Chapitre 2 : Ich brauch dich doch zum Glück
Ce qu'en disait Severus Rogue :
Des murs noirs et froids. Vides. Presque aucun meuble. Carrelage froid d'un noir glacial. Coupants car ébréchés. Presque pas de lumière dans cette pièce, jamais. La fenêtre est minuscule, trop haute et fait directement face au mur de la maison d'en face. Ainsi la cuisine de l'appartement de l'Impasse du Tisseur reste constamment dans la nuit, en toute saison et à toute heure.
La maison où j'ai grandi à toujours été et m'a toujours semblée être ainsi : plus froide qu'un cachot, plus sombre qu'un tombeau. Mais jamais le vide de ces murs de m'a si implacablement renvoyé ma solitude.
Quelque part dans ce pays, à ce moment même, aujourd'hui, la femme que j'aime se marie. Avec un autre. Évidemment...
Pire encore qu'un autre. James Potter.
Le carton d'invitation qui m'a été envoyé a immédiatement fini dans la fausse cheminée. Carbonisé. J'ai perdu, certes. J'ai tout perdu même, oui. Mais il me reste encore un semblant de dignité. Je refuse d'aller le voir définitivement gagner.
Comment aurais-je pu prévoir que notre amitié allait se terminer ? Comment aurais-je pu prévoir que les choses allaient ainsi se terminer ? Tout ça pour trois mots. Trois mots laids et idiots. Trois mots que je n'ai jamais pensés. Trois mots que j'ai pourtant prononcés. Trois mots qui ont tout achevé. Trois mots qui ont détruit notre amitié et tout ce qu'il pouvait y avoir entre nous. Trois mots pour détruire mes espérances. Je ricane amèrement. C'est tellement facile de gâcher sa vie... C'est tellement facile de passer à côté du bonheur... Trois mots suffisent.
Le meuble de cuisine le moins cassé, juste à droite du fourneau à gaz qui est tellement encrassé qu'il en est un danger. La porte, désaxée, grince lorsque l'on en ouvre le battant. Je hais ce son qui me rappelle tant de pensées douloureuses et de mauvais moments. Rien qu'à l'entendre encore, quoiqu'il se soit depuis passé du temps, je grimace encore instinctivement. Je sais quoi y trouver. Evidemment. Des bouteilles d'alcool, fort et bon marché. Evidemment. Lorsque ce son retentissait dans le silence constant de cette maison, ça n'annonçait jamais rien de bon ni pour ma mère ni pour moi. Merci beaucoup Papa...
Non, je ne veux pas penser à lui. Ne pas penser à mon père. Surtout pas dans ce moment-là.
Sortir la première bouteille venue du placard. Qu'importe laquelle après tout. Attraper un verre, quelque part, sur l'évier. Recouvert de crasse comme à l'ordinaire. Cent lavages ne le nettoieraient jamais. Une étrangeté propre à la famille Rogue, ou peut être à la famille Prince, qui sait ? Après tout, tant de saleté, ça a surement un peu quelque chose de magique. Je rejette sans ménagement mais avec un dégout mêlé de mépris le verre dans l'évier. Qu'importe dans quel état il va réatterrir ? Qu'en ai-je à faire après tout s'il veut se casser ?
Je porte la bouteille à mes lèvres et bois directement au goulot. Le gout est acre ou trop sucré. Je crois que je le hais. Une deuxième gorgée.
Ne pas penser à mon père dans ce moment-là. Surtout pas. Et ne surtout pas penser que je suis déjà en train de commencer à lui ressembler...
Tout ça à cause de trois mots. Trois mots bas et vils. Trois mots que je n'ai jamais pensés. Et surtout, surtout pas pour les lui associer. Comment pourrais-je associer une insulte si dégradante à une pareille beauté, à un pareil courage, à une pareille générosité? Trois mots que j'ai pourtant dits. Trois mots que j'ai pourtant prononcés.
Une troisième gorgée.
Je ne peux penser qu'à toi. J'aimerais que tu sois auprès de moi. J'ai besoin de toi pour être heureux. Pourquoi n'es-tu pas auprès de moi ? Plusrien ne sera jamais comme avant, sans toi.
Je ferme les yeux une fois, et c'est les tiens que je revois. Des yeux verts comme le printemps , verts comme l'émeraude , verts comme le feuillage d'un arbre. Tes yeux verts.
Je ferme les yeux une deuxième fois et je revois ton émerveillement lorsque tu es entrée pour la première fois dans la Grande Salle de Poudlard. Tes yeux brillaient et tu souriais, fascinée par tant de beauté. Pour toi la magie était bien plus qu'un outil, qu'une source de pouvoir ou qu'un mode de vie. Avec toi la magie devenait fabuleuse, devenait fantastique, devenait merveilleuse. Avec toi la magie avec quelque chose de véritablement magique.
Je ferme les yeux une troisième fois et je cherche ta main... Je regrette tellement... Sans toi, plus rien ne sera jamais comme avant.
Une quatrième gorgée.
Il n'y a pas de pendule dans cet appartement. Aucune idée de l'heure qu'il est. Aucune idée non plus de l'heure à laquelle se déroule la cérémonie. Mais j'imagine qu'ils doivent être à cet instant en train de se dire oui. Plus d'espoir. C'est fini.
En même temps, c'est depuis longtemps qu'il n'y a plus rien à espérer. Et ce n'est pas non plus d'aujourd'hui que je l'ai compris. Cela fait déjà plusieurs mois qu'il n'y a plus rien que j'espère.
Si je n'espère plus rien, alors, pourquoi est- ce que je souffre encore ? Pourquoi est- ce que je souffre encore autant ? Il suffit simplement que je ferme les yeux un instant pour que je voie ton visage en face de moi. Et si je les garde clos un peu plus qu'un instant, oh, juste un moment, je vois redéfiler tout notre beau temps. Le parc ou nous nous allongions dans l'herbe côte à côte en écoutant chanter les oiseaux et siffler le vent. Poudlard et sa bibliothèque, où nous faisions nos devoirs assis l'un à côté de l'autre, et je me dépêchais de terminer d'écrire pour recueillir quelques instants pour t'observer à la dérobée, penchée sur tes livres, relisant le cours tranquillement.
Et dire que maintenant c'est... C'est terminé.
Tout ça à cause de trois mots. Trois mots mesquins et méprisables. Comme moi. Je ne te mérite pas. Pourquoi ai-je dit ça ?
Ce n'ai pas ça que j'entendais quand je lui ai dit de me laisser tranquille. Ce n'est pas ça que je pensais quand je lui ai dit que je n'avais pas besoin de son aide. D'autant plus que, à la vérité, bien sûr que j'ai besoin d'elle. Bien sûr que si, j'ai besoin de toi, Lily. J'ai besoin de toi pour être heureux. Comment en est-on arrivés là ? Pourquoi n'es-tu plus là, avec moi ?
Une nouvelle gorgée. L'alcool me brûle la gorge. Une nouvelle gorgée. J'ai cessé de les compter.
On sonne à la porte. Je ne répondrais pas. Je ne suis pas là. Je ne suis là pour personne aujourd'hui, mon chagrin excepté.
Dusse ai-je en souffrir, je ne t'oublierai pas. Je ne peux pas t'oublier. Tu es trop belle pour que je puisse t'oublier. Tu as une trop belle âme pour que je veuille t'oublier. Tu m'as aidée à surmonter la violence de mon père et l'indifférence de ma mère. Tu m'as donné la force de continuer. Il n'y a qu'auprès de toi que je puisse sourire. Même si chaque fois que je pense à toi mon cœur se déchire. Même si chaque fois que je penserai à toi mon cœur devra se sentir poignardé. Je ne veux pas t'oublier.
On sonne encore, là dehors. Plusieurs fois. N'ai-je pas assez de malheurs comme ça pour qu'un raseur vienne en plus m'importuner ?
Ce sont vraisemblablement des gamins du quartier. N'ont-ils rien d'autre à faire qu'importuner les gens ? Ne pourraient-ils pas travailler, au lieu de trainer dans les rues en jouant avec les sonnettes, cette bande de désœuvrés ? Ne peuvent ils s'amuser qu'en nuisant à autrui ? N'ont-ils rien de plus intelligent à faire que de rire aux dépends d'autrui sur la base de plaisanteries d'un goût catastrophique et d'une bêtise absolue ?
Je ne peux supporter les gens de ce type. Les gens comme ce prétentieux de James et les trois abrutis de son fan-club. Tout ça, c'est de sa faute ! Tout ça, c'est de leur faute ! C'est eux qui ont joué les importuns pendant toute ma scolarité ! C'est eux qui m'ont poussé à bout ! C'est à cause d'eux que j'ai perdu Lily ! A cause de lui ...
Encore cette sonnerie. En continu qui plus est. Qui sonne sans jamais s'arrêter, me vrillant les oreilles.
Je me lève, furieux. Ces vauriens vont apprendre à me connaître !
J'entrouvre la porte, prêt à leur hurler dessus, ou, pourquoi pas, à les changer en vers de terre. Mais devant moi ne se tient pas une bande de jeunes voyous, mais Katherine en tenue de cérémonie.
« Salutations, Severus » dit-elle tranquillement.
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