22 chapitre: Les têtes

Leileila

Il faut sortir au plus vite, je crois qu'il est là! 


Non, j'aurais jamais deviné! Léonardo me fixe avec un énorme sourire dans le visage. Je sais qu'il a l'habitude de sourire diaboliquement, mais cette fois, ce n'est pas le même sourire que d'habitude. Cette fois, c'est un sourire victorieux. Il sait que je suis prise au piège. Il sait qu'il a gagné. 

Je n'essaie même pas de m'enfuir. De toute façon, j'ai assez vite remarqué qu'il n'y a qu'une seule issue. Et Léonardo est clairement en train de bloquer les escaliers. Je ne voudrais pas lui donner la satisfaction de m'empêcher physiquement de m'enfuir. Parce que je sais que contre lui, je n'ai aucune chance. Surtout que je n'ai pas les Totos avec moi pour me protéger. 

Subtilement, j'essaie de cacher mon téléphone pour ne pas qu'il me le prenne. Malheureusement, je sais qu'il m'a vu l'utiliser et sans même prononcer un mot, il s'avance pour me le prendre. J'essaie de voir si je peux le contourner, mais en regardant derrière lui, je remarque qu'il y a une grille qui bloque la cage d'escalier. Et oui, une grille. Je suis dans une cage, à présent. J'ai donc la confirmation que je ne peux pas m'enfuir. En tout cas, pas pour l'instant. 

Même si j'essaie de lui cacher, Léonardo réussi à se saisir de mon téléphone. J'ai l'impression que nous vivons un moment suspendu dans le temps. Pas un mot n'est échangé entre nous. Il n'y a simplement que des regards. Toutefois, notre jeu de regard est mille fois plus puissant que tous les mots du monde. Dans ses yeux, je lis la satisfaction, une fièreté malsaine à l'idée de m'avoir piégée. Dans mes yeux à moi, il dois lire ma détermination à ne pas le laisser gagner malgré tout. Il m'a peut-être pris au piège, mais il n'a pas les Totos. Et nous étions trois dans la maison. Si il est avec moi, ça doit vouloir dire que les filles ont pu s'enfuir. Elles ont vu mes photos. Elles ont à présent des éléments clés en leur possession. 

Et surtout, je sais qu'elles ne me laisseront pas tomber. Elles vont trouver un moyen de venir me chercher ce n'est qu'une question de temps. Je veux que dans mes yeux, Léonardo puisse voir toute la force qui habite mon âme en ce moment. 

Léonardo s'approche de moi et je commence à reculer. Quand il remarque mon mouvement, il se dépêche à se saisir de mon poignet pour m'empêcher d'aller plus loin. Il prend mon téléphone et le met en mode selfie. Je ne comprend pas vraiment le but, mais quand il se prend en photo avec moi, je vois qu'il cherche simplement à faire son baveux auprès de mes alliées. 

— Sérieusement? Je demande en brisant ce silence qui devenait pesant. 

— Quoi? Me demande-t-il avec son même sourire victorieux. 

— Un selfie? Tu viens de m'emprisonner et tu nous prends en selfie? 

— Pourquoi pas? Il faut bien que tes amies sachent pourquoi tu n'es pas sortie d'ici, non? 

— À ce propos, est-ce que tu pourrais me laisser sortir? 

— Non, pourquoi voudrais-tu partir? 

— Parce que je dois aller à l'école. Et l'éducation c'est important. 

— Je peux t'apprendre plein de choses si tu veux. 

— Comme quoi? 

— Le ciel il est bleu. 

— Mais je le sais, ça!

— Bah c'est pas ma faute si tu as de la facilité à l'école. 

— C'est pas ça qu'on apprend à l'école. 

— Vous apprenez quoi à l'école, alors? 

— ''La loi normale est sans contredit la loi de probabilité la plus importante. Certes plusieurs phénomènes suivent une telle loi, mais son importance vient surtout du fait qu'une grande partie de l'inférence statistique repose sur elle. Lorsque l'on cherche à établir la fonction de densité associée à une caractéristique, il arrive souvent qu'on retrouve une fonction en forme de cloche.''*   

— Mais c'est nul ça!

— C'est des maths. 

— C'est nul les maths. 

— J'ai jamais dit le contraire.

— Pourquoi vous apprenez ça à l'école, alors?

— Pourquoi tu ne veux pas me laisser partir?

— C'est pas la même chose!

— Bah un peu, oui. 

— J'ai le droit de te garder prisonnière ici, c'est toi qui a rentré chez moi par infraction. 

— Au lieu de me garder ici, appelle la police, si c'est moi le problème. 

— Non, tu vas leur raconter des mensonges sur moi. 

— Des mensonges? Ou tu crains plutôt que je dise la vérité? 

Suite à ma réponse, je pointe le gros bassin qui trône au centre de la pièce. Si ce n'est pas une preuve assez évidente. Quand Léonardo remarque ce que je pointe, son sourire victorieux est échangé pour un sourire diabolique. 

— Veux-tu savoir c'est quoi, ça, me demande-t-il?

— Serais-tu prêt à me dire c'est quoi?

— À vrai dire... non. 

— Comment ça ''non''?

— Je préfère si tu le devine par toi même.

Je prend le temps de regarder plus attentivement le bassin. À part le liquide incolore et les têtes de Totos, je ne vois rien de plus anormal. Dans le sens que oui, je sais c'est déjà pas normal à la base, mais c'est vraiment juste ça. Et sérieusement, il n'y a pas 50 000 options à ce qu'on peut faire avec des têtes de Totos et du liquide incolore. Si vous voulez me contredire, essayez donc d'en trouver, 50 000! 

— Tu veux créer ta propre armée de Toto. Ça, je le sais. Ce que je ne comprend pas, c'est comment. Je veux dire... Tu n'as jamais réussi à me voler de Toto! 

— Tu as raison, répond-il. Je n'ai jamais volé de Toto entier. 

— Quoi, tu as volé un demi Toto? Je répond sarcastique. 

Comme s'il avait pu couper la tête d'un de mes compagnons sans que je m'en rend compte! Mais il me prend pour qui? Je dois avouer que je commence à me sentir vachement offenser de voir à quel point il me prend pour une épaisse. 

— Bien sur que non! Un demi Toto c'est beaucoup trop gros, regarde! 

— Tu as volé un quart de Toto, alors? 

— Non. 

— Un huitième? 

— Non!

— Un seizième, alors!? 

— Arrête de niaiser! Se fâche-t-il. Je t'ai dit de regarder! 

Je prend la peine de l'écouter et de regarder encore une fois le fameux bassin. Il y a toujours le même liquide incolore et les mêmes têtes de Totos. Mais cette fois, sans le stress de se faire prendre, puisque j'ai déjà été prise, je peux prendre le temps de m'attarder aux détails. Dans ce liquide incolore, il y a un total de trois têtes. Ces dernières ne sont pas toutes pareilles. l'une d'entre elles se rend jusqu'au bas du cou, une autre se rend jusqu'au début du cou et la dernière s'arrête un peu avant le bas du menton. Ce qui est étrange, c'est qu'aucune des têtes n'a l'air d'avoir été coupée. On dirait que chaque tête est comme un individu en soit, mais qui n'a pas fini sa croissance. 

Je comprend que malgré toute ma bonne volonté, je ne pourrai jamais deviner exactement comment il s'y est pris pour enfin se procurer des Totos. Je décide de céder à son petit jeu, parce que au final, je vais obtenir une partie de ce qui je souhaite obtenir. 

— C'est beau, je donne ma langue au chat. Comment tu as fait?

— Mérites-tu vraiment de le savoir? Je ne sais pas si tu as été assez sage... 

— J'ai été très sage. Je ne t'ai pas mordu. 

— Pourquoi, les gens pas sages ils mordent? 

— Oui. 

— Ah, tu viens de m'apprendre quelque chose. Mais d'accord, je vais te le dire. Pas parce que tu as été sage, puisque j'en doute, mais parce que j'ai envie de te prouver ma suprématie. 

— D'accord, merci, c'est très gentil de ta part. 

Ma réponse est très sarcastique, mais j'essaie de ne pas trop le laisser paraitre, parce que je ne veux pas me le mettre à dos. Après tout, il reste tout de même en position de pouvoir et qui sait ce qu'il pourrait être capable de faire si je le mettais en colère. 

— Tu te souviens quand j'ai rencontré tes amies au parc? Commence-t-il. 

— Oui..? 

— C'est là que j'ai réussi à voler une partie d'un Toto.

— Hein? Mais pourtant j'ai pris les présences et ils n'en manquaient aucun! 

— Je n'ai pas dit un Toto. J'ai dit que j'ai pris une partie d'un Toto. 

— Qu'est-ce que tu veux dire? 

— Les Totos ont des cheveux. 

— Oui et? 

— J'ai pris un cheveu. 

— Oui et..? 

— Bah j'ai laissé le cheveu se reproduire. 

— ... 

— ... 

— Comment un cheveu peut-il se reproduire? Je demande pas sûre de bien comprendre ce qu'il m'a expliqué. 

— Par la mitose. Comme le reste des Totos. Savais-tu qu'un Toto n'a pas besoin d'être complet pour se reproduire?

— Maintenant je le sais. 

Suite à cette révélation, je ne ressent plus rien. J'ai l'impression qu'il ne reste plus que le vide à l'intérieur de moi. Ça semble tellement incorrect mais logique en même temps que je ne veux même plus comprendre. Vous le savez, j'en ai vu des trucs étranges. Mais ça? Qui ici était prêt à ça? 

Léonardo semble remarquer mon ébahissement et se retire silencieusement du sous-sol. Je l'entend monter les marches une par une, jusqu'à entendre la porte du sous-sol se barrer. Quant à moi, je ne suis plus capable de bouger. Dans un combat d'immobilité contre une roche, c'est moi qui aurait gagner. Mes muscles ne me répondent plus, mon cerveau non plus. Il ne reste vraiment juste que mon enveloppe corporelle et mes pensée qui ne semblent avoir qu'un seul objectif: quitter cette endroit le plus tôt possible. 

Mais au final, il ne reste que moi et le bassin, prisonniers du sous-sol de Léonardo. 



*Tiré des notes de cours de M.L. 


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