M.B

Me revoilà ! Cette fois le passé de Magnus est dévoilé. Rien de bien joyeux mais il faut en passer par là.

Quelques touches plus légères en ce début de chapitre. J'espère vous arracher un sourire ou deux voir un rire mais je suis pas douée pour le comique 😅.

Sur ce, bonne lecture~

Du coin de l'œil je regarde mon bel Alexander. Il est sur le sofa en train de lire un de mes livres sur les plantes dangereuses. Son front est plissé par la concentration. Depuis que je l'ai sorti de son enfer et accessoirement tué toute sa famille, il s'est révélé très surprenant.

Il a passé la première semaine après son réveil à se remettre de ses blessures et j'ai passé mon temps à m'inquiéter pour lui. Cela m'a fortement perturbé par ailleurs. Moi, le Grand Magnus, le tueur, le Sorcier, je m'inquiétais pour quelqu'un d'autre que moi.

Mon égoïsme en a prit un coup. Il s'est d'ailleurs senti légèrement offusqué.

Bref.

J'ai compris tout au long de cette fameuse semaine qu'Alec n'avait vraiment pas l'habitude de parler. Au départ je pensais que c'était juste dû à son problème d'émotions et de la timidité mais apparemment pas. J'ai su par la suite qu'il avait interdiction de parler chez lui et qu'il se faisait aussi discret que possible à l'école.

Dommage que j'ai déjà tué sa famille. Je l'aurai bien fait à nouveau.

En parlant de sa famille, les journaux s'en étaient donnés à cœur joie une nouvelle fois, quand les corps de la famille Lightwood fût découverte. J'avais revu quelque peu la mise en scène pour le père. Je l'avais installé dans cette fameuse salle de torture en honneur de mon cher Alec. Une sorte de revanche pour lui. Quand aux deux femmes, elles avaient été comme prévu, entouré de croix, chacune sanglée à leur lit, une Bible posée sur le torse. L'effet avait été des plus saisissant et satisfaisant grâce à ma mixture donnant cet effet démoniaque.

Quand Alec avait lu les articles, il n'avait manifesté aucune tristesse pour eux et aucune colère envers moi.
Sa curiosité avait à nouveau parlé, me demandant juste à quoi ressemblait le final.

Après cette première semaine dédiée à la récupération et le déchaînement médiatique que mon dernier meurtre avait déclenché, il a voulu m'aider dans les tâches ménagères mais... Il n'est vraiment pas doué. Je ne peux pas lui en vouloir. Il a passé sa vie à être le plus transparent possible et enfermé dans sa chambre. Question diversité d'activité il y a mieux. J'ai donc dû lui apprendre comment se servir d'un aspirateur, comment faire la vaisselle, comment utiliser une machine à laver, etc. Une bonne nurse que je fais si vous voulez mon avis.

Quand je vous dit que mon égoïsme se sent trahi.

J'ai passé mes journées à m'occuper du gamin. Et même s'il est des plus adorable, des plus volontaire et travailleur, il n'en reste pas moins un nourrisson dans un monde qui lui est inconnu et c'est vachement épuisant pour ma petite personne. J'ai toujours eu l'habitude d'être solitaire, de n'avoir que moi et seulement moi-même à m'occuper. Je dois reconnaître que les semaines suivantes furent étonnantes.

Particulièrement le jour où cet enfant a commencé à me questionner sur ma façon de procéder et mes choix pour mes meurtres.

- Magnus ?

Depuis quelques jours il semble que sa gorge se porte mieux et m'a permis de découvrir son véritable timbre de voix et par l'Enfer ! Quelle voix !

- Oui ?
- Mh... J-je peux te poser une question ?
- Bien sûr voyons.

Je le vois triturer ses doigts, signe qu'il est nerveux. Je lui souris, tentant de le mettre à l'aise. Il souffle et se lance.

- Pourquoi es-tu devenu un tueur ?

Eh bien. Je me doutais qu'un jour il me poserai la question mais pas aussi rapidement et surtout aussi directement. Il me prend au dépourvu. Je me dirige vers mon bar et me sers un bon vieux bourbon. En son honneur. Je m'affale dans mon fauteuil rouge et me perds un instant dans mes souvenirs enfouis.

- Magnus ? J-je n'aurai pas dû c'est ça ? J-je suis d-désole...

J'inspire profondément, chassant mon vague à l'âme.

- Tu n'as rien fait de mal Alexander. Tu n'as pas à t'excuser. Pour comprendre mon choix de.... Carrière il me faut te raconter depuis le début mon histoire. Elle est au final, aussi triste que la tienne tout en étant totalement différente. Assied-toi mon ange, mon histoire est assez longue.

Je le vois s'installer face à moi dans le sofa. Les jambes pliées. Le menton sur les genoux. Il a ce tic quand il est à l'écoute. Un petit sourire triste s'ourle sur mes lèvres. Je déteste me rappeler. En parler est bien pire. Mais Alec a le droit de savoir et... Il comprendra. Il est différent des autres. J'ai confiance en lui. Comme en eux à l'époque. Je ferme les yeux et c'est la voix chargée en émotions que je me lance.

- Je suis né en Indonésie. Je vivais là bas avec ma mère et mon beau-père dans une ferme assez modeste. Nous n'étions pas riche mais avions une vie décente. Je ne me souviens pas d'énormément de choses, j'étais jeune. Juste que j'adorais ma mère et qu'elle me le rendait bien...

Je me dois de prendre une grande inspiration. Cela ne fera que la seconde fois que je raconte mon histoire et c'est toujours aussi douloureux malgré les années passées.

- J'avais un peu plus de cinq ans quand cela s'est produit. Un jour, cherchant ma mère, j'ai fait le tour de la ferme. J'ai fini par aller dans notre grange à foin. Elle était là. Oui. Mais les yeux révulsés, un drap autour du cou et les pieds ne touchant pas le sol. J'ai hurlé. J'ai hurlé tellement fort que mon beau-père dans un des bâtiment avec nos vaches m'a entendu et s'est précipité jusqu'à moi.

Une boule à la gorge me saisit. Je prends une gorgée du liquide brun pour me donner du courage car le récit est loin d'être fini et loin d'être plus enjoué au fur et à mesure.

- Je ne me souviens pas vraiment à partir de ce moment-là, juste mon beau-père me prenant dans ses bras, me berçant sans un mot et d'un seul coup, l'eau. Tellement d'eau. Il était en train de me noyer. Je me débattais mais j'étais qu'un frêle gamin et lui un adulte accompli. J'étais en train de mourir. Est-ce parce que je me débattait ? Juste la chance ? En tout cas, il a glissé et sa tête a heurté une pierre. Il ne s'est jamais relevé. Je n'ai jamais su pourquoi il voulait me tuer. Je suppose qu'il me tenait responsable du suicide de ma mère.

Je sens une main prendre doucement la mienne en signe d'appaisement et cela me fait plus de bien que je ne l'aurai cru.

- J'ai fini dans un monastère, des moines m'avaient trouvé errant dans les rues de Bali. J'y suis resté un an avant que l'on m'envoie en Amérique, ici à New-York car l'orphelinat avait conclu un partenariat avec l'un de ceux d'ici. La première année ici fut très difficile, je ne parlais pas la langue et les adultes ne faisaient aucun effort pour m'aider à m'adapter. Puis est arrivé deux enfants. Ragnor et Catarina. Ils étaient amis avant que leurs parents meurent dans un accident de voiture lors d'une soirée qu'ils avaient passés ensemble.

Je souris en me souvenant de leur arrivée.

- J'étais toujours tout seul dans mon coin. Les autres enfants indonésiens avaient été au fil de l'an adopté alors que moi personne ne semblait s'intéresser à ma petite personne. Les deux enfants se sont vite approchés de moi, tentant de se lier d'amitié avec moi. J'étais quelqu'un de très méfiant. Et puis un jour Ragnor a réussi à me faire rire en faisant le pitre. Et depuis ce jour-là nous sommes devenus tous les trois inséparables. Ils m'ont appris l'anglais. Ils avaient trois ans de plus que moi. Ils m'ont appris à écrire. Ils ne m'ont jamais lâchés. Nous avions un pacte. Sortir d'ici tous les trois ensemble ou rester là jusqu'à notre majorité. Si une famille s'intéressait à l'un de nous, nous nous rendons impossible. Faisant les pires bêtises possible.

La nostalgie de cette période me retourne le cœur. Ils ont été mon monde. Mon pilier dans ce pays inconnu.

- Les années ont passées et nous avons fini par être les plus vieux de l'orphelinat. Les adultes étaient désespérés de nos cas. Quand Rag' et Cat' atteignirent leur majorité, ils ont décidés comme d'un accord de se marier et de m'adopter pour pas que je reste seul là bas. Je suis donc sorti de cet enfer à quinze ans et nous avons vécus les meilleures années de ma vie.

Le chagrin se fraye un chemin tortueux et mes yeux se brouillent.

- À mes dix-sept ans, nous sommes sortis dans un bar. Mes amis et accessoirement parents adoptifs voulaient me faire découvrir ce qu'était de faire la fête. Ils me jugeaient assez grand pour le faire. J'aurai aimé que cette soirée n'existe jamais. La soirée s'est bien passées, vraiment. Jusqu'à ce qu'on décide de rentrer. Nous habitions dans un petit appartement trois pièces dans le quartier de Brooklyn. Ils travaillaient durs pour assurer notre quotidien et que j'ai des cours en distanciel. Car je n'avais aucun papier. Oui, l'orphelinat ne s'était pas embarrassé à me donner la nationalité. Nous étions presque arrivés. Presque.

Ma voix déraille. Je me mords la lèvre. Bon sang. Je n'ai jamais raconté ça à quiconque et je suis là à me livrer à un gosse que je connais que depuis quelques semaines. Je débloque complet. Ses doigts enserrent avec douceur les miens et nos yeux se croisent. Je n'y lis aucune pitié, juste de la douceur. Je me force alors à continuer mon cauchemar. Ce jour où j'ai tout perdu.

- Une bande s'est approchée de nous. Elle avait l'air de nous attendre. J'étais un peu éméché donc je n'ai pas compris sur l'instant qu'ils en avaient après nous. C'est seulement quand ils ont attrapé Cat' que je me suis rendu compte que l'on avait des ennuis. Si seulement cela avait été qu'une simple bande de voyous. Très vite ils nous ont maîtrisés. Quand je me suis réveillé, j'étais dans une cellule avec d'autres hommes plus ou moins mon âge. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Ragnor était là, aussi perdu que moi. Notre captivité a durée plusieurs jours. Nous n'avions aucunes nouvelles de Cat'. Au fil des jours nous avions compris que nous étions de simples marchandises pour des hommes et femmes influents venant du monde entier. Un des prisonnier, Raphaël, nous a expliqué quelques trucs qu'il avait su glaner en laissant trainer ses oreilles par-ci par-là et en parlant avec d'autres détenus. Les femmes étaient en général les premières à partir. Rag' et moi étions terrifiés pour Cat'. Nous étions tellement impuissant.

Je bois une grande goulée d'alcool. Me souvenir de cet endroit me retourne l'estomac.

- Puis un jour Rag' et moi avons été traîné hors de notre cellule. Nous étions enchaînés, crasseux et mort de faim. Nos geôliers ne nous donnaient que le strict minimum. On nous a traînés jusqu'à une immense salle où nous avons été présenté aligné l'un à côté de l'autre sur une estrade. Je me souviens encore de tous ces hommes et femmes assis, leurs yeux de convoitises. Ils avaient pour certains un homme ou une femme enchaîné à leur pied. On se serait cru au moyen-âge. Et soudain, je l'ai vu. Elle était là, les pieds liés, sur les genoux d'un homme qui passait ses horrible mains sur la peau chocolat de mon amie. Son regard était vide. Rag' l'a vu aussi et alors tout a dégénéré. Mon ami est devenu enragé. Je ne sais pas comment il a fait mais il a bondi hors de la scène pour aller directement sur l'homme. Il a su écarter Cat' et a rué de coups l'acheteur de notre amie. Et alors ça été la cacophonie dès qu'un coup de feu a retentit. Ça s'est mis à hurler dans tous les sens, les gens se bousculaient, certains esclaves furent laissés en arrière. Rag' se défoulait toujours sur l'homme jusqu'à un second coup de feu. Alors comme au ralenti, j'ai vu le corps de mon père d'adoption s'écrouler, le cri perçant de sa femme et moi, moi immobile, incapable de faire quoique ce soit. Puis le temps a semblé reprendre court. Le sang s'échappant du corps...

Je sens mon corps frissonner d'effroi à ces images qui resurgissent.

- La personne qui a tué notre ami n'était qu'un putain de garde du corps. Il a mit fin à la vie de Rag' comme ça. D'une simple pression sur une gâchette. Quand j'ai repris contenance, j'ai sauté aussi de l'estrade et me suis rué sur Cat'. Je l'ai entraîné avec moi, j'ai cherché une sortie, profitant de la panique.

Je sors un instant de mes souvenirs. La suite est tout aussi tragique mais j'ai compris son geste. Je ne peux pas lui en vouloir. J'aurai aimé être plus fort à l'époque mais aujourd'hui je leur rends honneur et les venge. Je ne peux faire que ça.

- Nous avons su retrouver notre chemin jusqu'à notre logement. Mais plus rien n'était comme avant. Cat' n'a jamais voulu me dire exactement ce qu'elle avait vécue jusqu'à ce que je le lise... Elle a tenu un mois. Un mois où chaque nuit elle se réveillait en hurlant, en pleurs et malgré toute la volonté du monde, je n'étais pas celui dont elle avait besoin. Un jour j'ai dû sortir faire quelques courses...

Ma voix se brise. Si seulement je n'étais pas sorti. J'ai compris plus tard que peu importe si j'étais sorti ou non, ses jours auraient tout de même étaient comptés. Elle n'y arrivait plus.

- Quand je suis rentré, une lettre m'attendait. Ses affaires avaient disparues. Alors j'ai compris. Elle était partie. J'ai lu sa lettre. Tout ce que ce salopard lui avait fait était immonde. Son corps et son cœur étaient trop brisés. La mort de Rag' l'a anéanti. Elle ne voulait pas me faire revivre un suicide alors elle est partie. Je ne l'ai plus jamais revu. J'ai juste vu, un jour dans les journaux qu'une femme métisse d'environ vingt ans avait été retrouvée morte sur les berges de l'East River. J'ai alors compris que c'était elle. C'est ce jour-là que je me suis juré de tous les faire tomber quitte à être un être sans pitié, un meurtrier. Seuls tes parents n'étaient pas dans ma liste. J'ai agi pour protéger mon identité.
- Alors cette jeune fille... Shelby ?
- Ah oui... Douce Shelby. Elle est la seule que j'aurai aimé qu'elle ne fasse pas partie de tout ça. Elle était réellement une fille aimante. Seulement avec ses proches du moins. Sa famille l'avait déjà corrompue. Bien qu'ils soient morts, elle avait gardé cette idée d'avoir des esclaves. Je ne pouvais pas laisser ça arriver. Elle n'a malheureusement pas eu de chance d'avoir une telle éducation.
- Alors tu tues bien que des mauvaises personnes...

Sa réponse si naïve m'avait fait sourire de façon indulgente. Depuis il s'était donné comme mission de m'aider.

Vraiment adorable.

Mais je ne souhaite pas en faire un tueur. Il a assez baigné dans la violence depuis son plus jeune âge. Il s'est d'ailleurs ouvert à moi. Me parlant de ce qu'il a vécu tel un robot. Il ne laissait aucune émotion le traverser quand il me racontait les horreurs subit. Alors depuis nous travaillons les émotions.

Et soyons clair. Cet enfant avait été enfermé émotionnellement. Lui faire comprendre ce qu'est la joie, la peur, la colère, le stresse, l'amour, la rancune et j'en passe est des plus compliqué. Il a assez vite saisi les concepts comme la tristesse et être content mais le reste est flou pour lui. Alors quand il ressent quelque chose, je lui demande de me décrire ce qu'il ressent physiquement. Et c'est un vrai studieux. Il annote tout ce que je lui dit !

Un doux sourire prend place sur mes lèvres quand je vois un bout de langue dépasser des lèvres charnues d'Alexander. Ces dernières semaines je me suis surpris à le reluquer ouvertement, à imprimer chaque mimiques, à décrypter chaques gestes. Je m'exaspère de vouloir lui faire plaisir, d'avoir le cœur qui bat plus rapidement quand l'un de ses rares sourire ourle ses lèvres quand il me regarde, de perdre mes mots quand nos regards s'accrochent un peu trop longtemps et intensément.

Bref.

Je suis fichu.

Et ça ne me déplaît pas tant que ça...

Et voilà ! Nous en savons donc beaucoup plus sur le pourquoi Mag's est un tueur. Je réserve encore quelques confidences pour plus tard mais le principal est là.

Au prochain chapitre, nous allons découvrir notre petit Alec en proie à des envies particulières et qu'il ne comprends pas 🥰 et aussi un changement de pays.

Qu'avez-vous pensé du passé de Magnus ?

A bientôt~

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