Vendredi 8 Novembre

Merlin. Je crois que je vais monter tout en haut de la Tour d'Astronomie et sauter. C'est la dernière chose qui me reste.

Je suis à la Bibliothèque pour travailler mon Arithmancie. À la table d'à côté, il y ce petit idiot de Mike Douglas qui parle avec Léon Wilkes depuis presque une heure. Encore, ils parleraient à voix basse de Métamorphose ou de Potions, je voudrais bien. Ce ne serait pas la présence la plus agréable mais elle aurait au moins un sens. Mais non, ils ne font que bavarder bruyamment des problèmes de couple de Wilkes. J'ai envie de pleurer.

« Mais du coup, Emeline et toi, c'est terminé pour de bon ? Parce que la dernière fois que vous vous êtes séparés, vous vous êtes remis ensemble trois jours après alors je me demande ...

- Je ne sais pas, ça a toujours été compliqué mais là je crois que j'ai passé le seuil de tolérance, répond le Serpentard très sérieusement.

- Je me pose la question parce qu'au début d'année, je me suis demandé si j'étais intéressé par Kelly, tu vois, une des filles Melcion, mais en fait, j'ai peur de m'engager et de regretter après.

- Tu es encore jeune, tu as le temps pour ça. Le conseil que je peux te donner par contre, c'est d'éviter absolument de sortir avec plusieurs personnes à la fois. Franchement, ça n'apporte que des emmerdes. »

Je soupire fort en me disant que ça les ferait peut-être réaliser qu'ils sont dans une Bibliothèque et pas dans un Merlin d'article des courriers du cœur de Sorcière Hebdo. Mais rien ne les arrête visiblement et il est hors de question que ça m'oblige à quitter ce lieu dédié au travail.

« Mais Emeline, tu l'aimes encore ou pas du tout ?

- Tu sais, c'est elle qui revient vers moi en général. Je crois que ça fait un moment que je ne supporte plus ça et puis j'aimerais bien passer à autre chose. Tu vois, je ne suis pas sûr que céder à ses caprices lui rende service finalement. »

Sans blague. Et s'il s'en était rendu compte avant, ça aurait pu être utile aussi. J'appuie tellement sur ma plume qu'elle écorche le parchemin. Si je fais un trou dans mon devoir à cause d'eux, ils vont me le payer très cher. Ma patience a des limites. Mais je vois soudain l'once de tranquillité potentielle que j'avais voler en éclat. Lovener surgit d'entre les rayons, se précipitant sur Léon et son camarade de première année. Je ne pense pas qu'elle ait entendu ce qu'il vient de dire et honnêtement, je crois que je commence à avoir un peu pitié d'elle.

« Mon Léonichou, je t'ai cherché partout ! »

En entendant ça, je ne peux pas m'empêcher de lever la tête de mes calculs pour voir le visage apeuré de Wilkes. Ça se voit à des kilomètres à la ronde qu'il s'est mis là justement pour qu'elle ne le trouve pas. Je me mords la lèvre pour me retenir de pouffer de rire. Rien que l'idée qu'elle l'appelle « Léonichou » est tout à fait ridicule. Je vois Mike qui grimace. Il me lance même un petit regard amusé. Évidemment qu'il me voit, qu'il sait pertinemment que j'ai tout entendu et que je n'en rate pas une miette. Je fais semblant de me replonger dans mes tables de rituels.

« Ah, Emeline ...

- Je pense qu'il faut qu'on parle, Léon, susurre-t-elle.

- Je ... Tu sais, je ne sais pas si c'est une très bonne idée.

- C'est très important, Léon. Il faut que je te dise quelque chose, insiste-t-elle en s'approchant de plus en plus de lui.

- Je travaillais, ça ne peut pas attendre ? »

Il a un mouvement de recul et pose la main sur le livre qui gisait fermé au milieu de leur table. Il travaillait ? Ça me fait presque rire. Quelle farce, appeler travailler le fait de déranger tout le monde en ne faisant rien. Emeline passe une main dans ses cheveux et prend un air triste.

« Tu m'avais dit pourtant que ...

- Je t'ai aussi dit que c'était fini, Emeline. Il faut vraiment que tu le comprennes maintenant. »

Je relève la tête vers leur table, bouche-bée. Emeline est immobile devant lui. Il détourne ses yeux gris d'elle et il croise mon regard. Je frémis. Je sens qu'il s'adresse à moi autant qu'à elle, peut-être même qu'il a fait exprès de se mettre là pour que je puisse entendre ça. Je lève les yeux au ciel, incapable de soutenir son regard et réfléchir en même temps. Mais Emeline semble remarquer ma présence. Mike glousse alors qu'elle fonce sur moi, une fois de plus.

« Toi. J'aurais dû m'en douter. Tu n'es jamais loin quand il est là, n'est-ce pas ?

- J'étais là avant qu'il arrive. Arrête de croire que je le poursuis, parce que, ça, c'est ce que tu fais. J'ai clairement pas le temps de me battre avec toi aujourd'hui, Lovener.

- Je ne ferais pas la maline, si j'étais toi, Weasley.

- Tu aurais du mal à ce que ce soit crédible. »

Elle me regarde avec un air outré. Mike glousse encore plus. Je soupire en regrettant plus de ne pas avoir tenu ma langue. C'est sorti tout seul.

« Tu n'es qu'une sale garce, tu n'auras que ce que tu mérites.

- Quoi ? Tu vas en parler à ton père, c'est ça ? Mais apprends à te défendre seule, Emeline, ou laisse-moi vivre. »

Elle me jette un regard de haine. Son visage est tout déformé par la colère. Elle tourne les yeux vers Léon qui nous fixe, prêt à se lever pour intervenir. Elle revient vers moi et je jurerai voir un peu de peur dans son regard. J'entends les talons furieux de la Bibliothécaire. Rapidement, Emeline se penche vers moi et me chuchote :

« Merlin, Weasley, j'en ai rien à faire de toi. Tout ce qui m'importe, c'est que tu t'éloignes de Léon, d'accord ? Fais-le, s'il te plaît. »

Je la regarde, éberluée, alors qu'elle s'éloigne moi sous le regard de la vieille harpie qui garde la Bibliothèque avec son air féroce. S'il te plaît ? Mais à quoi ça rime enfin ? La vieille Madame Pince nous foudroie du regard et fait taire Mike qui ne peut pas s'empêcher de rire. Je pose mes yeux sur mon livre d'Arithmancie mais je ne peux m'empêcher de revoir l'air inquiet de Lovener. Je sais que je vais avoir du mal à me remettre à travailler, surtout si Wilkes et Douglas recommencent avec leurs commentaires mais ils font même pire. Je ne m'y attendais pas. Je les ai vu ramasser leurs affaires, j'ai eu l'espoir de les voir partir et je les ai vu poser leurs affaires sur ma table.

« Vous faites quoi, là ?

- Dis, Weasley, on dirait que tu as quelques problèmes avec Lovener, fait remarquer le première année de Serpentard en attrapant sa plume comme s'il allait travailler.

- Bien vu, minus. Vous comptez faire quoi, là ?

- On dirait aussi que tu écoutais notre conversation. »

Je dévisage Mike Douglas avec un regard désagréable, prenant soin de ne pas poser les yeux sur Léon.

« Fallait peut-être parler un peu plus bas. Il ne faut pas s'étonner que les gens autour entendent. En fait, je crois que toute la Bibliothèque vous a entendu.

- Quel dommage que tu ne sois plus préfète, soupire Mike en prenant un air triste.

- Toi, tu verras quand je serai de retour, je rattraperai le temps perdu. »

Il m'a lancé un sourire amusé et un petit clin d'œil complice. Mais qu'on lui donne un cerveau, ça devient inquiétant ! Je l'ai foudroyé du regard. Et soudain, Léon a parlé :

« Qu'est-ce que tu fais ?

- On est dans une bibliothèque, qu'est-ce que tu penses que je peux y faire ? soupiré-je avec un fond de surprise.

- Est-ce que tu peux venir faire un tour avec moi ? »

J'ai failli éclater de rire. Mais la blague me semble mauvaise.

« Non, dans une bibliothèque, on travaille ! m'exclamé-je à bout de nerf. Oh, c'est précisément ce que je voulais faire, si vous alliez plutôt embêter quelqu'un d'autre ?

- Mais là, tu ne travailles pas.

- A qui la faute, Merlin ? Non seulement vous parlez fort depuis une heure, vous amenez Lovener ici, vous vous incrustez à ma table mais en plus, vous ne savez même pas ce que le mot « travail » en lui-même signifie ? Encore que le nain ne sache pas, ça peut se comprendre, mais Wilkes, tu as quand même réussi à arriver jusqu'en septième année. La question est : comment ? Tu as corrompu McGonagall ou quoi ? »

Il me regarde en plissant les yeux, l'air de ne pas comprendre l'insulte glissée discrètement dans mes mots.

« Allez, tu peux arrêter de faire ça pendant quelques minutes.

- Pour aller « faire un tour » avec toi ? C'est une blague ?

- Il faut vraiment qu'on parle, sérieusement.

- Je suis très sérieuse. Vous me laissez tranquille. Je veux juste finir ce que j'avais commencé.

- D'accord. Je t'attends et ensuite on pourra finir ce qu'on avait commencé. »

Outrée, je le regarde en secouant la tête. Je n'ai même pas envie de m'épuiser à m'énerver, ça ne servirait à rien. Il soutient mon regard, effectivement sérieux. Je soupire simplement en me penchant à nouveaux sur mes calculs. Au fond, la curiosité me dévore, j'ai très envie de savoir de quoi il veut me parler. Ça concerne certainement les Salvateurs et je ne peux pas laisser passer l'occasion d'en savoir plus. Mais il me reste des doutes et la peur de la menace de Lovener. Je relève les yeux vers Léon. Il a ses yeux gris posés sur moi et je n'arrive pas à l'ignorer. Je tente de travailler malgré tout, un peu péniblement. Toutefois, je me dis qu'il faut peut-être qu'ils voient comment il faut faire pour comprendre. J'ai encore de l'espoir.

« C'est bon ? »

Il chuchote, impatient, dès que j'arrive au bout de mon parchemin. J'observe avec désespoir mon devoir. Il faudra que je le reprenne au calme, je suis sûre d'avoir fait des erreurs de calculs sur la fin. Je soupire en regardant enfin Léon avec des yeux noirs.

« Oui.

- Parfait, s'exclame-t-il. Viens ! »

Il ramasse mes affaires éparpillées sur la table et les range presque lui-même dans mon sac. Je fronce les sourcils et je jette un coup d'œil à Mike qui affiche un large sourire

« Qu'est-ce que t'as, minus ?

- Rien, je trouve ça juste ... Mignon. »

Merlin. Je lève les yeux au ciel et prends mon sac des mains de Léon. Je le mets sur mon épaule en foudroyant les deux garçons du regard. Léon se lève en gardant un petit sourire aux lèvres et me fait signe de le suivre. J'ai un moment d'hésitation pendant lequel le nain de Serpentard envoie des baisers dans l'air avec un air particulièrement idiot. Je secoue la tête et suis Wilkes à l'extérieur.

« J'espère vraiment pour toi que tu as une bonne raison, Léon. »

Il jette un coup d'œil tout autour de nous, un peu inquiet, et continue à marcher rapidement vers le parc. Je soupire, exaspérée par cette attitude étrange.

« Viens, on va dehors. On sera plus tranquille.

- Elle a tendance à te suivre, n'est-ce pas ? »

Il se retourne vers moi et soupire. Emeline jalouse est pire que d'habitude. Il a l'air d'en souffrir un peu. En même temps, je ne crois pas que ça m'attriste vraiment. Je pense même que c'est un peu mérité. Il s'arrête enfin au bord du lac, dans un endroit caché des regards par la végétation. C'est ravissant. Je le regarde avec des yeux froids, un peu circonspects, attendant qu'il parle enfin de choses intéressantes. Il prend le temps de regarder un peu l'eau du lac se déposer en vaguelettes sur le sol sablonneux et commence enfin :

« Je ne t'ai pas tout dit. »

Je le fixe, les bras croisés, pas vraiment étonnée. Il complète :

« Sur ce dont m'avait parlé Emeline. »

Je hoche la tête en continuant à le regarder avec insistance.

« En fait, l'autre fois, j'avais peur que ... Que tu ne comprennes pas ou que tu veuilles protéger Reeve. Je sais pas, c'est sûrement idiot. J'avais peur que tu m'envoies juste balader comme d'habitude quand j'essayais d'en savoir plus sur Scott et pourquoi vous étiez bizarres. Mais tu es la seule qui semble vraiment vouloir comprendre, qui cherche à fouiller un peu cette histoire. Personne d'autre n'agit, les agressions continuent et ne pas comprendre pourquoi me faisait peur. En sachant pourquoi, ça me fait encore plus peur. »

Je l'observe en déglutissant. Il a l'air très sérieux, le regard gris planté vers l'horizon. Il n'ose plus se tourner vers moi et il parle et je n'arrive pas à l'arrêter.

« Mais en fait, je n'avais pas compris certains signes. Ton intérêt pour Scott, ton père, McGonagall et enfin, le Ministre et ses Aurors. Rien n'arrêtera les agressions.

- Elles ne sont que des écrans de fumées ..., murmuré-je.

- Oui, acquiesce-t-il. C'est l'impression que ça donne. On ne sait jamais ce qu'il se passe, on ne sait pas pourquoi. »

Il souffle profondément, presque soulagé d'avoir partagé ses doutes avec quelqu'un. Je plonge les mains dans mon épaisse robe de sorcier. Je sens tout au fond le bout de papier tombé du dossier de l'Auror. J'ai le sentiment de ne rien savoir de concret mais j'ai tout de même des éléments épars, dans toutes les directions. Il y a des choses qui s'expliquent et beaucoup qui se compliquent. Et Léon qui semble se poser les mêmes questions que moi. Je soupire en hésitant à lui révéler ce que je sais. Il ne dit rien de plus. Je prends une grande inspiration.

« Il y a beaucoup de choses que je ne comprends pas moi non plus. Mais tout a l'air de tourner autour de ces Salvateurs. Je ne sais pas bien qui ils sont ni ce qu'ils font mais je crois qu'ils le font bien. Ils manipulent tout le monde et rien ne semble les atteindre.

- Oui, Emeline a prononcé ce nom à plusieurs reprises. Ça a l'air d'être un réseau très complexe.

- Je suis persuadée que ce sont eux qui ont enlevé ma mère. »

J'ai dis ça dans un souffle, en espérant presque que Léon ne l'entende pas. Mais il pose ses yeux sur moi. Je frissonne. Le vent dans les feuilles rougissantes emplit le silence. J'ai une légère envie de pleurer mais j'ai peur que ce soit trop dramatique. Je lève les yeux vers le ciel pour éviter les larmes. Puis je dis, la voix amère :

« Alors non, je ne protège pas Scott. Et je comprends ta peur.

- Pourquoi tu es sortie avec lui si tu savais qu'il faisait partie d'un truc pas net ? »

Je hausse les épaules.

« Pourquoi tu sors avec Emeline ?

- On ne sort plus ensemble.

- Franchement, ça revient au même. Tu vas craquer la semaine prochaine, ajouté-je avec un petit rire dédaigneux. Tu finis toujours pas le faire. »

Il soupire en s'agitant un peu. Il essaye d'aplanir le sable du bout de sa chaussure mais il reste toujours des bosses qu'il n'arrive pas à enlever.

« Je crois que je l'ai mérité, finit-il par dire. Mais ça ne me dit pas pourquoi tu es allée avec Scott alors que tu étais au courant.

- Parfois, il n'y a juste pas d'explication rationnelle. C'était comme ça. Il s'est bien servi de moi. Je l'ai aidé en espérant me servir de lui en retour mais je n'aurais pas dû. Et quelque part, je devais bien l'apprécier un peu. »

Il fait une moue un peu sceptique, ne comprenant visiblement toujours pas comme c'est possible. Je hausse les épaules avec fatalisme. Ce qui est fait est fait. On reste à observer le lac et ses reflets sombres quelques instants, en silence. Puis je l'entends prendre une plus grande inspiration.

« J'ai entendu Emeline discuter avec un des Aurors. Tu avais raison. Je ne sais pas si Emeline a vraiment été agressée ou non mais le Ministre avait déjà prévu d'envoyer des Aurors à Poudlard depuis un moment. Ça l'arrangeait qui sa fille soit mise en danger. Personne ne critique un père qui protège son enfant. Et de ce que j'ai entendu, le Monsieur Lovener semble être très lié à ce réseau de Salvateurs. S'il n'en est pas directement à la tête, il les soutient ou il s'en sert.

- J'ai l'impression qu'on est dans un jeu d'échec et que nos adversaires sont en train de placer leurs pions pour nous tendre un piège. Je n'arrive pas bien à me figurer exactement à quel point l'échiquier est grand, ni ce pourquoi l'on se bat mais ce qui est sûr, c'est que c'est très dangereux.

- Molly, chuchote Léon. Promets-moi de ne pas me laisser me battre seul contre eux. »

Je lève les yeux vers lui. Il me regarde sans cligner, les sourcils légèrement courbés d'inquiétude. Je sens mon cœur accélérer. Je ne peux pas refuser son aide. Elle me semble trop précieuse. C'est la première personne en dehors de Minerva qui peut me comprendre. Je ne peux pas m'empêcher de poser une question qui me taraude :

« Quelles sont tes raisons à toi de te battre contre eux ? »

Il paraît presque étonné et grimace légèrement.

« Ce sont de nouveaux mages noirs qui veulent dominer le monde, ce n'est pas suffisant pour toi ? »

Je le regarde attentivement avant de hocher la tête.

« Je ne suis pas capable de m'arrêter de me battre contre eux de toute façon. »

Il esquisse un doux sourire de soulagement. Je suis sûre qu'il y a autre chose. Il ne peut pas faire ça juste pour le bien commun. C'est trop. Il a forcément une raison plus personnelle. Je croise les bras, un peu embarrassée, et je vois dans l'éclat de ma montre qu'il va être l'heure de ma retenue avec McGonagall.

« Je dois y aller.

- Oui, bien sûr.

- Et je ne crois pas que personne d'autre n'agit. Mais je pense qu'il est difficile de s'opposer publiquement à un tel groupe.

- Tu penses à ton père ? demande Léon en arquant un sourcil.

- Non, à McGonagall. Depuis que je vais en retenue avec elle, j'ai l'impression qu'elle ne fait que laisser des indices pour moi.

- Quel genre d'indices ?

- Je trie des dossiers pendant des heures. Des dossiers vraiment variés. Hier, elle a laissé traîner le dossier d'un des Aurors qui est à Poudlard en ce moment. Un dénommé Murphy O'Burke. Tu le connais ? Il est certainement mêlé aux trafics de Zabini de l'an dernier. »

Léon hausse les épaules en regardant le Calmar Géant s'agiter au loin.

« Le nom me dit vaguement quelque chose mais je n'ai jamais entendu parler de ça.

- Tu ne vois pas non plus qui peut être « F » ? »

Il me semble voir dans ses yeux une étincelle de compréhension mais il secoue la tête.

« Quelqu'un dont le nom commence par F ? Je ne sais pas, ça pourrait être n'importe qui. »

Je hoche la tête. J'ai l'impression qu'on passe à côté d'une évidence mais il a raison. Ça pourrait être des Froste, des Flint, des Finnigan... Mais tous ne font pas l'objet d'un rapport précis. Léon semble tendu. Je soupire et commence à remonter vers le château. J'aurais peut-être dû lui dire quelque chose de plus. Une sorte de remerciement pour sa confiance ou un simple au revoir. Je n'ai rien dit. Je jette un coup d'œil derrière mon épaule. Il me regarde m'éloigner. Je ne peux m'empêcher de sourire. On dirait bien que Wilkes a choisi un camp et que pour une fois, ce n'est pas celui de Lovener. Il faudra que j'en discute avec Garance.

« Miss Weasley. »

Soudain, un corps épais me bloque le passage. Je reconnais le timbre de la voix avant de lever les yeux vers son visage. C'est un des Aurors qui traîne dans les couloirs. Il y a une chance sur deux pour que ce soit le fameux O'Burke.

« Regardez où vous allez. »

Je le dévisage sans rien dire. Ses yeux me font l'effet d'un pic à glace. Je frémis. Il a vu Léon, c'est certain. Il nous a certainement vu discuter au bord du lac. Est-ce que les Aurors peuvent entendre de si loin ? Est-ce qu'ils connaissent des sorts qui le permettent ? Mais qu'il ait entendu notre conversation ou non, il sait que je n'ai pas respecté ce qu'Emeline m'a gentiment demandé. Je sens une boule grossir dans mon ventre. L'Auror sourit, ce qui ne le rend en rien plus aimable. Son regard perçant me fait peur. Il me fait signe de dégager de son chemin. Après lui avoir lancé un regard noir un peu malgré moi, je file vers l'intérieur du château.

Je ne suis rassurée qu'en passant la porte du bureau de la directrice. Elle me fait signe d'entrer et de faire comme d'habitude. Je passe devant la rangée de tableau des anciens directeurs. J'ai l'impression qu'Albus Dumbledore me regarde fixement avec son petit sourire mystérieux. C'est une figure qui m'embarrasse toujours et son air malicieux ne me met pas particulièrement à l'aise. Mais ça ne pourra jamais être pire que le regard dédaigneux de Severus Rogue juste à côté de lui. Je me faufile jusqu'aux étagères du fond. Ce qui m'arrangerait serait de savoir où sont rangés les rapports. Mais je n'ai pas l'impression d'en avoir croisé depuis le début de mes retenues. Ils sont peut-être ailleurs, déjà à la réserve ou dans le bureau du concierge.

Je me mets au travail sans chercher quelque chose en particulier. Je tombe sur une pile de parchemin qui a dû être ramassée rapidement et mélangée. Ils ont dû s'échapper des dossiers que j'ai déjà rangés. Je soupire. Quand j'ai l'impression d'avoir fini avec une partie, il y a toujours de nouvelles choses à trier. Prenant les parchemins un à un, je les remets dans leur dossier d'origine. Parfois, je dois même essayer de deviner à qui ils appartiennent. Il y a des comptes-rendus de fin d'année avec des appréciations des professeurs, des bulletins de notes de BUSE, des commentaires sur l'orientation. La variété de paperasse m'impressionne.

Après de longues minutes à chercher le dossier d'Ariel Lufkin qui rêvait de devenir briseuse de sort, je vois sur le dessus de ma pile le nom de Victoire Weasley. Au moins, je sais où se trouve son dossier. Je n'ai pas particulièrement envie de lire cette note qui semble faire le bilan de sa cinquième année. Mais mes yeux s'accrochent à un petit numéro. Tout en bas, un professeur fait référence à un certain rapport 76. Je me fige. Qu'est-ce que ma cousine Victoire a à voir avec cette histoire ? Je relis attentivement le parchemin. Des mesures ont dû êtres prises suite à ce rapport 76 et Victoire a semble-t-il été témoin de quelque chose.

Je n'arrive pas à voir quelle est cette histoire. J'étais en deuxième année et je pense que personne n'a voulu nous mêler à ça. Mais quand il se passe quelque chose à Poudlard, tout le monde finit par savoir. Il faut que je demande à Victoire, elle sait forcément de quoi il s'agit. Ça n'a peut-être aucun lien avec les Salvateurs mais j'ai l'impression que ce n'est pas un hasard. Il y a des choses qui se sont passées et d'autres qui ne sont peut-être pas vraiment terminées. Ça me donne des frissons.

Je continue à redonner un dossier aux parchemins volants, triant au passage les dossiers qu'il me reste dans l'étagère de leur année. Je parcours à nouveau les noms de l'année de Victoire. Il y a deux personnes dont le nom commence par un F. Rosaly Flemming, une Poufsouffle à la scolarité des plus tranquilles, et Alex Ford, un Gryffondor qui a été Préfet-en-Chef avec Victoire et également son petit-ami pendant assez longtemps. Rien dans leurs dossiers n'indique qu'ils soient mêlés au rapport 76.

Je soupire. Il faudrait que je passe en revue tous les F qui étaient à Poudlard en même temps que Victoire. Mais si je fais ça, je n'aurais jamais terminé de tout trier avant la fin de mes deux semaines. Il reste une montagne de dossiers plus anciens et de parchemins qui ont été ramassés dans un ordre quelque peu douteux. Je ferais mieux de simplement ouvrir l'œil et être à l'affût de tout indice qui peut traîner. Connaissant Minerva, elle est capable d'avoir fait exprès d'en laisser autant. Elle aurait pu juste m'en parler, ça aurait été plus simple.

Je jette un coup d'œil dans sa direction. Elle semble toujours occupée à quelque chose. J'ai peur de la déranger. Mais ça ne me dit pas pourquoi elle me montre ça. Oh, Minerva, que se passe-t-il vraiment à Poudlard et dans le monde sorcier ?

***

Bonjour charmant lecteur ! Voilà un nouveau chapitre de terminé, j'espère qu'il vous a plu. 
Je ne sais pas très bien quand arrivera la suite, je risque de ne pas avoir d'internet tout le temps en vacances, ou de ne pas avoir vraiment de temps pour écrire pendant le mois de juillet. Mais ne vous inquiétez pas, elle arrivera un jour ^^ 
En attendant, n'hésitez pas à aller voir la fanfiction sur Percy et Audrey que j'ai commencée à publier !
Bisous et profitez bien de l'été !

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