M.B

Positionné inconfortablement sur une branche d'arbre, l'oreillette bien à sa place et les jumelles en main, j'observe et écoute attentivement. J'ai enfin eu des informations de premier ordre suite à Guguss numéro un et deux. Un lieu qui sert de planque pour leurs expériences. Malheureusement pas pour les enfants mais je ne désespère pas. Il s'agit d'un de leur laboratoire de drogue. C'est un premier pas pour découvrir, je l'espère, les autres lieux. Pendant cette semaine je n'ai pas chômé et ne suis pas peu fier du résultat.

J'ai réussi à poser un traceur sur la voiture qu'utilise régulièrement Morgenstern et un mouchard -avec l'aide de Vador- sur le téléphone de Guguss numéro deux. C'est ainsi que j'ai découvert pas mal de choses, bien que pas suffisantes malgré tout. Au fond, ils ne restent que des sbires mais leur façon de parler a interpellé notre hacker et il suppose qu'il s'agit d'un langage codé. Après une nuit dessus il m'a envoyé le tout et j'y ai découvert des dates et lieux sans explication précise et c'est ainsi que j'ai trouvé cet entrepôt.

Valentin prépare une grosse transaction et je ne peux pas louper ça. Il est en train de vérifier à coup de menaces que ses scientifiques seront dans les temps. Je lève les yeux au ciel à ses paroles que je trouve pour le moins tellement clichés.

"Dépêche-toi sinon je m'occupe de ta famille."

"Si l'un de vous ose être en retard ou foire, je tue chacune de vos familles et vous coupe la langue et les doigts."

Aucune classe, rien d'artistique là-dedans. Juste une brute épaisse qui tente de faire régner par la peur.

Pendant ses remontrances je laisse mon esprit divaguer vers Alexander et Max. Cela va faire une semaine que je n'ai plus de nouvelles de mon compagnon mais j'ai pu m'assurer dès le lendemain de ma conversation avec Vador que notre fils se porte bien malgré de grosses difficultés à dormir. Jem et ses compagnons l'ont à leur charge.

Après avoir discuté avec le hacker je me suis mis à réfléchir intensément d'où pourrait se trouver mon intrépide d'homme. Aidé par Vador il a dû se renseigner sur la vie d'Aldertee et la seule solution qui me vient est qu'il serait parti trouver la famille de cet enfoiré. Le savoir livré à lui-même et sans savoir si la femme fait partie ou a connaissance du Cercle me noue l'estomac mais je dois garder confiance. Alec est malin et réfléchi. Boucle d'or ne donne pas de nouvelles non plus et j'espère qu'ils sont ensemble. Même si ma confiance est limitée envers ce flic, je le sais futé et apte à protéger mon compagnon.

Du mouvement me recentre sur mes priorités immédiates et je focalise mon regard dans les jumelles vers la voiture qui se fraye un chemin sur les gravas qui mène à l'entrepôt. Une berline noire aux vitres fumées, empêchant de voir l'intérieur. Je suppose qu'elles doivent être blindées en plus d'être teintées. Je vérifie que la voiture est belle et bien la seule, ce que je trouve étrange s'il s'agit d'une transaction. En règle générale, ils viennent à plusieurs pour dissuader ou simplement être prêt en cas de dérapage. Le véhicule finit par s'immobiliser et le chauffeur sort. Crâne rasé, lunettes noires teintées, oreillette, costume deux pièces noir. Je remarque furtivement un tatouage sur le dos de sa main gauche, celle qui ouvre la portière arrière. De là en sort une femme avec une prestance qui ne souffre d'aucune comparaison quant à son importance. Les cheveux d'un blond cendré relevé en un chignon strict, les traits du visage pincés, sévères.

Valentin s'arrête dans ses invectivassions et grommelle quelque chose que je ne comprends pas mais je suppose qu'il s'agit de juron. Il interpelle -aboie- après ses deux sbires qui le suivent sans un mot. Je finis par le voir sortir de l'entrepôt, le visage fermé tout en s'avançant vers la femme d'un certain âge.

- Que faites-vous ici. Je n'ai pas besoin de chaperon.
- Cela reste à voir Morgenstern. Il me semble que ces derniers temps vous ne faites que cumuler les erreurs. Entre la perte de deux sujets sur lesquels on a toujours pas mis la main, la venue d'Aldertee alors que l'on sait qu'il est sous surveillance étroite en Amérique et vos frasques avec les plus jeunes sujets je commence à me poser de sérieuses questions quant à votre efficacité.

La voix est glaciale et je jubile intérieurement. Alors ainsi ce cher Morgenstern a trouvé plus fort que lui. Donc Aldertee n'aurait jamais dû être là. Bon à savoir. Je ferais passer le message à Jem, il pourra peut-être fouiller et m'en dire plus. Je me concentre de nouveau sur la conversation. Le visage de Valentin vaut le détour. Entre rougeur de honte et de colère et la pâleur de ses doigts qu'il tient fermé en poings, il ressemble à un quelconque gosse se faisant taper sur les doigts.

- Il est notre traqueur. Je ne pouvais pas ne pas faire appel à lui. Dit-il les dents serrées. Et pour les sujets, cela n'impacte pas les expériences.
- Vous êtes immonde. Comment pouvez-vous... Forniquer de tels êtres, mâles en plus. Prenez garde Valentin, ce transfert est votre dernière chance pour rester à la tête du Cercle.
- Cela m'étonnerais fortement. J'en suis le créateur.
- Et n'oubliez pas qui vous finance et vous fourni en matériaux.

Voilà la conversation la plus enrichissante que j'ai entendu depuis le début de ma mise sur écoute. Ainsi donc il est tributaire de personnes pour faire ses expériences...  Je ne sais même pas pourquoi je n'y ais pas pensé plus tôt en vérité. La conversation se poursuit et j'enregistre toute information supplémentaire avec une concentration quasi religieuse.

- J'espère que tout est prêt reprit la voix cinglante de la femme. Nous ne pouvons accepter une nouvelle erreur de votre part.
- Vous vous répétez fit la voix peu amène de l'homme. Aldertee a une piste pour la mère vous le savez. Et pour ce qui est de la transaction avec les russes il n'y a pas de soucis à se faire.
- Je suis seule juge de ça.

Je les vois pénétrer dans l'entrepôt qui sert de labo. Le pas réticent de Morgenstern en dit long sur ce qu'il ressent de la présence de la femme. J'écoute leur conversation mais elle devient d'un ennui profond. Ça parle quantité et molécules. Cela dure un long moment et je suis sur le point de m'assoupir quand enfin ils décident de mettre un terme à leur entrevue. Enfin ! Ils se séparent avec des formules de politesse suintant l'hypocrisie et Herondale s'en va.

- Je hai cette bonne femme. Allons-y. Je dois vérifier où en est le sujet 4.

Les deux Guguss ne disent mot, sachant sans doute qu'il vaut mieux pour leur matricule. Je me redresse vivement aux paroles. Il a parlé de sujet. Ce qui veut dire un enfant. Mon cœur s'accélère alors qu'après des semaines de filatures il n'avait encore jamais annoncé rendre visite à l'un d'eux. C'est toujours ses hommes de main qui apportent les petits à leur maître. La seule chose qui m'a interpellé est le temps entre la demande et l'arrivée des enfants. Jamais plus d'un quart d'heure. Ils doivent être proches de la demeure du procureur pour arriver si vite et jamais une voiture n'a bougé ni n'est venu. Des souterrains ? Je me dépêche de remballer mon matériel afin de rejoindre ma voiture. J'allume le gps et suis le traceur. La direction donnée est la même que pour la maison Morgenstern mais à deux rues, la voiture biffurque et s'avance dans une allée étroite. Je laisse de l'avance au véhicule afin de ne pas me faire repérer. Quand enfin, le point rouge sur la carte s'immobilise je descends de mon véhicule. Ils sont proches, inutile d'y aller en voiture sans savoir si elle ne fera pas tâche dans le décors.

Je prends de nouveaux mes jumelles mais aussi mon arme. Je déteste ces choses mais je m'attaque à un gros morceau et y aller sans défense serait du pur suicide. Alors que je m'engage dans la ruelle, l'oreillette toujours à sa place j'écoute encore et toujours cette voix froide et emplie de suffisance.

- Vérifiez les alentours. Je n'en est que pour une demi-heure.
- Bien monsieur.

Je regarde et évalue rapidement les alentours à la recherche possible d'un lieu à couvert au cas où les gorilles décident de venir jusque là. D'un côté un mur qui longe la rue d'une hauteur bien trop élevée pour que j'y grimpe et de l'autre des habitations toutes à l'abandon. De façon vive et précise je teste la première poignet mais elle semble verrouillée.

Mh.

Je n'abandonne pas pour autant et teste ma chance sur une autre. Encore une fois celle-ci est fermée.

Chouette...

Le temps me manque ainsi que la subtilité. Aux grands maux les grands moyens donc. D'un mouvement précis et francs j'appuie sur la poignet et  donne un coup d'épaule contre. Le grincement que j'en retire et la douleur irradiant dans mon épaule me fais grimacer. C'est pas comme dans les films...

- Je prend l'est. Prend l'autre côté.

L'adrénaline monte en moi comme une flèche et je la savoure. Plus le temps de m'apitoyer sur mes échecs, je dois trouver une véritable solution. Je pourrais attendre qu'ils repartent et revenir pour essayer de fouiner mais se serait moins drôle et clairement moins grandiose. Mon besoin d'éblouir et de sensations fortes seront ma chute mais qu'y puis-je ? J'aime ça. J'entends les pas sur le gravier et je sais qu'il me reste moins d'une minute avant de me faire pincer. Mon regard se pose frénétique sur les façades délabrées et entre deux, un petit portillon où il manque une planche, attire mon attention. Ma bonne étoile ne m'a pas abandonnée et je m'y précipite. Après une cascade pour le moins réussie si l'on oublie l'accro dans mon sublime pantalon, je m'enfonce dans l'allée couverte d'herbes hautes, m'accroupis et ne bouge plus.

Le pas traînant de l'homme de main de Valentin devient de plus en plus proche et je retiens mon souffle alors qu'il passe à moins d'un mètre de moi.

- R.A.S. je reviens. Tu as quelque chose ?

À ce moment je pris pour que Guguss numéro un ne tourne pas sa foutue tête vers le portillon car il s'est arrêté juste à côté. La réponse de l'autre ne me parvient pas puisque c'est sur celui devant moi que le micro est posé. Au vu de la démarche de l'homme, rien de son côté non plus car son pas reste traînant. Je m'autorise à souffler quand le bruit s'estompe suffisamment, prouvant qu'il est parti pour de bon. Je sors de ma cachette et observe les dégâts. Mon merveilleux pantalon est ruiné. Entre l'accro plus que flagrant et les traces de verdures et de boue... Un soupir dramatique s'échappe de mes lèvres. Je l'aimais bien ce pantalon moi... Fataliste je sors avec ma grâce innée de l'allée et me dirige avec discrétion vers le lieu annoncé par le traceur. Même sans oreillette, j'entends les voix de Guguss un et deux qui parlent du dernier match des Mets et je ne peux trouver le moment que des plus lunaire. Ils sont là, avec des enfants subissant mille tourments juste derrière eux à parler de baseball. J'étouffe un grognement et me secoue. Il faut que je puisse me glisser à l'intérieur sans que les deux gorilles ne me grillent. Avec souplesse je me glisse contre le mur et jète un œil. Ils fument une roulé dans la plus grande des décontraction, dos à moi.

Bien.

Je vois que le bâtiment n'est pas collé à d'autres. Il s'agit encore une fois d'un entrepôt à l'abandon. Avec la plus grande discrétion et rapidité je longe le mur et me retrouve entre l'entrepôt et une maison dans un triste état. Je tend l'oreille malgré que je puisse les entendre au travers du micro et retiens un soupir quand ils rient sur l'équipe adverse et leur jeu pitoyable. Je me désintéresse immédiatement de ces deux abrutis sans cervelle et porte mon regard sur le bâtiment convoité. Il y a une multitude de vitres servant de fenêtres mais elles sont principalement toutes condamnées et très hautes. Même pas moyen de jeter un œil, ce qui me frustre. J'ai peu de temps pour faire mon repérage et plus je tarde, plus je risque d'être attrapé. J'accélère mon pas et fais le tour. Le versant de l'entrepôt à une autre entrée qui semble aussi fermement inaccessible que les vitres. Cela devait être l'entrée pour les marchandises. Au lieu d'une porte déroulante, il y a deux portes battantes en acier, montrant que le bâtiment est loin d'être désaffecté.

Je m'approche tout de même pour voir. Sur le côté j'y trouve un boîtier avec lecteur de carte. Bien. Il y a sans doute moyen que je subtilise à l'un d'eux cette dernière pour m'y faufiler. Je comprends néanmoins que ce ne sera pas maintenant et ça me mets les nerfs en pelote. Je ronge mon frein en continuant ma quête et retiens un glapissement de ravissement quand je vois que la porte a un carreau non condamné malgré qu'elle soit minuscule. Avec prudence j'avance pour jeter un œil, sur le qui-vive. Il fait plutôt sombre à l'intérieur et je ne peux deviner qu'un long couloir entouré de mur avec quelques portes. Il semble que de sacrés travaux ont été effectués à l'intérieur. Bien, je n'en apprendrai pas plus aujourd'hui. Telle une bouteille à la mer j'appose sur le dessous du boîtier un micro.

On ne sait jamais.

Ils sont peut-être bavard et je pourrais obtenir de précieuses informations. Je retourne sur mes pas avec fluidité et discrétion. Les deux zouaves sont toujours sur leur match de baseball et je profite de leur connerie mentale pour retourner à ma voiture. L'adrénaline pulse dans mes veines tel un cheval lancé au galop et c'est avec un sourire satisfait que je retourne à ma piaule pourrie qui me sert de planque.

J'ai enfin avancé et suis prêt à détruire chaque millimètre de leur organisation.

Tadam ! Enfin un peu d'action !

On en sait un peu plus sur l'organisation et que malgré tout, la police n'est pas totalement corrompue puisque Victor est surveillé.

Que pensez-vous de la dynamique entre Valentin et Imogen ?

De pantalon de Magnus ? 🤣

Au prochain chapitre, nous retrouverons enfin Alec mais avec quelques jours de décalage encore. Histoire que l'on comprenne ce qu'il traficote de son côté.

J'espère que ce chapitre vous aura plu.

Encore merci pour toutes vos attentions envers cet écrit que j'affectionne particulièrement.

Et je vous dis à bientôt ~


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