M.B

- Faites porter le sujet G. J'ai besoin de m'occuper.
- Bien monsieur.

Depuis bientôt une semaine l'envie de vomir et de tuer cet immondice de la vie sature mon être. Si sur l'instant je me suis demandé de quoi il s'agissait, j'ai très vite déchanté avec les paroles du gorille qui s'est chargé d'apporter l'enfant... Comment peuvent-ils cautionner ces horreurs ?! Ils sont été dépossédés de leur identité, de leur nature, de leur libre arbitre et de leur innocence. Ce fils de chien viol ses sujets en plus de leur infliger des tortures pires les une que les autres et de leur faire des expériences inhumaines.

Ne pouvant en entendre plus je retire l'écouteur le temps que le subalterne apporte l'enfant. Je reprends en attendant mes notes. Ces derniers jours ont été très instructifs. Le fait d'avoir posé un micro sur un sbire permets d'avoir des infos pour le moins intéressantes. C'est comme cela que j'ai appris que ce type répond au doux nom de Gilles Macdiel, qu'il est connu pour ne pas faire dans la dentelle, qu'il aime particulièrement mater les filles sous leur douche tout en se branlant et qu'il a une mère encore en vie. Le second gorille qui l'accompagne toujours est Thomas Gildon. Lui aussi n'est pas un enfant de cœur, il collectionne les ongles qu'il arrache lors de séances de torture, couche avec l'une des scientifiques de Morgenstern et vit avec un père alcoolique.

Les enfants ne sont jamais nommés par leur identité mais par des lettres voir des chiffres. Aldertee semble être son chien le plus fidèle et il semble que malgré que Morgenstern soit le chef il doive se référencer à Herondale Imogen régulièrement au vu de comment il peste contre elle.

Ce cher Gilles a d'ailleurs dû faire les frais de la mauvaise humeur de son boss pas plus tard qu'hier pour avoir, je cite, ruiné son plaisir alors qu'il est entré sans autorisation dans son bureau. Je continu à lire mes notes que j'ai prise ces derniers jours afin de vérifier que j'ai bien annoté tout ce qu'il faut tout en faisant défiler les pages sur le site des archives policières. Il n'y a pas à dire, il n'y a quasi rien. Cela prouve deux choses, l'une, qu'ils ont clairement investis les représentants de l'ordre et la seconde qu'ils ont plus que le bras long.

Un soupir frustré m'échappe. Je sais que cette fois ce sera plus long que pour les autres mais j'ai ce mauvais pressentiment qui ne veut pas me lâcher, me faisant craindre le pire si je ne vais pas assez vite.

Je reprends l'écouteur et le remet en place. Le gorille a dû terminer sa sale besogne. Les conversations reprennent comme si de rien était et cela me donne la nausée. Qui peut bien se sentir en effectuant ce genre de choses ?

- Le boss est occupé pour une bonne heure.
- Tu penses qu'on va les retrouver ?
- Qui.
- La mère et le gosse.
- Monsieur Aldertee est là pour ça.

Je me fige aux mots. Mon cœur s'arrête le temps d'un instant qui me paraît infini avant de battre à tout rompre. Aldertee. Il est là pour Max et par extension Alec. Mes mains se mettent à trembler de manière incontrôlée alors qu'une vague de souvenirs se superpose aux images de mon amant et notre fils.

Putain !

Je me relève soudainement le cœur au bord des lèvres et le souffle court, la chaise branlante sur laquelle j'étais tombe dans un bruit mat sur le vieux lino. Non non non, ça ne se peut pas, pas encore ! Il ne me retirera pas ceux que j'aime ! Je fais les cent pas tout en me rongeant les ongles. Dois-je les faire partir du pays ? Pas aux States, le Cercle y est aussi. En France ? À Londres ? Mais s'ils y sont aussi ? Vador n'avait pas encore la liste complète avant mon départ... J'ai l'impression de virer fou alors que la nausée obstrue ma gorge. Je dois appeler Alec. M'assurer qu'ils vont bien, qu'ils n'ont pas été trouvé, les prévenir et trouver un plan pour les mettre en sécurité.

Les mains tremblantes je récupère le portable jetable et compose fébrilement le numéro de mon compagnon alors que les tonalités s'enchaînent, mon cœur dégringole et mon souffle se perd alors que je tombe sur la messagerie. Je tente de me rassurer sur le fait qu'Alexander dort peut-être vu qu'il a des nuits difficiles depuis mon départ, qu'il s'occupe de Max pour le nourrir ou le changer, qu'il n'a pas son téléphone sur lui dans l'immédiat pour x ou y raison mais rien y fait. Je tourne tel un lion en cage, angoissé au possible. Je retente une nouvelle fois, et les bip résonnent dans mon esprit tels des sentences muettes pour tomber sur la voix mécanique annonçant que le correspondant n'est pas disponible.

- Putain !

Les jambes flageolantes, je tombe à genoux. Ma respiration qui, jusque là, était suspendue devient erratique. Je dois essayer d'appeler Jace. Ou Jem. Voir les deux. Eux me répondront ou au moins l'un d'eux. Oui. Rester concentré, lucide. Ne pas se laisser envahir par la peur et les émotions néfastes. Je vérifie l'heure, il n'est que vingt heures, ils ne doivent plus être au taf. Le regard trouble je trouve le contact du blond et appuie sur la touche appel, le cœur suspendu tel un funambule sur sa corde.

- Je vous en prie... Qu'il réponde...

Je me mord férocement la lèvre pour pallier la terreur sourde qui tente de  m'engloutir.

"Vous êtes bien sur la messagerie de l'agent Herondale Jonathan, veuillez me laisser vos coordonnées et le motif de votre appel et je vous rappellerais dès que possible".

Je tente de me raisonner. Si Jace n'est pas dispo, c'est qu'il est peut-être occupé avec la véto mais Jem l'est sans doute. N'est-ce pas ? Cette fois c'est sur son nom que je clique. Mais la même sentence tombe. Messagerie...

Non non non. Ça ne peut pas ! Je tente encore et encore de les appeler mais rien. Personne. Pourquoi ? Ça ne peut pas. Pas maintenant. Pas alors que j'ai enfin trouvé le bonheur, une famille. Je m'effondre sans force, sans volonté, le cerveau aussi vide qu'une page blanche. Hier encore j'avais l'homme que j'aime au téléphone, j'entendais sa voix grave, hypnotique et écoutais ses tendres mots murmurés, en arrière plan, les gazouillis de Max gonflaient mon cœur d'amour.

Je dois les voir.

Je tente de me relever mais mon corps proteste et je me rends compte que je suis secoué par des larmes de détresses. Il faut que je me calme. Alors que mon cerveau semble se remettre en fonction, une idée me vient. Je me précipite maladroitement sur mon ordinateur et ouvre le dark web. Vador. Je sais que mon compagnon et lui sont en correspondance chaque jour pour percer la fameuse faille trouvée. Lui doit savoir.

Il doit savoir.

Fébrilement je cherche la page où ils se sont rencontrés. Il s'agit d'un forum fait pour l'offre et la demande en tout genre concernant l'informatique. Je poste un message qui, je l'espère l'interpellera.

Warlock : Je recherche l'obscurité qui aide l'ange.

À peine subtil mais je n'ai pas le temps ni les capacités cognitives pour faire mieux. Je patiente encore et encore devant cet écran tout en jetant frénétiquement des coups d'œil à mon téléphone dans un espoir illusoire qu'il se mette à sonner. Et soudain une fenêtre s'ouvre mais ce n'est pas le nom que j'espérais.

Dios.de.la.noche : Vous le cherchez pour ?

Que dois-je lui dire ? Si c'est un piège je ne peux clairement pas donner quoi que ce soit qui pourrait me vendre ou les compromettre. Je passe une main dans mes cheveux, nerveux.

Warlock : C'est personnel. Je dois lui parler.
Dios.de.la.noche : Il est occupé.
Warlock : C'est urgent... Vraiment.

Je laisse un instant mes mains en suspension au-dessus du clavier avant de rajouter un je vous en prie qui brûle le bout de mes doigts à l'idée de supplier. La réponse ne semble pas vouloir venir et ma gorge se noue douloureusement.

Dios.de.la.noche : Une heure. Il vous répondra.

Je pourrais m'évanouir tant la pression intense dans laquelle j'étais semble s'envoler à ses mots. Une heure. Une heure durant laquelle je vais, en revanche, devoir ruminer mes pensées et être tirailler par la terreur sourde en moi. Je passe une nouvelle fois une main dans mes cheveux avant qu'elle ne glisse sur mon visage.

Alexander...

Je me remémore ses yeux aux couleurs ibériques de bonheur et au bleu tempête de passion. À ses sourires timides mais sincères, à ses mots d'amour maladroit mais poignant, à cette confiance aveugle qu'il m'accorde. Je revois ses gestes pleins de tendresse envers Max, au regard doux qu'il lui porte, à la patience dont il fait preuve quand notre petit bout s'énerve. Je revoie ces derniers mois où il a appris à s'exprimer, à décrypter les émotions, à faire face à son passé alors qu'il a vécu tant d'enfers. À toutes ces fêlures qui ne montre que la force qu'il a en lui alors qu'il avance aux côtés d'un assassin et d'un enfant victime dès sa naissance de barbarie. Je me perds dans nos échanges sulfureux partagés dans notre lit, à nos mots d'amour échangés dans un souffle, à nos discussions sur notre futur, à nos envies et nos peurs. Je revois cette confiance sans limite qu'il m'accorde et mon cœur se serre douloureusement. Je ne survivrais pas cette fois s'il m'était arraché. Il a rendu ma vie plus folle qu'elle ne l'est mais aussi plus belle et douce.

Il me rend humain.

Perdu dans mes souvenirs je ne me rends pas tout de suite compte de la fenêtre de discussion qui s'est ouverte jusqu'à ce que mes yeux se perdent dessus. Je retiens mon souffle en lisant la question.

Vador-geek : Ses premières paroles ?

Que se passe-t-il ? Pourquoi Alexander a donné de telles instructions ? Car il est certain que cela vient de lui. Perdu, je tape sur le clavier la réponse avant de l'envoyer.

Warlock : "Êtes vous un ange ?"
Vador-geek : Super ! Ah, désolé pour Dios, il est le genre suspicieux et pas très amical dans sa façon de parler mais c'est pas un mauvais bougre. Lui en voulez pas trop. Angel se doutait que vous alliez passer par moi quand vous n'arriverez pas à le contacter.
Warlock : Que se passe-t-il. Pourquoi je n'arrive pas à le joindre !
Vador-geek : Tout doux l'ami, je ne suis que le messager pour le coup. Angel a dû partir mais il va bien.

Je ne comprends rien. Comment ça, partir. Et Max. Et... Moi ? Aldertee les a retrouvé ? Mon sang se fige dans mes veines à cette possibilité.

Vador-geek : Angel m'a précisé de vous dire qu'il va bien, que Myrtille aussi et qu'il n'avait pas le choix pour que tout s'arrête.

"Que tout s'arrête"...

Cette fois je suis glacé d'effroi. Qu'à fait Alec...

Warlock : J'ai peur de ne pas bien comprendre.
Vador-geek : Il s'occupe de vous-savez-qui.

- Non...

Ma voix n'est qu'un murmure contenue d'angoisse. Alexander, mon tendre et doux amour, celui qui a déjà tant souffert, tant vu et subit...

Warlock : Pourquoi ?
Vador-geek : Je ne sais pas exactement. Une sorte de vendetta.

J'ai l'impression que le monde est en train de s'écrouler autour de moi. Je dois réfléchir. Alec ne mettrait jamais ni Max ni moi en danger. Je sais qu'il aimerait m'aider mais qu'il a compris que ce n'était pas ce que je voulais pour lui. Qu'est-ce qui aurait pu le pousser à agir ? La réponse me vient comme un boomerang en pleine face.

Max.

Il sait pour Aldertee.

Warlock : Que fait-il exactement et où est-il ?

La réponse tarde à venir et je me retiens de tout casser et hurler de frustration et de rage.

Vador-geek : Là où il s'y attend le moins.

Là où il s'y attend le moins ? Il sait pas parler sans crypter ses paroles ?! J'étouffe un juron, de plus en plus frustré par cette discussion. Je vogue entre l'angoisse et l'incompréhension totale. Où est-il parti ?! Et les deux abrutis qui devaient prendre soin d'eux ?!

Warlock : Et Myrtille ? Où est-elle ?
Vador-geek : Il ne m'a rien dit, juste qu'elle est en sécurité avec le trio.

Bordel mais Alec c'est qu'est-ce que c'est que cette histoire complètement lunaire. Le trio... Mais qui est ce trio... On connaît peu de personnes ici, à part le faux blond et Jem... Jem ? Il a dit être en trouple. Max est chez eux ?! Mais pourquoi il ne m'a rien dit. Je comprends pas.

Warlock : Pourquoi il ne m'en a pas parlé ?
Vador-geek : Il n'est pas très causant. La seule chose qu'il a dit c'est que vous êtes déjà occupé et que vous inquiéter ne servira à rien.

Je ferme les yeux et un soupir las m'échappe. Bon, réfléchissons. Alec a compris qu'Aldertee est à la recherche de Max, il a mit notre fils chez Jem et est parti je-ne-sais-où pour s'occuper de lui. Où peut-il être... Où Aldertee ne penserait aucunement à y trouver mon compagnon et qui lui permettra de mettre fin à ça ?

Warlock : Merci pour tes réponses.
Vador-geek : Pas d'soucis. Et si je peux me permettre, vous inquiétez pas pour lui, là où il est il craint rien, juré. Il se mettra en contact avec vous bientôt qu'il m'a dit.
Warlock : J'essaierai. Et, Vador, merci d'autant d'investir.
Vador-geek : Pas d'soucis bro'. J'adore fouiller dans la vie des Jocker et autres Vilains. J'te laisse j'ai une faille sur le feu. A+

Avec résignation je me laisse tomber dans le lit alors que Vador est déconnecté. Ne pas me faire de soucis ? On parle d'Alexander, impossible que je ne m'inquiète pas pour lui. Mais paradoxalement j'ai confiance en lui. Jamais il n'aurait laissé Max sans retour possible. Jamais il ne m'aurait abandonné. J'ai toute confiance en mon amant. J'ai juste peur pour lui. Il faut que toute cette histoire se termine. Je souffle avec détermination. Je reprends l'oreillette que j'ai arrachée sans m'en rendre compte au sol et la remet en position.

Bien.

Que le jeu du chat et de la souris commence.

Pfiou ! J'avoue que ce chapitre m'a été compliqué. Je voulais que Magnus perde un peu le contrôle et introduire Dios fufu.

Au chapitre suivant on reviendra quelques jours en arrière pour comprendre et voir ce que fait Alec.

Qu'avez-vous pensé de ce chapitre ? 

Je vous dis à bientôt~

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top