Vendredi 13 Septembre
Je ne suis pas du genre à être superstitieuse mais cette histoire de Vendredi 13 ne m'inspire pas trop aujourd'hui. Je me sens toute barbouillée ce matin, à croire que l'impatience, le manque d'information et le stress ne font pas bon ménage. Je me traîne dans la Grande Salle, boudeuse et m'assois, affrontant les regards inquiets de mes amis. Roxanne fronce les sourcils :
« Dure semaine, dit-elle. Ça ira mieux ce soir, on sera en weekend et on pourra enfin se détendre un peu.
- Ne me parle pas de ce soir, » grogné-je entre mes dents.
Comme si elle venait de se souvenir de ce qu'il y avait ce soir, elle ouvre la bouche mais semble finalement se résigner à ne pas faire de commentaire. Je me renfrogne et mange mes céréales sans appétit. Fred secoue la tête en me regardant et essaye de me rassurer :
« Ne t'inquiète pas, on va tout faire pour essayer de le démasquer. Maintenant qu'on a son écriture, on peut même demander à Victoire de chercher à comparer avec d'autres élèves pour trouver le tien.
- Oui, complète Evan. Tu n'es pas toute seule, Molly. »
J'esquisse un petit sourire fatigué et pose ma cuillère, un peu plus déterminée. Je plisse les yeux et acquiesce. Je suis un peu injuste avec mes amis parfois, ils font de leur mieux pour m'aider et je ne leur rends pas bien. J'allais leur dire à quel point je les aimais bien quand quelqu'un m'a tapoté sur l'épaule. Je me suis retournée si vivement que je m'en suis fait mal à la nuque. Me massant légèrement, je soupire en dévisageant Léon Wilkes qui me demande :
« Tu as demandé à McGonagall alors pour ce soir ? »
Je ne l'ai pas prévenu, j'ai oublié. Vraiment navrée, je grimace :
« Oui, elle est d'accord.
- Et ça ne t'intéresse toujours pas cette petite fête dans la salle commune ? »
Je lui ai fait un sourire contrit et j'ai agité mon doigt pour qu'il s'approche suffisamment pour que je puisse dire en ne lui murmurant pas à l'oreille :
« C'est un non. »
Il se recule en haussant les épaules comme pour dire qu'il avait essayé. Ça m'a presque fait rire. Pour le faire partir, j'ai ajouté avec un air un peu dégoûté :
« Déjà qu'on passe la soirée ensemble, j'ai pas envie de finir comme vous.
- Comment ça comme nous ? Tu as un problème avec les Serpentard ? Mais tu oublies l'entente entre les maisons, s'indigne-t-il.
- Parce que vous êtes trop bien pour moi, toi et ta bande. Tu te souviens, tu risques de devenir chiant à passer trop de temps à passer avec moi. Alors dégage. »
Il affiche un sourire amusé et s'en va vers sa table. Je me retourne vers la mienne, voyant que Roxanne et Fred me regardent avec un air bizarre, je hausse mes épaules :
« Ce qu'on ne ferait pas pour trouver ce gars qui a des informations.
- Ce qui me rend dingue, note ma cousine en secouant la tête, c'est qu'on a beau faire ce qu'on peut pour la faire sourire et lui remonter le moral, la seule chose qui marche, c'est discuter avec Léon Wilkes. »
Je fronce les sourcils, j'ai fait ça ? J'ai vraiment souri en discutant avec ce crétin ? Elle a raison, je me laisse totalement aller. Inquiète, je leur demande en baissant la voix :
« Je devrais peut-être aller l'inviter à la réunion de crise, maintenant que c'est mon nouveau meilleur ami. »
J'affiche un sourire définitivement moqueur pendant que Roxanne soupire en voyant que je me ris d'elle. Ses cheveux bruns et bouclés suivent le rythme de sa tête quand elle l'agite pour me signifier que ce n'était pas drôle. Merlin, je crois que je ne ferai pas carrière dans l'humour. Je vais de déceptions en déceptions aujourd'hui. J'espère que le cours de Métamorphose me fera penser à autre chose. Déjà le Professeur Bloom est plutôt bel homme. La carrure d'athlète, le regard bleu glacial et le cheveu brun, on a déjà vu pire. Ne serait-ce que le Professeur Binns qui est un peu pâle ces derniers temps. Mais en plus Monsieur Bloom a un joli curriculum vitae, il a passé des années à étudier la métamorphose à Uagadou. Il est Animagus accompli et se transforme régulièrement en Aigle royal. C'est le directeur de la maison Serdaigle, c'est à la fois en adéquation et impressionnant. Néanmoins il ne rivalise pas avec Neville Londubat, directeur de la maison Gryffondor, qui est tout de même un héros de guerre, peut-on faire mieux ?
En Métamorphose, je suis généralement à côté d'Effie et depuis qu'il est arrivé, lors de notre deuxième année, elle soupire en le voyant entrer dans la salle, battant majestueusement des ailes pour se poser sur le bureau. Je suis obligée de lui donner des coups de coude pour qu'elle ne bave pas partout sur ses parchemins quand il se transforme pour nous regarder de ses yeux bleus perçants. Tout de même, elle sort avec mon cousin, elle n'a pas intérêt à faire d'infidélités. Elle me lance un sourire éclatant alors que je m'assois à côté d'elle. Elle a l'air heureuse de revoir les sortilèges de Transfert. C'est vrai qu'il n'y a rien de mieux que de voir un corbeau avec des ailes de mouches. Les pauvres, le Professeur n'a aucune compassion pour les animaux.
À la sortie, je discutais avec elle et beaucoup d'entrain d'un lion avec un corps de blaireau, forme de métaphore de l'étrangeté de voir des Poufsouffle et des Gryffondor ensemble. Bien entendu, nous ne critiquons pas à tout bout de champ les Poufsouffle, ils sont adorables et ont eux-mêmes beaucoup d'humour. La preuve, Dorian Smith, leur préfet, s'est même joint à nous pour en rire. Il a trouvé la combinaison du blaireau avec des ailes d'aigle et alors qu'on allait renchérir avec le lion à tête de serpent, créature terrible, on s'est fait couper la parole par un de ces Serdaigle arrogants et méchants. On ne parle pas assez des défauts de cette maison mais la vérité, c'est qu'elle regorge de diversité et de contraste. On va quand même d'Eugénie, la fille la plus gentille de la Terre à Lysander Scamander.
Il me regardait d'ailleurs avec de drôles d'yeux. Fatiguée, je n'ai pas pris le temps de l'écouter. Il était comme un bruit de fond dans mes oreilles mais quand il a commencé à gâcher ma vue, j'ai compris que je ne pourrais pas y échapper à nouveau.
« Oui, Scamander ? Est-ce que tu as un problème qu'en temps que Préfet tu as des difficultés à résoudre ? Tu as un souci pour comprendre le cours de Métamorphose ? Ou tu voudrais qu'on discute d'une activité que tu veux organiser pour les Serdaigle et qui pourrait intéresser tout le monde ? »
Je le regarde en battant des paupières, avec cet air innocent que je sais pénible. Je le fais exprès. Il soupire et passe une main dans ses cheveux. Je crois que ça n'a pas de rapport avec nos fonctions. C'est si dommage, je ne vais donc pas entendre ce qu'il a à me dire.
« Bon, alors tu vois ce chemin, Lysander, celui qui mène droit vers la Volière ? Tu n'as qu'à y aller, parce que moi je vais à l'opposer et comme ça j'aurais moins de risque de te croiser encore.
- Mollynette, je voulais te donner une information mais tu as l'air toujours décidée à vouloir écraser mon petit cœur avec tes gros sabots. Peut-être que je vais la garder pour moi. C'est dommage, ça t'aurait intéressée mais tu n'es pas du genre à t'excuser alors je ne pardonnerai pas tes mots si durs envers moi.
- Durs ? J'ai fait pire ! protesté-je en haussant les sourcils.
- C'est vrai. Ce n'est pas pour autant que je vais revenir sur ma décision de me taire à jamais.
- Attends, tu fais vœu de silence ? C'est une excellente idée, la meilleure que tu n'aies jamais eu. Je te félicite, finalement, tu remonterais presque dans mon estime.
- J'en suis touché, déclare-t-il en posant une main sur son cœur. Ta clémence est grande, ta générosité est immense et ta magnanimité dépasse même ton ego. »
Il me fait un petit sourire moqueur alors que je le foudroie du regard. Je n'arrive pas à savoir s'il faut que je parte pour le laisser en plan ou finalement écouter ce qu'il a comme information. Je fronce les sourcils et jette un coup d'œil autour de moi. Effie et Dorian ont continué leur route et les autres sont loin. Lysander hausse un sourcil et dit en chuchotant :
« C'est bon, personne ne verra que tu discutes avec moi. Si tu préfères qu'on se retrouve à minuit dans un couloir sombre pour avoir cette conversation, on peut le faire mais il me semble que tu as déjà un rendez-vous. »
Un éclair de colère m'a traversée et il aurait dû le frapper pour le faire taire immédiatement. J'ai lâché :
« Merlin, Scamander. Un jour je vais avoir du mal à me retenir.
- De me sauter dessus pour m'embrasser ? C'est déjà fait, ajoute-t-il en haussant un sourcil très amusé par la situation alors que je suis rouge de rage.
- De te tuer. »
Je le regarde de travers, consciente que je n'aurais jamais dû commencer à discuter avec lui. Il est insupportable. Finalement, alors que j'allais me résoudre à ne jamais entendre son information, il dit :
« Le petit qui m'a donné le mot, c'est un Gryffondor de troisième année, Tristan Claybrook. Tu le connais ?
- Merlin ! »
Sans attendre plus, je me précipite à travers le couloir pour aller dans la salle commune avant de me souvenir que je dois avoir cours de Sortilèges normalement. Je change de direction en courant pour ne pas arriver en retard. Ils sont tous en train d'entrer quand j'arrive, je m'installe à côté de Roxanne en lui glissant à l'oreille qu'il faudrait qu'on parle à Lucy. Elle me regarde bizarrement, ne comprenant pas à quoi je faisais référence. Madame Hagel ferme la porte avec force et commence son cours. Je n'ai pas le temps de lui expliquer.
Plus tard, une fois les cours finis, on se rassemble dans le parc, en petit comité, pendant qu'il fait encore jour et que le temps est clément. Je ne réexplique pas la situation à Roxanne, Fred, Evan, Eugénie et Léna. Ils le savent, quelqu'un agit de manière étrange à Poudlard et commence à courir sur le haricot, ayant des choses à me révéler sur ma mère. Sujet sensible. J'ai ramené la liste des élèves de septième année, le mot que Lysander m'a ramené et j'ai pris ma plume pour prendre des notes.
« Je peux peut-être aller chercher Victoire pour qu'elle compare les écritures, propose Fred.
- Non, je lui ai demandé si elle serait capable de reconnaître quoi que ce soit, elle m'a dit qu'elle n'avait pas encore pu s'habituer à la classe. Elle n'est là que depuis la rentrée, explique Roxanne en soupirant. L'idée n'était pas mauvaise, frérot, mais il faut que tu progresses un peu. »
Fred lève les yeux au ciel et commente que de toute façon, elle qui était si parfaite, avait forcément raison. J'ai soupiré moi aussi en reprenant la parole :
« Bon, alors la liste ! On peut enlever Fred et Evan, je crois. Vous ne feriez pas ça quand même ? leur demandé-je en plissant les yeux. Il nous reste tous les autres. On part sacrément bien !
- Lysander t'a donné le mot, fait remarquer Eugénie. Je ne sais pas si ça l'innocente mais si on part du principe qu'il est un minimum honnête, il a juste transmis le message et ne l'a pas écrit.
- Partir du principe de l'honnêteté de Lysander, ça me paraît difficile. »
Roxanne grimace en m'entendant dire ça. Elle n'a jamais vraiment cessé d'être son amie et elle fait ce qu'elle veut mais moi, je ne lui fais pas confiance. Léna propose :
« Si c'est Emeline qui t'as dit ça, ça pourrait peut-être être plus facilement un Serpentard ou quelqu'un qu'elle fréquente.
- Léon Wilkes ? demande Evan.
- Par exemple, répond Léna en haussant les épaules. Mais c'est peut-être une fausse piste, je ne sais pas.
- Emeline m'a dit qu'il m'aimait beaucoup. Wilkes, je ne pense sincèrement pas que ce soit le cas, commenté-je en priant pour que je dise vrai. Ça pourrait être n'importe qui. Victor par exemple, son frère a donné le mot à Lysander ! Ou bien Dorian ou un autre de Poufsouffle.
- Je vois mal Victor te faire ça, dit Roxanne en croisant les bras. À mon avis, c'est un Serpentard mal inspiré qui a décidé de te faire tourner en bourrique. Tu verras bien ce soir. Tu as l'intention d'y aller, non ? »
Je hoche la tête. Roxanne a raison, ça ne mène à rien de soupçonner tout le monde. Je ferais mieux d'aller me reposer pour être en forme cette nuit et être capable de dégainer ma baguette pour foudroyer la première personne qui se met en travers de mon chemin.
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