17 Chapitre: La Confiance
Toc Toc Toc
Pas de réponse.
Toc Toc...
— Désolé Anna, j'étais occupée. Aller, entre! Dit Leila d'un ton enjoué.
Après mon message lui demandant un rendez-vous en toute urgence, Leila avait accepté de me rencontrer pour qu'on puisse discuter des nouveaux développements. Elle m'avait proposé de me rendre à la même maison où elle m'avait expliqué toute l'histoire avec les forces maléfiques. Elle m'invite à m'asseoir et heureusement, Leila n'est pas le genre de personne qui a tendance à tourner autours du pot. Avec elle, si on veut lui parler de quelque chose, on y va droit au but, que ce soit important ou non. Alors lorsqu'elle me demande de m'asseoir, je n'attend pas bien longtemps avant de lui faire part des évènements des derniers jours.
Je lui parle de Rose et de son avertissement.
Je lui parle de la maison qui m'a inspiré tant de terreur.
Je lui parle du monsieur louche qui avait l'air d'en savoir plus qu'elle. (Je lui ai aussi dit qu'il lui passait le bonjour)
Finalement, je lui parle de ma conversation avec Jack/Léonardo et de son obession inquiétante envers les Totos.
Tout le long, elle m'oserve avec sérieux et semble prendre le temps de réfléchir à de potentiels plans pour sauver le monde. (Il s'agit évidemment d'une hypothèse, je ne peux pas réellement savoir ce qui se passe dans sa tête...) À la fin de mon long récit, je sens ma gorge sèche à force d'avoir tant parlé. Quant à Leila, il y a ce silence qui l'accompagne à chaque fois que je lui apprend quelque chose de nouveau. On dirait qu'à chaque fois que je lui parle de quelque chose, elle doit prendre le temps de laisser ses neurones faire circuler l'information, comme s'il y avait du traffic dans son système nerveux et que ça prenait plus de temps avant que l'information se rende à son cerveau. Je dois vous avouer que je commence à m'habituer à ce silence qui comble les moments entre les réponses de Leila.
— Ce que je craignais est arrivé, dit-elle.
— Et tu craignais quoi..?
C'est amusant le mystère au début. Mais je dois avouer être tannée de tous ces secrets qu'elle refuse de me partager. Je suis particulièrement entourée des dessins de Jane. Ce qu'elle m'apprenait il y a peu fait maintenant parti de mon quotidien. J'aimerais tout savoir, j'aimerais pouvoir cesser de me poser questions après questions sans avoir de réponses. J'aimerais que Leila aie confiance en moi. Parce que tant qu'on décide de me garder dans le mystère, je ne peux pas aider. Je ne suis peut-être pas si exceptionnelle que ça, mais je pourrais les aider. Ou au moins, je pourrais arrêter de me sentir dépendante de Leila. Si Léonardo est parti pour me faire du trouble, je veux pouvoir réagir sans devoir toujours attendre pour une fille que je ne connais pas vraiment, mais en qui je dois placer toute ma confiance. Je comprend que je dois prouver à Leila que je suis fiable. Mais une relation, ça va dans les deux sens. Elle aussi doit me prouver qu'elle est digne de confiance.
Évidemment, je n'ai rien dit de tout cela à voix haute. Mais ce qui est bien avec Leila, c'est que je comprends que tout n'a pas forcément besoin d'être dit à voix haute. Les mots sont puissants, oui. Mais ils ont une limite. Et parfois, le silence peut se montrer mille fois plus puissant que les mots. Dans un seul échange de regard, je me rend compte qu'elle comprend tout ce que je n'arrive pas à lui dire. Dans un seul échange de regard, elle arrive à voir mes craintes, mes espoirs et ma volonté de pouvoir l'aider à changer les choses. Et dans un seul échange de regards, je comprend qu'elle est prête à me donner ce que j'attend.
— Il y a quelques années, commence Leila d'un ton prudent, l'homme que tu as rencontré récemment a senti que les forces maléfiques commençaient à rapparaitre. Cet homme n'est pas humain. Il est un peu comme la réincarnation des forces bienveillantes. Celles-ci ont mis leur énregie en commun pour créer un être matériel qui pourrait les aider à limiter les dégats. Il peut prendre la forme matérielle qu'il désire, mais reste sous la forme d'un humain la plupart du temps pour faciliter la communications avec nous. Mais tu pourrais tout à fait le voir sous une autre forme un jour.
Je l'écoute attentivement. Je sais qu'à la base, elle ne comptait pas me donner ces explications. Ainsi, je préfère éviter de la coupe inutilement pour ne pas qu'elle se braque et cesse de me donner les pièces manquantes de ce casse-tête géant qui hante mes jours et mes nuits.
— Quand il a senti que les forces maléfiques reprenaient en puissance, il a commencé à s'inquiéter. Il ne voulait pas avoir à gérer la situation tout seul, alors il a commencé à recruter des humains qu'il jugeait digne de confiance pour l'aider dans sa dure mission. C'est là que j'interviens. Je n'ai jamais vraiment été le genre de personne qu'on remarquait. J'étais comme un fantôme dont les gens connaissaient l'existence, mais dont ils n'en avaient rien à faire. Je crois que tu l'as aussi remarqué, mais ceux qui ne parlent pas observent. Alors j'observais. J'étais une si bonne observatrice qu'aucun détail ne pouvait éviter mon regard. L'homme m'a remarqué et m'a appris toute la vérité. Depuis ce jour, je continue d'observer. Ce qui a changé, c'est que maintenant je sais quoi observer. Avec ce que je remarque, on peut connaitre à peu près les avancées des forces maléfiques. Évidemment, je ne suis pas la seule. Nous sommes plusieurs à avoir été recuté par lui. Notre tâche? C'est d'observer. Quand on observe quelque chose de suspect, on le note dans un gros dossier que tous les observavteurs ont en commun pour que chacun puisse être au courant des récents évènements.
— Mais, je lui demande, en quoi d'observer et de tout noter va changer quoi que ce soit à la situation?
— Le but ultime, c'est de trouver la clef.
— La clef?
— Oui. Il faut trouver l'élément exact qui a permis aux forces obscures de reprendre de la force. Un coup qu'on aura identifié cette cause, il faudra trouver l'élément déclencheur.
— Je ne comprend pas la différence entre les deux...
— Il y a quelques années, les forces obscures ont commencé à reprendre des forces. Toutefois, elles n'étaient pas assez fortes pour passer à l'action. Récemment, l'élément déclencheur est arrivé. Une chose que l'on ignore, mais que l'on sait liée à la cause initiale a permis aux forces maléfiques de passer à l'action.
— Donc, si je comprend bien, il y a quelques années, quelque chose que vous cherchez encore a permis aux forces maléfiques de se réveiller. Mais ce qui leur a permis de passer à l'action, c'est un évènement récent.
— Exactement. Et l'évènement en question est probablement relié à ton amie, puisque ce sont ses dessins à elle qui prennent vie. Il faut juste trouver quoi en observant. Quand on l'aura trouvé, on pourra passer à l'action.
— Je vois... D'ailleurs... L'homme il s'appelle comment?
Leila me regarde comme si des oreilles de lapin étaient apparues sur ma tête. Soudain, elle esquisse un petit sourire taquin avant de prendre la parole.
— Tu le lui demanderas quand tu le reverras.
— Parce que je vais le revoir?
— On verra. En attendant, continue-t-elle, je vais te mettre dans le groupe chat.
— Le groupe chat?
— Maintenant que tu sais tout, tu est un observateur toi aussi. Il faut bien que tu aies accès au document. Et que tu puisse communiquer avec nous si tu découvres quelque chose. Après tout, tu es très proche de Jane, tu pourrais nous apporter un point de vue très intéressant.
Je la vois sortir son téléphone et quelques minutes après, je reçois les notifications m'avertissant que j'ai maintenant accès au dossier ''Observations'' et que je suis maintenant membre du groupe chat ''Les observateurs''. Vive l'originalité.
Les fois d'avant, je serais partie tout de suite chez moi pour réfléchir aux nouvelles informations que j'ai en ma possession. Mais cette fois, je n'ai pas seulement obtenu des informations. J'ai pu passer une nouvelle étape dans ma relation avec Leila. Pour une fois, elle a réussi à me faire confiance. Et je dois avouer que j'ai aussi le sentiment de lui faire plus confiance. Pour la toute première fois, j'ai l'impression d'être à son niveau, de ne plus être son ''apprentie'', mais d'être à présent son amie.
C'est pourquoi au lieu de m'en retourner chez moi, je reste assis à ma place et nous commençons à discuter. Pas de la possible fin du monde, mais de nos vies. On parle de nous, on parle de nos rêves et de nos peurs. On parle de tout et n'importe quoi. Et je sais que si vous veniez à passez par là, vous ne verriez pas deux adolescentes qui veulent sauver le monde, mais deux adolescente totalement normales qui ne font qu'essayer de profiter de la vie.
Pour la première fois, je peux vivre un moment totalement normal avec Leila. Et peut-être qu'au fond, c'est de ça que j'avais besoin.
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