CHAPITRE 4

Les jours s'ajoutent les uns aux autres, la vie ne m'attend pas. Je suis blessée, j'ai besoin de repos mais elle ne s'arrêtera pas pour moi.

Il ne faut aimer personne, car tous ceux que vous aimez disparaissent un jour ou l'autre. Ils vous abandonnent, ils vous quittent, seule la souffrance demeure.

Ma mère me dit souvent que je dois me faire des amis, vivre, vivre une vie normale, mais je ne peux pas. Chaque personne auxquelles je m'attache sont des personnes que je prends le risque de perdre. La souffrance est inévitable, mais on peut la minimiser, en vivant seule, sans amour, sans but, sans raison. J'entends souvent dire que les Hommes sont faibles, je n'ai jamais rien entendu d'aussi faux. Les Hommes sont destructeurs, les Hommes sont mauvais, les Hommes sont fous. Mais comment ne pas le devenir ? N'avez- vous jamais remarqué à quel point l'Homme peut continuer à vivre malgré la souffrance, à quel point il peut se relever malgré la douleur ? Nous sommes en constante souffrance mais nous vivons, nous gardons espoir, nous essayons de percevoir le meilleur dans ce chaos.

Je ne suis pas la plus forte, la souffrance me détruit un peu plus chaque jour, je n'essaie pas de vivre malgré tout. Mais je suis toujours là, je ne suis pas partie rejoindre les anges, je suis toujours là, à souffrir parmi cette Humanité détruite. Je suis forte.

Une légère brise caresse mes cheveux, le Soleil est éblouissant. Les oiseaux chantent, la nature m'offre son plus beau spectacle. Tout est calme, du moins en apparence.

En moi pourtant, la tempête fait rage. Il ne me reste plus qu'un jour, un jour pour me préparer à ce qui me semble être le pire, un jour de paix avant le désastre. Demain, aura lieu mon premier jour dans mon nouveau lycée. En soit rien de terrible, et pourtant. Je ne garde aucun bon souvenir du lycée, chaque jours plus durs que les précédents. Preston n'est plus là mais la douleur reste. Ce monde est impitoyable.

Les amours destructeurs, les amitiés se révélant fausses, les moqueries, la cruauté des autres sont les seules choses que je ressens au lycée, si l'on observe bien, beaucoup d'histoires s'écrivent pour s'achever aussitôt. Les gens sont parfois insupportables, irrespectueux. Je n'ai aucune envie de retourner sur ce champ de bataille, mais j'y suis obligée. Pour ma mère et mon avenir, bien qu'il soit plus qu'incertain.

J'aime beaucoup étudier, notamment la littérature. Les livres ont le pouvoir de me transporter hors du temps, hors de tout. En une histoire votre monde peut être bouleversé. C'est la plus belle manière qu'il soit de s'évader, de voyager, de vivre une autre vie plus ou moins heureuse au fils des pages. Lire me donne espoir, lire me fait vivre.

- Nolwenn ! Le repas est prêt ! S'écrit ma mère, me tirant de mes pensées.

- J'arrive maman !

Ce matin nous sommes parties acheter ce dont j'aurai besoin pour demain. Il y a tellement de choses. Je me sens débordée, je n'ai même pas fini de déballer mes cartons et de ranger ma chambre que je dois trier mes nouvelles affaires, les ordonner, préparer mon sac...

Je finis rapidement de remplir ma trousse, je range ce dont je n'ai pas besoin dans le tiroir de mon nouveau bureau et me précipite en bas.

Finalement, je meurs de faim.

Le repas est délicieux, ma mère a vraiment un don, un simple steak garni de pommes de terre devient spécial avec elle. Tout est exquis, le steak est merveilleusement bien cuit, les légumes fondent dans la bouche. Mon seul regret et que ce don ne soit pas héréditaire.

Le repas se fait dans le silence, ce qui me fait encore plus apprécier l'instant. Je n'avais surtout pas envie que ma mère remette notre petite altercation d'hier sur le tapis. Je veux simplement être tranquille, apprécier ce qui pour moi est la dernière journée, la dernière journée de paix.

Le repas se termine. L'ambiance est glaciale. Alors que je m'apprête à retourner dans ma chambre, j'entends la porte d'entrée s'ouvrir puis se refermer en un grand fracas.

Ma mère se précipite dans le hall d'entrée, je l'entends discuter avec quelqu'un, mais qui ? Je n'entends rien d'ici, si ce n'est de simples chuchotements. Je la rejoins donc, elle et cette mystérieuse personne.

Je remarque tout d'abord ma mère, elle est vraiment belle, elle a quarante-huit ans mais on pourrait facilement lui accorder la trentaine. Ses longs cheveux blonds retombent tels une cascade sur ses épaules. Je remarque alors l'inconnue en question, Une petite brune, beaucoup plus jeune que ma mère, elle doit avoir entre vingt- cinq et trente ans. Elle est très jolie, la peau mate, de magnifiques yeux verts, son regard me déstabilise. Ses cheveux sont longs. Elle porte une petite robe fleurit, elle semble jeune. Mais que fait- elle ici ?

Sans attendre plus longtemps j'engage la conversation :

- Ce n'est pas très poli d'entrer chez les gens comme ça.

- Excusez-moi, vous êtes ?

- Et vous vous êtes qui à venir comme ça ?! M'écrié-je.

- Nolwenn calme toi ! Je te présente Anita Lawson.

- Super, ça me fait une belle jambe !

- Nolwenn ne soit pas aussi dure, elle est celle qui nous a conseillé et vendu la maison, c'est une très bonne amie à moi. Excuse-moi Anita c'est juste que ma fille n'est pas très bien en ce moment, tu sais, le déménagement, la mort de Devis...

- Je comprends totalement ne t'en fait pas. La coupe Anita. En tout cas, je suis ravie de faire ta connaissance Nolwenn.

Elle me tend sa main, mais je ne la lui serre pas. Je me méfie beaucoup de cette femme, d'où vient-elle ? Et puis ce n'est pas parce qu'elle a aidé ma mère à venir dans cette ville de campagne qu'elle a tous les droits, encore moins le droit de venir chez nous à l'improviste, sans même sonner à la porte ou nous prévenir. Et puis pourquoi ma mère ne m'en a jamais parlé, quelque chose ne va pas, j'ai l'impression que le puzzle n'est pas complet, il me manque des informations. Ma mère me cacherait- elle quelque chose ? Nan je dois certainement me faire des idées. Pourtant depuis l'arrivée d'Anita, l'ambiance a changé, quelque chose flotte dans l'air, l'air qui semble par ailleurs beaucoup plus dense. Je me sens mal à l'aise, c'est surement la fatigue.

- Bon, je vais vous laisser tranquille toutes les deux, j'étais simplement venue m'assurer que tout allait pour le mieux. Reprend-elle

- D'accord Anita, c'est gentil d'être passée.

- Mais de rien Meyrise ! Je repasserai.

- Si malheureusement tu repasses, essais au moins de sonner cette fois. Lui dis- je.

Elle me lance un regard plein d'éclairs avant de refermer la porte et de s'en aller. Ma mère se met à hurler :

- Nolwenn tu dépasses les limites ! C'était quoi ça ?! Depuis quand tu es aussi irrespectueuse ?!

- A parce que c'est moi qui suis irrespectueuse ?! Elle vient comme si elle vivait parmi nous, sans sonner, sans prévenir, c'est normal ça peut-être ?!

- Anita est une très bonne amie, elle a fait beaucoup pour nous !

- Super elle t'a vendu une maison ! On devrait lui remettre une médaille !

- Tu dis que je ne sais pas tout de toi, mais tu en sais encore moins sur moi. Anita a fait beaucoup pour nous, il faudra t'y faire !

Je ne veux même pas savoir, ni comprendre. La colère me transperce. Elle défend cette Anita comme sa propre fille, si ce n'est plus. Je monte les escaliers quatre à quatre et m'enferme dans ma chambre.

La relation avec ma mère est devenue catastrophique. Je voulais passer une journée, tranquille, pour me préparer à demain. Mais non, à la place, je me retrouve l'esprit plein de doutes, de questions, d'incertitude. Ma mère a elle aussi ses secrets ? Mais qu'a fait Anita pour que ma mère dépende autant d'elle ? Tant de questions auxquelles ma mère ne voudra m'apporter aucune réponse, mais je me battrai. Je veux comprendre.

Pour l'instant, je vais simplement essayer de ne plus y penser, une longue journée m'attends demain, je dois me reposer. Je vais finir de ranger ma chambre et me préparer au pire.

En venant ici ma vie a pris un autre tournant, peut-être même plus gros que ce que j'imaginais.

Peut-être que tout mon monde va être bouleversé, tout va changer.

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