Chapitre 6:


Je n'ai pas faim aujourd'hui. L'idée même d'aller à la cantine, de subir les regards, les murmures et les moqueries, me dégoûte. Comme à mon habitude, je me dirige vers le CDI. C'est mon refuge. Un lieu où personne ne m'attend, où je ne suis qu'une ombre parmi les livres.

En poussant la porte du CDI, je suis immédiatement accueillie par ce silence rassurant, cette tranquillité qui me permet de respirer. Mme Lemoine, la documentaliste, est assise à son bureau, ses lunettes posées sur le bout de son nez alors qu'elle parcourt des fiches.

Quand elle lève les yeux et me voit, son visage s'éclaire d'un sourire chaleureux.

« Bonjour ! » dit-elle d'un ton enjoué. « Je suis contente de te voir. Comment vas-tu aujourd'hui ? »

Je hoche la tête, évitant son regard. « Ça va... je crois. »

Elle perçoit sans doute mon malaise, mais elle ne pousse jamais à la confidence. Mme Lemoine a cette capacité rare de comprendre quand une élève comme moi préfère rester discrète. Elle se redresse un peu dans son fauteuil, ses yeux attentifs.

« Tu veux utiliser un poste d'ordinateur aujourd'hui ? » demande-t-elle en souriant.

Je serre un peu mon sac contre moi. « Oui. Je... j'ai besoin de faire des recherches. Pour un ami. »

Elle me fixe un instant, visiblement intriguée par ma réponse. Ses lèvres s'étirent doucement, compréhensive, mais sans jugement.

« Pour ton fameux "ami" Très bien, viens par ici. » Elle me fait signe de la suivre vers un des ordinateurs au fond du CDI, loin du regard des autres élèves. « Tu as tout ton temps. Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à me demander. »

Je m'installe à l'ordinateur, mes doigts tremblant légèrement. Je respire profondément avant de taper un simple nom dans la barre de recherche : Alastor, tueur en série, Nouvelle-Orléans. Je ne sais pas vraiment ce que je cherche. Peut-être des réponses. Peut-être juste une explication à ce qu'il est devenu.

Les résultats s'affichent rapidement, une liste interminable d'articles et de vidéos traitant du même sujet. Mon regard se pose sur un lien en particulier : une vidéo YouTube. Le titre me frappe : « Alastor : le tueur de la Nouvelle-Orléans, un démon parmi les hommes. » Le thumbnail montre une vieille photo d'un homme, élégant mais inquiétant. Mon cœur rate un battement. C'est lui.

Je clique.

Le visage d'un youtubeur passionné par les affaires criminelles apparaît à l'écran, son ton à la fois grave et captivant.

« Alastor, l'un des criminels les plus terrifiants de l'histoire de la Nouvelle-Orléans, reste un mystère même des décennies après sa mort. Né à la fin des années 1800, Alastor venait d'une famille dysfonctionnelle, son père étant connu pour ses excès de violence et d'alcool. Sa mère a disparu sous des circonstances mystérieuses lorsqu'Alastor était adolescent. Les rumeurs couraient à l'époque que son père aurait fini par la tuer, mais rien n'a jamais été prouvé. »

La voix du youtubeur résonne dans ma tête, chaque mot me frappant de plein fouet.

« Alastor était un jeune homme brillant, charismatique, mais profondément marqué par son passé familial. Il est rapidement devenu une figure publique respectée, grâce à son talent pour la radio et les affaires mondaines. Mais derrière ce masque de respectabilité se cachait un monstre. »

L'écran affiche une photo en noir et blanc : Alastor, jeune, impeccablement vêtu, souriant d'une manière qui me glace le sang. Il y a dans ses yeux une lueur que je reconnais, celle qu'il a toujours eue en me regardant.

« Entre 1919 et 1926, Alastor a méthodiquement tué au moins vingt personnes. Mais ces victimes n'étaient pas des innocents. Toutes étaient des hommes d'affaires corrompus, des criminels violents, ou des figures influentes de la pègre locale. Il choisissait ses cibles avec soin, traquant ceux qui croyaient être au-dessus des lois. »

Le youtubeur marque une pause, son visage devenant plus grave encore.

« Les détails de ces meurtres sont horrifiants. Chacune des victimes a été retrouvée dans un état de mutilation si extrême que la police ne savait même pas comment réagir. Alastor les tuait avec une précision chirurgicale, mais laissait derrière lui des scènes de carnage absolu. La plupart de ses victimes étaient retrouvées dans des maisons cossues ou des clubs privés, là où les élites se sentaient en sécurité. »

Des images d'archives apparaissent à l'écran : des rues de la Nouvelle-Orléans, des maisons coloniales délavées par le temps, des corps enveloppés dans des draps, des policiers perplexes.

« Une des affaires les plus notoires est celle de Robert Faulkner, un influent homme politique qui était également à la tête d'un réseau de trafic d'armes. Faulkner a été retrouvé dans son bureau, massacré. Son corps portait des dizaines de blessures, mais son visage, étrangement, était resté intact, comme si Alastor avait voulu qu'on reconnaisse la cible de sa fureur. »

Je déglutis difficilement, mon estomac se tordant sous le poids des révélations.

« Puis il y a eu l'affaire des frères Jaspers, deux gangsters qui contrôlaient les docks et extorquaient les petits commerçants. Ils ont été retrouvés pendus dans leur propre entrepôt, avec un sourire grotesque gravé sur leurs visages. »

Un frisson glacé me traverse l'échine. Je ne peux pas détourner le regard.

« Mais le plus terrifiant, c'est qu'Alastor ne s'est jamais contenté de tuer. Il laissait des messages cryptiques, comme s'il jouait un jeu macabre avec les autorités. Ses lettres, adressées aux journaux locaux, étaient signées d'un simple symbole : une silhouette d'homme avec des cornes, dessinée de manière rudimentaire mais terrifiante. »

L'écran affiche la reproduction d'une de ces lettres. Je la reconnais instantanément. C'est le même symbole que celui qu'il porte dans son sourire, ce masque de démon qu'il revêt.

Le youtubeur conclut enfin, parlant de sa traque finale, une course-poursuite effrénée à travers les rues de la Nouvelle-Orléans pour trouver le tueur en série ce dissimulant dans la ville . Alastor, devenu insaisissable, fut finalement abattu par des chasseur dans une foret sombre, d'un balle dans la tête alors qu'il se balader , enquête qui en a suivi avait mit en évidence tout ses crimes, il est devenu encore plus célèbres après la mort . Mais même dans la mort, son sourire ne l'avait jamais quitté.

La vidéo se termine sur une date : le 1er novembre. La date de sa mort. Mais peut-être aussi celle de sa renaissance sous une autre forme. Mon cœur manque un battement, car lorsque le YouTuber avait raconté le passé d'Alastor, cette même date avait déjà été mentionnée. Je remonte la vidéo et fais une autre découverte... Il est également né, en tant qu'humain, un 1er novembre. Aujourd'hui est son anniversaire.

Je me fige. Tout prend sens. Sa frustration hier soir, sa tension. C'était plus que de la colère ordinaire. C'était ce jour-là. Celui où il est mort, celui où tout a basculé.

Je me lève brusquement, le souffle coupé, la tête tourbillonnante. Je dois faire quelque chose. Je ne peux pas le laisser seul ce soir. Pas après ce que je viens de découvrir.

Sans même réfléchir, je quitte le CDI, filant à travers les couloirs de l'école. Je traverse la ville comme un automate, me dirigeant instinctivement vers une pâtisserie que je connais bien. À l'intérieur, l'air est chaud et doux, et une odeur de pain frais flotte dans l'atmosphère. J'achète les ingrédients pour un gâteau aux pommes, simple mais réconfortant. Je les prends comme s'il s'agissait d'un rituel, une manière de lui rendre hommage, à ma manière.

Puis, je me rends dans une petite boutique de vêtements. Mon regard se pose rapidement sur un nœud papillon en velours bordeaux, parfaitement dans son style. Il est neuf, impeccable. Je le fais emballer avec soin, un cadeau modeste mais sincère.

De retour chez moi, je m'affaire en silence dans la cuisine. Mes mains tremblent alors que je coupe les pommes en fines tranches, mélangeant le beurre, le sucre et la cannelle dans une odeur qui m'apaise un peu. Le gâteau cuit lentement, dorant à la perfection, tandis que je pense à lui. À cet homme devenu démon, à cette douleur qui l'a façonné. Je comprends enfin pourquoi il est comme ça. Pourquoi il est si en colère. Il n'a jamais eu de paix, ni dans la vie, ni après la mort.

Lorsque le gâteau est prêt, je le sors du four, laissant l'odeur sucrée envahir la maison. Je monte dans ma chambre, posant d'abord le gâteau sur la petite table près du fauteuil où Alastor s'installe chaque soir .

Ensuite, je prends le nœud papillon, soigneusement emballé, et je le pose délicatement sur le fauteuil, à l'endroit précis où Alastor s'assied habituellement. Je recule d'un pas, observant le tout en silence.

Le gâteau, doré à point, repose là, entouré d'un halo chaleureux dans la lumière tamisée de la lampe. Le nœud papillon en velours bordeaux, si élégant, contraste avec l'atmosphère généralement oppressante de ma chambre. Pour la première fois depuis que je connais Alastor, je veux lui offrir quelque chose. Non pas parce que j'ai peur de lui ou parce qu'il le demande, mais parce que je sens, au fond de moi, que c'est ce qu'il mérite aujourd'hui. Un geste simple. Un hommage, peut-être, à celui qu'il était avant de devenir ce démon.

Je m'assois sur mon lit, les jambes croisées, observant cet étrange petit tableau. Mon cœur bat encore à un rythme irrégulier, partagé entre l'appréhension et un espoir ténu. Peut-être que ce geste, aussi modeste soit-il, pourra apaiser un peu de cette colère qui semble l'habiter.

Les minutes s'écoulent, le silence de la maison ne faisant qu'amplifier l'anticipation. L'obscurité envahit peu à peu la pièce, et je ressens à nouveau cette froideur familière qui accompagne toujours son arrivée. Je sais qu'il ne tardera pas à venir. Mais ce soir, quelque chose est différent. Ce soir, je ne suis pas seulement nerveuse à l'idée de sa présence, je suis aussi... curieuse. Curieuse de savoir comment il réagira, curieuse de comprendre davantage qui il est, au-delà de ce masque terrifiant de démon.

Je me lève, jette un dernier coup d'œil à la scène que j'ai préparée, et inspire profondément. Cette nuit sera différente. Pas de jeu d'échecs, pas de tentatives de le raisonner ou de comprendre ses plans. Juste un gâteau aux pommes, un cadeau, et peut-être, un moment de répit pour lui. Je ne sais pas ce qu'il en pensera, ni même s'il acceptera ce geste. Mais au moins, je serai là pour voir sa réaction, pour essayer de lui montrer, à ma manière, que même dans sa noirceur, il n'est pas complètement seul.

Je me rassieds sur le lit, mes mains légèrement tremblantes, mais mon cœur étrangement serein. Je n'ai pas les réponses à toutes mes questions, mais ce soir, je n'ai plus peur de lui. Je suis prête à affronter ce qu'il dira, ce qu'il fera. Parce qu'au fond, je comprends maintenant que derrière ce démon effrayant se cache un être blessé, un homme marqué à jamais par la violence de son passé.

Et alors que la nuit s'installe pleinement, j'attends, prête à essayer de l'aider .

C'est inévitable. Chaque soir, à la même heure, je sens cette tension dans l'air, palpable, comme une force invisible mais insistante, prête à m'envelopper. Je ne le vois pas encore, mais je sais qu'il va apparaître. Cette nuit ne sera pas différente des autres. Alastor, ce démon à la présence oppressante, à l'ombre omniprésente, surgira de l'obscurité. Mais ce soir, quelque chose est différent. L'absence de peur, remplacée par une étrange sensation qui parcourt mon être. Après tout ce que j'ai découvert sur lui, après toutes ces nuits à réfléchir, je me sens enfin prête à l'affronter. Mais affronter ne signifie pas se battre, pas cette fois. Non, ce soir, je suis prête à lui offrir quelque chose de différent.

Je resserre mes doigts autour du plateau que je tiens dans mes mains. Un gâteau aux pommes, encore tiède, soigneusement cuit avec les dernières provisions que j'ai pu rassembler. À côté du gâteau, posé sur un coin du plateau, un petit nœud papillon en soie noire. Un modeste cadeau, presque insignifiant aux yeux de certains, mais chargé de sens pour moi. Il m'a fallu tout mon argent pour l'acheter, mais je ne regrette rien. Ce n'est pas pour me faire pardonner, ni pour apaiser ma conscience. C'est un geste, une tentative désespérée de lui offrir quelque chose d'humain, quelque chose de simple, en espérant que cela puisse lui apporter une once de réconfort.

L'air de la pièce devient plus lourd, comme s'il gagnait en densité. Il est là. Je n'ai pas besoin de le voir pour le savoir. La tension dans l'atmosphère est presque suffocante, annonçant son arrivée. Lentement, comme une ombre qui s'étire dans le crépuscule, Alastor émerge du coin sombre de la pièce. Sa silhouette est toujours la même : mince, élégante, mais étrangement menaçante. Ses yeux rouges brillent dans la pénombre, perçant l'obscurité avec une intensité presque insupportable. Et ce sourire, ce sourire figé, sinistre, éternellement collé à ses lèvres, ne quitte jamais son visage.

Je me redresse légèrement, essayant de ne pas laisser transparaître le moindre signe de faiblesse. « Vous êtes là, » dis-je doucement, d'une voix qui semble à peine m'appartenir, tant elle est basse. Pourtant, mes mots sont chargés d'une nouvelle détermination. Je n'ai plus peur, du moins, pas comme avant.

Alastor avance lentement vers moi, chaque pas résonnant doucement sur le sol, comme une mélodie funèbre. Son sourire s'élargit légèrement, mais ses yeux, eux, sont plus sombres ce soir. Il y a quelque chose dans son regard, une profondeur que je n'avais jamais remarquée avant. « Vous avez l'air si... confiante ce soir, » dit-il, sa voix traînante et moqueuse résonnant dans la pièce. « Vous croyez avoir percé à jour le mystère de ce qui me met en colère, n'est-ce pas ? »

Son ton est léger, presque sarcastique, mais je sens la menace gronder sous la surface. Chaque mot qu'il prononce est imprégné de cette violence contenue, prête à exploser à tout moment. Mon cœur bat plus vite, mais je me tiens droite. Mes mains tremblent légèrement, je le sais, mais je refuse de baisser les yeux. « Oui, » dis-je finalement, ma voix faible mais résolue. « Je pense avoir compris. »

Un rire bref et glacial s'échappe de ses lèvres, résonnant dans l'espace clos comme un écho lugubre. « Ah bon ? » Ses yeux, plus perçants que jamais, sondent mon âme, cherchant la moindre fissure, la moindre faiblesse. « Et que pensez-vous avoir compris, ma chère ? »

Je prends une profonde inspiration, puis je fais un pas en avant, mes mains toujours serrées autour du plateau. Je pose délicatement le gâteau sur la table en bois, légèrement bancale, puis je prends le petit paquet où est soigneusement enveloppé le nœud papillon en soie. Mon estomac se noue, mais je continue. C'est maintenant ou jamais. Je lève les yeux vers lui et lui tends ces petits symboles de paix, mes seules armes face à sa colère.

« Joyeux anniversaire, Alastor, » dis-je doucement, presque timidement.

Le silence qui suit est assourdissant. Alastor reste immobile, figé, et pour la première fois depuis que je le connais, son sourire s'efface lentement de son visage. Ses yeux, habituellement rieurs et sarcastiques, sont soudain empreints d'une émotion que je n'arrive pas à identifier immédiatement. De la surprise ? Du choc ? Non, c'est bien plus que cela. Il est... déstabilisé.

« Quoi...? » murmure-t-il enfin, sa voix plus basse, plus rauque, presque tremblante.

Je déglutis difficilement, mais je ne baisse pas les yeux. « Je pensais que peut-être... cela vous ferait du bien, » dis-je en cherchant mes mots. « C'est votre anniversaire aujourd'hui, n'est-ce pas ? Je voulais vous montrer que... que je comprends. »

Mais avant que je puisse finir ma phrase, tout bascule.

Dans un accès de rage soudain, Alastor frappe violemment le gâteau de mes mains, l'envoyant voler à travers la pièce. Le gâteau s'écrase contre le mur avec une force démesurée, éclatant en mille morceaux. Je sursaute, incapable de contenir la surprise et la peur qui montent en moi. Mon souffle se coupe, une terreur glacée s'emparant de moi.

Sans un mot, il se tourne vers le fauteuil où repose le nœud papillon. Avec une brutalité effroyable, il le renverse d'un geste violent, le bruit sourd résonnant dans la pièce. Je recule d'un pas, mes yeux écarquillés, incapable de comprendre ce qui se passe. Chaque mouvement qu'il fait est empreint d'une fureur incontrôlable, presque inhumaine. Il s'attaque ensuite aux livres que j'avais soigneusement disposés pour lui, les envoyant valser d'un coup de pied, déchirant des pages dans sa rage destructrice.

« Vous croyez que c'est ça ?! » hurle-t-il, sa voix déformée par une colère brute. « Vous pensez qu'un gâteau et un ridicule cadeau vont effacer des décennies de douleur ?! Que cela va changer quoi que ce soit à ce que je suis ?! »

Je recule encore, mes jambes flageolant sous moi. Sa violence me ramène à des souvenirs que j'avais tenté d'enfouir, des souvenirs que je pensais oubliés. Des cris, des coups, ma mère en colère, ivre, hurlant dans la maison. Ses cris résonnent dans ma tête, se superposant aux hurlements d'Alastor. Mon souffle devient erratique, mes mains tremblent. Tout en moi se tend, prêt à fuir, mais mes pieds restent ancrés au sol.

« Je... je pensais que... » balbutié-je, mes mots se perdant dans ma gorge. « Je pensais que c'était une bonne idée... »

Il ne m'écoute pas. Il ne voit plus rien, emporté par une colère si violente que je crains qu'elle ne détruise tout autour de nous. Ses yeux rouges flambent, et il s'avance vers moi, chaque pas lourd et menaçant. « Faire plaisir ? » Son rire est froid, cruel. « Vous croyez vraiment me comprendre ? Vous ne savez rien ! Rien de moi ! »

Chaque mot est comme une gifle, chaque cri fait trembler mes résolutions. Je recule, trébuchant presque sur les débris du gâteau, des livres. « Je voulais seulement... »

« Vous vouliez quoi ?! » hurle-t-il encore plus fort, son visage déformé par la rage. « Vous pensez vraiment pouvoir soigner les blessures d'un démon avec un gâteau et un jouet ?! »

Je tente de respirer, mais mes poumons semblent figés. « Comment savez-vous cela ? » crache-t-il, s'approchant encore. « Comment savez-vous pour mon anniversaire ? »

Je suis incapable de répondre, mon corps tremblant sous l'effet de la peur. « J'ai fait des recherches... » murmuré-je enfin. « J'ai découvert des choses sur vous... sur votre passé... »

Alastor se fige. Ses yeux, jusqu'ici brûlants de colère, deviennent soudain glacés, empreints d'une froideur calculée. « Vous avez fouillé dans ma vie ? » Sa voix, basse et menaçante, me glace le sang.

Je hoche la tête, sentant les larmes me monter aux yeux. « Je voulais juste comprendre ce qui vous mettait en colère... »

Son rire est glacial, un son terrifiant qui résonne dans la pièce comme une sentence. « Comprendre ? » dit-il avec mépris. « Vous n'avez aucun droit de fouiller dans mes affaires. Vous n'avez aucune idée de ce que j'ai traversé. »

Je tremble, mes larmes coulant silencieusement sur mes joues. « Je... je suis désolée... » murmuré-je, incapable de trouver quoi dire d'autre. « Je voulais juste... »

« ASSEZ ! » rugit-il en levant la main. Une ombre gigantesque s'étend derrière lui, comme une marée noire prête à m'engloutir. « Je n'ai pas besoin de vos excuses, ni de votre pathétique pitié ! »

Il me regarde une dernière fois, son regard empli de dégoût et de fureur, puis, d'une voix glaciale, il lâche : « Je n'ai plus besoin de toi... ni de ton âme. » Ses mots résonnent comme une sentence, lourds et définitifs. « Garde-la, je n'en veux plus. »

Le sol semble se dérober sous mes pieds. Chaque mot frappe mon cœur comme un coup de poignard. C'est comme si quelque chose en moi se brisait, se déchirait. Une douleur sourde, inexplicable, prend naissance dans ma poitrine, et bizarrement, elle est bien plus profonde que la simple peur. Est-ce ainsi que l'on ressent un cœur brisé ?

Alastor disparaît dans les ombres, me laissant seule dans le chaos qu'il a créé. Je tombe à genoux, mes mains tremblantes, mes larmes coulant librement. Tout est brisé autour de moi. Le gâteau écrasé, les livres déchirés, le fauteuil renversé... et moi aussi.

Je voulais lui offrir un moment de paix, un instant où il aurait pu sourire sans se battre contre ses démons intérieurs. Mais en réalité, ce sont mes propres démons que j'ai réveillés. Et ils me dévorent doucement, alors que je réalise que j'ai tout perdu.



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