CHAPITRE 2
Mon bonheur, ma naïveté n'a duré que quinze ans. Durant toutes ces années, la vie me semblait parfaite, avec son lot de perfection, elle était celle qui nous permettait de vivre. Mon père m'offrait souvent, au moins une fois par semaine, une glace en été, et une gourmandise en hiver, il me disait que c'était sa façon à lui de me rendre plus heureuse que je ne l'étais déjà.
Je me souviens, une fois, j'étais petite, peut-être six ans tout au plus. C'était la nuit, j'avais fait un terrible cauchemar. Je m'étais réveillée en sursaut et avais par reflexe hurlé. Personne n'était venu, j'entendais mes parents se gueuler dessus, enfin plutôt ma mère criait, des cris stridents à vous glacer le sang, je n'entendais pas mon père, juste des bruits de fracas. Puis le silence. Tout à coup la porte de ma petite chambre rose, s'était ouverte, et mon père se tenait là, dans l'embrassure de la porte. Une odeur émanait de lui, une odeur qui m'étais à l'époque inconnue, il empestait. Il s'était, je me souviens, rué sur moi, la colère, enfin un mélange de tristesse et de haine, se reflétait dans son regard. Ma mère était arrivée à temps je suppose, je ne n'ai jamais su ce qu'il comptait me faire, aurai-je crié comme maman ? Pourquoi maman criait- elle d'ailleurs ? Ma mère, semblait faible à ce moment, elle le tira hors de ma chambre, loin de moi, la dernière chose que j'entendis fût "Tu peux faire ce que tu veux de moi, mais jamais tu ne détruiras mon trésor". Puis la porte s'était refermée, me laissant seule face à mon cauchemar.
Mon monde a commencé à s'effondrer l'année de mes quinze ans. J'étais amoureuse d'un garçon, nous étions ensemble, peut-être m'avait-il aimé aussi. Après deux mois passé ensemble, le pire arriva. Il me demandait souvent si je voulais coucher avec lui, mais je refusais, c'était ma première fois, je voulais prendre mon temps, y réfléchir, m'y préparer, que cela se passe comme dans les plus beaux contes de fée, mais il ne le comprenait pas. Il me pressait, m'insultait parfois même, mais rien n'y fit, fidèle à moi-même je résistais. Pourtant un jour alors que nous étions chez lui, avec un de ses ami, tout s'écroula. Je me souviens d'avoir bu un verre de jus de fruit, il avait un gout spécial... Puis... Plus rien. Quelques heures, peut-être quelques minutes après, je rouvrais les yeux. Ma vision était trouble, une étrange sensation s'emparait de moi, je sentais un poids peser sur moi, j'avais également remarqué un point rouge pointé sur moi, mais qu'est- ce que c'est ? Ma vision était devenue nette, il s'agissait d'une caméra. Mais pourquoi ? La réponse, je la compris aussitôt. Il était sur moi, son ami me filmait, on ne pouvait voir que moi à la caméra. Je n'oublierai jamais son regard malsain, emplit de haine. A chaque fois qu'il s'enfonçait en moi, mon monde s'émiettait. Je ne pouvais pas y croire et pourtant... Leurs regards me transperçaient, ses mains sur mon corps me semblaient sales désormais, son visage semblait déformé, le monstre qu'il était m'apparaissait enfin. J'étais faible, beaucoup trop faible pour bouger, ou même hurler. Il se détacha de moi, je n'étais ni soulager, ni libre, j'étais comme morte, ma vie s'écroulait. Mon cœur implosait, je voulais hurler mais tout restait contenu en moi, j'étais muette, pétrifiée, meurtrit. Je sentis de nouveau un poids sur moi, c'était son ami cette fois. Il s'enfonça en moi, je me mis à regarder Preston, mon "petit ami", il avait un regard mauvais, un sourire en coin, et son petit rire moqueur résonnait jusque dans mes oreilles. Je m'étais décidée à fermer les yeux, dans l'unique espoir que la mort vienne et m'emporte.
A mon plus grand malheur j'étais encore en vie, chaque seconde était insupportable, la vie m'était pour la première fois invivable. Je m'étais alors levée, et étais parti. La maison était vide. Ils étaient partis, ils m'avaient violé, plus laissée là, comme si de rien était, comme si la vie continuait... Malheureusement c'est exactement ça, votre monde s'écroule mais la vie elle, continu sa route, peu importe votre douleur, peu importe votre souffrance. Même si vous mourrez, rien ne changera, la vie continuera avec ou sans vous.
Un fois chez moi, j'étais montée dans ma chambre et m'étais enfermée pour pleurer. Je venais de faire vingt minutes à pieds, les plus longues minutes de ma vie. Je reçu alors un texto de Preston :
" Si tu parles, tu le payeras, ta maman aussi pourrait bien en faire les frais".
Les larmes ruisselaient sur mes joues, ma mère ?! Nan, il en était hors de question, je m'enfermerai pour toujours avec ce secret, je survivrai ! Enfin c'est ce que je croyais.
Après ce jour, tout changea. Je ne mangeais plus, je ne souriais plus. Mes parents s'engueulaient tout le temps, à tel point qu'aucun d'eux ne remarqua que leur fille n'était qu'une coquille vide. Je ne pouvais pas leur en vouloir, j'ai abandonné le désir de vie, elle continue, sans moi.
Pour oublier, je me mutilais, me punissais d'exister. Cela me permettait de transformer ma souffrance à l'état physique, de me sentir vivante malgré tout. J'avais une fois essayé de me suicider, pour protéger ma mère du garçon qui m'avait détruite, comme ça j'emporterai dans ma tombe ce secret. J'avais également essayé de me suicider car la vie était devenue un pur fardeau. Mais je n'avais pas eu le courage nécessaire...
Chaque jour d'école était insurmontable, il faisait comme si de rien était, et moi je vivais avec une âme lourde de tristesse et un cœur vide. Chaque soir je pleurais, jusqu'à ce que mes larmes se transforment en colère envers le monde entier.
La vie me semblait si sombre, si laide. Le monde, regardez le monde sérieux ! La pauvreté, la guerre, tous ces milliers de gens qui meurent chaque jour, ces gens qui se mutilent comme moi, ces gens qui pleurent, ces gens qui se font violer, assassiner ! A l'instant où vous lisez ces lignes, tellement des gens souffrent, ou perdent la vie. Le monde est cruel, la vie n'est pas rose, la vie n'est rien d'autre qu'une malédiction ! Je pleure pour le monde, et pour toutes ces âmes meurtrit auxquelles on ne pense pas assez.
J'ai aujourd'hui dix-sept ans, mais la douleur reste la même. La seule personne qu'il me reste à aimer dans ce monde, c'est ma mère.
Il y a trois mois, mon père est mort.
Je rentrais du Lycée, lorsque je l'ai vu, en bas de notre immeuble, la tête explosée, une troupe de policiers rassemblée autour de son corps sans vie. Ma mère ne pleurait pas, elle semblait vide, tout comme moi.
D'après la police il s'agirait d'un terrible accident. Je n'avais pas pleuré, j'avais épuisé depuis bien longtemps mon stock de larmes. Mon père était mort, ma vie n'avait plus aucun sens. J'étais seule. Tous ceux que j'aimais me serai arraché. Tout dans la vie est éphémère, vos proches meurent un jour, votre bonheur s'évanouit plus vite qu'il ne vient, tout n'est que malheur, tout.
Mon père, Devis Coste avait emporté avec lui, dans les ténèbres, ma mère.
Après ça, ma mère avait acheté cette maison, sans m'en parler. Et m'avait emmenée avec elle à la campagne, loin de la ville et de notre passé, une manière à elle de prendre un nouveau départ.
Mais rien ne pourra effacer le passé, mais contrairement à moi, ma mère fait des efforts, elle essaie, elle essaie de vivre.
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