Chapitre unique : Dernier souffle

Dans l'ombre de la nuit, dans l'abîme obscur de l'âme tourmentée, s'étend un désert de tristesse infinie. Telle une ombre éthérée, elle s'empare de l'esprit et le plonge dans l'agonie, les idées noires, synonymes de désespoir, lui chuchotant à l’oreille de rester au lit un jour de plus. Il presse sa main sur sa poitrine, fébrile à l’idée qu'il puisse s’évader des couvertures. Englouti par la tristesse, le monde devient désert. Après s’être extrait de la douche, son odeur le colle toujours à la peau. Comme les crises d’angoisse à minuit, les couleurs vives se fanent en des teintes de chagrin. Le poids de la solitude pèse lourdement ; dans ce combat silencieux, la victoire semble incertaine. Une lumière jaillissante commença à naître, aveuglant ses yeux fermés. Serait-ce une issue ? En ouvrant ses paupières, il remarqua que la nuit avait été trop courte ; cette lumière n'était que le soleil frappant à sa fenêtre pour le sortir de ses draps.

En se réveillant, il ne voulait qu'une chose : que la nuit tombe pour pouvoir se recoucher. Il se leva alors, laissant échapper un large soupir de désarroi. Encore une journée en enfer, se dit-il. Partant rincer son visage à l'eau froide pour bien se réveiller et chasser ses idées noires, qui le coinçaient dans une boucle d'obscurité la plus totale.

Plus les minutes passaient, plus les cris étaient persistants, lui créant un sifflement à l'oreille. Il sortit de la salle de bain après s'être préparé, prenant soin de cacher ses entailles qui parcouraient ses bras, longeant le long de ses veines.

À peine eut-il le temps de traverser la porte qu'il reçut un coup au ventre, ce qui lui laissa échapper un cri de surprise. On entendit un léger craquement à ce moment-là. Le jeune homme mit sa main sur son ventre, se pliant et crachant du sang à cause du choc. Il vit une silhouette d'homme devant lui ; ne voyant que ses pieds, il leva légèrement la tête. Son regard était tellement vide qu'on s'y perdait dedans, il n'y avait aucune lumière, ses yeux étaient marqués par des cernes bleutés. L'homme le poussa ensuite d'un coup de pied dans l'intention de lui faire perdre l'équilibre en tonnant :

— Dégage, abruti ! Tu viens de salir le plancher comme si tu ne salissais pas assez nos vies avec ton existence ! Vivement que tu crèves, gamin ! L'homme parlait avec dégoût, son visage envers le garçon était terriblement dévisageant. Il entra dans la salle de bain en s'enfermant tandis que le garçon se relevait, essuyant le sang qui coulait de ses lèvres d'un rouge écarlate.

Il ressentait une douleur atroce aux côtes, mais il préférait ignorer la douleur, sachant qu'il aurait encore pire s'il parlait.

Voyant l'heure, il saisit son sac avant de descendre les escaliers qui menaient directement à la cuisine. La porte de cette dernière était entre-ouverte, une boule au ventre commença à se former, sa gorge se noua et ses membres tremblottaient tel des feuilles se tenant aux branches emportées par le vent. Il prit son courage à deux mains avant d'entrer dans la pièce. Il vit sa mère le dévisager.

- Tu devrais arrêter de rester sur ton téléphone, t'as vu à quoi tu ressembles ?! Comment ai-je pu accoucher d'un monstre pareil, soupira-t-elle sans savoir que chacun de ses mots avait comme effet de poignarder le cœur du jeune garçon à plusieurs reprises jusqu'à sentir couler le sang.

- Je ne suis pas resté sur mon téléphone, articula-t-il. Malheureusement, il se rendit trop tard qu'il n'aurait dû rien dire

- Tu me réponds en plus ?! Qui t'a appris à manquer de respect comme ça, vaurien !?, déclara-t-elle, une cigarette à la main, saisissant la main du jeune adolescent avant d'éteindre son mégot de cigarette sur sa peau pâle, ce qui laissa échapper un cri étouffé du jeune homme.

L'adolescent retira sa main en la tenant fermement ; une brûlure visible se montra alors. Il avait mal, mais préféra se taire encore et toujours. L'odeur de l'alcool régnait dans toute la maison, venant donner un coup aux narines de ce jeune homme, pénétrant les parois tel de l'air jusqu'à son cerveau.

Il recula, voyant sa mère lui lancer un regard noir. La peur commença à s'intensifier... Avait-il peur de mourir ? Les idées noires commencèrent à ressurgir, priant pour qu'il ne reçoive aucun coup de plus...

À ce moment-là, perdu dans ses pensées, il bouscula quelqu'un. Il se retourna, son regard se pétrifia lorsqu'il vit son père savourer la souffrance de son fils par un simple regard. Par réflexe, il se baissa légèrement, s'inclinant et lui présentant ses excuses les plus sincères. Au moment où il pensait avoir échappé à son malheur, il se fit violemment saisir par les cheveux, relevant sa tête et le forçant à se perdre dans le regard dangereux de son père. Entendant sa mère se disputer avec son conjoint à cause de lui, son cœur commença à se briser tel une pantoufle en verre qu'on lâchait après quelques mètres... Il avait l'impression d'entendre résonner en lui les bruits de verre s'étendre dans son organisme, venant lui trancher peu à peu les veines. Des larmes commencèrent à monter ; il se maudissait intérieurement, ne pouvant plus écouter les rabaissements de ses derniers. Il était pris dans une nouvelle boucle de torture mentale et physique.

- J'espère bien que tu es désolé. Je t'ai dit qu'il fallait que tu avortes avant qu'il ne soit trop tard. Regarde ce truc, ce bon à rien qui me sert de fils. Je donnerais tout pour ne plus revoir sa sale petite gueule, déclara-t-il. Ce fut de trop ; les larmes du jeune homme ruisselaient sur ses joues... Encore une journée sous la torture, se dit-il. L'homme tenait les cheveux du jeune garçon fermement avant de l'éjecter tout en le lâchant contre le mur près de la table.

L'enfant se prit le mur en plein dos, ce qui lui fit extrêmement mal, étouffant un hurlement de détresse. Il ne pouvait plus supporter cela, mettant sa main sur sa bouche.

- Et voilà, il va encore pleurer. T'es censé être un homme, pas une fillette, espèce de cancer, déclara son père.

Juste à côté de sa tête, ne lui épargnant pas les dégâts... une fissure à sa joue commença à s'ouvrir. Il sentait l'odeur métallique et chaude du sang rouler sur sa joue ainsi que sur son front. Il se releva, les regardant avec un regard des plus noirs, avant de partir sans un mot, prenant soin de claquer la porte derrière lui.

Sur le chemin, le soleil s'était montré, se vantant de ses plus beaux rayons qui aveuglaient le jeune mutilé. Il essuya son sang qui commençait à vouloir tacher ses vêtements avec le revers de ses manches.

Il se sentait désemparé... Il n'avait plus de force pour marcher, respirer ou vivre. À ce moment-là, la seule idée qui le tourmentait vint le frapper avec une telle force qu'il était effrayé. Il avait peur... peur de lui-même... Cette idée qui le rongeait depuis maintenant quelques mois, quelques années, ne le quittait pas. L'image restait là, blottie contre lui, le séduisant en l'amadouant.

Arrivant au lycée, il regarda devant lui, perdu dans ses pensées sombres et effrayantes, avant d'entendre des voix qui le sortaient de ses réflexions, le ramenant à la réalité.

- Oh, voilà le mutilé ! Comment tu vas aujourd'hui, le dépressif ? ria un jeune garçon de son âge, d'un air complètement dégoûté et d'une arrogance incomparable, en faisant rire son petit groupe d'amis.

- Oh, il ne s'est toujours pas fait sauter la cervelle ? C'est dommage, ça, on aurait aimé voir ça, rouspéta un autre, du même ton. Le garçon avança sans en tenir réellement compte ; enfin, c'est ce qu'il montrait aux autres. Chaque phrase, chaque parole le détruisait un peu plus chaque jour. Il se demandait comment, dans son état, il pouvait être encore plus mal.

- Oh, mais ne fuis pas, malheureux, on rigole avec toi !

- Votre humour est de très mauvais goût et ça ne me fait pas rire, tonna le jeune garçon avant de se prendre un coup de poing au visage par un des camarades.

- Et maintenant, ça te fait rire, abruti ? À ce moment-là, le jeune mutilé cracha du sang, ce qui amusa la galerie. Il releva la tête vers son agresseur. Une bouffée de chaleur étouffante commença à lui faire face ; il paniqua intérieurement.

- Même l'alcool ne suffit pas à tes parents pour te supporter. Faudrait voir ta tronche, j'en ai la gerbe.

- Ça m'étonne que tes parents ne se soient pas encore suicidés à supporter un cancer comme toi. Ça doit être dur, ha ha.

Ses mots résonnaient dans sa tête, tels une alarme qu'on ne pouvait éteindre. Il avait envie de disparaître de ce monde, juste pendant un moment... faire un coma assez long dû aux coups qu'il prenait pour enfin être en paix... enfin pouvoir savourer le sentiment qui porte le nom de bonheur... qu'il n'avait jamais ressenti dans ce gouffre persistant qui se collait à lui, tel une sangsue déchaînée qui lui pompait toute son énergie jusqu'à lui en laisser juste assez pour le maintenir debout et le voir souffrir.
La cloche retentit, le groupe se dispersa. L'adolescent se releva, prenant son sac et se dirigeant vers sa classe. Le temps passa trop doucement pour le jeune homme. Il n'était pas apprécié par les autres, jusqu'à recevoir des insultes blessantes et gratuites, à l'exception de sa petite amie et de son meilleur ami qui le maintenaient en vie.

Il vit un garçon s'asseoir à côté de lui, en souriant.

- Salut, alors comment tu vas ?

- Je vais bien et toi ? répondit-il d'un ton incertain, lui-même ne croyant pas à ce mensonge.

- T'es sûr ? Qui t'a fait ça ? demanda-t-il en faisant référence à ses cicatrices au visage. L'adolescent hésita à répondre avant de trouver l'excuse parfaite.

- Mes parents, mais t'inquiète pas, ça va passer, je vais bien, tonna-t-il d'une voix partiellement calme. Ce qui créa une confusion dans la tête de son ami, voulant l'aider mais ne sachant que dire...

La cloche retentit. Il rangea ses affaires en sortant de la salle... Même en étant entouré par ses amis, il avait l'air affreusement seul. On voyait la mort marcher à ses côtés, attendant impatiemment le moment où il se soumettrait à elle.

Soudain, il sentit quelqu'un le prendre dans ses bras... C'était elle, la jeune fille qui le tenait en vie... Celle qui faisait jaillir de la lumière à travers elle... Celle que le jeune homme tenait plus que sa propre vie. Elle affichait un sourire des plus séduisants. La voir heureuse, c'est tout ce qu'il demandait.

- Salut ! Comment tu vas aujourd'hui ? demanda-t-elle d'une voix chaleureuse en lui prenant ensuite les mains et le regardant dans les yeux.

- Je vais bien et toi ? mentit encore une fois l'adolescent.

- Je vais bien aussi.

- Tu restes encore avec ce dépressif ? Tu gâches ta vie, sérieux. Je suis sûr que tu sors avec lui par simple pitié, ce n'est pas possible. Il vous a payé ? tonna une voix accusatrice remplie de haine. Amusée, la galerie ne lui faisait pas rire, lui... Une voix dégoûtée envers lui-même lui fit lâcher les mains de sa petite amie, baissant légèrement la tête. Ils ne savaient pas que leurs mots avaient des répercussions sur lui... Il se détestait assez comme ça... Pourquoi fallait-il qu'on enfonce le couteau dans la plaie ?

Le regard attristé, la jeune femme releva la tête d'un regard plein d'assurance.

- Je suis avec lui car je l'aime et vos critiques, gardez-les pour vous. Sérieusement, vous êtes lourds et ça ne fait rire que les cons.

- Haha... Il n'a même pas le cran de se défendre tout seul, il va préférer aller pleurer chez ses parents ? Ah non, mince... Ils sont alcooliques.

À ces mots, l'adolescent tonna une phrase à peine audible.

-Laisse tomber. Il s'éloigna de sa petite amie, le regard vide... rempli d'une fatigue mentale... cette voix qui devenait de plus en plus persistante l'attrapait par la gorge, ne le laissant à peine respirer...

La fin des cours sonna alors. Lorsque le jeune garçon traversa les couloirs, il se fit violemment frapper la tête contre les casiers, ce qui émettait un sifflement désagréable dans sa tête... il voyait flou... tel un voile blanc qui l'empêchait de regarder.

Il se ramassa au sol, regardant ses agresseurs impuissant. À ce moment-là, il priait pour mourir... pour que la mort qui marchait près de lui le prenne pour toujours. Il n'avait pas la capacité de se défendre. Il se fit relever par l'un d'eux avant d'être enfermé dans un placard, l'enfermant à l'intérieur tout en riant.

L'adolescent se releva en essayant d'ouvrir la porte. Il se fit attraper par la peur. La panique et les larmes ruisselaient sur sa peau pâle, caressant ses joues d'une chaleur plaisante. Il se sentait piégé, sentant des griffes à sa gorge le menaçant de mettre fin à ses souffrances ; l'idée ne le quittait pas, la poursuivant dans ses cauchemars les plus profonds. Il avait mal, paniqué... Il tremblait, tirant fermement la poignée, espérant qu'on lui ouvre.

- Laissez-moi sortir, ce n'est pas drôle !, répéta-t-il en vain. Il se laissa alors tomber sur le seuil de la porte, faisant face à ses propres démons. Dos à la porte, dans une obscurité totale, les larmes déchaînées, il se tenait fermement la tête, passant ses mains sur ses cheveux, étouffant un cri d'agonie, synonyme de désespoir. Cet être invisible envahissait son âme d'une noirceur, l'envoyant dans les ténèbres les plus obscures.

Il avait une sensation le serrant par la gorge, l'étouffant peu à peu jusqu'à ce qu'il se soumette à lui. Il n'était plus maître de ses pensées. Il souffrait beaucoup trop pour réussir à se calmer. Dévorant et effaçant la joie jusqu'à ce qu'il n'en reste plus aucune trace... Avait-il gagné ? Il saisit une lame qu'il avait dans son sac... Le sang mélangé à de la salive et des larmes... il commença. La lame embrassait les veines d'un rouge écarlate, délivrant cette substance hors de ce corps malheureux. Il continua, ressentant un bien tout en se maudissant d'avoir survécu à tout cela... se maudissant d'être né et de respirer. Les larmes salées tombèrent sur ses veines tranchées, lui procurant une sensation de picotement intense, ce qui ne le freina pas. Il retroussa ses manches, dévoilant ses cicatrices nombreuses, toutes aussi profondes les unes que les autres. Ses cicatrices étaient telles des mots... des phrases suppliant pour que tout s'arrête.

L'odeur métallique régnait dans le placard, cette substance traversant la peau, les bras du jeune garçon, longeant ses mains et ses doigts jusqu'à ce qu'ils caressent le sol.

Après des heures à se faire dévorer l'âme et à perdre peu à peu du sang... il vit de la lumière. Serait-ce la mort qui l'avait emporté ? Malheureusement, ce n'était pas le cas, ce n'était que la porte qui s'ouvrait, laissant passer une lumière qui était inexistante pour le mutilé. Une voix rauque tonna :

- Que fais-tu encore ici ? Mais il n'eut aucune réponse. Le jeune garçon prit son sac et sortit directement, reprenant sa respiration, le sang tachant violemment ses vêtements. Il saisit son téléphone, les larmes aux yeux, la vision trouble. Il appela sa petite amie dans l'espoir qu'elle lui réponde. Avec la chance qu'il avait, il tomba sur la messagerie... Voyant l'heure, il laissa échapper un juron des plus abattus

L'appelant a plusieurs reprises en vain. En sortant du bâtiment, il commença à pleuvoir ; l'odeur de la pluie étouffante régnait dans toute la ville. Mouillant la totalité des cheveux du mutilé ainsi que ses vêtements, il avança jusqu'à s'arrêter, pétrifié par ce qu'il venait de voir. Il se sentait sali... Le peu de lueur et d'espoir qu'il avait s'étaient effondrés à la seconde où elle était venue. Sa gorge se noua tel une chaîne entourant sa jugulaire ainsi que son cœur, jusqu'à ce que ces derniers explosent... Les larmes coulèrent en même temps que la pluie vint effleurer ses cheveux. Il laissa tomber son téléphone au sol, ce qui émettait un son.

Ce qu'il avait vu était son ami... Le seul et sa petite amie échangeant un baiser. Au moment où le téléphone tomba au sol, les deux se retournèrent en lâchant un juron. La jeune fille s'approcha de lui.

- Ce n'est pas ce que tu crois, affirma-t-elle en lui prenant les mains, mais ce dernier la repoussa.

- Ne me touche pas... Comment as-tu pu me faire ça ?! Comment ai-je pu être si con... Comment ai-je pu croire que j'avais le droit de ressentir peu d'amour de la part de quelqu'un ? Il passa ses mains dans ses cheveux. Ses vêtements clairs dévoilant le sang avaient pour effet de surprendre la jeune fille.

- Qu'as-tu fait ?! tonna-t-elle d'un ton inquiet en lui prenant le bras, mais elle se fit violemment repousser... À ce moment-là, ils comprirent tous les deux qu'ils allaient vraiment mal... qu'il était à bout... et que ses "je vais bien" n'étaient que des mensonges, qu'il était anéanti.

- Mec, je peux t'expliquer...

- La ferme ! Je n'en ai plus rien à faire, les autres ont raison, vous restez avec moi par pur pitié. Vous voulez savoir ? Je vous emmerde tous les deux... Comment j'aurais pu croire que j'aurais le droit au bonheur, à l'amour de quelqu'un ? Je suis un p*tain de cancer...Je pensais que vous étiez différent... Pourquoi me laisser m'attacher à vous pour ensuite me briser ? Je ne le suis pas assez ?! Ce n'est pas évident, m*rde !, déclara-t-elle d'une voix effroyable. Les larmes ne cessèrent de couler sur son visage, ce qui avait pour effet de laisser des griffures.

Ses deux amis avaient tout gâché... Ils se sentirent coupables en voyant son sang couler, après qu'elle ait reçu un coup de poignard au cœur. L'erreur, le péché, la lâcheté occupaient leurs esprits et travaillaient leurs corps. Ils alimentaient leurs remords, comme les mendiants nourrissent leur vermine. La jeune femme, la gorge nouée, était prête à craquer... Leurs regards étaient baissés, pleins de remords.

- S'il te plaît... ne fais pas... Mais elle se fit couper la parole par le jeune mutilé. Les larmes aux yeux, elle le voyait dans cet état et ne pouvait pas s'empêcher de pleurer.

- Ne pas faire quoi ?! Me tirer une balle dans la tête comme tout le monde ici le souhaite ? J'ai tellement rêvé de le faire, si vous saviez, finir la boîte de médicaments dans l'espoir que la mort me prenne. Vous étiez les seules personnes qui me maintenaient en vie, qui me faisaient lever le matin... Je vous déteste, vous n'imaginez pas comment... mais je me déteste encore plus.

- Mec... ne parle pas comme ça...

- Je t'ai dit de la fermer ! C'était si compliqué d'être mon ami ?! Qu'est-ce que je vous ai fait à tous, m*rde ! Ne me suivez pas, je ne veux plus vous revoir. Les larmes ruisselaient encore et encore, telles une chute d'eau. Ses démons lui chuchotaient à l'oreille que c'était le bon moment... ce qu'il attendait depuis bien des années... qu'il n'avait rien à perdre.

Il ramassa son téléphone en partant. Sans un mot, il disparut dans la pluie en rentrant chez lui.

Lorsqu'il entra par la porte, il fit face à ses deux parents qui lui hurlèrent dessus des rabaissements constants pour le motiver à tenir son idée... cette idée noire qui le séduisait de plus en plus.

Il regarda ses parents en s'excusant avant de s'enfermer dans sa chambre à clé. Ses parents toquaient à la porte en l'insultant, disant qu'il aurait dû crever à la naissance.

Il s'assit sur son bureau, prenant une feuille vierge ainsi qu'un stylo. Et il commença à rédiger ; les larmes coulaient sur la feuille tout en écrivant. Après une bonne trentaine de minutes, il laissa la feuille sur son bureau avant de sortir par la fenêtre. Il avait éteint son téléphone, le laissant sur son bureau.

Il marchait... les larmes ruisselaient à longueur de temps... ne pouvant plus s'arrêter, mais ces voix discordantes qu'il n'arrivait pas à faire taire l'avaient séduit, lui murmurant de belles choses, le suivant aveuglément jusqu'à monter sur le toit d'un building qu'il admirait. Tant le vent caressait son visage pâle d'un froid apaisant. Il monta sur le muret du rebord du toit avant d'entendre deux voix qu'il connaissait que trop bien. Ses deux amis l'avaient suivis.

- Ne fais pas ça !! S'il te plaît...

- S'il te plaît, viens à la raison... on peut t'aider à sortir de là... je t'en prie...

- Il est un peu tard, mais j'ai enfin compris que le bonheur ne m'était pas destiné. Je suis pourri, un vulgaire cancer qui doit disparaître. J'ai tellement souffert et là encore, ces voix qui me murmurent que j'aurais dû crever à la naissance, que personne ne pourra m'aimer... Je me déteste. Sa voix était déchirante, le cœur des deux amis se brisa à ses mots. Il se tourna vers eux, toujours sur le muret, dévoilant son visage bleuté dû aux coups d'aujourd'hui, humide des larmes. Il ouvrit les bras comme pour embrasser le vent. Les deux se précipitèrent vers ce dernier en essayant de le raisonner en vain.

Sur le visage du mutilé, on aperçut un sourire. Son tout premier sourire, il se laissa tomber en arrière... ainsi, la mort l'embrassa. Les deux amis écarquillèrent les yeux voyant ce sourrir..

- Non !, s'écriaient les deux, essayant de l'attraper, mais ce fut trop tard. L'âme du malheureux avait quitté son corps, s'écrasant au sol.

Des cris, des pleurs... des remords, de la haine, de la culpabilité régnaient comme un écho. Ce fut trop tard qu'ils comprirent ce que ressentait leur ami...

Plus tard, les secours arrivèrent...

L'annonce était dure à avaler... cette nouvelle qui disait que leur fils s'était suicidé, cette nouvelle annonçant que leur camarade avait mis fin à ses jours...

Ils trouvèrent la fameuse lettre et commencèrent à la lire en hommage à ce garçon...

À l'heure où vous lirez cette lettre, je serai déjà parti. Je m'en vais, disparaissant de vos vies... je sais que je n'ai pas été irréprochable...
J'ai fait office de cancer pour vous tous et je m'excuse... je m'excuse d'avoir vécu aussi longtemps.C'est égoïste de ma part, mais je n'en peux plus. Respirer est devenu un tel effort que je sens une main sur ma poitrine compressant mon cœur, m'empêchant de respirer. J'ai tellement souffert...
Chaque coup que je recevais était insupportable...Chaque phrase dénigrante avait pour effet de me tuer à petit feu, comme des coups de poignard. Je ne demandais qu'une chose : qu'on m'aide...
Mon âme criait à l'aide, hurlait à l'agonie pour me sortir de cet état... Je me noyais... Certains ont la boule au ventre pour aller au lycée, moi, c'était constamment : pourquoi...? Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter toute cette souffrance ? Me regarder dans le miroir me donnait cette envie de me tuer.
J'ai fait face à mes propres démons, devenus insupportables ; ils se nourrissaient, dévorant mon âme petit à petit Massacré à l'intérieur de moi. Je sais, j'aurais dû le faire bien avant... Je me déteste, vous n'imaginez pas comment je me déteste à subir ces voix discordantes qui ne cessent de me répéter que je suis un p*tain de cancer. Je suis pourri jusqu'à la moelle, je n'aurais jamais dû vivre jusqu'à maintenant... Je m'excuse pour ça. On me répète de suivre mon rêve sans savoir que ce dernier était de me faire sauter la cervelle, de quitter ce monde sans me rater... Je vous promets qu'à présent, je l'ai fait. Papa, maman, désolé d'avoir été votre fils... Je suis sincèrement désolé, mais maintenant que je suis parti, vous vivrez enfin en paix.

Je ne suis qu'un souvenir, ne m'appréciez pas maintenant que je ne suis plus là...

                                 Adieu.                                 』

À ses mots, les larmes ruisselaient dans les yeux de chacune des élèves, des harceleurs... des connaissances... des parents...

Une fois que tu blesses vraiment quelqu'un, cela restera toujours marqué dans son esprit, même s'il a encore un sourire sur son visage.

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