CHAPITRE 19
Mon être entier semble être paralysé, les paroles de Brad ont éveillé en moi une certaine méfiance a l'égard de Liliane. Je ne sais pas quoi penser. Devrais-je le croire ? Devrais- je ignorer son avertissement ? J'interroge Liliane du regard, mais elle se contente uniquement de le fuir. Je bous intérieurement. Liliane est sensée être ma meilleure alliée pour sauver Julian et non une potentielle menace. Ces horribles paroles résonnent en moi, me bouleversant chaque seconde un peu plus. La confiance est une arme à double tranchant. Certains s'en serviront pour votre bien et pour vous soutenir, d'autres s'en serviront pour pouvoir, subtilement, vous poignarder. J'ai toujours eu du mal à laisser une partie de ma vie entre les mains d'autrui. Mais Julian est entré dans ma vie et y a bouleversé toutes les règles et les lois que je m'étais infligés. Avec lui j'apprends à vivre, différemment, je revis, je goute enfin au bonheur, je me laisse transporté loin de cet enfer qu'est la Terre. Un jour je me brûlerais les ailes de part cet amour charnel. Un jour ma vie redeviendra invivable comme elle a pu l'être, mes démons me hanteront me réduisant de nouveau à néant. Aujourd'hui, j'ai cette terrible peur de me fier à Liliane et d'être finalement trahit. Je n'ai aucune envie de perdre de nouveau foi en la vie. Je ne supporterai pas d'être de nouveau torturée, trahit, anéantis par l'injustice de notre monde et la vie, aussi minable soit-elle.
- Bon. Je pense que nous devrions aller voir le proviseur... Propose Liliane incertaine.
- Je pense aussi... J'ai vraiment envie de mettre fin à ce calvaire. Renchérit Julian.
Je les observes tous les deux, dubitative. Bien sûr que nous devons au plus vite parler au proviseur, mais j'ai avant tout envie d'être certaine que Liliane est bien là pour notre bien et non pour nous détruire.
- Liliane ?
- Oui... ?
- Pourquoi Brad a t- il dit tout cela ?
Ses yeux s'abaissent timidement. Son corps semble se crisper, ce qui ne m'inspire pas confiance. L'angoisse m'envahit peu à peu. L'angoisse de savoir, de savoir une lourde vérité, une vérité que je préfèrerais probablement ne jamais connaitre.
- Il a dit ça pour nous faire du mal et pour nous déstabiliser. Ce gars est une ordure ! S'écrit Julian.
- Je suis d'accord avec lui... Il ne fait que mentir. Dit-elle faiblement.
Le doute ne veut pas me quitter, torturant mon esprit, me faisant esclave de mes incertitudes. Je dois pourtant me rendre à l'évidence, Julian dit sûrement vrai. L'unique but de Brad est de semer la confusion dans nos esprits, il ne veut qu'une seule chose : nous nuire. En réagissant pareillement, je lui donne raison, je lui donne satisfaction. Il en est hors de question. Peu importe les insinuations de Brad. Je ne dois me focaliser que sur Julian, son harcèlement et sa délivrance.
J'acquiesce d'un fébrile signe de tête. Julian vient déposer un tendre baiser sur ma joue avant de s'emparer de son plateau repas.
- Ne t'en fais pas, je suis sûr qu'on peut lui faire confiance... Me susurre t- il.
J'avale difficilement ma salive. J'aimerais le croire, mais ma conscience me hurle que tôt ou tard, je paierai d'avoir offert ma confiance à cette fille. J'ai le sentiment que Liliane est tout aussi mystérieuse que sa sœur. J'espère que ce pressentiment se révèlera aussi faux qu'infondé.
- Ça va ? Il ne t'a pas trop fait mal ? M'inquiété-je.
- Qui ? Brad ? Je pourrais faire semblant d'être un homme fort et dire qu'il en faut plus pour me faire du mal !
Son ton est plein de sarcasmes, d'ironie mais je constate bien vite qu'il est en réalité dévasté par tant de cruauté. Je lui souris timidement essayant maladroitement de l'apaiser. Sans succès.
- Mais à vrai dire il me fait beaucoup souffrir...
- La douleur morale est bien pire que la douleur physique.
- Exactement. Tu vois Nolwenn, les blessures physiques cicatrisent, guérissent, la douleur qu'elles provoquent s'atténuent peu à peu. Mais les blessures morales, les mots, les injures peuvent détruire définitivement une personne, les plaies sont alors impossibles à guérir tant l'âme est entaillée, tant le cœur est déchiré. Les mots, ce sont eux qui détiennent le sort de notre existence. En une magnifique parole on peut redonner espoir à quelqu'un, le faire sourire et lui apporter un bonheur inouï. Mais en une parole cinglante, on peut anéantir une vie, anéantir une personne, réduire sa confiance à zéro, réduire son estime et sa dignité à néant. Les mots sont les plus dangereuses armes de l'Homme. Habilement manié, ils peuvent détruire comme bâtir. Une arme que trop de gens détiennent, une arme destructive, une arme mortelle.
- Oh... Julian, je ne sais pas quoi te dire. Je te promets de te sauver, je te le promets.
- Ne dis rien mon ange. Murmure t- il avant de m'embrasser tendrement.
Nous débarrassons les restes de notre repas et quittons à la hâte le réfectoire. Liliane nous emboîte le pas, elle semble déterminer à aider Julian. L'angoisse me gagne. Le proviseur n'est pas un homme de cœur, surtout lorsqu'il s'agit de son fils. Il fera tout son possible pour protéger Brad et lui épargner la moindre sanction. Je prie pour qu'il entende raison et ouvre les yeux quant à la véritable nature de son fils. Je prie pour Julian. Je prie pour l'avenir. Je prie, j'espère, quand le malheur nous ronge il n'y a plus que cela à faire.
Nous arrivons devant le bureau du principal. L'appréhension nous a gagné, nous dominant entièrement. Je regarde furtivement Liliane, elle semble hésiter à entrer. Julian quant à lui tremble de tout son être, j'ai si peur pour lui, il ne mérite pas un tel calvaire. Je décide de prendre la situation en main et frappe doucement à la porte.
- Entrez ! Tonne une lourde voix.
Liliane ouvre timidement la porte et pénètre dans la salle. Le proviseur nous invite à prendre place devant lui.
- Ne t'en fais pas, je suis là. Dis-je à Julian avant de m'installer confortablement dans l'un des sièges désignés par le proviseur.
Julian me répond d'un faible sourire. Être face au père de son assassin quotidien ne doit pas être une tâche facile. Je sens son corps se contracter, son mutisme intérieur me déchire le cœur. Il lutte pour ne pas sombrer, mais un jour viendra où il sera à bout de force. Il nous faut à tout prix l'aide du proviseur. Bien que ce combat semble être perdu d'avance.
- Bonjour, que faites-vous ici ?
Le regard de Liliane me montre une profonde détresse. Cet homme est intimidant, terriblement imposant malgré sa petite taille. Je tente tant bien que mal de me délivrer de cette angoisse qui me ronge.
- Je... C'est au sujet de Brad.
- Comment ça ?
- Il harcèle Julian. Il faut vraiment que ça cesse, il endure cette souffrance depuis trop longtemps.
Le proviseur hausse un sourcil, dubitatif. Je le sens hésitant. Il est certainement aux courant des écarts de son fils, de son comportement, de ses cicatrices. Mais là est tout le problème, Brad est son fils. Par amour, un père serait prêt à sacrifier la vie de nombreux inconnus pour protéger son enfant. C'est un combat à sens unique.
- Avez-vous des preuves de ce que vous avancez mademoiselle ?
- Eh bien... Non. Mais ça n'a aucune importance, vous ne devez pas laisser un de vos élèves se faire maltraiter !
- Je vous conseille de baisser d'un ton. Ordonne-t-il.
- Elle dit vrai, Brad est vraiment cruel avec lui ! Renchérit Liliane.
- Monsieur Perett ? Vous confirmez ?
Son air confiant et supérieur me donne la nausée. Je hais cet homme, tout aussi mauvais que sa progéniture. Julian redresse lentement la tête, vidé de toute énergie. Brad le détruit et il dépérit. Il a gardé son mal être deux ans sous silence, il est maintenant tant pour Brad de payer de ses erreurs, de laisser à Julian une chance de vivre.
- Oui... Il a recommencé ce midi d'ailleurs. Je vous en prie monsieur, je sais qu'il s'agit là de votre fils. Mais je n'en peux plus, je ne vais pas survivre longtemps. Chaque jour est plus meurtrier que le précédent. J'ai une peur inconsidérable lorsque je suis ici. Il a ruiné ma vie. Aidez-moi... S'il vous plait...
La détresse de Julian me met les larmes aux yeux. Une larme coule le long de sa joue, il dissimule sa personne sous ses indomptables boucles brunes. Mon cœur est en miette. Je dois le sauver.
La puissante voix du proviseur me ramène durement à la réalité.
- Non.
- Non quoi ?! Hurlé-je.
- Non je ne vous aiderai pas.
- Quoi ?!
- Vous n'avez aucune preuve. Et comme vous l'avez si bien dit, il s'agit de mon fils et il est hors de question qu'il pâtisse de si petites erreurs.
- Alors vous appelez ça de petites erreurs ?! Il détruit sa vie, votre fils est un monstre !
Sans me laisser le temps de réagir, la lourde main du proviseur vient violemment frapper ma joue. Je n'en reviens pas, il vient de me battre, il n'en a pas le droit, il risque beaucoup si cela s'ébruite. Je suis abasourdi par cet excès de violence. Je masse doucement ma joue endolorie. Julian se lève d'un bond de sa chaise, habité par la rage et le désespoir.
- Vous l'avez frappé ?! Hurle Julian hors de lui.
- Je te conseillerais de te taire gamin.
Je suis tétanisée. Je n'arrive plus à m'exprimer distinctement, les mots se meurent au creux de mes lèvres.
- Écoutez-moi bien. Vous n'avez aucune preuve de ce que vous dites. Je ne peux rien pour vous. Donc arrêtez de vous en prendre à mon fils sinon je porterais plainte pour diffamation. Est-ce bien clair ? N'oubliez pas qui a le plus de pouvoir entre nous. Entre de simples gamins comme vous et un proviseur de lycée, il n'y a pas photo. On vous accusera de tout ce que je désirerais.
Liliane quitte sa chaise pour se diriger vers la porte. Je fais de même, je ne veux pas infliger une seconde de plus de cette torture à Julian. Mon être n'est plus que haine et désespoir. Je ne veux plus entendre ce que cet homme a à nous dire. Il est aussi destructeur que son fils.
- Ne parlez pas de ce qui s'est passé ici à qui que ce soit. Je pourrais faire de moi la victime de cette histoire aisément. J'ai le contrôle.
Son sourire machiavélique me déchire le cœur. Cet homme mériterait la pire des sentences. Julian me pousse doucement vers la sortie. Son regard croise le mien, il est ravagé par la haine plus que par la tristesse. Je le suis toute autant. Je fondais peu d'espoir en cette discussion. Je suis maintenant dépourvu de toute espérance et de toute certitude.
Nous sommes seuls. Seuls face à ce problème beaucoup trop gros pour nous. Nous sommes engloutis sous cette souffrance, engloutis par le monde. Je suis anéantis, le cœur brisé de ne pas avoir su l'aider.
Nous marchons tous les trois en direction de notre cours de l'après - midi. Liliane n'ose pas croiser notre regard, elle se rend sans doute compte de l'ampleur de la situation, de la gravité, du désastre. Elle est sans doute sous le choc suite à cet entretien, je suis bouleversé également, nous le sommes tous.
- J'ai peut-être une idée... Murmure Julian.
Pour lui, j'aurais toujours la force de me battre, j'aurais toujours cette envie de me démener pour son bonheur, je ferais tout pour le sauver. Je dois pourtant avouer que son annonce m'effraie encore plus que je ne le suis déjà.
- De quoi s'agit -il ?
Il hésite un instant.
- Il nous a dit que nous n'avions pas de preuves... Mais imaginez qu'on lui en donne une ?
- Comment ça ?
- Je sais que ça peut paraître fou, mais si on filmait Brad me frapper et m'insulter, ce serait une preuve indéniable non ?
- Julian... C'est de la folie !
- Mais Nolwenn, ça pourrait marcher, il ne pourrait rien faire contre ça ! Il ne va pas nier l'irréfutable !
- Je suis d'accord avec Nolwenn, c'est de la pure folie.
- C'est certainement notre seule chance de lui faire entendre raison !
- Non Julian... Tu sais bien que je ferais tout pour toi, je te donnerais ma vie s'il le faut, mais là, tu vas souffrir et je ne le supporterai pas.
- Je souffre déjà, il me frappe chaque jour, il m'insulte ou fait en sorte que les autres le fasse. Je ne vois pas ce que ça change après tout...
- Je ne veux pas qu'il t'arrive quelque chose c'est tout !
Une larme roule le long de ma joue, une deuxième ne tarde pas à la rejoindre. Cette journée me tuera. De vives émotions me submergent, me torturent. Mon corps ne me porte plus, je suis prise de violents soubresauts à chacun de mes sanglots. Mes nerfs me quittent. Je n'en peux plus. Je sais que mon acte est égoïste c'est lui qui devrait pleurer, se lamenter sur son sort. Mais je ne peux plus me contenir. Sans réfléchir plus longtemps, je cours me réfugier dans la salle de cours. La pause du midi ne va pas tarder à prendre fin et j'ai terriblement besoin d'être seule, ne serait-ce que quelques instants. Je sens la main de Julian essayer de me retenir mais je me détache rapidement de son étreinte. Je ne lui en veux absolument pas, je n'aurais d'ailleurs aucune raison de lui en vouloir. Je suis juste épuisée par toute cette souffrance, épuisée par une telle cruauté, épuisée par la vie.
Je m'installe à ma place habituelle et reprends peu à peu mes esprits. Mon rythme cardiaque s'apaise, ma respiration se calme peu à peu, mon corps cesse ses tremblements incessants. J'essaie tant bien que mal d'organiser mes idées. Je suis à bout, j'ai perdu le contrôle de mon être. Voir Julian souffrir m'anéantis. Je dois le sauver. Je ne souhaite que son bonheur. Je l'aime tant. Je l'aime à mourir lentement de sa douleur, je l'aime à dépendre uniquement de ses sourires, je l'aime à en redécouvrir miraculeusement l'amour et la vie. Je l'aime. L'amour est une bénédiction malsaine. S'aimer revient à foncer tous deux dans la même direction, même lorsque l'on perd tout contrôle. S'aimer c'est aimer se détruire, aimer les souffrances que cela encoure. Puisque finalement s'aimer c'est ne former qu'un avec un être. L'amour est le remède de tous les maux, l'espoir le plus évident pour l'homme. Sans lui, je serais encore une âme errante, perdue entre la vie et un désespoir mortel. L'amour atténue la douleur. Il est mon amour, mon remède. Après tout, son idée n'était peut-être pas si mauvaise. Nous n'avons plus rien à perdre. Je continue de penser que cela relève de la folie. Mais si comme il le dit, c'est notre seule chance. Je suis prête à tenter le tout pour le tout. Pour lui. Je t'ai promis de te sauver Julian. Je le promets encore aujourd'hui. Je surmonterai l'impensable pour te voir sourire. Tu es l'unique trésor que je possède, ma plus grande richesse, mon plus grand héros. Mon trésor.
La sonnerie retentit annonçant le début des cours. Julian et Liliane entrent les premiers. Il me regarde d'un air désolé, j'esquisse un sourire pour le rassuré. Son visage est fermé, il est abattu. Une main se pose sur mon épaule, il s'agit de celle de Liliane. Je regarde une dernière fois Julian avant de me tourner vers elle.
- Ça va mieux ? Demande-t-elle inquiète.
- Oui... Désolée j'avais juste besoin de réfléchir un peu, de me détendre, c'en était trop pour moi.
- Je comprends...
- Tu crois qu'il m'en veut ?
- Oh non ! Ne t'inquiète pas, il se fait juste du souci pour toi.
- Je suis minable...
- Mais non Nolwenn ! Tu n'as pas le droit de dire ça ! Ce qui vous vivez est terrible ! D'ailleurs, tiens si jamais tu as besoin de me parler je suis là. Ça va aller.
Elle me tend un petit morceau de papier. Je m'en saisis et le déplie hâtivement. Il s'agit de son numéro de téléphone.
- Merci ... Soufflé- je.
- Mais de rien !
Elle m'offre un sourire que je peine à lui rendre. Elle se concentre désormais sur le cours qui débute, j'essaie de faire de même. Pourtant mon esprit reste absorbé par Julian. Je décide de me perdre dans cette contemplation. Julian est mon unique exutoire. Le cours débute. Je suis emporté ailleurs, emporté avec lui, emporté loin de ce monde. Je laisse mon esprit me guider. L'après-midi sera longue. Je n'ai qu'une hâte, parler à Julian.
L'abominable sonnerie retentit. Je suis enfin libre, les cours sont finis, je peux quitter ce lieu infernal. Je peux enfin retrouver Julian. Je sors précipitamment de la salle, il ne tarde pas à me rejoindre. Son regard est doux, ce qui me rassure. Il se saisit de ma main, mon cœur s'emballe.
- Je suis désolée d'avoir réagis comme ça tout à l'heure... Je m'en veux beaucoup. J'ai juste eu peur.
- Je ne t'en veux absolument pas !
- Tu en es sûr ?
- Certain !
Je me blottis dans ses bras, profitant de chaque parcelle de son corps. Il relève tendrement ma tête, il est si beau, il semble merveilleusement heureux malgré cette journée difficile. Il dépose un baiser délicat sur mes lèvres, me faisant frissonner de plaisir.
- Tu sais, j'ai bien réfléchi, on va faire comme tu as dit...
- Tu en es certaine ?
- Oui... Au point où nous en sommes, tentons le tout pour le tout.
- Merci Nolwenn, je te promets que tout se passera bien.
- J'espère...
Il m'embrasse le front avec tendresse avant de s'emparer de ma main. Nous marchons jusqu'à la sortie nous menant à cette délivrance temporaire. Je n'ai aucune envie de me séparer de lui jusqu'à demain, aucune envie de vivre sans lui, aucune envie de le laisser seul. Mais je suis obligée.
- Bon... Je vais devoir rentrer, ma mère m'attend. Dis-je tristement.
- Mon ange. Ne fais pas cette tête, ça va aller.
- Tu vas tant me manquer.
- Toi aussi, si tu savais.
Il m'encercle de ses bras, me tenant fermement contre lui. Je suis submergée par le bonheur. Je profite pleinement de cet instant de plénitude. Je laisse toutes mes craintes me quitter. Je m'abandonne à son baisé passionné. De multiples émotions s'emparent de mon être. Je suis heureuse.
- À demain mon ange.
Je dépose un dernier baisé sur ses lèvres avant de partir en direction de chez moi. Je n'ai désormais qu'une hâte, le retrouver. J'ai terriblement besoin de lui, il est mon tout. Ce manque me tuera. Mes pas me guident, je me remémore cette horrible journée. J'espère que l'idée de Julian fonctionnera, j'ai pourtant quelques doutes. Brad doit néanmoins payer pour ce qu'il fait. Il détruit la vie de Julian. Simplement par les mots, d'abominable mots. A force de dire à une fille qu'elle est grosse, elle finira par le penser malgré sa minceur. A force de dire à une personne quelle est laide, elle finira par détester le reflet que son miroir lui offre. A force de dire à Julian qu'il n'est qu'un raté, il a fini par le croire et s'est à jamais perdu. Mais je vais mettre fin à sa douleur, il ne mérite pas ça, je le sauverai. Je l'aime et rien ni personne ne pourra m'empêcher de lui redonner goût à la vie.
Mon téléphone vibre dans ma poche, m'extirpant de mes pensées. Il s'agit d'un message de Julian.
" Mon ange, je te promets que tout ira bien demain. Fais-moi confiance, ce cauchemar prendra bientôt fin. Tu me manques atrocement fort."
Je suis partagée entre la joie et l'appréhension. Il s'agit de Julian, et je ne supporterai pas que tout tourne mal, qu'il souffre. Je ne supporterai pas de le perdre. Demain est un autre jour, un jour que je regrette déjà. J'ai un mauvais pressentiment. La vie ne nous a jamais fait de cadeau, pourquoi nous en ferait-elle maintenant ? Te perdre me tuerai. J'ai qu'une envie, celle d'être de nouveau dans tes bras. Tu es mon avenir, mon trésor, mon amour. Nous vaincrons.
L'espoir est le plus beau de nos mirages.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top