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Romance | Lettre | Zouis | Drame | UA


Paris, le 18 novembre 2011


Mon amour,

Souvent encore j'y ai droit, à cette question pas vraiment anodine qui n'échappe à aucune réunion amicale mensuelle ou même annuelle comme l'est devenue celle que nous avons instaurée avec nos plus anciens amis. Nous étions là, en petit comité autour d'une table qui s'allonge avec les années, à mesure que chacun trouve un partenaire et tient à le présenter aux autres, savourant le même met qu'à notre habitude. Car tu sais à quel point la routine et la monotonie peuvent parfois s'avérer sécuritaires et ce, même pour un malheureux plat.

« Et toi, toujours célibataire ? Faudrait que tu penses à te caser mon pote hein, bientôt il n'y aura plus rien de potable sur le marché ».

Une simple boutade, de celles qu'on lance avec humour mais qui soulève trop souvent grand nombre de réflexions. Nous étions attablés dans ce petit bistrot, les conversations allaient bon train et étaient encore une fois si semblables aux précédentes, mais les réponses l'étaient moins. Chacun grandit et évolue, ils construisent leurs familles, leurs avenirs et ceux de leurs enfants, ils achètent de nouvelles voitures, des maisons pour certains et se vantent de tout ce qui pourrait leur offrir une place au sommet de la réussite. Ils n'ont pas trop à jouer des coudes pour éviter d'être le dernier, car cette place m'est dédiée. Et ils ont beau me railler, cela ne m'affecte plus, ou du moins je le pensais. J'ai souris. Pour masquer ma peine et ma fierté. Je ne suis pas célibataire. Et tu sais que de mon point de vue, aucune de leur superficialité ne te vaut toi. Je suis au-dessus des autres, au-dessus de leurs vies parfaites, de leurs comptes en banque, et de leur orgueil, parce que moi, je t'ai toi. Mais je me tais. Je mure mon cœur dans le silence et je continue à sourire en les écoutant dépeindre leurs couples si épanouis. Parce que je t'ai toi.

Mais tu m'as quitté. Et tu me manques un peu plus chaque jour.


Mon cœur t'est soumis, comme mon âme t'est destinée,


Comme chaque fin de semaine, je rentre la tête lourde et l'esprit cotonneux dans mon petit deux-pièces sommairement meublé. Je n'ai pas ton gout pour la décoration, déjà quand tu m'as connu je me contentais du minimum. Perdurent quelques marques de toi, de celles que j'ai emmenées avec moi lorsque tu t'en es allé. Comme ce plaid au bleu indéfinissable sous lequel tu aimais te blottir devant le film du soir, ton flanc contre le mien, ou encore cette statuette de Buddha qui me file encore aujourd'hui la chair de poule et qui trône toujours dans l'entrée, silencieuse gardienne. Tu y tenais tant. Nous l'avions dénichée dans une petite boutique au Laos, une allégorie commune à chaque touriste qui place en cette figurine l'espoir de souvenirs perpétuels et d'une présence bienveillante. Je déteste cet objet, mais j'aime qu'il soit une part de nous, d'instants partagés parmi d'autres, tous les deux. Quand nous étions encore ensemble. Lorsque nous n'envisagions même pas l'idée de vivre l'un sans l'autre.

Mon cœur s'emballe à cette simple pensée. J'aime la représentation que je me fais de ces temps où rien n'existait de plus important pour toi que moi, ces temps où notre union était à son paroxysme. Le monde extérieur n'avait alors aucune incidence sur nos actes ou nos décisions, mais ces temps désormais révolus me pèsent et je me sens ployer sous le poids de la douleur que crée ton absence.

La vie à tes cotés m'a forgé et m'a rendu fort, solide comme un roc. C'est ce que tu me disais, le regard brillant de sincérité. Mais c'était toi ma force. J'ai appris à n'être moi qu'avec toi, car personne n'a su m'aimer aussi bien que toi. Depuis, je me suis un peu égaré sans toi pour me guider. Et c'est surement à toi que je dois ce masque que je me suis forgé de toutes pièces, qui empêche quiconque d'entrapercevoir ce qui t'appartient aujourd'hui encore. Il me permet de garder la tête hors de l'eau chaque fois que l'aube me rappelle durement que la vie continue.

Lorsqu'avant elle ne l'était que par toi, par nous, ma semaine est désormais rythmée par mon travail. Je m'y plonge, jusqu'à me noyer, jusqu'à ce que vivre ne soit plus qu'une habitude. Je suis allé loin, atteignant des sommets dont je n'avais même jamais envisagé l'existence. Tu es mon inspiration et ma force, et chaque pas que je fais, chaque réussite et chaque honneur te sont dédiés, à toi mon âme sœur. J'inspire le respect et la dévotion mais aucun de leurs compliments n'équivaudra jamais les tiens. Leurs sourires me semblent fades, ils ne sont qu'apparence, tout comme le mien est factice. Rares sont ceux qui viennent du cœur, et je ne les concède qu'au ciel, tels une prière muette. Celle de te revoir au plus vite.

Et qu'importe que je désire ardemment retourner en arrière. Je ne le peux pas. Alors j'avance. À petits pas, parfois même à reculons désirant secrètement que toi aussi tu te sois retourné sur ta route, je pourrais ainsi croiser ton regard, revoir ton sourire, sentir tes mains relever mon visage, sentir ton souffle chaud sur ma peau, et laisser ton odeur m'envahir. Si tu te retournais toi aussi, je te retiendrai. Mais j'ai beau regarder derrière moi, tu n'es jamais là.

Je n'ai rien trouvé de mieux à faire que feindre. Feindre pour qu'ils me foutent la paix, feindre pour que ta mère n'ait plus à retenir ses larmes face à mon visage, pour que l'on arrête de tenter de me caser avec le premier venu. Feindre pour être tranquille, pour ne pas quitter la route au moindre virage sans regret, pour qu'on me laisse vivre ma douleur comme je l'entends. Tu aurais détesté cette apparence d'homme détaché et froid, mais elle m'est nécessaire. Car feindre est devenu une seconde nature, je m'y suis efforcé depuis que j'ai jeté la dernière rose sur ta dernière demeure, celle qui t'abritera jusqu'à ce que le manque de place les oblige à vider les terres pour laisser l'espace à d'autres. C'était notre dernier instant, notre ultime union et je voulais être le dernier que tu quitterais, te donner le dernier adieu, pour être celui que tu n'oublieras pas, mon aimé.

J'ouvre les yeux sur une vie qui ne m'appartient plus, dans laquelle je me perds. J'ai appris à surpasser mes tourments, à passer outre ce mal qui me ronge mais je suis fatigué. Fatigué de vivre. Je m'use de plus en plus, j'ai puisé dans mes dernières forces, car tu m'as appris à continuer et m'a tiré la promesse d'essayer pour toi, afin que tu puisses subsister à travers moi. N'as-tu pas compris que ma vie c'était toi ?

Comme tu as pu l'être, la nuit est désormais le seul témoin de mes faiblesses. Et ce soir encore, l'acidité de mes larmes abime la peau fragile de mes joues dès que je m'allonge dans notre couche que tu as désertée il y a si longtemps maintenant. Le temps ne guérit rien et la douleur est toujours là, tapie, tenace, et règnera aussi longtemps que mon cœur battra pour toi. Je ne peux que pleurer ton absence, ma vie.

La nécessité de ton corps tout contre le mien grandit à mesure que les mois et les années se succèdent. Il y a toujours une raison, particulière ou non, pour me rappeler que tu aurais du être avec moi. À mes côtés. Comme avant. Mon cœur est à toi Louis, et il a besoin du tien. Tu ne me reviendras pas. Je le sais et pourtant jamais encore je n'ai considéré sérieusement l'idée de te rejoindre. Me pardonneras-tu ? Si je viens à toi, me rejetteras-tu ?


Alors même si je me perds dans d'autres corps sache qu'à jamais je suis à toi.


Ils se succèdent dans mes bras pour m'accorder ce moment de faiblesse qui m'apporte une infime jouissance, j'ai beau m'imaginer entre tes cuisses, ce ne sont jamais les tiennes. Ils n'ont pas ta fragilité, ton regard, ton sourire et ces douces caresses sur ma nuque que tu m'accordais pendant l'amour. Ils ne savent pas comment me rendre fou comme toi seul y parvenais, ils ne savent pas me faire les aimer, car toi seul à compter. Je pourrais même te visualiser pendant l'orgasme que cela ne suffirait pas. Tu es unique et personne ne te vaut, personne n'a ta chaleur et aucun baiser n'a la saveur des tiens. Même cet acte n'a plus aucun sens depuis que tu es parti mon amant, j'assouvis un simple besoin dont je ne peux me passer, tu connais la faiblesse des hommes et de leur corps n'est-ce pas ? Je sais que contrairement à moi tu me pardonnes ce péché.


A toi je me confesse. Sans pudeur, sans honte, mon époux.

Car toi seul me sait. Tu es le refuge de mon être, le seul désiré.


Ceux qui ne me reconnaissaient plus m'ont blâmé pour ce que je devenais alors. Je me fous encore aujourd'hui des paroles de ces hommes qui ne peuvent savoir mon mal, qui ne peuvent que supposer. Parce qu'ils croient eux aussi que le temps panse les plaies, qu'on parvient à oublier et qu'il est normal de se reconstruire. Je ne veux pas t'oublier, tu mérites que chaque jour je pense à toi. Je refuse que tu ne sois qu'une vague réminiscence, je me déteste déjà suffisamment de sentir le souvenir de ton visage s'effacer peu à peu de ma mémoire. Alors, oui, je préfère souffrir de cette douleur que je chéris. Car elle est toi, immuable, présente, comme au premier jour. Je ne supporterais pas qu'elle me quitte elle aussi.


« Hey Zayn ! Y a le gars au bar qui semble intéressé » ; « Et la nana là-bas, elle est mignonne et elle n'arrête pas de te mater depuis qu'on est entré » ; « Ton assistant est complètement dingue de toi mec. Il est beau, la même tranche d'âge, il est sérieux et il a un putain de sourire. Qu'est ce qu'il te faut de plus ? »

Toi.


Ça arrive souvent. Et pourtant je porte toujours mon alliance. Mais ça n'empêche rien. Ils m'ont dit de l'ôter, ta mère aussi. Elle veut que je refasse ma vie, elle me dit que tu aurais voulu que je sois heureux à nouveau. Bon sang je le sais. Mais comment pourrais-je accepter ça ? Comment pourrais-je vivre avec un autre que toi quand j'ai juré de t'aimer au delà de la mort ? Ils ne comprennent pas pourquoi je ne m'autorise pas de seconde chance. Ils pensent que je me morfonds et me complais dans la tourmente. C'est le cas. Ils ne veulent pas accepter que je ne veuille pas être heureux sans toi. Je le refuse. Jamais je ne tendrais la main à un prétendu bonheur. Car rien ne vaut celui que j'ai vécu à tes côtés. Rien ne te vaut toi Lou'. Rien.

Et pourtant.


« Alors c'est toi le nouveau mec de Zayn ? »

Non. Il n'y a que toi.

Et pourtant lui aussi m'émeut.


Il n'était au début que le petit nouveau de la boite qui m'apportait mon café sans qu'il n'y soit forcé et semblait toujours heureux que je le traine avec moi aux diners avec nos clients les plus acariâtres. Il parvenait à me détendre rien que par sa présence calme et rassurante. Je me suis laissé aller, sans autre raison que le fait qu'il soit là, toujours, même lorsque mes humeurs faisaient fuir les autres. Il était présent sans être oppressant, toujours attentif, et bienveillant. Il est ensuite devenu cet ami qui m'a soutenu et écouté. Pour une fois je n'étais plus seul, je pouvais être moi-même sans pour autant subir sa présence ou devoir jouer un rôle.

Tu dois sans doute me trouver bien crédule pour ne pas avoir remarqué plus tôt que je lui plaisais. J'ai fini par sentir ses regards qui s'attardaient sur moi, j'ai vu ses rougissements, son sourire un peu niais et son air rêveur et envieux, et ça me plaisait. Il m'a fait les yeux doux ainsi de longues semaines, investissant peu à peu mon espace et mes pensées. Il était là lorsque j'allais au bar le vendredi soir, je le croisais à la caisse du supermarché, comme si nous étions amené à passer plus de temps encore ensemble. Je n'ai pas réfléchi à tout ça, je n'ai rien vu. Rien compris, rien prémédité. J'aimais juste qu'il soit là, que sa main chaude enserre la mienne quand je me perdais dans nos souvenirs. Ça fait si longtemps que je n'avais laissé à personne l'opportunité de me courtiser dans les formes. Il est jeune, un peu plus que nous, il est fait de cette innocence et de cette force qui me rassure et m'apaise. Il est gentil, et attentionné, il prend en considération mes humeurs et mes préférences comme si rien de ce que je suis n'était contraignant.

T'aimer, mon amour, est ce qu'il y a de plus dur, lorsque tu n'es pas là pour me rappeler chaque jour ce que je perdrais dans les bras d'un autre. Mais comment faire lorsque tu n'es plus là pour m'enlacer le soir, pour me mordre la gorge et rire au creux de mon oreille ? Je ne me souviens même plus quelle position tu avais dans le canapé le soir, je ne sais plus quelle lessive tu prenais au supermarché, je ne sais plus le gout de ta peau ni la saveur de tes baisers. Et ta voix Lou', celle qui me faisait frissonner, me rassurait, celle qui était mon tout, ... je... Louis, je t'oublie. Le temps passe et ton souvenir s'efface. Je te jure que j'essaie de le retenir, j'essaie aussi fort qu'il m'est possible de le faire mais j'échoue. Chaque jour c'est plus dur et en moi se déchainent des besoins contraires. Je ne sais comment y mettre fin Lou'. J'ai besoin de toi. Mon amour, mon cœur se meurt et il cherche à vivre. Vivre au travers d'un autre, en attendant de te retrouver. Comment puis-je l'accepter ? Comment ? Dis-moi Lou'... Ne me laisse pas une seconde fois.

Et lui, il est constamment là, avec son visage doux, son regard franc, et sa voix chaude et rauque. Au travail, chaque fois que je me sentais craquer, il m'apparaissait derrière la vitre de mon bureau qui donne sur son poste au standard. Il relevait la tête, attentif, et chaque fois il m'offrait un sourire, et je le lui rendais. Comment en suis-je venu là Louis ? Comment en suis-je venu à délaisser ton sourire figé sur cette photo qui trône sur mon bureau pour regarder celui de ce jeune homme ? Je ne peux pas Lou'. Je me sens si mal. Et... putain, j'ai mal. Mal de sentir mon cœur flancher pour un autre que toi. Je t'aime, n'en doute jamais. Mais je suis faible et je préfèrerais mourir que te trahir ainsi.

Ce soir encore, il est parvenu à m'émouvoir. Alors que nous rejoignions les tables de billard après un énième habituel repas, il est arrivé. Si confiant, son regard vert sur moi a manqué me faire haleter tant il était intense. Les autres encore, me raillaient tentant de faire du pari une occasion de me caser pour la fin de soirée avec n'importe qui. Eux aussi bien que toi savent que je suis nul à ce jeu. J'ai perdu. Et je l'ai choisis lui. Délibérément. Durant toute la partie, il m'avait sourit et taquiné, jamais moqueur toujours doux et tendre. La soirée s'est éternisée, je l'ai à peine vue passer avec lui à mes côtés. Trop souvent nos corps ont flirté avec l'indécence. Jamais encore je n'avais été si loin avec quiconque Louis, jamais mon cœur ne s'était emballé comme ça depuis toi. J'ai bu, encore, plus que de raison, parce que je voulais son étreinte, je voulais me sentir bien contre ce torse large et dur. Je... Je suis désolé. Il m'a tiré contre lui, il est chaud, grand, et fort, mon visage atteignait à peine sa clavicule apparente sous son t-shirt échancré. Ses bras puissants sur mes reins semblaient me bercer alors que les doutes me faisaient peu à peu tanguer. Il m'a fait du bien Louis. Pour une fois je n'ai pas eu à cacher mes maux à cette putain de table avec ces mêmes personnes avec qui nous trainions déjà lorsque nous avions dix-huit ans. Je me suis laissé allé avec lui, à être rassuré, à être deux. Il est le premier Louis. En sept ans, c'est le premier qui me fait douter de pouvoir tenir sans toi. Parce que c'est si bon d'être deux face aux épreuves. Il a séché mes larmes dans la voiture ce soir, il a dit qu'il m'attendrait, qu'il nous attendrait, toi et moi. Je n'ai compris qu'une chose : qu'il ne désirait remplacer personne Lou', il sait que rien ne surpasserait ce que je ressens pour toi et il est certainement le seul à t'estimer comme ça. Je ne l'aurais jamais regardé si tu avais été à mes côtés, mais toi certainement. J'ai ris à cette simple idée que je lui ai confiée et il a ton humour Louis, celui que je ne possède pas. Il me complète aussi bien que tu le faisais. Mais d'une autre façon. Tu approuverais ce que je refuse Louis. C'est surement la seule chose que je ne peux te concéder. Celle d'être heureux avec un autre que toi.

Le sommeil me fuit, dormir n'a plus rien de bon sans ta chaleur et ta présence et je passe le plus clair de ces heures assis au sol le regard vide jusqu'à sombrer. Ton plaid rêche et usé dans lequel je me suis enveloppé est semblable à nous, abimé par le temps, les épreuves et la distance. Je ne peux m'en débarrasser, tu disais qu'il avait la couleur de l'océan, je trouve qu'elle était semblable à celle de tes yeux. Tu gloussais toujours lorsque je te complimentais, comme si ça te gênait. Tu es mon ode Louis. Mon double. A tes côtés tout me semblait aisé. Rien ne l'est plus désormais, plus encore maintenant que c'est son odeur à lui qui envahit ma mémoire. Je ne veux pas te remplacer. Je préfère encore la douleur plutôt que les prémices d'un renouveau. Personne ne mérite ça, et toi moins que quiconque. Car je t'aime plus que tout. Plus que moi, ou que nos promesses. Louis, ma plainte est longue et douloureuse, elle écorche chaque parcelle de mon être. Entends là je t'en prie, fais quelque chose. La souffrance qui s'éprend de moi m'étouffe, elle me tue. Je voudrais sentir la caresse de ta main sur mon visage, ton souffle heurter ma peau, ta langue flatter mes lèvres avant de l'investir comme toi seul sait si bien le faire. Je voudrais sentir tes bras autour de mon torse, sentir ton cœur battre contre le mien, que nos poitrines s'heurtent et se fondent comme lors de notre dernière étreinte. Tu te souviens Louis ? Moi oui. Jamais plus je n'ai laissé quelqu'un me faire l'amour comme tu as pu le faire. Je suis à toi Louis. Tout entier. Corps, cœur et âme. Et je refuse de lui céder, d'envisager pouvoir aimer un autre, qui ne seras jamais toi. Pas sans toi à mes côtés. Si tu ne vis plus, je n'ai plus à le faire pour toi, ni pour moi. Quand tu es parti Louis, c'est ma vie qui s'est éteinte.


Rien n'a ta saveur ni ton odeur, mon unique.

Les souvenirs s'en vont mais le temps n'oublie pas ce que nous étions.

Je t'aime tant Louis. D'un amour dévorant, plus profond et sincère qu'au premier jour.


Je ne veux pas t'oublier mon amour, alors cette nuit, assis sur mon tapis élimé emmitouflé dans ce qu'il me reste de nous je revis une énième fois ces derniers moments que l'on a passés ensemble. Pour me souvenir de toi. Cette dernière fois où délicatement mes lèvres se sont posées sur les tiennes pâles et rêches, où ta douce main a frôlé ma joue avec tant d'amour que mon regard s'est embué, ce sourire confiant que tu m'as lancé en détachant nos mains que j'aurais voulu garder liées à jamais. Avant de passer ses portes dont l'accès m'était interdit tu as désigné du doigt ton propre menton avec une petite grimace et j'ai partagé ton rire silencieux tout en passant ma main sur mes joues. Je m'étais rasé la veille et tu détestes ça. Tu n'as pas quitté mes pensées durant les longues heures d'attente qui ont suivi. Je n'avais que l'espoir pour tenir, l'espoir que j'ai vu dans ton sourire et qui emplissait ton regard. Je n'ai toujours cru qu'en toi, encore aujourd'hui, tu es ma seule certitude. Ma plus belle réussite. Et cet espoir de nous retrouver demeure encore, même alors que je l'ai vu revenir sans toi mon amour, l'air désolé et à peine chagriné. Je me souviens. Ma mémoire a gravé dans mon âme ce moment où mon regard s'est focalisé sur cet homme qui m'avait assuré que tout irait bien quelques heures plus tôt. Mon cœur s'est brisé tandis que mon âme a feulé si fort, glaçant ma chaire. Ce jour-là tu m'as quitté après un moment de répit, car tu étais là à mes côtés alors qu'il m'expliquait que tu avais combattu jusqu'au bout mais que ton cœur était trop faible. J'ai senti ton être frôler le mien, s'attarder près de moi, quelques instants, j'ai cru entendre tes mots qui me rappelaient une promesse que je n'avais même pas conscience d'avoir faite, celle de te survivre. Le spectre de ta main a parcouru mes joues nues comme pour me rappeler de ne plus commettre cet acte, et tu t'en es allé. Ta dernière faveur. Tel un dernier adieu mon amour. Et notre vie a défilé devant mes yeux noyés par des larmes que je ne pouvais contenir.

Tu en es digne, tu mérites tout de moi et je ne suis qu'à toi. J'ai lutté pour avancer sur ce chemin avec ton souvenir comme unique compagnie. Le temps a passé maintenant et je pense avoir épuisé mes ressources. Je n'ai rien pour les renouveler car tu étais ma force. Comprends-moi mon amour.

Ce soir encore je ferme les yeux, mon visage enfoui entre mes mains, sous mes paupières se joue le film de notre rencontre, ce jour où je t'ai rencontré ma vie, quand tout a commencé... Ce jour que je bénis tout autant que je le maudis mon amour.

Pardonne mes faiblesses, et attend moi, je ne serais pas long, plus que quelques lignes alors reste-là...


Ton mari, éternellement tien, Zayn.



The End



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