« Oh, c'est le N°145 qui joue là. A mon avis, ce sera ton tour dans une vingtaine de minutes. » m'annonça-t-il.

J'eus un frisson suite à l'annonce de cet intervalle. 20 minutes ? Je n'avais vraiment pas le temps de m'entraîner. Il fallait que j'y aille « au feeling » comme disait si bien Samuel.

« Et sinon, tu vas jouer quoi toi ? » me demanda le jeune homme.

« Hiver, des Quatres Saisons de Vivaldi. » répondis-je en rajustant ma robe.

« J'ai hâte de t'entendre ! Je crois que tu es la seule à jouer ça aujourd'hui. »

Je souris faiblement avant d'être de nouveau prise par le stress. Il le remarqua très rapidement et me fit comprendre d'un seul regard que je n'avais pas à stresser. « Le stress tue l'harmonie. Et sans harmonie, y'a pas de mélodie. » C'était l'une des phrases que m'avait dite Mademoiselle Rose. C'était étrange, mais à ce moment précis, je comprenais mieux ce qu'elle voulait dire.

Le jeune homme approcha ses lèvres de mon oreille, et me murmura :

« Suis-moi. »

Je frissonnai en sentant son souffle chaud dans mon cou, puis le regardai. Il commença à partir en direction de rideaux qui longeaient sur une bonne dizaine de mètres avant d'arriver sur la scène. Il me montra un garçon qui jouait un morceau à la contrebasse. Je reconnus facilement la mélodie de la musique, mais je n'arrivais pas à mettre un nom dessus.

De là où nous étions, nous pouvions voir la scène dans sa totalité, ainsi que les projecteurs et le jury. Le public, lui, se trouvait dans la pénombre de la pièce. Il faisait sombre, mais nous pouvions quand même discerner les visages.

« Celle à la peau mate, c'est Véronique. Celui a côté, c'est Marwan, et les deux autres sont les jumeaux qui sont très connus aux Etats-Unis. » me chuchota-t-il, me montrant du doigt discrètement les 4 personnes qui étaient assis face à la scène.

« Ils sont sévères ? » m'inquiétai-je.

« Il le faut. Ce n'est pas un concours de village. » répondit-il.

J'eus un noeud à l'estomac. C'était très désagréable. Au même moment, une foule d'applaudissement de la part du public se fit entendre, me faisant sursauter et sortir de mes pensées. J'aperçus l'un des jurés chuchoter à l'oreille du second. Je n'aimais pas leur façon de regarder le garçon qui venait de jouer. Peut-être faisait-il exprès de ne pas montrer leur ressenti ? Ils devaient sûrement rester objectifs et ne pas s'extasier. L'un des jurés prit un micro et commença à tapoter dessus comme pour vérifier si il fonctionnait -ce qui était affirmatif- puis commenta :

« Alors.. » Il lança un regard au second juré puis continua : « Ce que tu viens de faire était vraiment très beau. Tu as su placer les notes avec justesse et harmonie, cependant.. »

Il fut interrompu par un « OUUUUH » d'une personne du public.

« Cependant.. Le niveau demandé est très élevé.. Et.. »

Les jurés se regardèrent tous et se firent un mouvement vertical de la tête, signifiant leur accord.

« Nous ne te prendrons pas.. Désolés. » finit-il.

Nous voyions le garçoen sur le côté, donc je ne voyais que partiellement son visage, mais j'en voyais assez pour me rendre compte qu'il était dégoûté, triste et remis en question. Je ne voulais pas subir ça..

« Suivant. » fit la femme.

Le garçon porta difficilement sa contrebasse et partit vers la sortie : une sorte de porte caché derrière un rideau qui partait dans les coulisses. Très complexe.

Un garçon alla s'installer au centre de la scène, sous un silence pesant, avant de commencer à souffler dans son saxophone. Je me retournai et regardai de nouveau le jeune homme.

« J'ai pas envie de passer.. »

« Maintenant que tu es là, il le faut. »

Mes jambes tremblaient, et je luttais pour tenir debout. J'allai m'asseoir sur l'un des sièges qu'étaient installés dans les coulisses, puis me concentrai sur la mélodie que faisant le souffle du garçon dans le saxophone. C'était très beau. Les gens étaient vraiment doués, et je me sentais petite à côté d'eux. Pourtant, le jury les recalait. J'étais certaine que j'allais me ridiculiser.

Après une dizaine de minutes, le N°148 fut appelé. Je sursautai à l'annonce de son numéro, me rappelant que j'étais la prochaine. Celui qui venait d'être appelé m'avait adressé un sourire sympathique et d'encouragements, que j'avais rendu, bien évidemment. J'étais debout dans les coulisses, puis le regardai placer ses doigts sur son violoncelle. Avant de commencer, il se tourna vers moi et me regarda. Je lui souris faiblement, et lui fis signe de commencer. Il me sourit à son tour, et commençant à faire glisser ce fameux archet qu'il m'avait montré quelques minutes auparavant sur les cordes. Dès les premières notes, je devinai qu'il était très doué. Ses doigts ne cessaient de glisser sur les cordes et son archet piquait violemment, faisant des sons de plus en plus rapides et secs. C'était tellement rapide que je me demandais comment il faisait pour ne pas casser son archet.

Je lançai un regard au jury qui était en train de le regarder avec stupéfaction. Ils étaient surpris, et je les comprenais. J'étais -quasi- certaine qu'il allait être pris, et j'étais contente pour lui. Mais passer derrière lui devait être un sacré challenge. C'était comme manger du fromage après une tablette de chocolat.

Le garçon -qui ne m'avait pas donné son prénom- jouait les yeux fermés, et je pouvais facilement sentir ce qu'il devait ressentir : des picotements dans la poitrine, une sensation de tête qui tourne ainsi qu'un apaisement total. Comme une sorte de sommeil, mais très puissant. Lorsqu'un musicien jouait, la plupart du temps, il s'entraînait tout seul dans son monde, dans sa mélodie. C'était ce qu'il faisait, là, sous nos yeux ébahis par la beauté de ses gestes et du son que faisait son magnifique violoncelle. J'en étais presque jalouse.

Lorsqu'il eut fini de jouer, tout le monde applaudit. Cette fois-ci, les applaudissements durèrent beaucoup plus longtemps que les autres fois, et je pouvais deviner qu'ils n'étaient pas faits que par respect, mais parce que TOUT LE MONDE avait adoré ce qu'il venait de nous jouer.

« Dis-moi, comment tu t'appelles ? » commença un premier juré.

« Arrête. Il est à moi. » fit un second.

« Bon, donnez moi ce fichu micro. » s'impatienta la femme. « Alors, mon garçon. Tu vois que, déjà, ces chers monsieurs se disputent pour t'avoir. Franchement, je suis BLUF-FEE ! Tu es tellement doué ! Tu nous as emporté tellement loin ! J'en ai eu les larmes aux yeux.. »

Elle s'essuya les yeux avant de donner le micro au quatrième juré qui n'avait pas encore parlé depuis le début :

« Garçon, je tiens à te dire que tu es FAIT pour la musique. N'arrête jamais. Vraiment. »

Sans m'en rendre compte, je souriais à pleines dents. J'étais tellement heureuse de l'entendre se faire complimenter comme ça. Peut-être que je ne le connaissais que depuis 10 minutes, mais je savais que c'était un gars bien. Il devait avoir 2 ans de moins que moi, et 10 fois plus doué. J'étais heureuse pour lui, mais j'appréhendais mon tour, qui s'approchait dangereusement.

Je n'eus pas le temps de sortir de mes pensées, que j'entendis un « N°149 ! ». Le garçon se retourna afin de me regarder avant de sortir par la porte « bizarre », puis me souhaita bonne chance de loin. Il ne l'avait pas crié, juste chuchoté, mais même si il se trouvait à une vingtaine de mètre de moi, j'avais réussi à le lire sur ses lèvres.

« Merci.. » chuchotai-je avant de serrer l'étui dans ma main et commencer à avancer en direction des projecteurs..

[Chapitre 52 publié ! Bon.. désolé.. Ce chapitre n'est pas très « ENORME » mais je voulais ABSOLUMENT vous faire encore attendre. :) *Sourire de sadique* ! Bref, j'espère cependant que ce chapitre vous a plu, et que le chapitre 53 (qui là va être vraiment intéressant) vous plaira ! *-* 

Sinon, je vous souhaite (encore) une bonne matinée/journée/soirée/nuit ! ;) Bisous nostalgiques. ♥]

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