Chapitre 17
Trigger Warning (Avertissement)
Ce chapitre contient des descriptions de violences physiques, de maltraitances, et de traumatismes liés à des abus. Ces passages pourraient être difficiles ou perturbants pour certaines personnes. Si vous êtes sensible à ces sujets, nous vous conseillons de lire avec prudence ou de sauter ces sections. Prenez soin de vous.
Le 2 janvier arriva comme une trêve fragile, rompant le calme que j'avais tant chéri après les fêtes. La maison, encore imprégnée des souvenirs chaleureux de Noël, se transforma soudain en un théâtre de chaos lorsque la porte d'entrée s'ouvrit avec fracas, laissant entrer une tempête que je redoutais depuis longtemps.
Ma mère apparut dans l'encadrement de la porte, son corps vacillant sous le poids de l'ivresse. Son visage, marqué par les ravages de l'alcool et de la colère, était déformé par une rage brute. Ses cheveux en désordre, son maquillage coulant sur ses joues, la rendaient méconnaissable, mais c'était son regard, ce regard perçant, chargé de haine, qui me glaça. J'avais appris à reconnaître cet éclat dangereux dans ses yeux, celui qui annonçait la violence à venir.
Je n'avais pas entendu parler d'elle depuis des semaines, et dans cet instant suspendu, je compris immédiatement que quelque chose de grave s'était produit. Son nouvel amant l'avait larguée, comme tant d'autres avant lui, et fidèle à son habitude, elle était revenue, déversant sa frustration sur la seule personne à portée de main : moi.
"Amélie!" hurla-t-elle, sa voix éraillée par la colère et l'alcool. Elle titubait dans le couloir, frappant contre les murs, ses mouvements mal coordonnés. "Où es-tu, sale gamine ?!"
Chaque mot qu'elle prononçait s'enfonçait en moi comme une lame. La peur monta en moi, froide et insidieuse, s'insinuant dans chaque fibre de mon corps. J'étais cachée dans ma chambre, recroquevillée dans un coin, le cœur battant à tout rompre. J'essayais de me faire la plus petite possible, espérant contre toute logique qu'elle ne me trouverait pas. Mais je savais. Elle me trouverait. Elle me trouvait toujours.
Ses pas résonnaient lourdement dans le couloir, l'écho de ses chaussures frappant le sol me paraissait aussi assourdissant qu'un tonnerre. Elle trébuchait, bousculant des meubles, lâchant des jurons incompréhensibles, mais toujours, elle avançait. Chaque pas me rapprochait un peu plus de l'inévitable.
Je fermai les yeux, priant en silence pour qu'elle s'arrête, pour qu'elle change d'avis, qu'elle se laisse tomber sur le canapé et s'endorme, épuisée par l'alcool. Mais le son de sa démarche hésitante s'arrêta brusquement devant ma porte. Mon souffle se coupa.
Puis, sans avertissement, la porte s'ouvrit avec fracas, projetée contre le mur avec une violence qui me fit sursauter. Le choc résonna dans toute la maison, mais pour moi, il fut comme un coup porté à ma poitrine. J'étais découverte.
Elle se tenait dans l'embrasure de la porte, vacillante mais menaçante, son regard brûlant de rage. "Je t'ai trouvée, espèce de petite traînée," murmura-t-elle d'une voix rauque, un sourire cruel étirant ses lèvres. Son odeur âcre d'alcool emplit la pièce, et son ombre déformée par la lumière vacillante de l'entrée semblait s'étendre sur moi, prête à m'écraser.
"Tu te caches, hein ?" gronda-t-elle, ses mots dégoulinant de mépris et de venin. Son regard glissa sur moi, me détaillant comme une proie acculée. Elle vacillait légèrement, son équilibre compromis par l'alcool qui coulait dans ses veines. Son attention se fixa alors sur mon cou, et ses yeux se rétrécirent immédiatement lorsqu'elle aperçut le collier qui pendait autour de ma gorge. Le collier d'Alastor.
"Et c'est quoi ça ?!" rugit-elle, sa voix déraillant sous l'effet de l'ivresse. Elle se mit à avancer vers moi d'un pas chancelant, chaque mouvement maladroit trahissant sa perte de contrôle. "D'où vient ce collier, espèce de petite traînée ?!"
Son regard se faisait de plus en plus féroce à chaque pas, son visage déformé par la rage. Je tentai de reculer instinctivement, mais il n'y avait nulle part où aller. Les murs de ma chambre se refermaient sur moi, et je savais que je ne pourrais pas échapper à sa fureur.
Avant que je ne puisse réagir, ses mains se refermèrent brutalement autour du collier, ses doigts rugueux serrant le bijou avec une force qui me fit suffoquer. Elle tira d'un coup sec, me forçant à basculer en avant, mes genoux frappant le sol avec un bruit sourd. Le choc me coupa le souffle, et mes mains cherchèrent désespérément à s'agripper à quelque chose, mais tout autour de moi se dérobait.
"Tu l'as eu comment, hein ?!" hurla-t-elle, sa voix devenant un cri strident. Son souffle alcoolisé me brûlait la peau alors qu'elle continuait à tirer violemment sur le collier, le métal mordant ma peau. "C'est ça maintenant ?! Tu es devenue une putain ?! Voilà ce que tu es devenue !"
Chaque mot était une gifle, chaque hurlement un coup invisible qui me réduisait un peu plus à néant. Les larmes montèrent instantanément à mes yeux, brouillant ma vision, tandis que la douleur se propageait depuis ma gorge vers tout mon corps. Le collier me serrait de plus en plus, étouffant mes tentatives de respirer. La terreur se mêlait à la souffrance, me glaçant jusqu'au plus profond de mon être.
Je tentai de parler, de la raisonner, de lui dire que ce n'était rien, que ce n'était qu'un collier, mais aucun son ne sortit de ma bouche. Ma gorge était nouée, mes mots coincés par la peur. Tout ce que je parvenais à faire, c'était laisser échapper des sanglots étouffés, qui semblaient la mettre encore plus en colère.
Sans prévenir, ses coups commencèrent à pleuvoir. Des coups désordonnés, mais terriblement puissants, alimentés par l'alcool et la rage qu'elle nourrissait depuis des années contre moi. Ses poings s'abattaient sur moi avec une violence irrationnelle, ses mouvements imprécis mais impitoyables. Elle frappait là où elle pouvait, comme un animal sauvage enragé, et je ne pouvais que me recroqueviller sur le sol, protégeant mon visage du mieux que je le pouvais, mais cela ne faisait qu'empirer les choses.
Chaque impact m'arrachait un cri muet. J'espérais que cela s'arrêterait vite, que cette folie se dissiperait comme une tempête passagère, mais la brutalité des coups ne faiblissait pas. Mes pensées se perdaient dans la douleur, la terreur et l'humiliation. J'étais impuissante, brisée, incapable de me défendre face à cette haine sans fin.
"Tu crois que tu peux t'en tirer avec ça ?" grogna-t-elle, sa voix rauque et hargneuse, chaque mot comme un coup porté à ma poitrine. "Tu me fais honte, espèce de petite garce. Tu aurais dû mourir ce jour-là. Tu aurais dû crever."
Ses paroles s'enfonçaient dans ma chair plus douloureusement que les coups qu'elle me portait. Le souvenir de ce jour-là, du jour où tout avait basculé, me hantait déjà suffisamment. Et maintenant, elle le crachait au visage, avec cette haine qui brûlait depuis si longtemps. Je ne pouvais que rester là, figée, tandis qu'elle déversait sa rage, sa peine et sa culpabilité sur moi, comme elle l'avait toujours fait.
Elle s'en prit ensuite à moi avec la violence d'une tempête. Après m'avoir frappée, tirée par les cheveux, elle me laissa finalement enfermée dans ma chambre, comme une prisonnière de ses propres souffrances. Les heures se confondaient, se dissolvaient dans un cauchemar sans fin. Je restai là, immobile, chaque bruit de pas dans la maison me faisant sursauter.
Elle ne resta que deux jours. Deux jours interminables où elle vida chaque bouteille d'alcool qu'elle trouva, où elle dévora tout ce qui restait dans le frigo. La maison fut renversée, saccagée. À chaque moment de lucidité, elle revenait dans ma chambre, hurlant à nouveau, plus furieuse que jamais, me frappant, me traitant de tous les noms.
Je n'avais personne à appeler. Personne sur qui compter. Alastor était parti, et je ne pouvais qu'espérer qu'il revienne bientôt. Mais en ce moment, la seule réalité à laquelle je faisais face était celle de ma mère, sa haine et cette douleur qui ne semblait jamais s'arrête.
Allongée sur le sol, incapable de bouger, je laissai les larmes rouler silencieusement sur mes joues. Je n'avais plus la force de les retenir. Chaque goutte était le reflet de ma douleur, de ma solitude, de cette vie que je ne pouvais plus supporter. Le silence qui s'abattit sur la maison après son départ me pesait plus que jamais. Il m'enveloppait, froid et implacable.
Malgré la douleur qui parcourait mon corps, je savais que ce n'était rien comparé à la solitude qui m'engloutissait. La souffrance physique s'effacerait avec le temps, mais ce vide, ce sentiment d'abandon... il resterait. C'était insupportable.
Dans un souffle à peine audible, je murmurai son nom, comme un dernier appel à l'aide.
"Alastor... s'il te plaît... aide-moi..."
Je n'étais plus capable de me battre seule. Plus maintenant. Tout était trop lourd à porter. L'épuisement finit par me submerger, et je perdis connaissance, mon esprit s'enfonçant dans l'obscurité.
Enfin, le matin du troisième jour, elle repartit sans un mot, comme un fantôme qui disparaît après avoir tout détruit. Elle me laissa seule dans une maison vide, un champ de bataille. Le désordre était partout : des meubles renversés, des bouteilles brisées, la nourriture dispersée et le frigo vide. J'étais couchée sur le sol, incapable de bouger, mon corps brisé et épuisé, les larmes roulant silencieusement sur mes joues.
Je n'avais plus la force de pleurer, mais une seule pensée me traversait l'esprit : Alastor devait revenir demain. Je ne voulais pas qu'il voie ce carnage.
Avec un effort immense, je me redressai lentement, sentant chaque douleur tirailler mes muscles et mes articulations. Mécaniquement, presque en mode automatique, je ramassai les débris, essayant de rendre à la maison un semblant d'ordre. Chaque geste était un supplice, mais je devais continuer. Il ne pouvait pas revenir dans une maison aussi détruite.
Je regardai l'écran de mon téléphone, les chiffres sur mon compte s'affichant nettement sous mes yeux fatigués. La somme qu'il avait virée dépassait largement ce dont j'avais besoin. C'était bien plus que nécessaire. Je savais que ce transfert d'argent n'était qu'une tentative maladroite de mon père pour compenser son absence, un geste vide de sens dans une situation où j'avais besoin de bien plus qu'une aide financière. Le message qui l'accompagnait était aussi vide : "Je suis encore désolé pour Noël et nouvelle an , Amélie. Prends cet argent et amuse-toi un peu."
Amuser ? L'idée même me paraissait absurde. À quoi bon essayer de me distraire quand la maison autour de moi n'était qu'un champ de ruines, et mon corps portait encore les marques de ces derniers jours ? Tout ce à quoi je pouvais penser, c'était de nettoyer, remettre de l'ordre, remplir le frigo pour qu'Alastor ne voie pas ce carnage. Pas de m'amuser. Juste survivre.
Je soupirai, fermant les yeux un instant pour essayer de repousser la fatigue qui m'envahissait. Mais la douleur dans mon corps me rappela brutalement à la réalité. Je ne pouvais pas ignorer l'état dans lequel j'étais. Mes bleus, mes brûlures... Je me levai péniblement, m'agrippant au mur pour ne pas tomber, et me dirigeai vers la salle de bain.
Devant le miroir, je vis mon reflet déformé par les traces des coups. Mes joues étaient marquées de bleus violacés, mes bras couverts d'ecchymoses, et mes côtes me faisaient mal à chaque respiration. Je pris un tube de crème et l'appliquai soigneusement sur mes hématomes, grimaçant à chaque contact. Mes brûlures étaient rouges et irritées, et mes mains tremblaient en appliquant la pommade, mais je continuai. Je ne pouvais pas laisser ces blessures visibles. Il ne fallait pas qu'Alastor voie à quel point j'étais brisée. Il y avait des plaies plus profondes, des coupures aux genoux et aux coudes, que je pansai rapidement, me concentrant sur chaque geste, masquant mes écorchures du mieux que je pouvais.
Une fois mes blessures couvertes et tant bien que mal dissimulées, je me redressai. Mon corps hurlait de douleur, mais je savais que je ne pouvais pas m'arrêter maintenant. Il restait tant à faire.
Je pris le strict nécessaire : ma veste, un sac réutilisable, et me dirigeai vers le supermarché le plus proche. Je ne ressentais aucune envie particulière de faire ces courses, mais je devais remplacer ce qui avait disparu, ce qu'elle avait détruit dans sa frénésie destructrice. Les rayons du magasin défilèrent devant moi comme un décor flou. J'attrapai des articles presque mécaniquement : des produits de base, du pain, des légumes, du lait, tout ce dont j'aurais besoin pour tenir quelques jours. Je remplissais le chariot sans vraiment y prêter attention. Rien de tout ça ne m'importait vraiment, à part cette idée fixe : remettre de l'ordre avant le retour d'Alastor.
Chaque pas était une épreuve, chaque respiration me rappelait les douleurs qui irradiaient dans tout mon corps, mais je continuai. Remplir le frigo, ranger la maison. C'était tout ce qui comptait à cet instant. Pas de place pour le reste. Aucune envie de m'amuser ou de profiter. Tout semblait si lointain, si hors de portée.
Lorsque je revins enfin à la maison, je remplis le frigo en silence, chaque objet à sa place, chaque geste m'apportant un semblant de contrôle dans un chaos que je ne pouvais échapper. Il ne restait plus qu'à attendre. Attendre qu'Alastor revienne. Et avec un peu de chance, tout redeviendrait un peu plus supportable. Juste un peu.
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